
ostéoporotique semble donc être, au sens gériatrique, un sujet fragile. Paradoxalement, aucune
définition actuelle de la fragilité n’inclut la densité minérale osseuse (DMO). Différents
auteurs ont pourtant souligné l’association fréquente entre ostéoporose et fragilité.
L’ostéoporose semble être un bon marqueur de fragilité. Elle témoigne d’une vulnérabilité.
La fracture de hanche est la complication majeure à laquelle sont confrontés les sujets âgés et
constitue également un problème majeur de santé publique. Les sujets fragiles semblent
particulièrement exposés à cette complication qui peut être présagée quelques années
auparavant par une fracture dite « sentinelle » du poignet. L’incidence de la fracture de
hanche passe de 1,6 pour 1 000 à l’âge de 65 ans à 35,4 pour 1 000 à l’âge de 95 ans. La
mortalité se situe entre 35% à 12 mois et 10% à 2 ans en fonction des cohortes. Lorsqu’ils ne
décèdent pas, la majorité des patients ne récupère jamais leurs performances fonctionnelles
antérieures. La fracture de hanche expose le sujet âgé aux douleurs, à la dépression, à la
réduction des activités physiques, à la perte de poids et à l’hyper catabolisme. Au décours de
la fracture de hanche, le sujet âgé bascule souvent dans la dépendance.
L’idée selon laquelle le sujet fragile est un sujet particulièrement à risque de fracture de
hanche est récente. Pourtant, la fragilité et les mécanismes qui l’accompagnent, comme
l’inactivité, la baisse de la force, la perte de poids sont des conditions associées établies pour
précipiter l’installation de l’ostéoporose et favoriser la chute et la fracture. Indépendamment
de la DMO, des travaux récents montrent que la fragilité est un facteur de risque majeur de
chute (OR=2.41, 95CI%, 1 ,93-3,01) (Ensrud, 2007). Le nombre de chutes lui-même est un
facteur de risque majeur de fracture de hanche indépendamment de la DMO (Dargent-Molina,
1993). Etant à risque, à la fois d’ostéoporose et mais surtout de chute, le sujet fragile présente
donc toutes les conditions propices à la fracture de hanche. Ensrud et al. ont montré que leur
risque de fracture était augmenté comparativement à des sujets âgés du même âge non fragiles
(OR=1,70, 95CI%, 1,35-2,15) (Ensrud, 2007).
La compréhension des liens entre la fragilité, l’ostéoporose et la fracture de hanche est
importante car les approches thérapeutiques peuvent être différentes ou complémentaires.
L’efficacité, le coût et les effets indésirables d’une approche purement médicamenteuse visant
à augmenter la DMO, ou multidisciplinaire luttant contre les facteurs associés à la fragilité
(dénutrition, inactivité, faiblesse…), peuvent être très différents dans une population âgée
fragile ou robuste (Greenspan, 1998). Face à ces interrogations, il est par exemple nécessaire
de déterminer chez les personnes âgées, la part imputable à la diminution de la DMO dans la
survenue d’une fracture comparativement à d’autres facteurs de risque de fracture
(Greenspan, 1998) tels que les chutes et leurs multiples causes.
Actuellement, peu de sujets âgés bénéficient d’une approche diagnostique et thérapeutique de
destinée à l’estimation de leur risque de fracture de hanche. L’approche de l’ostéoporose par
le syndrome de fragilité permettrait d’encourager l’accès à l’exploration et au traitement de
l’ostéoporose mais aussi de faire bénéficier les sujets fragiles d’une approche thérapeutique
adaptée à leur condition de santé.
Le dépistage et la prise en charge des facteurs associés à la fragilité auraient certainement un
impact important sur le risque de fracture de hanche en limitant le risque de chute, de
dépendance et de diminution de la DMO osseuse et en majorant l’accès au diagnostic et au
traitement de l’ostéoporose.