S3 Maths 2013-2014 Statistique Rappels sur les variables aléatoires réelles
Université de Picardie Jules Verne 2013-2014
UFR des Sciences
Licence mention Mathématiques -Semestre 3
Statistique
Rappels sur les variables aléatoires réelles discrètes et à densité
1.Variables aléatoires réelles discrètes
Considérons une population sur laquelle on définit un caractère quantitatif X.
Xest une application de dans qui, à tout individu , associe un réel xXX X
ensemble des valeurs du caractère.
Cette application modélise le caractère de façon déterministe en ce sens que, si on connaît l’individu , on
connaît aussitôt la valeur x. Son étude relève de la statistique descriptive qui conduit, par exemple, au tableau
des couples xi,fixiest une valeur observée et fisa fréquence.
Exemple : le nombre d’enfants Xd’une famille d’une population de 1000 familles amiénoises a donné :
Nombre d’enfants xi012345678
Nombre de familles ni162 240 297 208 62 16 8 5 2
Fréquence fi0.162 0.240 0.297 0.208 0.062 0.016 0.008 0.005 0.002
Supposons maintenant que l’on tire au hasard un individu dans cette population pour consigner la
valeur xdu caractère. Ne pouvant pas prévoir quel individu précis sera tiré, on ne peut pas prévoir non plus la
valeur précise de xqui sera consigner. On aimerait donc disposer d’un moyen d’attribuer une probabilité aux
éléments de X, ce qui conduit au tableau des couples xi,pixiest une valeur observée et pisa
probabilité.
Prenant APet Pl’équiprobabilité sur ,A, on écrira par exemple PX0162
1000 0.162.
De même qu’un caractère quantitatif peut être discret ou continu, on parlera de variable aléatoire discrète
ou continue (dans le deuxième cas, on parlera de variable aléatoire à densité).
1.1.Cas dun nombre fini de valeurs
Exemple introductif.
Un joueur lance un dé équilibré à 6 faces numérotées de 1 à 6, et on observe le numéro obtenu. Si le
joueur obtient 1, 3 ou 5, il gagne 1 euro ; s’il obtient 2 ou 4, il gagne 5 euros ; s’il obtient 6, il perd 10 euros.
Prenons   1,2,3,4,5,6,APet Pl’équiprobabilité sur ,A
Soit Xl’application de dans qui à tout associe le gain correspondant.
On a X1X3X51, X2X45 et X610. Ainsi, X1,5,10.
On peut s’intéresser à la probabilité de gagner 1 euro, c’est-à-dire d’avoir X1, ce qui se réalise si et
seulement si 1,3,5. La probabilité cherchée est donc égale à P1,3,53/6 1/2. On pourra alors
considérer l’événement X11,3,5et écrire PX11/2.
On aura de même PX51/3 et PX101/6.
Définitions.Notations.
On considère une expérience aléatoire et ,A,Pest un espace probabilisé fini adapté.
On appelle variable aléatoire réelle (v.a.r.) toute application Xde dans .
L’ensemble XXdes valeurs prises par Xest appelé univers-image. Xest alors fini.
Les événements /Xx,/Xxet /aXxsont notés
respectivement Xx,Xxet aXx.
Loi de probabilité.
Si Xest une v.a.r. dont l’univers-image fini est Xx1,...,xn, alors Xest appelée v.a.r. discrète finie
et on appelle loi de probabilité de Xla donnée des couples xi,pi, avec piPXxi.
On pourra toujours s’assurer que l’on a bien pi0 et
i
1
npip1p2pn1.
Stéphane Ducay
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Exemple.
Reprenons l’exemple introductif. La loi de probabilité de Xest donnée par xi-10 1 5
pi1/6 1/2 1/3 1
Fonction de répartition.
Si Xest une v.a.r., alors on appelle fonction de répartition de Xla fonction FXde dans 0,1définie par,
pour tout réel x,FXxPXx.
Si Xest discrète finie, alors FXest une fonction en escalier dont les sauts se présentent aux points xide
X, chaque saut étant égal à piPXxi.
Exemple. Reprenons l’exemple introductif. On a :
- pour tout x10, FXxPXxP0 ;
- pour tout 10 x1, FXxPXxPX101/6 ;
- pour tout 1 x5,
FXxPXxPX10X1PX10PX11/6 1/2 2/3 ;
- pour tout x5, FXxPXxP1.
