Variétés de Hecke, d’après K. Buzzard
Olivier Brinon
Résumé.Le but de ces notes (correspondant à quatre exposés donnés au groupe de travail organisé par
D. Benois à l’IMB sur les travaux de Pollack-Stevens et Bellaïche sur les fonctions L p-adiques) est de
présenter un aperçu des deux premières parties de [3]. Elles s’inspirent aussi fortement de [9] et [5].
Table des matières
1. Introduction 1
2. Théorie de Riesz 2
3. Variétés spectrale et de Hecke 8
4. Le cas GL2/Q13
5. Appendice : polygones de Newton 18
Références 19
1. Introduction
Si kN4est pair, la fonction Ek(z) = 1 + 2
ζ(1k)
P
n=1
σk1(n)qn(où q=e2iπz et σd(n) = P
m|n
md) est une
forme modulaire de niveau 1 et de poids k. Si on voit 1, E4et E6comme des éléments de Z[[q]], on a
1E4E6mod 24 Z[[q]]
Il existe des exemples de congruences encore plus forts.
Dans les années 1970, Serre et Swinnerton-Dyer on étudié « toutes » les congruences modulo pentre formes
modulaires de niveau 1. L’intérêt de ces congruences est qu’elles fournissent des congruences entre des représen-
tations galoisiennes : si fet gsont deux formes propres congruentes, ρf, ρg:Gal(Q/Q)GL2(O)GL2(Qp)
les représentations galoisiennes associées (où Oest l’anneau des entiers d’une extension finie de Qpconvenable),
on a
ρfρgmod mGL2(O)
(où mest l’idéal maximal de O).
Ensuite, les congruences modulo pnon été étudiées par Katz et Hida. Soient p3 un nombre premier et N
N5tel que pN. Soit Y1(N) la courbe modulaire de niveau 1Γ1(N) (qui classifie les courbes elliptiques sur les
Z[µN,1/N]-schémas, munies d’un point d’ordre N), et X1(N) sa compactification. On note EY1(N) la courbe
elliptique universelle et ω=e1
E/Y1(N)le faisceau conormal en la section unité e:Y1(N)E. Ce dernier s’étend
en un faisceau inversible (encore noté ω) sur X1(N) (cf [10, tableau (10.13.9.1)]). L’idée est alors de travailler avec
X
1
(N)ord
disques supersinguliers
la variété analytique rigide X1(N) sur Qp(µN) associée à X1(N). La
fonction Ep1modulo pest une « forme modulaire modulo p» : c’est
l’invariant de Hasse. Son q-développement appartient à 1+qFp[[q]] (mais
il n’est pas inversible). C’est une section globale du faisceau ω(p1) sur
l’espace de modules des courbes elliptiques modulo p. Ses zéros, simples,
correspondent aux courbes elliptiques supersingulières 2. La variété ana-
lytique rigide X1(N), privée des disques supersinguliers (correspondant aux courbes elliptiques sur Qpà réduction
supersingulière) fournit une variété X1(N)ord (le lieu ordinaire).
On définit alors une forme modulaire p-adique de niveau Net de poids kcomme une section de ωksur
X1(N)ord (cf [9, Chapter 2]). L’espace des formes modulaires p-adiques de niveau et de poids donné est un
espace de Banach p-adique de dimension infinie 3:
Mk1(N)) := H0(X1(N)ord, ωk)
Les opérateurs de Hecke (et parmi eux, l’opérateur Up) agissent sur Mk1(N)). Hida a considéré le sous-espace
(dit ordinaire)Mk1(N))ord Mk1(N)) constitué des formes « généralisées » propres pour Up, dont la valeur
Version du 21 novembre 2016.
1. Il est possible de prendre d’autres sous-groupes de congruence, même lorsque le problème de modules associé n’est pas repré-
sentable (cf [3, p. 34]). On peut en outre traiter le cas p= 2.
