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Une réponse immunitaire exagérée
Lesdits variants se trouvent sur le chromosome 1, au niveau d'une des trois zones associées à la maladie de
Crohn mises en évidence lors de l'étude de criblage génétique de 2007. « Ces mutations sont observées chez
2 à 3% des individus « sains » et chez 0,5 à 0,8% des personnes atteintes de la maladie, elles sont donc
dix fois moins fréquentes chez ces dernières », précise Edouard Louis. « D'où l'hypothèse que ces variants
invalident la capacité d'activation de la cascade inflammatoire », poursuit-il. Chez les personnes porteuses de
ces variants rares, les récepteurs à IL-23 auraient donc une activité réduite, ce qui empêcherait l'apparition
d'une réponse immune exagérée contre la flore bactérienne intestinale. Car si les causes exactes de la maladie
de Crohn restent à ce jour méconnues, des études scientifiques montrent qu'une partie de la réponse pourrait
en effet se trouver dans la façon dont l'organisme réagit face aux bactéries qui colonisent le système digestif.
Il y a une dizaine d'année, les scientifiques s'accordaient pour dire que les inflammations de l'intestin qui
surviennent en cas de maladie de Crohn étaient dues à une hyperactivité du système immunitaire. Aujourd'hui,
de nouvelles études tendent à montrer que la cause de cette maladie serait un système de défense trop faible,
en tout cas dans un premier temps. L'idée est la suivante : comme le corps réagit de manière insuffisante
face aux bactéries intestinales, celles-ci prolifèrent et provoquent des inflammations. Ensuite, le système
immunitaire tente de contrer les conséquences de sa première réaction trop faible et devient hyperactif.
(1). Yukihide Momozawa, Myriam Mni, Kayo Nakamura, Wouter Coppieters, Sven Almer, Leila Amininejad,
Isabelle Cleynen, Jean-Frédéric Colombel, Peter de Rijk, Olivier Dewit, Yigael Finkel, Miquel A Gassull,
Dirk Goossens, Debby Laukens, Marc Lémann, Cécile Libioulle, Colm O'Morain, Catherine Reenaers,
Paul Rutgeerts, Curt Tysk, Diana Zelenika, Mark Lathrop, Jurgen Del-Favero, Jean-Pierre Hugot, Martine de
Vos, Denis Franchimont, Severine Vermeire, Edouard Louis & Michel Georges. Resequencing of positional
candidates identifies low frequency IL23R coding variants protecting against inflammatory bowel disease.
Nature Genetics 43, 43-47(2011)
Le tabac, un facteur de risque
Décrite aux Etats-Unis en 1932 par le Docteur Burnill Bernard Crohn, la maladie du même nom touche
environ 15.000 personne en Belgique. Chez une personne atteinte, toutes les parties du tube digestif
peuvent être sujettes à une inflammation permanente. Cependant ce sont plus fréquemment le côlon
et l'intestin grêle qui sont touchés. Les symptômes qui en découlent sont des diarrhées, des douleurs
abdominales, une perte de poids, de la fièvre et de la fatigue. Si les facteurs génétiques jouent un rôle
important dans l'apparition de la maladie, les facteurs environnementaux sont également en cause.
Depuis les années 30-40, la maladie de Crohn est de plus en plus fréquente dans les pays occidentaux.
Cette évolution suggère que notre mode de vie favorise l'apparition de cette maladie. Parmi les facteurs
environnementaux identifiés par les scientifiques, on compte notamment le tabac. Le tabagisme multiplie en
effet le risque de développer la maladie de Crohn par deux…
« Chez des jumeaux identiques, si l'un des jumeaux a la maladie de Crohn, l'autre a 50% de chance de
développer aussi cette maladie. Chez des frères et sœur, ce pourcentage est de 5% », explique Edouard
Louis. Des chiffres qui soulignent malgré tout la grande influence de nos gènes sur la probabilité de souffrir
de cette maladie. Il est donc primordial de continuer à scruter le génome pour y déceler les gènes qui y
prédisposent.