contrainte par corps : le harcèlement moral

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CONTRAINTE PAR CORPS : LE HARCÈLEMENT MORAL
Marie Grenier-Pezé
La Découverte | Travail, genre et sociétés
2001/1 - N° 5
pages 29 à 41
ISSN 1294-6303
Article disponible en ligne à l'adresse:
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Pour citer cet article :
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Grenier-Pezé Marie , « contrainte par corps : le harcèlement moral » ,
Travail, genre et sociétés, 2001/1 N° 5, p. 29-41. DOI : 10.3917/tgs.005.0029
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CONTRAINTE PAR CORPS :
LE HARCÈLEMENT MORAL
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U
ne psychanalyste assurant une consultation
“Souffrance et Travail” peut s’attendre à voir le
harcèlement moral convoqué dans sa pratique
clinique. La présence médiatique de ce nouvel
intitulé, la montée en puissance des plaintes des victimes, la
création de réseaux spécialisés d’écoute et de prise en charge, lui donnent désormais une légitimité sociale. Qu’en est-il
de sa légitimité psychopathologique ? Il faut rappeler que le
harcèlement moral (Hirigoyen,1998) est un procédé, une
technique de destruction et non un syndrome clinique.
Paradoxalement, victime et bourreau sont déjà là totalement
confondus.
“Harcelés”, c’est avec cette étiquette que de nombreux
patients se présentent à la consultation. La confrontation
entre “ce nouveau syndrome” et la nosographie existante
soulève de nombreuses questions. Existe-t-il un tableau clinique spécifique au harcèlement moral ? La sémiologie
peut-elle en être précisée ? Ces sujets harcelés sont-ils des
êtres faibles, manipulables et sadisables à merci de par une
passivité structurelle ? Y-a-t-il beaucoup de pervers à des
postes décisionnaires ? L’organisation du travail secrète-telle des situations d’abus de pouvoir ?
1
Docteur en
Psychologie,
psychanalyste.
Consultation
“Souffrance et
Travail”, policlinique,
Département de
consultations et de
santé publique du
professeur HERVE.
Travail, Genre et Sociétés n° 5 - Mars 2001 s 29
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Marie Grenier-Pezé
Marie Grenier-Pezé
Le mobbing a été identifié depuis une dizaine d’années
sous l’impulsion des travaux de Heinz Leymann mais c’est
ici la définition de Michèle Drida que nous privilégierons :
“Le harcèlement est une souffrance infligée sur le lieu de travail de façon durable, répétitive et/ou systématique par une
ou des personnes à une autre personne, par tout moyen relatifs aux relations, à l’organisation, aux contenus ou aux
conditions de travail, en les détournant de leur finalité,
manifestant ainsi une intention consciente ou inconsciente
de nuire, voire de détruire.” (Drida et al, 1999).
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Comment comprendre la redoutable efficacité du harcèlement moral sans comprendre les enjeux psychiques liés à la
situation de travail ? Ce qui confère au travail sa dimension
proprement dramatique est son lien avec la construction
identitaire. Il serait illusoire de penser que nous laissons
notre histoire personnelle accrochée sur un cintre dans les
vestiaires de notre lieu de travail. La plupart des sujets en
bonne santé espèrent avoir l’occasion d’accéder à une reconnaissance de leur valeur dans le champ professionnel et d’y
poursuivre, avec ses failles et ses impasses, la construction
personnelle commencée dans l’enfance.
Quand le choix du métier est conforme aux besoins psychosomatiques d’un sujet, quand les modalités d’exercice
permettent le libre jeu de son fonctionnement mental et de
son montage pulsionnel, le travail occupe une place centrale
dans le maintien d’une économie psychosomatique durable
(Davezies, 1993). Le travail apporte un plaisir mental à travers
le contenu symbolique de la tâche mais il apporte aussi un
plaisir corporel à travers une gestuelle spécifique. Bouger, agir
au travail. Pas simplement par le biais des outils mais déjà
avec son corps. Avant toutes les techniques à instrument, il y
a l’ensemble des techniques du corps (Mauss, 1936). Les
gestes de travail ne sont donc pas que des enchaînements
musculaires efficaces et opératoires. Parce que la reconnaissance au travail porte sur le faire, l’identité est inséparable
des gestes techniques effectués par le sujet.
Les gestes de métiers sont des actes d’expression de la
posture psychique et sociale du sujet adressés à autrui
(Dejours, Dessors, Molinier, 1994). Ils sont socio-culturellement induits, issus de modèles transmis. Les gestes de
manutention sont appris dès l’enfance par la copie puis
l’identification aux modèles aimés et admirés. En Occident,
le port des enfants et des charges lourdes se fait sur les
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LE GESTE DE TRAVAIL ET LA DYNAMIQUE
IDENTITAIRE
Contrainte par corps : le harcèlement moral
membres supérieurs fléchis, avec fermeture de la ceinture
scapulaire. En Afrique, les mêmes tâches sont effectuées sur
la tête et le dos, mettant en jeu des masses et des dynamismes musculaires différents.