Remarque. On a donc FxiPXxi
k1
ipkp1p2pi, probabilité que Xprenne une
valeur inférieure ou égale à xi.
En statistique descriptive des variables quantitatives discrètes, les fréquences cumulées étaient données
par : Fi
k1
ifkf1f2fi, et représentaient la fréquence des valeurs inférieures ou égales à xi.
Interprétant les probabilités picomme les limites des fréquences fisur un échantillon, on observe que les
formules et leur interprétation sont analogues.
Espérance mathématique.Variance.Ecart-type.
Soit Xune v.a.r. discrète dont l’univers-image fini est Xx1,...,xn.
On appelle espérance mathématique de Xle réel EX
i1
npixip1x1p2x2pnxn. Ce nombre
représente la valeur moyenne de X.
On appelle variance de Xle réel VX
i1
npixiEX2.
On a VXEX2EX2
i1
npixi
2EX2.
On appelle écart-type de Xle réel XVX.
On appelle intervalle moyen de Xl’intervalle EXX,EXX.
Exemple. Reprenons l’exemple introductif.
On a EX1
6101
211
353
61
2.
On a EX21
61021
2121
352153
651
2,
d’où VXEX2EX251
21
2
2101
4et XVX101
25,025.
Remarque.
En statistique descriptive des variables quantitatives discrètes, nous avions les formules suivantes.
Moyenne : x1
n
nixi
ni
nxi
fixi
Variance : sx
21
n
nixi
2x2
fixi
2x2. Ecart-type : sxsx
2.
Interprétant les picomme les limites des fi, les formules et leur interprétation sont analogues.
Changement dorigine et déchelle
Il arrive souvent que l’on effectue une transformation affine XaX bsur une variable aléatoire X,a
étant le paramètre de changement d’échelle, et ble paramètre de changement d’origine. On a :
EaX baEXb;VaraX ba2VarX;aX b|a|X.
Stéphane Ducay
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Lois classiques :Binomiale et Hypergéométrique.
Répétition dexpériences.
On répète nfois dans les mêmes conditions une même expérience aléatoire (les répétitions étant
indépendantes entre elles) au cours de laquelle un événement Aa une probabilité pd’être réalisé.
La variable aléatoire X, égale au nombre de fois où l’événement Aest réalisé, suit la loi Binomiale
Bn,p, ce qui signifie que :
Xest à valeurs dans X0,1,...,net, pour tout k0,1,...,n,PXkCn
kpk1pnk.
On a de plus : EXnp et VXnp1p.
Tirages dans une population à 2 catégories.
On considère une population de Nindividus à deux catégories, avec N1individus de catégorie 1 et N2
individus de catégorie 2 (on a N1N2N).
On effectue ntirages d’un individu dans la population et on désigne par Xla variable aléatoire égale au
nombre d’individus de catégorie 1 obtenus.
Si on effectue les tirages avec remise, alors Xsuit la loi Binomiale Bn,N1
N.
Si on effectue les tirages sans remise ou simultanés (dans ce cas, on doit avoir nN), alors Xsuit la loi
Hypergéométrique HN,n,N1
N, ce qui signifie que
Xest à valeurs dans Xmax0,nNN1,minN1,n
et pour tout k0,1,...,n,PXkCN
1
kCNN
1
nk
CN
n.
On a de plus : EXnp et VXnp1pNn
N1en posant pN1
N.
Exemples.
1) On lance 10 fois de suite une pièce de monnaie équilibrée. Quelle est la probabilité d’obtenir 3 fois
(exactement) Pile ?
On peut considérer que l’on répète n10 fois dans les mêmes conditions l’expérience aléatoire
"lancer la pièce" (les répétitions étant indépendantes entre elles) au cours de laquelle l’événement A"obtenir
Pile" a la probabilip1
2d’être réalisé. La variable aléatoire X, égale au nombre de fois où l’événement A
est réalisé, i.e. au nombre de Pile obtenus, suit la loi Binomiale Bn,pB10, 1
2, ce qui signifie que :
-Xest à valeurs dans X0,1,...,n0,1,...,10;
- pour tout k0,1,...,10,PXkCn
kpk1pnkC10
k1
2
k1
2
10kC10
k1
2
10.
On en déduit que la probabilité d’obtenir 3 fois Pile est PX3C10
31
2
10 0,1172.
2) On tire successivement 4 boules d’une urne contenant 3 boules blanches et 7 boules noires. Quelle est
la probabilité d’obtenir (exactement) 2 boules blanches ?
