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Pouvoirs, Église et société dans les royaumes de France, Bourgogne et Germanie
aux Xe et XIe siècles (888 - vers 1110)
Bibliographie établie par Florian MAZEL (Université de Rennes II)
et Philippe DEPREUX (Université de Limoges / IUF)
SOMMAIRE
INTRODUCTION
A. Quelques grands débats historiographiques
1. La mutation de l’an mil, sa contestation et l’élaboration de nouveaux modèles
2. Le recouvrement de l’ecclésial et du social
3. Le concept d’État
4. Le Reichskirchensystem et sa contestation
5. Le phasage chronologique de l’histoire allemande
B. Sources traduites
1. Quelques œuvres
2. Quelques recueils de documents généraux…
3. …et d’autres plus ciblés
C. Iconographie
D. Quelques instruments de travail et présentations de genres documentaires et d’auteurs
OUVRAGES GÉNÉRAUX
A ) Synthèses en relation avec la question
B ) Histoire du royaume de Germanie
I. LES NOUVEAUX POUVOIRS
A ) La formation des royaumes post-carolingiens
1. La fin de l’Empire carolingien
2. La légimité royale : hérédité, élection, sacre
3. Le royaume de Francie occidentale
4. Le royaume de Bourgogne
5. Le royaume de Germanie
B ) Principautés et aristocraties régionales
1. La formation des principautés et des duchés
2. Les aristocraties régionales
3. Le processus de castralisation
4. La mutation anthroponymique
C ) L’imbrication des pouvoirs laïques et ecclésiastiques
1. Évêques et sièges épiscopaux
2. Moines et chanoines
3. Le contrôle du sacré
II. STRUCTURES ET PRATIQUES EN MUTATION
A ) Les renouvellements de l’encadrement ecclésiastique
1. La paroisse et le diocèse
2. Le regroupement des hommes autour des églises et des aires funéraires
3. Le développement des dépendances et des réseaux monastiques
4. Les nouvelles immunités ecclésiastiques
B ) Les pratiques politiques et sociales
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1. L’économie du don et ses enjeux
2. La conflictualité, la justice et la guerre
3. Communication politique et liens sociaux
C ) Recompositions idéologiques
1. La société d’ordres
2. Nouvelles idéologies monastiques
3. Les milieux épiscopaux
4. La paix et la trêve de Dieu
5. Hérésie et millénarisme
6. Histoire et mémoire
D ) L’émergence du fait urbain
1. Évêques et cités
2. Diversification sociale et prémices du mouvement communal
III. LA RÉFORME DE L’ÉGLISE (MILIEU XIe-VERS 1110)
A ) Approches globales
1. Synthèses et historiographie
2. Les fondements idéologiques
B ) La réforme en action
1. L’intervention pontificale
2. Moines, chanoines, ermites
3. La réforme à l’échelle régionale et locale
C ) Principales dimensions de la réforme
1. Le statut des clercs et des laïcs
2. Les investitures, le contrôle des charges, des biens et des droits ecclésiastiques
3. Pèlerinage et croisade
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INTRODUCTION
L’intitulé place au centre de la réflexion l’articulation entre l’évolution des pouvoirs et l’institution ecclésiale de
la fin de l’Empire carolingien à la réforme dite grégorienne, dans une perspective comparatiste soucieuse de repérer et
de comprendre les convergences et les différences entre les différents royaumes occidentaux issus du monde franc.
Il n’existe aucune synthèse récente de la question en langue française, ce qui rend nécessaire le recours à de
nombreux articles et à quelques ouvrages allemands ou anglo-saxons, seuls en mesure de rendre compte des évolutions
historiographiques en cours. En outre, les divisions académiques françaises ne considèrent pas souvent en eux-mêmes et
d’un même mouvement les Xe et XIe siècles : tantôt ceux-ci se trouvent inclus dans les études portant sur un haut
Moyen Âge prolongé, du VIe ou du VIIIe au XIe siècle, tantôt ils se voient séparés par la césure historiographique de
l’an mille, le Xe siècle étant annexé à l’époque carolingienne ou bien négligé, le XIe étant associé au XIIe siècle. En
conséquence, il faut souvent aller puiser ce que l’on cherche dans des ouvrages portant sur des périodes plus larges,
écrits avec leur perspective propre. Quant à l’historiographie allemande, elle considère souvent d’un même mouvement
les temps ottoniens et saliens, ce qui implique un léger décalage par rapport aux bornes chronologiques de la question
(919/936 d’une part, 1125 d’autre part). Il s’agit d’un moment majeur de l’histoire « nationale » allemande, qui a donné
lieu à une bibliographie pléthorique, dont les thématiques ont été profondément renouvelées depuis un quart de siècle.
