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Délivrance de l’information à la personne sur son état de santé
HAS / Service des bonnes pratiques professionnelles / Mai 2012
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1 Introduction
En avril 2000, l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes) publiait
des recommandations de bonne pratique sur le thème de l’information qu’il convient aux
médecins de donner à chacun de leurs patients dans l’objectif de les aider à dispenser à ces
derniers une information adaptée.
1.1 Rappel des circonstances ayant rendu nécessaire l’édiction des
recommandations de bonne pratique d’avril 2000
Elle est liée aux vives réactions
1
des milieux médicaux à la suite d’un arrêt rendu le 25 février
1997 par la Cour de cassation
2
, passé à la postérité sous le nom d’arrêt Hédreul
3.
. Cet arrêt,
qui est à l’origine d’une évolution notable en matière d’information du patient par le médecin,
a été rendu à l’occasion d’une affaire de responsabilité médicale. Il a décidé que « celui qui
est légalement ou contractuellement tenu d’une obligation particulière d’information doit
rapporter la preuve de l’exécution de cette obligation » ; et, comme le médecin entre dans
cette catégorie, il « est tenu d’une obligation particulière d’information vis-à-vis de son patient
et il lui incombe de prouver qu’il a exécuté cette obligation ».
La situation qui a donné lieu à cet arrêt, ainsi que celles qui ont fait l’objet des arrêts
postérieurs tout aussi importants rendus par la Cour de cassation, puis par le Conseil d’État,
présentent une caractéristique commune : les patients ont demandé réparation du préjudice
occasionné par le défaut d’information sur les risques inhérents à des investigations ou à des
interventions chirurgicales, en se fondant sur le raisonnement suivant : la description des
risques potentiels aurait pu les conduire à refuser l’intervention ; si tel avait été le cas, ils ne
l’auraient pas subie et auraient donc été indemnes de ses séquelles. Mais n’ayant pas été
informés, ils n’ont pas pu échapper au risque qui, en définitive, s’est réalisé, grief au
fondement de la demande de réparation du dommage causé par ce défaut d’information.
Au travers des décisions successives, la discussion a porté sur le contenu de la règle de
responsabilité : le médecin a-t-il ou non une obligation d’information, sur quels risques porte-
t-elle et qui doit faire la preuve du respect de cette obligation ? La fonction d’une règle de
responsabilité est de dire à quelles conditions l’auteur d’un dommage causé à autrui peut
être amené à en assumer la réparation. C’est donc une règle qui ne joue qu’une fois
l’accident survenu et qui sert à départager des intérêts contradictoires, les solutions retenues
fixant les règles applicables dans des contentieux de responsabilité fondée sur le défaut
d’information.
Cependant, le renversement de la charge de la preuve de l’information opéré par l’arrêt
Hédreul a été ressenti par les milieux médicaux comme un renversement de la relation
1 Certains articles ne manquent pas de les rappeler ; par exemple, C. Guérot, Information du patient et qualité de
l’acte médical, Archives des maladies du cœur et des vaisseaux, tome 94, n° 9, sept. 2001, p. 954 : « L’arrêt
Hédreul du 25 février 1997 a résonné dans le monde médical comme un coup de tonnerre .»
2 Cass. 1re civ., 25 février 1997, Hédreul, JCP 1997, éd. G., I, 4025, n° 7, obsv. G. Viney; JCP 1997, éd. G., II,
22492, rapport P. Sargos ; Contrats, conc. consom. 1997, chron. 5, L. Leveneur ; Resp. civ. et assur. 1997,
chron. p. 8, C. Lapoyade-Déschamps ; P. Sargos, Modalités, preuve et contenu de l’information que le médecin
doit donner à son patient, Méd. droit Info. Éthique Juridique Prat. 1997. 27:1-3 ; G. Mémeteau, Devoir
d’information, renversement de la charge de la preuve, Méd Droit 1997. 24:6 ; L. Dubouis, Rev. dr. san. et soc.
1997, p. 288.
3 C’est le nom du patient demandeur, M. Hédreul ; mais dans certains articles écrits par des médecins, ce même
arrêt est parfois désigné par le nom du médecin, le Dr Cousin, objet du pourvoi.