rable c’est bien plus que le « verdissement de l’économie ». En effet, il s’agit d’un développement
où trois composantes, celles de l’économie, de l’écologie et de la société doivent être développées
ensemble et en aucun cas au détriment de l’une ou de plusieurs d’entre elles.
Les technologies propres sont certes décisives pour lutter contre le réchauffement climatique mais
ne suffisent pas en soi. Car si les « cleantech » profiteront à beaucoup d’entreprises et de
branches (en particulier le secteur de la construction et industriel, comme l’industrie des ma-
chines), il y aura aussi beaucoup d’entreprises et quelques branches pour lesquelles réduction
des émissions de gaz à effet de serre signifie coûts d’adaptation ou pertes de parts de marché. Les
perdants de cette évolution devraient être le secteur des transports routiers, celui des industries
intensives sur le plan énergétique ainsi que les industries extractives.
Suivant les pays, il y aura donc une plus ou moins forte nécessité de prévoir « une transition
juste » afin que les travailleurs et travailleuses des entreprises et secteurs « perdants » puissent
suivre des programmes de formation ou de requalification et retrouver un autre emploi dans des
postes différents des mêmes branches ou dans d’autres branches.
Sur le plan social, si on n’y prend garde, la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de
serre pourrait faire fortement augmenter le prix de l’électricité ou du chauffage - avec un impact
plus marqué pour les bas revenus, étant donné que leur marge de manœuvre est bien plus faible
dans les choix énergétiques. En outre, les ménages modestes consacrent déjà une part de leur
revenu plus importante en proportion pour les frais d’électricité et de chauffage.
En d’autres termes, Travail.Suisse demande qu’à Durban, on intègre aussi pour tout futur accord
sur le climat la question de la transition juste, avec des engagements contraignants pour atténuer
les effets sociaux et sur l’emploi des réductions des gaz à effet de serre. Sinon, il y a de forts
risques que le passage d’une économie encore intensive en carbone à une économie dont la
croissance devra être découplée de la consommation de ressources et d’énergie soit rejetée en
raison d’une prise en compte insuffisante des conséquences du changement climatique sur les
emplois et les revenus.
Piliers de la transition juste
Pour Travail.Suisse, la transition juste repose sur les principaux piliers suivants :
La reconnaissance du rôle des travailleurs et travailleuses et de leurs représentant-e-s
syndicaux dans la prise en compte de l’importance du lieu de travail pour passer à des
modes de production durables, économisant les ressources et l’énergie. Les questions de
l’énergie et du climat ne doivent pas être simplement l’affaire des chefs d’étage des entre-
prises mais être envisagées dans le cadre des droits de participation dans l’entreprise.
L’innovation et la création d’emplois verts grâce aux investissements dans les technologies
propres.
La nécessité de développer la formation et les compétences dans les nouveaux emplois
verts faute de quoi la tendance déjà en cours d’un manque de personnel qualifié sera par-
ticulièrement marquée dans tous les métiers liés aux technologies propres.