Facteurs favorisants
À l’origine de ces pseudarthroses, on retrouve fréquemment l’association de
plusieurs facteurs qui vont conjuguer leurs effets pour aboutir à un défaut de
consolidation. L’âge du patient intervient. Ascencio et Martin (1) retrouvent
deux fois plus de pseudarthroses chez les sujets de plus de 65 ans (26,5 %
des cas) que chez les sujets de moins de 30 ans (12 % des cas). La qualité de
l’os, et notamment la présence d’un os porotique, est un facteur péjoratif
retenu par Vivès (20). Le type de fracture, et principalement la comminution
métaphysaire, apparaît comme un facteur déterminant. Toujours en se réfé-
rant à l’étude multicentrique de la SOFCOT 1988 (1), on observe trois fois
plus de pseudarthroses dans les fractures comminutives (21 % des cas) que
dans les fractures simples (7 % des cas). En revanche, le caractère articulaire
de la fracture n’a pas d’influence. De même, l’ouverture du foyer, pourtant
considérée comme une cause classique de retard de consolidation, intervien-
drait peu.
La qualité du montage et surtout la stabilité de l’ostéosynthèse jouent un
rôle primordial : Ascencio et Martin (1) retrouvent deux fois plus de pseu-
darthroses dans les montages jugés instables (27,5 % des cas) que dans ceux
dont la stabilité est jugée satisfaisante (12,5 % des cas). Deux éléments sont
à prendre en compte pour la stabilité : le matériel d’ostéosynthèse lui-même
et la qualité de la reconstruction métaphysaire. En ce qui concerne le maté-
riel, l’insuffisance mécanique des plaques vissées est connue (17), elles doivent
être abandonnées au profit de montages plus rigides type « vis-plaque » ou
« lame-plaque » ; pour les clous centromédullaires, Bucholz (3) recommande
des clous de gros diamètre, descendus le plus bas possible pour éviter une frac-
ture de fatigue sur les trous de verrouillage distal. En ce qui concerne la recons-
truction métaphysaire, son analyse montre que la stabilité de la colonne
médiale, siège des plus grandes comminutions, est déterminante pour la qualité
mécanique du montage. La persistance d’une perte de substance métaphy-
saire, avec défaut d’appui cortical médial, s’accompagne d’une pseudarthrose
dans près d’un cas sur deux (1).
Intérêt de la greffe osseuse
Compte tenu des risques majeurs de pseudarthrose en cas de perte de sub-
stance métaphysaire, certains proposent de réaliser une greffe spongieuse ou
cortico-spongieuse d’emblée en complément de l’ostéosynthèse. Dans leur
série, Vivès et al. (20), qui ont réalisé ce geste 31 fois, n’a eu à déplorer aucun
défaut de consolidation. Cependant, Chiron (4) pense que cette attitude sys-
tématique conduit souvent à des greffes en excès, l’os spongieux métaphysaire
ayant un potentiel de consolidation parfois étonnant. Il semble plus judi-
cieux (1, 4, 13), pour prévenir une pseudarthrose, de réaliser une greffe osseuse
secondaire, entre le 2eet 5emois, si la consolidation radiologique paraît insuf-
fisante. On choisira alors le greffon osseux en fonction de la situation : simple
greffe spongieuse de comblement ou greffe cortico-spongieuse d’apposition
venant ponter une perte de substance corticale médiale.
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