La COP 17 de Durban marquera un tournant dans le processus de négociation des
Nations Unies sur le changement climatique. Soit les chefs de gouvernement feront le
choix de partir des progrès obtenus à la COP 16 de Cancun et d'agir afin d'empêcher un
emballement du climat, soit ils accorderont la priorité aux intérêts nationaux à court-
terme qui nous conduiront vers un réchauffement mondial de 3 à 4 °C. Le chemin que
nos dirigeants choisiront sera déterminant, et il convient de leur rappeler que c'est un
choix qu'ils feront sur le continent africain, un continent particulièrement sensible aux
impacts du changement climatique.
Durban est la dernière véritable chance accordée aux pays pour fournir des garanties sur
le futur régime climatique. La première période d'engagement du Protocole de Kyoto
s’achève en 2012. Les citoyens du monde entier attendent un signal clair sur les actions
que prendront les pays au cours de la seconde période d'engagement afin de sauver la
terre et ses habitants.
Cependant, si les négociations se poursuivent sur la même voie que cette année, la COP
17 est vouée à l'échec. Jusqu'à présent, les pays n'ont pas utilisé l'élan positif des
négociations climatiques de Cancun pour obtenir des résultats plus ambitieux, ni même
respecter les accords de base qui y avaient été conclus. Ils n'ont toujours pas garanti de
base solide afin d’assurer des résultats justes, équilibrés et crédibles à Durban.
Parmi les grandes questions, la plus importante concerne l’avenir du Protocole de Kyoto.
Ce dernier constitue actuellement le seul engagement international irrévocable quant à la
réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce protocole est donc primordial, mais il
prend fin dans un an. L'UE a proposé de le prolonger à condition que d'autres pays se
joignent à elle. Mais les principaux pays développés, comme le Japon, la Russie et le
Canada, refusent de soutenir la proposition de l'UE si les pays en voie de
développement ne s’y engagent pas également.
De leur côté, les pays en voie de développement ont signalé qu'un accord sur la
poursuite du Protocole de Kyoto constituait la base de négociations d'une proposition
équilibrée. Mais à moins que les pays en voie de développement soient également prêts
à prendre des engagements irrévocables à l’avenir, il sera très difficile de trouver une
solution pour la gestion de l’emballement du changement climatique. Cette impasse
menace les accords sur toutes les autres questions qui attendent des réponses urgentes
lors de la COP 17.
La deuxième grande question concerne le financement à long-terme, financement qui
permettrait de réduire les émissions et de financer les adaptations aux impacts
climatiques, dont nous avons urgemment besoin. Cela inclut les accords sur la gestion
du Fonds vert pour le climat des Nations Unies, ainsi que le financement des 100
milliards de dollars américains promis par les pays développés à Copenhague. Un
accord consensuel du comité de transition, qui a pour tâche de mettre en place le Fonds
vert pour le climat, a été bloqué par les objections de deux pays. Par conséquent,
chacun des pays présents à Durban peut ré-ouvrir les négociations sur le texte et défaire
les compromis à l'équilibre fragile obtenus par le comité de transition.