24 heures | Vendredi 3 juin 2016 Vaud & régions Vaud Lausanne & région Riviera-Chablais Nord vaudois-Broye La Côte Economie A Vevey, le miracle économique se reproduit Personnalités Paul Bulcke, CEO de Nestlé, Johann Schneider-Ammann, président de la Confédération, et Peter Brabeck-Letmathe, président de Nestlé. KEYSTONE «En un siècle et demi, Nestlé n’a jamais oublié ses racines» La multinationale inaugurait hier «Nest», lieu public interactif qui célèbre son histoire. Rencontre avec son président Thierry Meyer D es poutres métalliques soigneusement préservées, des pans de murs qui ont vu Henri Nestlé s’atteler à sa formule initiale de farine lactée, le tout dans un écrin ultramoderne sous une verrière spectaculaire: «Nest» a accueilli hier en grande pompe ses premiers visiteurs, une brassée d’offi- «Nest», c’est une fabrique d’émotions, de souvenirs, de connaissances ouvertes sur le futur» Catherine Saurais Directrice de «Nest» ciels en tête desquels Johann SchneiderAmmann, président de la Confédération. Dans quinze jours, ce lieu interactif où Nestlé écrit son histoire s’ouvrira au public («24 heures» du 28 mai). Catherine Saurais, directrice de «Nest», a souligné la symbolique de l’endroit, ce «passage de la Guinguette» où tout a commencé, et la mesure du projet, porté depuis quatre ans par quelque 500 personnes. L’investissement total se monte à 50 millions de francs. «Nest», c’est «une fabrique d’émotions, de souvenirs, de connaissances ouvertes sur le futur», avance sa directrice. Pour Peter Brabeck-Letmathe, 71 ans, dont presque 50 au sein de la multinationale, l’événement revêt une importance particulière. «Ce projet était un rêve», confesse le président de Nestlé, qui quittera son poste l’an prochain après vingt Suite en page 19 U «L’investissement de Nestlé à Vevey consolide sa présence dans le canton, dope l’économie cantonale et renforce l’identité suisse et vaudoise en particulier.» Aux yeux de la conseillère d’Etat Nuria Gorrite, l’inauguration, hier, de «Nest» constitue le point d’orgue d’une série de réalisations, après la rénovation de l’Alimentarium et la création du Musée Chaplin, qui donne un coup de fouet à la Riviera, et par extension au canton. La journée a réuni 400 invités sur les fondations historiques de Nestlé. Pour le syndic Laurent Ballif, les 150 ans de la firme apparaissent comme un marqueur-clé de l’histoire veveysanne. Sur les lieux même où, il y a un siècle et demi, Henri Nestlé a inventé sa farine lactée, il rappelle que, simultanément et dans la même rue, la Compagnie du gaz et les ateliers mécaniques voyaient le jour. Vevey est alors vite devenue la ville vaudoise la plus industrielle, alimentant la moitié du canton en gaz et toute la Suisse en cigares. La ville a étendu sa notoriété dans le monde entier pour ses turbines hydrauliques, ses locomotives et, surtout, grâce à Nestlé. «Mais la société Nestlé est née de Vevey et pas l’inverse», corrige malicieusement l’élu. Reste que le miracle économique veveysan est en train de se reproduire, en grande partie grâce aux 200 millions de francs investis par la multinationale sur la Riviera. La création de «Nest» – le cadeau de Nestlé à la Ville, Peter Brabeck dixit – et la rénovation de l’Alimentarium y contribuent déjà: «Nous percevons un grand intérêt international et national pour ces deux sites, confie Andreas Banholzer, directeur de l’Office du tourisme vaudois. Ils nous ont déjà valu un article dans la renommée rubrique du New York Times sur les destinations touristiques à ne pas manquer.» Et la curiosité des médias pour ces réalisations ne semble pas s’arrêter. Hier, une centaine de journalistes du monde entier ont apprécié l’architecture de «Nest», entre histoire et modernité, et les outils technologiques dernier cri qu’il propose. Parmi eux, plus de vingt sont venus de Chine, où Nestlé possède 25 usines. «Les Chinois sont intéressés par l’histoire et la trajectoire de cette multinationale», assure Zhao Yi, rédacteur en chef œuvrant pour Xinhua News, sans doute la plus grande agence de presse du monde. «Cela devrait bien nous attirer quelques visiteurs pour le «Nest» et l’Alimentarium», sourit Rudolf Ramsauer, président du conseil de fondation de l’Alimentarium. Patron de l’Hôtel Astra voisin, Christophe Ming, pour sa part, ressent déjà un effet «Nest»: «Les premières réservations pour des nuitées sont là!» Claude Béda Dégraissé, le projet Schenk revient à l’enquête DÉRAPAGES Pas une semaine ne se passe sans que les clients de La Poste ne retrouvent des publicités dans leurs boîtes aux lettres. Même quand ils ont clairement affiché qu’ils n’en souhaitaient pas. Page 19 ROLLE Débouté en 2014, le plan de quartier qui doit permettre à la maison de vins de reconstruire son site