Introduction
« LES ANTIBIOTIQUES, C’EST PAS AUTOMATIQUE » :
RECOMMANDATIONS POUR LES INFECTIONS
PULMONAIRES
Derrière ce slogan, il y a un constat, face à l’émergence et à la dissémination de la résistance des
bactéries aux antibiotiques : très peu de nouveaux antibiotiques sont en développement par l’indus-
trie pharmaceutique. Le risque d’impasse thérapeutique pour la prise en charge des infections bac-
tériennes nous guette-t-il ?
La réponse à cette question mérite d’être discutée.
Oui, ce risque existe puisque :
◆Certaines souches de Pseudomonas aeruginosa isolées soit d’infections communautaires,
notamment chez des patients mucoviscidosiques, soit d’infections nosocomiales par exemple
dans des pneumopathies acquises sous ventilation présentent une pan-résistance. Sur ces
souches aucun antibiotique commercialisé n’est actif si ce n’est la colistine, antibiotique à la
fois peu efficace cliniquement et possiblement toxique.
◆Certaines souches de staphylocoque doré résistant à la méticilline ont pu acquérir dans
certaines conditions une résistance à la dernière classe antibiotique à laquelle ces souches
étaient sensibles : les glycopeptides. L’impasse thérapeutique s’est concrètement exprimée par le
décès de patients.
Non, l’espoir est légitime :
◆Alors que la réduction de la consommation en ville des antibiotiques était de 23% entre 2002 et
2007 et même de 34% chez les enfants de 0 à 5 ans, la non-sensibilité à la pénicilline et aux
macrolides du pneumocoque passait de 52 à 38% et de 53 à 42%, respectivement, pendant cette
même période. Même si les causes de cette réduction sont multiples, chacun s’accorde à
attribuer une part de celle-ci à un meilleur usage des antibiotiques.
« LES ANTIBIOTIQUES, C’EST PAS AUTOMATIQUE »
Ce message fort a probablement largement contribué à un non-usage des antibiotiques pour la prise
en charge des infections virales. Il a permis au public d’accepter plus facilement l’abstention de la
prescription antibiotique par exemple pour les rhinopharyngites de l’enfant.
Qu’en est-il chez l’adulte ? La prévention de l’émergence de la résistance passe par l’abstention lorsqu’elle
est souhaitable mais aussi par le bon choix, la bonne durée…
◆L’exacerbation de la bronchite chronique de stade 1 fait-elle l’objet d’une abstention totale de la
prescription d’antibiotique comme le recommandent les consensus d’experts ?
◆Et dans la bronchite aiguë : antibiotique ou pas d’antibiotique ? En 2005, 70 à 80% des
bronchites étaient traitées par antibiotique alors qu’il n’est pas démontré l’intérêt de ceux-ci
chez l’adulte sain !
◆Traiter une pneumonie pour une durée raccourcie de sept jours est à la fois efficace et
écologiquement responsable.
◆Réserver certaines molécules sur des indications ciblées c’est préserver leur efficacité sans
compromettre la guérison du patient grâce à l’emploi d ‘antibiotiques alternatifs aussi efficaces
et exerçant une moindre pression de sélection.
INTRODUCTION
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