2. Les pointes sont ordinaires d’après ce qui précède.
3. Coleman a montré que tout élément admet un développement de Fourier en .
2 Olivier Brinon
propre est une unité. Il est de dimension finie. Il a trouvé des exemples de séries formelles
P
n=0
AnqnΛ[[q]] (avec
Λ = Zp[[T]]) telles que si
θk: Λ Zp
T7→ (1 + p)k1
alors
P
n=0
θk(An)qnest une forme modulaire p-adique ordinaire de poids kpour tout kk0+ (p1) Z. En outre,
P
n=0
θk(An)qnest le q-développement d’une forme « classique » de niveau Np si k2. En fait, Hida construit un
Λ-module libre de rang fini M ⊂ Λ[[q]] tel que
M ⊗ΛkZp
Mk1(N))ord
pour kk0+ (p1) Z. Le Λ-module Mest muni d’une action des opérateurs de Hecke : il existe une Λ-algèbre
libre finie Tord Up, Tagissant naturellement sur M(cf [11, §4] pour plus de détails).
Prolongeant l’approche de Katz (cf [9]), Coleman a considéré la traduction géométrique de ce qui précède.
L’ensemble des idéaux premiers de hauteur 1 de Λ = Zp[[T]] qui ne contiennent pas pcorrespond aux Qp-points
du disque unité ouvert, qu’on appelle espace des poids. De même, Tord fournit une variété analytique rigide
au-dessus de l’espace des poids (la projection provenant du morphisme Λ Tord).
Coleman a observé qu’en étant plus soigneux, on peut obtenir plus de familles. Pour εQ[0,1], posons :
X
1
(N)(ε)
X1(N)(ε) := X1(N)\(disques supersinguliers de rayon 1 ε)
Bien sûr, on a X1(N)ord =X1(N)(0). Il définit alors l’espace des formes
modulaires p-adiques surconvergentes de poids ken posant :
X1(N)
Qp:= lim
ε0
ε>0
H0(X1(N)(ε), ωk)
et montre qu’on peut construire des familles de formes propres à partir de cet espace. Si αQ0, le sous-espace
de l’espace des formes modulaires p-adiques surconvergentes constitué des formes propres pour Up, pour une
valeur propre de valuation αest de dimension finie (le cas α= 0 correspond à celui considéré par Hida). Par
ailleurs, ces espaces peuvent s’interpoler : on peut recoller les courbes construites à partir des algèbres de Hecke
qu’on en déduit, ce qui fournit la courbe de Hecke (Eigencurve en anglais).
Bien entendu, on veut construire des courbes de Hecke pour d’autres groupes que GL2. Pour pouvoir le faire
de façon systématique, Buzzard a axiomatisé la construction de Coleman :
Espaces de Banach munis
d’opérateurs qui commutent
”Eigenvariety machine” //Variétés analytiques rigides
espaces de formes
modulaires surconvergentes
+opérateurs de Hecke
//variété de Hecke
Cela dit, la construction de [3] ne semble pas avoir néralité suffisante pour couvrir tous les cas intéressants
(par exemple le cas des groupes unitaires traité par Chenevier, cf [3, p. 87]).
Mentionnons que l’intérêt de ces constructions est qu’elles permettent ce construire des familles de représen-
tations galoisiennes p-adiques, qui interpolent les représentations galoisiennes associées à celles parmi les formes
modulaires « classiques »auxquelles on sait en attacher. Cela permet par exemple d’associer des représentations
galoisiennes p-adiques à des formes modulaires dans des cas nouveaux.
2. Théorie de Riesz
Dans tout ce qui suit, Kdésigne un corps complet pour une valeur absolue non archimédienne non triviale |.|K.
2.1. Modules de Banach. La construction de la variété de Hecke nécessite une théorie de Riesz pour les opé-
rateurs compacts d’espaces de Banach sur des K-algèbres affinoïdes. Dans cette section, on donne les rudiments 4
de cette théorie dans le contexte un peu plus général des espaces de Banach sur des K-algèbres de Banach.