On a cependant privilégié la littérature en langue française et anglaise, en ne mentionnant que certains titres en langue
allemande qu’il semblait indispensable de citer pour qu’un aspect particulier soit abordé ; dans d’autres cas, les titres
allemands sont cités à titre d’exemples complémentaires susceptibles d’intéresser ceux des candidats (à l’agrégation)
maîtrisant la langue allemande.
Les titres dont la lecture peut être considérée comme prioritaire sont indiqués en caractères gras et précédés
d’un *.
Pour ce qui concerne la bibliographie allemande parue entre 1969 et 1985, on se reportera aux « bulletins historiques » de
R. FOLZ et Ph. DOLLINGER (puis de R. FOLZ seul à partir de 1981) sur l’« histoire de l’Allemagne au Moyen Âge », publiés dans la
Revue historique : t. 251 (1974), p. 435-458 & t. 252 (1974), p. 445-478 (concernant les publication des années 1969 à 1973) ; t. 259
(1978), p. 163-202 (concernant les publication des années 1974 à 1976) ; t. 265 (1981), p. 131-167 (concernant les publication des
années 1977 à 1980) ; t. 270 (1983), p. 403-444 ; t. 274 (1985), p. 201-218.
A. QUELQUES GRANDS DÉBATS HISTORIOGRAPHIQUES
Les historiographies française et allemande se sont développées de manière plutôt distincte durant les vingt-trente
dernières années, ce qui explique que les débats propres à chacune ne se recouvrent que rarement. En France, le débat
sur la mutation de l’an mil a longtemps dominé la scène. Parallèlement une profonde relecture de la place de l’Église
dans la société et des modalités du recouvrement de l’ecclésial et du social depuis l’époque carolingienne était
entreprise. En Allemagne, ce sont les enjeux politiques et ecclésiastiques liés à la construction impériale qui ont focalisé
l’attention. La question de l’État cependant, aussi posée par les historiens anglo-saxons, réunit les historiographies
allemande et française, puisque d’une certaine manière elle figure au cœur du débat sur la mutation de l’an mil.
Pour une approche comparée des évolutions historiographiques française et allemande des deux dernières décennies,
voir :
[1] J.-Cl. SCHMITT et O.-G. OEXLE, Les tendances actuelles de l'histoire du Moyen Age en France et en Allemagne,
Paris, 2002.
1. La mutation de l’an mil, sa contestation et l’élaboration de nouveaux modèles
Des années 1970 au début des années 1990 et dans la postérité de l’œuvre de Georges Duby, l’historiographie
française de la période était dominée par la thèse de la “mutation de l’an mil” ou de la “mutation féodale”, qui repose
sur l’idée d’une rupture de grande ampleur des structures politiques et sociales dans les décennies entourant l’an mil.
Depuis lors, cette thèse a fait l’objet de critiques d’inspiration diverse qui ont alimenté un débat nourri et favorisé
l’émergence de nouveaux modèles. Sans prendre directement part à la controverse, de nombreuses autres recherches ont
par ailleurs aussi abouti à nuancer ou rejeter l’importance de cette mutation.
Les candidats doivent connaître les termes de ce débat et être conscients que chacune des opinions en présence
entraîne une compréhension différente de nombreux aspects de la question.
On trouvera une synthèse de l’historiographie française des années 1960-1980 dans :
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[2] R. FOSSIER, Enfance de l’Europe, Xe-XIIe siècle, Paris, 1982, 2. vol. (qui en dépit de son sous-titre aborde de
nombreuses questions politiques).
La thèse « mutationiste » a connu sa formulation la plus radicale, en particulier en ce qui concerne
l’effondrement de l’ordre public et l’essor de la violence seigneuriale, dans :
[3] J.-P. POLY et E. BOURNAZEL, La mutation féodale, Paris, 1991 (2e éd.).
La remise en cause la plus complète de cette thèse, qui débouche sur la proposition d’un autre modèle, est
fournie par :
[4] * D. BARTHÉLEMY, La mutation de l’an mil a-t-elle eu lieu ? Paris, 1997.
