stables, moins prestigieux et moins bien rémunérés (gouvernement du
Canada, 1993 ; Hartnagel et Krahn 1989 ; Orr, 1987 ; Sewell et Hauser,
1975 ; Steinberg, Blinde et Chan, 1984). Catterall (1987) évalue à
266 000 dollars pour les hommes et à 199 000 dollars pour les femmes
le manque à gagner moyen chez les décrocheurs durant leur vie active
(18-65 ans). Il estime ainsi, pour les décrocheurs américains de 1981 et
pour la même durée de vie active, une perte de revenu potentiel de
228 milliards de dollars et de 68,4 milliards de dollars en impôts. Étant
donné les niveaux de difficultés socio-économiques observés, il n’est
pas étonnant de constater que les décrocheurs éprouvent aussi davan-
tage de problèmes de santé physique et mentale (Chavez, Edwards et
Oetting, 1989 ; Gage, 1990 ; Tousignant, Bastien et Hamel, 1993). En
outre, les décrocheurs deviendront parents ; ayant été peu scolarisés,
cela augmentera le risque que leurs enfants éprouvent à leur tour des
difficultés scolaires et décrochent de l’école (Rumberger, 1995 ; Janosz,
Le Blanc, Boulerice et Trembaly, 1997).
Enfin, le décrochage scolaire est aussi associé à la criminalité juvénile
et adulte (Bachman, Green et Wirtanen, 1971 ; Fagan et Pabon, 1990 ;
Polk, Adler, Balzemore, Blake et al., 1981 ; Thornberry, Moore et
Christenson, 1985), ainsi qu’à l’abus d’alcool et de psychotropes
(Chavez, Edwards et Oetting, 1989 ; Fagan et Pabon, 1990 ; McCaul et
al.,1992). McCaul et al. notent aussi que les décrocheurs sont moins
impliqués dans la vie de leur communauté en général. Enfin, il semble
que les décrocheurs soient plus susceptibles de développer des attitudes
et des comportements pouvant mener à une grossesse précoce (Forget et
al., 1992).
Cela dit, les liens rapportés ci-dessus masquent certains problèmes qui
affectent la clarté des savoirs accumulés. D’abord, même si elle sert de
justification aux appels à la prévention, la relation entre le décrochage
scolaire et l’inadaptation sociale ultérieure n’est pas traduite par des
liens de causalité établis scientifiquement. Ces relations sont beaucoup
plus complexes qu’il n’y paraît. Par exemple, Jarjoura (1993) a démon-
tré que les conséquences du décrochage sur certaines conduites délic-
tueuses variaient selon les motifs pour lesquels les sujets avaient aban-
donné l’école. Ainsi, alors que le décrochage était relié positivement à
toutes les formes de déviance chez ceux qui disaient avoir décroché
parce qu’ils n’aimaient pas l’école, aucune relation n’a pu être observée
chez ceux qui disaient avoir quitté l’école pour des raisons familiales.
D’autres chercheurs ont observé une diminution de la délinquance à
court terme après le décrochage (Bachman et al., 1971 ; Farrington,
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