Définition 2.2. (1) Une K-algèbre unitaire commutative noethérienne Aest dite de Banach si elle est munie
d’une application |.|:AR0vérifiant :
• |a|= 0 a= 0 ;
• |a+b| ≤ max |a|,|b|;
• |ab| ≤ |a||b|et |1|= 1 ;
• |λa|=|λ|K|a|
4. Tirés de [3, §§2 & 3].
Variétés de Hecke, d’après K. Buzzard 3
pour tous a, b Aet λK, et telle que Asoit complète pour la métrique induite par |.|. On pose
A={aA, |a| ≤ 1}, c’est un sous-anneau 5de A. Si ρK×est tel que |ρ|K<1, alors ρnA}nNest
une base de voisinages de 0 dans A.
(2) Un A-module de Banach est un A-module Mmuni d’une norme application k.k:MR0vérifiant :
• kmk= 0 m= 0 ;
• km+nk ≤ max kmk,knk;
• kamk ≤ |a|kmk
pour tous aAet m, n M, et telle que Msoit complet pour la métrique induite par k.k.
Dans tout ce qui suit, Adésigne une K-algèbre de Banach.
Rappelons que φHomK(M, N) est continu si et seulement si (CR0) (mM)kφ(m)kNCkmkM,
i.e. si et seulement si l’image de la « boule unité » de Mest bornée. On pose alors
kφk= sup
mM\{0}
kφ(m)kN
kmkM
Proposition 2.3. (1) Si Met Nsont des A-modules de Banach, on munit MNde la norme définie par
kmnk= max kmk,knk, ce qui fait de MNun A-module de Banach. Par exemple, Arest un
A-module de Banach.
(2) On dispose du (très utile)torème de l’image ouverte : toute application continue surjective entre K-
modules de Banach est ouverte (cf [2, I §3.3 Théorème 1]).
(3) Le foncteur d’oubli, de la catégorie des A-modules de Banach de type fini (avec pour morphismes les
applications A-linéaires continues)dans catégorie des A-modules de type fini est une équivalence, ce qui
signifie que tout A-module de type fini admet une norme (unique à équivalence près)le munissant d’une
structure de A-module de Banach, et que toute application A-linéaire entre deux A-modules de Banach est
automatiquement continue (cf [1, 3.7.3 Propositions 2 & 3]).
(4) Si Met Psont des A-modules de Banach, avec Pde type fini, tout application A-linéaire PMest
continue 6.
Exemple 2.4. Soit Iun ensemble. On note cA(I) le A-module des suites qui tendent vers zéro selon le filtre
complémentaire des ensembles finis : (ai)iIAIappartient à cA(I) si et seulement si pour tout εR>0,
l’ensemble des indices iItels que |ai|> ε est fini. Notons qu’il en résulte que le support de (ai)iI(i.e.
l’ensemble des iItels que ai6= 0) est dénombrable. On munit cA(I) d’une norme en posant :
k(ai)iIk= sup
iI|ai|
(où le sup est pris dans R0). Le A-module cA(I) est de Banach.
Définition 2.5. Soit Mun A-module de Banach.
(1) Mest dit orthonormalisable (ONable) s’il existe une famille (ei)iIdans Mtelle que :
(iI)keik= 1 ;
(mM) (!(ai)iIcA(I)) m=P
iI
aiei;
si 7m=P
iI
aieiavec (ai)iIcA(I), on a kmk=k(ai)iIk= sup
iI|ai|.
Une telle famille s’appelle une base orthonormale de M. Remarquons que la base « canonique » de cA(I)
est orthonormale par définition, et que la donnée d’une base orthonormale de Méquivaut à la donnée d’un
isomorphisme isométrique cA(I)
M.
(2) Mest dit potentiellement orthonormalisable s’il existe une norme sur M, équivalente à la norme donnée,
pour laquelle Madmet une base orthonormée. Cela équivaut à l’existence d’une famille (ei)iIbornée dans
Met de deux constantes C1, C2Rtelles que :
(mM) (!(ai)iIcA(I)) m=P
iI
aiei;
si m=P
iI
aieiavec (ai)iIcA(I), on a C1sup
iI|ai| ≤ kmk ≤ C2sup
iI|ai|.