[5] Id., « Deux mutations du féodalisme (point de vue) », dans D . BARTHÉLEMY et O. BRUAND (dir.), Les pouvoirs
locaux dans la France du centre et de l’ouest (VIIIe-XIe siècles). Implantations et moyens d’action, Rennes,
2004, p. 233-248.
[6] Id., « La mutation de l’an 1100 », Journal des Savants, janvier-juin 2005, p. 3-28.
On trouvera quelques pistes de réflexion critique du point de vue de la place et du rôle de l’institution ecclésiale
dans la société des Xe-XIe siècles dans :
[7] F. MAZEL, « Pouvoir aristocratique et Église aux Xe-XIe siècles. Retour sur la “révolution féodale” dans l’œuvre
de Georges Duby », Médiévales, 54, 2008, p. 135-150.
Une rapide étude de cas au service d’une analyse nuancée :
[8] Y. SASSIER, « Autour des Gesta pontificum Autissiodorensium », dans Auctoritas. Mélanges en l’honneur d’O.
Guillot, Paris, 2006, p. 437-451.
Pour une introduction au débat :
[9] Médiévales, 37, 1999, L’an mil en 2000.
[10] Une vision anglaise récente : S. MAC LEAN, « Apocalypse and Revolution : Europe Around the Year 1000 »,
Early Medieval Europe, 15, 2007, p. 86-106.
2. Le recouvrement de l’ecclésial et du social
Depuis une vingtaine d’années, d’importantes recherches menées sur le monachisme, la memoria, le système du
don, le rapport à l’espace, les affaires d’hérésie… aux Xe et XIe siècles ont profondément transformé la manière
d’envisager la place de l’Église dans la société et, par voie de conséquence, les rapports entre pouvoirs laïques et
ecclésiastiques. La revalorisation du rôle des églises et des aires funéraires dans le regroupement de l’habitat, et du
même coup la relativisation de l’impact du phénomène castral, mises en relief aussi bien par les recherches
archéologiques qu’historiques, participent aussi de cette évolution historiographique.
Les études traduisant ces profonds renouvellements sont trop nombreuses et diverses pour être regroupées ici. On
en trouvera la plupart dans les sections I C 2 et 3, II A, II B 1, II C 2 de la bibliographie.
3. Le Reichskirchensystem et sa contestation
Des approches classiques :
[11] O. ENGELS, « Der Reichsbischof (10. und 11. Jahrhundert) », dans P. BERGLAR et O. ENGELS (dir.), Der Bischof
in seiner Zeit. Bischofstypus und Bischofsideal im Spiegel der Kölner Kirche. Festgabe für Joseph Kardinal
Höffner, Erzbischof von Köln, Köln, 1986, p. 41-94.
[12] J. FLECKENSTEIN, Die Hofkapelle der deutschen Könige, tome 2 : Die Hofkapelle im Rahmen der ottonisch-
salischen Reichskirche, Stuttgart, 1966.
[13] Id., « Problematik und Gestalt der ottonisch-salischen Reichskirche », dans K. SCHMID (dir.), Reich und Kirche
vor dem Investiturstreit. Vorträge beim wissenschaftlichen Kolloquium aus Anlaβ des achtzigsten Geburtstags
von Gerd Tellenbach, Sigmaringen, 1985, p. 83-98.
Leur remise en question :
[14] * T. REUTER, « The ‘Imperial Church System’ of the Ottonian and Salian Rulers : a Reconsideration »,
Journal of Ecclesiastical History, 33, 1982, p. 347-374.
Et des essais de synthèse :
[15] R. SCHIEFFER, « Der ottonische Reichsepiskopat zwischen Königtum und Adel », Frühmittelalterliche Studien,
23, 1989, p. 291-301.
[16] Id., Der geschichtliche Ort der ottonisch-salischen Reichskirchenpolitik, Opladen, 1998.
Sur la politique ecclésiastique au tournant entre les Ottoniens et les Saliens :
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[17] H. HOFFMANN, Mönchskönig und rex idiota. Studien zur Kirchenpolitik Heinrichs II. und Konrads II., Hanovre,
1993 (voir le CR de K. J. BENZ dans la Revue d’Histoire Ecclésiastique, 90, 1995, p. 510-512).