On peut considérer que l’on effectue n4 tirages d’un individu dans la population des N10 boules,
avec N13 boules blanches et N27 boules noires (on a N1N2N). Si on désigne par Xla variable
aléatoire égale au nombre de boules blanches obtenues, alors :
- dans le cas de tirages avec remise, Xsuit la loi Binomiale Bn,N1
NB4, 3
10 ; ainsi, Xest à
valeurs dans X0,1,...,n0,1,...,4et pour tout k0,1,...,4,
PXkCn
kpk1pnkC4
k3
10
k7
10
4k; on a donc PX2C4
23
10
27
10
20,2646.
- dans le cas de tirages sans remise, Xsuit la loi Hypergéométrique HN,n,N1
NH10,4, 3
10 ;
ainsi, Xest à valeurs dans Xmax0,nNN1,minN1,n0,1,2,3et pour tout
k0,1,2,3,PXkCN
1
kCNN
1
nk
CN
nC3
kC7
4k
C10
4; on a donc PX2C3
2C7
2
C10
40,3.
Remarque.
Lorsque Nest très grand devant n(en pratique N10n), on peut approcher la loi Hypergéométrique
HN,n,N1
Npar la loi Binomiale Bn,N1
N. Cela signifie que CN
1
kCNN
1
nk
CN
nCn
kN1
N
k1N1
N
nk.
Stéphane Ducay
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1.2.Cas dun nombre infini de valeurs
Définitions.
On appelle variable aléatoire réelle discrète infinie toute v.a.r. dont l’univers-image X(ensemble des
valeurs prises par X) est infini dénombrable. Dans ce cours, on se limitera à Xk/kou
X.
On appelle loi de probabilité de Xla donnée des couples k,pk, avec pkPXk, pour kX.
On pourra toujours s’assurer que l’on a bien pk0 et
k
X
pk1.
Attention ! Cette dernière somme contient une infinité de termes ! Il s’agit de la somme d’une série
numérique, qui peut être infinie ou ne pas exister. Nous n’aborderons pas dans ce cours les problèmes liés à
cette notion.
Espérance mathématique.Variance.Ecart-type.
Soit Xune v.a.r. discrète dont l’univers-image infini est X. Sous reserve d’existence des sommes
indiquées ci-dessous, on a :
- espérance mathématique de X:EX
k
X
kpk.
- variance de X:VX
k
X
kEX2pket VXEX2EX2
k
X
k2pkEX2.
- écart-type de X:XVX- intervalle moyen de X:EXX,EXX.
Lois classiques :Poisson et Géométrique.
Loi de Poisson.
Une variable aléatoire Xsuit la loi de Poisson Pde paramètre 0 si et seulement si :
Xest à valeurs dans Xet, pour tout k,PXkek
k!.
On a de plus : EXet VX.
Loi Géométrique.
On répète dans les mêmes conditions une même expérience aléatoire (les répétitions étant indépendantes
entre elles) au cours de laquelle un événement Aa une probabilité pd’être réalisé.
La variable aléatoire X, égale au nombre d’expériences nécessaires pour avoir la première réalisation de A
(i.e. au temps d’attente de l’événement A), suit la loi Géométrique Gp, ce qui signifie que :
Xest à valeurs dans Xet, pour tout k,PXkp1pk1.
On a de plus : EX1
pet VX1p
p2.
Remarque.
Lorsque nest grand et passez petit (en pratique n30, p0,1 et np 10), on peut approcher la loi
Binomiale Bn,ppar la loi de Poisson Pnp. Cela signifie que Cn
kpk1pnkenp npk
k!.
2.Variables aléatoires réelles à densité
2.1.Généralités et premiers exemples
On considère une expérience aléatoire, ,A,Pun espace probabilisé adapté et Xune variable aléatoire
réelle.
On a traité dans le paragraphe 1 le cas où l’univers-image X(et donc l’univers ) était fini ou infini
dénombrable. La loi de probabilité de Xétait alors donnée par les quantités PXxipour tout xide X.
Lorsque X(et donc ) est infini non-dénombrable (par exemple Xa,bou ), la théorie montre
que PXx0 pour tout xde . On est alors amené à donner la loi de probabilité de Xpar sa fonction de
répartition FXdéfinie sur par FXxPXx.
Stéphane Ducay
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Définition.
On appelle densité ou densité de probabilité sur toute fonction fde dans vérifiant :
-fest positive ;
-fest continue sur sauf éventuellement en un nombre fini ou dénombrable de points ;
- l’intégrale