Une telle famille s’appelle une base potentiellement orthonormale de M. Cela équivaut aussi à l’existence
d’un isomorphisme cA(I)
M.
(3) On dit que Ma la propriété (Pr) s’il existe un A-module de Banach Ntel que MNsoit potentiellement
orthonormalisable. C’est le cas si et seulement si pour tout épimorphisme f:MM′′ de A-modules de
Banach 8, toute application A-linéaire α:MM′′ se relève 9par une application continue β:MM.
5. Qui n’a aucune raison d’être noethérien (par exemple si A=K=Cp).
6. Si φ:PMest A-linéaire et π:ArPune surjection de A-modules, alors πest ouverte en vertu de (2), et φπest bornée,
donc continue : il en est de même de φ.
7. la somme converge puisque keik= 1 pour tout iI, (ai)iIcA(I) et Mest complet.
8. Pas forcément surjectif donc.
9. On se réduit facilement au cas où M= cA(I), dans lequel c’est évident. Remarquons par ailleurs que lorsque Mest de type
fini, cela équivaut simplement à être unA-module projectif (au sens algébrique).
4 Olivier Brinon
Remarque 2.6. (1) Supposons A=K. On montre facilement (cf [12, Lemme 1]) que si la valeur absolue
|.|Kest discrète, alors Mest potentiellement ONable, et même ONable sur Klorsque Im(k.k)Im(|.|K).
(2) Si A=K=Qpet M=Qp(p), alors Mest potentiellement ONable, mais pas ONable (car |A|(kMk).
Proposition 2.7. (cf [3, Lemma 2.8]). Si Mest un A-module de Banach (potentiellement)ONable (resp. ayant
la propriété (Pr)), et si ABest un morphisme continu de K-algèbres de Banach, alors Mb
ABest un B-
module de Banach (potentiellement)ONable (resp. a la propriété (Pr)). si (ei)iIest une base (potentiellement)
orthonormale de M, alors (ei1)iIest une base (potentiellement)orthonormale de Mb
AB.
2.8. Opérateurs compacts. Dans ce paragraphe, Met Ndésignent des A-modules de Banach10.
Définition 2.9. (1) Une application A-linéaire continue de Mdans Nest dite de rang fini si son image est
contenue dans un sous-A-module de type fini de N.
(2) Une application A-linéaire continue de Mdans Nest dite compacte (ou complètement continue) si elle est
dans l’adhérence de l’ensemble des orateurs de rang fini dans HomA,cont(M, N ).
Supposons Met Northonormalisables : soient (ei)iIet (fj)jJdes bases orthogonales de Met Nrespec-
tivement. Soit φHomA(M, N). Pour tout iI, on peut écrire φ(ei) = P
jJ
ai,j fjavec (ai,j )jJcA(J) pour
tout iI. On dira que (ai,j )iI
jJ
est la matrice de φdans les bases orthonormées (ei)iIet (fj)jJ.
Proposition 2.10. (1) φest continu si et seulement s’il existe CR0tel que (iI) (jJ)|ai,j | ≤ C.
(2) (cf [3, Proposition 2.4]) φest compact si et seulement si lim
j→∞ sup
iI|ai,j |= 0 (i.e. si pour tout εR>0,
l’ensemble des indices jJtels que sup
iI|ai,j |> ε est fini).
Exemple 2.11. Soit Aune K-algèbre affinoïde réduite, rQ>0, et BA[0, r] le disque affioïde fermé de rayon
rsur Spm(A). On a Mr:= O(BA[0, r]) = f(T) = P
n=0 anTnA[[T]],limn→∞|an|rn= 0. Muni de la norme
kfkr= supnN|an|rn, c’est un A-module de Banach. Il est ONable, de base orthonormée Br={rnTn}nN. Si
sQ]0, r[, on dispose de la restriction cr,s :MrMs. La matrice de cette dernière dans les bases Bret Bs
est diag s
rnnN: c’est un opérateur compact.