et de développer un quartier d’habitations revient après une cure d’amaigrissement. Page 25 VC5 Contrôle qualité CLARENS La salle du Pierrier, qui accueille notamment le Volley Masters, doit impérativement subir des travaux pour répondre à de nouvelles exigences. La Municipalité a besoin de 5 millions. Pages 24-25 PATRICK MARTIN Montreux veut Les autocollants rénover sa salle antipubs pas toujours respectés omnisports Vaud 19 24 heures | Vendredi 3 juin 2016 «Nest» La Poste «Le symbole d’une symbiose entre l’entreprise et son pays d’origine» Suite de la page 17 années passées à la tête du numéro un mondial de l’alimentation. Dans son discours, l’Autrichien n’a pas manqué de relever un paradoxe qu’il ressent comme une injustice: «Ironie, c’est ici, spécialement en Suisse romande, berceau de Nestlé, dans le pays où nous créons le plus de valeur ajoutée, que l’on nous perçoit parfois comme une entité froide, distante et opaque. Avec «Nest», nous voulons montrer le vrai visage de Nestlé, une entreprise chaleureuse, tournée vers les familles (…), qui se sentiront ici presque à la maison.» Administrateur-délégué du groupe, Paul Bulcke répète la mission de l’entreprise, depuis ses origines: améliorer les conditions d’alimentation dans le monde, à travers «le savoir, la science, la recherche et le développement». Après tout, Henri Nestlé voulait d’abord trouver une solution qui combatte la mortalité infantile élevée qui frappait son époque de révolution industrielle. «Nest» «Nous avons mis nos valeurs à l’épreuve du temps, qui révèle l’essentiel. «Nest», c’est un cadeau à la communauté de notre lieu de naissance» Peter Brabeck Président de Nestlé décline, avec force technologies numériques, l’évolution de cette idée au fil des décennies, et la manière dont la multinationale l’interprète aujourd’hui. Un rôle et une puissance économique qui ont attiré sur Nestlé de nombreuses critiques. Peter Brabeck y répond implicitement dans son allocution: «Nous avons mis nos valeurs à l’épreuve du temps, qui révèle l’essentiel. «Nest», c’est un cadeau à la communauté de notre lieu de naissance.» En aparté, Peter Brabeck revient sur ce lien: «Nest» n’est pas un simple hommage à l’histoire de Nestlé; c’est le symbole d’une symbiose entre l’entreprise et son pays d’origine. Nous avons développé une vision globale, mais nous n’avons jamais oublié nos racines. Nos valeurs d’antan sont toujours valables. Tous les employés de Nestlé Autocollants antipubs plutôt inefficaces L’introduction de publicités dans les boîtes aux lettres qui affichent une interdiction est monnaie courante Federico Camponovo Le président Peter Brabeck: «Avec «Nest», nous voulons montrer le vrai visage de Nestlé, une entreprise chaleureuse, tournée vers les familles.» AFP s’y plient. Nous respectons tous les points de vue, mais si quelqu’un n’endosse pas nos valeurs (respect, tolérance, éthique de travail), nous lui disons franchement qu’il vaut mieux ne pas travailler chez nous.» En cinq décennies, l’actuel président n’a vu que peu de changements dans la très forte culture d’entreprise de Nestlé. «L’obéissance au sens de sa perception ancienne n’existe plus, elle a fait place à la responsabilité.» Dans ce contexte immuable, face à un succès établi et une importance mondiale (un seul chiffre, pour exemple: 335 000 employés!), le risque existe-t-il de se reposer sur ses lauriers? «Ma première tâche, comme celle de M. Bulcke, est de lutter contre l’autocomplaisance, tranche Peter Brabeck. Mais le monde d’aujourd’hui vous réveille à chaque minute, il évolue à une telle vitesse! Ce qui a fait notre réussite dans le passé ne fera pas celle de notre avenir. Je suis un optimiste de nature, je vois chaque jour davantage d’opportunités que de problèmes. C’est cette vitalité que nous devons soigner.» Pas une semaine sans que des clients de La Poste, qui ont pourtant pris la précaution d’indiquer «Pas de publicité, merci» sur leur boîte aux lettres, ne s’indignent d’y retrouver des publicités commerciales. Dernier en date, un habitant de Montreux qui, lassé, a fini par interpeler le facteur. A sa grande surprise, celui-ci l’a assuré que certaines entreprises ont un contrat spécial avec le géant jaune. Moyennant un supplément, il leur permet une large distribution de leurs envois publicitaires, y compris dans les boîtes sur lesquelles figure un autocollant antipub. Tout en concédant que des erreurs, voire des dérapages, sont toujours possibles, Olivier Flüeler, porte-parole de La Poste, s’inscrit en faux. «Pour ce qui concerne les envois commerciaux, nos facteurs ont l’ordre de respecter scrupuleu- sement les autocollants antipubs, et aucun contrat spécial ne permet de contourner la règle, affirme-t-il. En revanche, les envois non