fxdx est convergente et

fxdx 1.
Définition.
Une variable aléatoire Xest dite continue s’il existe une densité fXtelle que pour tout x,
FXx

xfXtdt.
fXest alors appelée densité de X. On dit aussi que Xest une variable aléatoire réelle à densité.
Propriétés.
Soit Xune variable aléatoire continue dont fXest une densité, et soit FXsa fonction de répartition.
Alors FXest une fonction de dans 0,1, continue et croissante sur , dérivable sur , sauf
éventuellement en un nombre fini ou dénombrable de points, de dérivée fX, et telle que lim
x Fx0 et
lim
xFx1. De plus, pour tous réels x,aet btels que ab, on a :
PXx0 ; PXxPXx;PaXbPaXbFXbFXa
a
bfXtdt.
Espérance mathématique.Variance.Ecart-type.
Sous les mêmes hypothèses que ci-dessus, et sous réserve que les intégrales suivantes existent, on a :
-EX

xfXxdx (ce nombre représente la valeur moyenne de X) ;
-VX

xEX2fXxdx ;VXEX2EX2

x2fXxdx EX2;
-XVX; intervalle moyen de X:EXX,EXX.
Lois classiques :Uniforme,Exponentielle et Normale
Loi Uniforme sur a,b.Xa,b,fXx1
basi xa,b
0 si xa,bFXx
0 si xa
xa
basi xa,b
1 si xb
EXab
2et VXba2
12 .
Loi Exponentielle de paramètre ,avec 0.
X0,,fXxexsi x0
0 si x0,FXx1exsi x0
0 si x0,EX1
et VX1
2.
Loi Normale de paramètres et ,avec et 0. Voir le paragraphe suivant.
2.2.Loi Normale N,.
2.2.1.Cas de la loi N0,1(loi normale centrée réduite).
On a Xet fXx1
2e
x2
2
pour tout x. On a de plus EX0 et VX1.
La fonction de répartition de Xest donnée par xFXx

xfXtdt

x1
2e
t2
2
dt pour tout
x. Cette fonction n’étant pas exprimable par des fonctions usuelles, on utilise généralement une valeur
approchée de cette fonction. Ses valeurs sont tabulées pour les x0 (table 1). Pour les x0, on peut utiliser
la formule x1x(formule valable pour tout réel x)
La table ne donne des valeurs approchées de xque pour des xcompris entre 0 et 3. On pourra admettre
que x1 pour tout x3.
On peut démontrer que est une bijection strictement croissante de sur 0;1. Ainsi, pour tous réels xet
y, on a : xyxyet xyxy.
Stéphane Ducay
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