4. Le phasage chronologique de l’histoire allemande
Les historiens germanophones se sont beaucoup interrogés sur les débuts de l’histoire allemande (voir entre
autres le livre de C. Brühl n°199). Ce débat, qui porte sur les premières décennies prises en considération dans la
question de concours et ne présente qu’un intérêt restreint dans ce cadre, n’est pas clos. La question de l’identité du
peuple allemand repose notamment sur deux questions : celle de l’usage (revendiqué) de la langue allemande par les
médiévaux et celle de la germanité originelle des divers peuples (Stämme) « germaniques » (re)construite par les érudits
des temps contemporains. Pour un survol de ce problème en amont de la question au concours, on consultera :
[18] M. COUMERT, Les origines des peuples. Les récits du Haut Moyen Âge occidental (550-850), Paris, 2007, p. 9-
29.
Une autre réflexion porte sur la fin de la période au programme et, en revanche, a directement trait aux questions
que les candidats devront développer : il s’agit de l’impact de la réforme grégorienne sur l’histoire politique et
institutionnelle, la fin du XIe siècle étant considérée comme un tournant majeur de l’histoire de l’Empire.
On consultera :
[19] * K. J. LEYSER, « The Crisis of Medieval Germany », dans Id., Communications and Power in Medieval
Europe. The Gregorian Revolution and beyond, éd. T. REUTER, Londres, 1994, p. 21-49 (publication
initiale : Proceedings of the British Academy, 69, 1983, p. 409-443).
[20] J. JARNUT et M. WEMHOFF (dir.), Vom Umbruch zur Erneuerung ? Das 11. und beginnende 12. Jahrhundert -
Positionen der Forschung, Munich, 2006.
5. La question de l’État
[21] P. TOUBERT, « Église et État au XIe siècle : la signification du moment grégorien pour la genèse de l’État
moderne », dans J.-Ph. GENET et B. VINCENT (dir.), État et Église dans la genèse de l’État moderne, Madrid,
1986, p. 9-22.
[22] S. AIRLIE, W. POHL et H. REIMITZ (dir.), Staat im frühen Mittelalter, Vienne, 2006 (articles en allemand et en
anglais).
[23] H. KELLER, « Reichsorganisation, Herrschaftsformen und Gesellschaftsstrukturen im regnum Teutonicum »,
dans Il secolo di ferro : mito e realtà del secolo X, Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto
medioevo, 38, Spolète, 1991, t. 1, p. 159-195.
[24] Id., Ottonische Königsherrschaft. Organisation und Legitimisation königlicher Macht, Darmstadt, 2002.
[25] G. ALTHOFF, Die Ottonen. Königsherrschaft ohne Staat, Stuttgart, 2000.
[26] W. POHL (dir.), Staat und Staatlichkeit im Europäischen frühmittelalter, 500-1050. Grundlagen, Grenzen,
Entwicklungen, à paraître à Vienne fin 2008 (articles en allemand, anglais, français).
Sur ce problème, il faut plus largement renvoyer à l’ensemble des références concernant la conflictualité, la
guerre et la justice en II B 2.
B. SOURCES TRADUITES
On ne proposera ci-dessous que des sources traduites en français, voire en anglais. Il convient néanmoins de
rappeler que de nombreuses sources relatives à l’histoire du royaume de Germanie sont traduites en allemand dans la
Freiherr vom Stein-Gedächtnisausgabe publiée à Darmstadt. C’est notamment le cas de l’Histoire des Saxons de
Widukind de Corvey, absolument essentielle, pour laquelle on ne dispose malheureusement d’aucune traduction
française (à l’exception de quelques extraits dans le recueil de R. Folz, n°75).
1. Quelques œuvres
[27] Adalbéron de Laon, Poème au roi Robert, C. Carozzi (éd. et trad.), Paris, 1979.
[28] Adalbéron de Laon, Rythmus satiricus, S. Bricout (éd. et trad), mise en ligne en 2005, à l’adresse :
http://www.forumromanum.org/literature/adalbero_laudunensis/rythmus.html.
[29] Adam de Brême, Histoire des archevêques de Hambourg avec und description des îles du Nord, trad. J-
B. Brunet-Jailly, Paris, 1998.
[30] Adhémar de Chabannes, Chronique, Y. Chauvin et G. Pon (trad.), Turnhout, 2003.
[31] Adson de Montier-en-Der, Traité de l’antéchrist, trad. dans Cl. CAROZZI et H. TAVIANI-CAROZZI, La fin des
temps. Terreurs et prophéties au Moyen Age, Paris, 1982, p. 35-45.
[32] André de Fleury, Vie de Gauzlin, abbé de Fleury, R.-H. Bautier et G. Labory (éd. et trad.), Paris, 1969.
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