2.12. Série caractéristique d’un opérateur compact. Soient Mun A-module de Banach ONable et φ
EndA,cont(M) un opérateur compact. Soit (ei)iIune base orthogonale de M, et (ai,j )i,jIla matrice de φdans
cette base. Si SIest fini, on pose
cS=X
σSS
ε(σ)Y
iS
ai,σ(i)A
Si nN, on pose alors
cn= (1)nX
SI
#S=n
cS
la somme converge dans Aen vertu de la proposition 2.10 (2). On pose alors
Pφ(T) := det(1 T φ) =
X
n=0
cnTn1 + T A[[T]]
qu’on appelle série caractéristique (ou déterminant de Fredholm) de φ.
Proposition 2.13. (cf [3, Lemma 2.5 & 2.7, Corollary 2.6 & 2.10] et [12, §5])
(0) det(1 T φ)A{{T}} := P
n=0 anTn,(ρR>0) lim
n→∞|an|ρn= 0(i.e. est de rayon de convergence
infini).
(1) Si (φn)nNEndA,cont(M)Nest une suite d’opérateurs compacts qui tend vers φ, alors
lim
n→∞ Pφn=Pφ
pour la topologie de la convergence simple des coefficients.
(2) Si l’image de φest incluse dans un sous-A-module LMlibre de rang fini, alors Pφ1+T A[T]coïncide
avec le déterminant habituel 11.
(3) Si k.k1et k.k2sont deux normes faisant de Mun A-module de Banach ONable, alors φest compact pour
k.k1si et seulement s’il l’est pour k.k2. En outre, det(1 T φ)ne dépend pas de la base orthonormale
choisie.
(4) Si f:ABun morphisme continu de K-algèbres de Banach, alors φ1EndB,cont(Mb
AB)est
compact, et Pφ1B{{T}} est l’image de Pφpar f.
10. Remarquons que HomA,cont(M, N) est alors lui aussi un A-module de Banach.
11. Ce qui signifie que Pφ(T) = det(1 T φ) =
P
n=0
(1)ntr(nφ)Tn.
Variétés de Hecke, d’après K. Buzzard 5
(5) Si Nest un A-module de Banach ONable, uHomA,cont(M, N )est compact et vHomA,cont(N, M ),
alors uvet vusont compacts, et 12
Puv=Pvu
Il résulte de la proposition 2.13 que le fait d’être un endomorphisme compact de Mainsi que le déterminant
de Fredholm ne dépendent que de la topologie de M, et pas vraiment de la norme. Cela permet d’étendre ces
notions au cas d’un A-module de Banach potentiellement ONable. En fait, on peut les étendre au cas où Ma la
propriété (Pr), de la façon suivante : soit Nun A-module de Banach tel que MNsoit potentiellement ONable.
Si φEndA,cont(M) est compact, il en est de même de φ0EndA,cont(MN), et on pose
Pφ:= Pφ0
La définition ne dépend pas 13 du choix de N. Les énoncés de la proposition 2.13 se généralisent au cas des
A-algèbres de Banach ayant la propriété (Pr) (cf [3, Lemma 2.12 & 2.13]).
Définition 2.14. La résolvante de Fredholm de φest :
Fφ(T) = Pφ(T)
IdMT φ IdM+T A[φ][[T]]
On a Fφ(T) = P
m=0 ψmTm, avec ψmA[φ]EndA,cont(M) pour tout mN. D’après [12, Proposition 10],
on a (ρR>0) lim
m→∞ kψmkρm= 0.
2.15. Résultants, théorie de Riesz. Rappelons que A{{T}} := P
n=0 anTn,(ρR>0) lim
n→∞|an|ρn= 0
désigne la sous-A-algèbre de A[[T]] constituée des séries de rayon de convergence infini.
