Perbal L. 2010 « Contingence versus dessein: gradualisme et complexité, les enjeux du
débat » dans P. Danblon, G. Sand, Ch. Susanne et J. Lemaire (eds) Evolution et
créationnismes Ed. Espaces de Liberté, 79-90
interprétations strictement darwiniennes. En effet, des études sur la compréhension des élèves
vis-à-vis de l’évolution montrent que les interprétations finalistes sont très courantes.
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« Finalisme et créationnisme sont, en fait, le pile et le face d’une même pièce, ils considèrent
le hasard comme un hôte indésirable. »
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L’homme ne peut pas être le fruit du hasard, s’il
existe, c’est la volonté de Dieu.
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La théorie de l’évolution, théorie scientifique en construction
Le début du XXe siècle se caractérise par l’explosion de la génétique qui confirme les
thèses darwiniennes. Les variations au sein des populations, favorables ou non, sont
effectivement issues de phénomènes aléatoires, les mutations et les recombinaisons
génétiques. Au début des années 1940, naît la théorie synthétique de l’évolution. Ses
propositions essentielles sont formulées et organisées en une génétique évolutive par le
généticien américain Th. Dobzhansky, J. Huxley, écologiste anglais, le systématicien Ernst
Mayr et le paléontologue américain G.G. Simpson. Cette synthèse théorique moderne est
communément appelée néodarwinisme.
La biologie évolutive n’est alors plus dominée par de grandes polémiques théoriques
comme c’était le cas au début du siècle. Un consensus théorique interdisciplinaire est établi et
les méthodologies efficaces définies par la génétique et la biologie moléculaire permettent aux
chercheurs de développer des approches plus empiriques que spéculatives des problèmes. La
théorie darwinienne de l’évolution est donc basée sur le modèle de hasard-sélection et c’est un
processus évolutif gradualiste et contingent qui est revendiqué.
Malgré tout, dans les années 1970, des courants critiques de certains aspects de la
théorie de l’évolution néodarwinienne ont commencé à se mettre en place. En effet, une des
questions qui divisent les biologistes évolutionnistes concerne le rythme de l’évolution. Les
paléontologues soulignent depuis longtemps l’absence de formes de transition, entre espèces
très différentes, dans les archives fossiles. Cette absence de formes transitionnelles est
également un argument utilisé par les créationnistes dans une perspective anti-évolutionniste.
Pour les paléontologues, l’évolution n’est pas remise en question mais c’est la différenciation
13
Bishop B.A. et Anderson C.W., 1990. Student conceptions of natural selection and its role in evolution,
Journal of Research in Science Teaching, 27 (5) : 415-427; Cooper R.A., 2001. The goal of evolution
instruction: belief or literacy?, Reports on the National Center for Science Education, 21 (1-2) : 14-18.; Perbal
L., Vercauteren M., Slachmuylder J.-L. & Susanne C., 2006.
14
Bronner Gerald, 2006. Avons-nous jamais été darwiniens?, Le Nouvel Observateur hors-série : 70-73.
15
Schönborn C. (07/07/2005), The New York Times.