commerciaux, à savoir les communications officielles et administratives, la publicité des partis politiques, les collectes caritatives, doivent obligatoirement être distribués dans toutes les boîtes aux lettres. Cette pratique a d’ailleurs fait l’objet d’un accord avec les associations de consommateurs, qui ont admis qu’une distinction entre envois commerciaux et non commerciaux était pertinente.» En l’espèce, la publicité qui avait exaspéré l’habitant de Montreux vantait les avantages des supermarchés Aldi et constituait donc, à l’évidence, une erreur ou un dérapage… Il n’en reste pas moins que la Fédération romande des consommateurs (FRC), par la voix de son secrétaire général, Mathieu Fleury, confirme l’existence d’un accord avec La Poste, tout en ajoutant qu’il n’est pas suffisamment contraignant. «En général, ça fonctionne assez bien, mais il y a toujours de petits épisodes comme celui que vous mentionnez, souligne-t-il. Cela dit, pour disposer d’un article de loi sur le sujet, nous avions demandé, quand sa révision était à l’ordre du jour, que la loi sur la concurrence PUBLICITÉ Retrouvez notre vidéo nest.24heures.ch Johann Schneider-Ammann: «Sur la RIE III, le peuple suivra» U Venu célébrer le «porte-drapeau» Nestlé, le président de la Confédération liste les défis à relever pour que le succès continue. Interview. Qu’est-ce qu’un ministre fédéral de l’Economie peut faire pour aider à la réussite future, en Suisse, d’une multinationale comme Nestlé? Il n’y a jamais de garanties. C’est d’abord aux entreprises d’investir, d’innover, d’être au plus près de leurs marchés. Mais, dans le dialogue permanent que j’entretiens avec les entreprises, il y a trois priorités: clarifier notre situation envers l’Union européenne et raffermir les Bilatérales; achever la réforme de notre fiscalité – les entreprises attendent une décision; et enfin préserver la flexibilité d’un marché du travail qui doit rester libéral, avec un partenariat social vivant. Le climat récent autour des grandes entreprises n’est pas très bon… La population sait que nous avons besoin de ces grands groupes qui tirent notre économie. On souffre d’une décennie d’excès durant laquelle certains managers VC5 Contrôle qualité Johann Schneider-Ammann Ministre de l’Economie, président de la Confédération se sont éloignés de leurs employés. Mais, depuis, le message a été compris, je crois. J’espère que la votation de ce week-end (ndlr: sur le service public) n’aboutira pas à une sanction basée sur les salaires des dirigeants. Cela me peinerait et engendrerait de fortes tensions entre Confédération et cantons, à cause du manque à gagner pour les finances publiques. La réforme de la fiscalité des entreprises risque bien d’aller au référendum. Craignez-vous un refus? Une discussion intense aura lieu, mais le peuple nous suivra. Il sait qu’il faut attirer les investissements chez nous pour créer de la valeur et maintenir un quasi-pleinemploi, garant d’une société stable. La concurrence entre les cantons créera des conditions plus attractives. T.M. Prêts hypothécaires et immobilier Partenaire de vos projets immobiliers Dans le domaine des prêts hypothécaires et des crédits de construction, il y a chez Retraites Populaires une véritable équipe proche de vous, qui s’engage pour que vos objectifs les plus chers se réalisent. Vous soutenir et vous conseiller dans vos projets immobiliers, voilà ce qui nous tient vraiment à cœur. Contactez-nous pour en savoir plus ou consultez www.retraitespopulaires.ch Votre avenir, notre mission. déloyale soit modifiée afin d’assurer le respect absolu de l’autocollant, comme celui de l’astérisque dans l’annuaire, sous peine de sanctions pénales. Malheureusement, nous ne l’avons pas obtenu.» Dès lors, Mathieu Fleury souligne que la volonté de la FRC d’inscrire le respect de l’autocollant antipub est toujours d’actualité. «Même si l’on peut déplorer certains excès de la publicité politique, tous les envois qui entretiennent le débat démocratique doivent parvenir à tous les clients de La Poste, dit-il. Néanmoins, il faudrait muscler l’obligation, pour tous les acteurs de la distribution, parce qu’il n’y a pas que La Poste, de respecter la volonté des citoyens qui ne veulent pas recevoir de la publicité commerciale. Nous allons donc revenir à la charge dès que l’agenda politique nous le permettra.» «Pour faire cesser ces pratiques, il est indispensable d’informer La Poste lors de chaque dépôt abusif», recommande, pour sa part, le conseiller national Yannick Buttet (PDC/VS), qui avait violemment réagi quand le géant jaune avait proposé des échantillons gratuits aux consommateurs qui acceptaient d’enlever les interdictions de publicité de leur boîte aux lettres («24 heures» du 4 juillet 2015).