Proposition 2.16. Soient PAhTi(resp. PA{{T}})et DA[T]. On suppose que le coefficient dominant
de Dest une unité. Alors il existe QAhTi(resp. QA{{T}})et RA[T]uniques tels que P=QD +Ret
deg(R)<deg(D).
Démonstration. On peut supposer Dunitaire. Quitte à remplacer Tpar aT avec aK×convenable, on peut en
outre supposer DA[T]. Écrivons D(T) = Td+ad1Td1+···+a0. Soit H(T) = P
n=0 hnTnAhTi \ {0}.
Comme lim
n→∞|hn|= 0, il existe n0Ntel que (nN)|hn| ≤ |hn0|et (n > n0)|hn|<|hn0|. Le coefficient de
Tn0+ddans le produit HD est hn0+Pd1
i=0 hn0+diai: comme |hn0|>|Pd1
i=0 hn0+diai|, ce coefficient est non
nul, de sorte que HD 6= 0. Cela implique l’unicité de Qet de R.
Pour l’existence, écrivons P(T) = P
m=0 bmTm. Pour mN, soit Tm=Qm(T)D(T) + Rm(T) la division
euclidienne de Tmpar D. Comme QA[T], on a aussi Qm, RmA[T]. On a deg(Qm)md(avec égalité
si mn). Posons Q=P
m=0 bmQmet R=P
m=0 bmRm(les sommes convergent dans A[[T]] et dans A[T]
respectivement parce que lim
m→∞ bm= 0 et les Qm, Rmsont à coefficients dans A) : on a P=QD +Rdans A[[T]].
Écrivons Qm(T) = Pmd
i=0 qm,iTi: on a Q(T) = P
n=0 qnTnavec qn=Pmnbmqm,nm. Si εR>0(resp.
ρ, ε R>0), soit NNtel que mN⇒ |bm| ≤ ε(resp. mN⇒ |bm|ρmε) : on a aussi mN⇒ |qm| ≤ ε
(resp. mN⇒ |qm|ρmε), ce qui montre qu’en fait QAhTi(resp. QA{{T}}).
Soit QA[T] de coefficient dominant une unité : la A-algèbre A{{T}}/(Q) est libre de rang deg(Q).
Définition 2.17. Si PA{{T}}, le résultant de Qet Pest le déterminant Res(Q, P )Ade la multiplication
par Pdans A{{T}}/(Q).
Proposition 2.18. Soient QA[X]de coefficient dominant une unité et PA{{T}}. On a :
(1) (BA{{T}})Res(Q, P +BQ) = Res(Q, P );
(2) Res(Q, 1) = 1 ;
(3) Res(Q, aP ) = adeg(Q)Res(Q, P );
(4) (P1, P2A{{T}})Res(Q, P1P2) = Res(Q, P1)Res(Q, P2);
(5) pour tout Q1, Q2A[T]unitaires Res(Q1Q2, P ) = Res(Q1, P )Res(Q2, P );
(6) Res(Q, P )P A{{T}}+QA{{T}};
(7) Res(Q, P )est une unité si et seulement si (P, Q)A{{T}} =A{{T}}; il est nul si Pet Qont un facteur
commun qui est un polynôme unitaire ;
(8) si PA[T]a pour coefficient dominant une unité, on a Res(P, Q) = (1)deg(P) deg(Q)Res(Q, P ), et 14
Res(Q, P ) = Res(P, Q).
12. Lorsque Met Nsont libres de rang fini, cela résulte des égalités tr(n(uv)) = tr(nu◦ ∧nv) = tr(nv◦ ∧nu) = tr(n(vu)).
13. C’est clair si Met Nsont ONables. En général, si Nest tel que MNest potentiellement ONable, c’est aussi le cas de
(MN)(MN), et φ000 et 0 0φ0 sont conjugués par un automorphisme isométrique, ce qui permet de conclure.
14. P(T) := Tdeg(P)P(1/T ).
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