Si les gestes ont une histoire sociale, ils ont aussi un sexe.
L’identité sexuelle, l’identité de genre se doivent d’être traduites par des attitudes, des postures spécifiques. Les injonctions maternelles à la petite fille vont dans ce sens : tenir les
genoux serrés, ne pas écarter les jambes, ne pas trop bomber
le torse. L’éducation inscrit dans la musculature des postures
sexuées spécifiques. Plus tard, les apprentissages, les règles de
métier viendront nouer d’autres liens étroits entre l’activité
du corps et l’appartenance à un collectif de travail. Toucher
aux gestes de métier, c’est inéluctablement contraindre le
corps.
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“Je suis employé pour fouetter et je fouette”
Kafka, le procès
Classiquement, on définit en psychosomatique deux
grandes voies d’écoulement des excitations excessives, la
voie de l’élaboration mentale et la voie sensori-motrice.
L’activité mentale occupe la majeure partie de nos journées
et de nos nuits. Nous travaillons de manière incessante à
mettre en images, en représentations, (en rêves, la nuit) nos
idées, nos sentiments, nos émotions. Toute cette excitation
devient alors un théâtre intérieur, avec des moments de plaisir, de souffrance, qui donnent le ton de notre quotidien, le
font palpiter et sont le sel de la vie. La voie sensori-motrice
est l’autre voie de décharge commode de l’excitation. Le
mouvement est un bon moyen de libérer l’appareil psychique de sa tension interne donc de le préserver du débordement. Devenu “agir expressif” (Dejours, 1995), cette voie
mobilise le corps au service de signifier à autrui l’expression
des émotions.
Ce jeu subtil d’enjeux mentaux et comportementaux,
associés dans des proportions variables, nous protège d’une
atteinte somatique. Si “penser” et “agir” sont mis en impasse, la somatisation est inexorablement convoquée à plus ou
moins long terme. La somatisation est le processus par
lequel un conflit qui ne peut trouver d’issue mentale ou
comportementale, déclenche dans le corps des désordres
endocrino-métaboliques, point de départ d’une maladie
organique (Dejours, 1989).
Travail, Genre et Sociétés n° 5 - Mars 2001 s 31
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LE HARCÈLEMENT MORAL,
UNE STRATÉGIE DE MANAGEMENT SEXUÉE
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Si les gestes de métier sont une source fondamentale de
stabilisation de l’économie psychosomatique en offrant à
l’excitation pulsionnelle une issue sublimatoire socialement
positive, rendre leur exécution aléatoire, paradoxale, humiliante, jour après jour, a des effets traumatiques pour la psyché. Dans la situation de harcèlement, la répétition pluriquotidienne des brimades, vexations et injonctions paradoxales
a valeur d’effraction psychique et suspend tout travail
durable de la pensée. L’impossibilité de démissionner sous
peine de perdre ses droits sociaux fait barrage à la décharge
sensori-motrice. La décompensation est inévitable dans cette
situation d’isolement. Car une analyse fine de la situation
d’impasse décrite par les patients harcelés met à jour l’isolement du sujet. Isolement de fait dans un poste sans équipe,
isolement subjectif dans un poste où le collectif de travail
n’existe pas vraiment, où la coopération est absente, a fortiori
la solidarité.
En psychodynamique du travail, une attention particulière est prêtée aux mécanismes de défense individuels et aux stratégies collectives de défense que les sujets mobilisent pour tenir
au travail. Ces dernières, destinées à lutter contre la souffrance au travail, sont spécifiques à chaque lieu professionnel, produites, stabilisées et entretenues collectivement. Les
défenses collectives qui soudent un groupe de travail autour
de valeurs communes nécessitent une confrontation des
procédures singulières d’exécution de la tâche, confrontation
des positions éthiques de chacun, sur la base d’une confiance
partagée et donc d’une coopération possible. La précarité a
entraîné l’intensification du travail, neutralisé la mobilisation
collective, généré le silence et le chacun pour soi. La peur de
perdre son emploi a induit des conduites de domination ou
de soumission. Force est de constater que la manipulation
délibérée de la menace, du chantage, du harcèlement sont
désormais érigés en méthode de management pour pousser
à l’erreur et permettre le licenciement pour faute ou déstabiliser et pousser à la démission. Certains se plaignent d’un
harcèlement que quelques mois plus tôt ils ont vu exercer
sur autrui sans intervenir ou bien pire pour garder leur
place, en apportant leur témoignage à charge.
Dans de telles situations, la souffrance éthique découle de
l’effritement de l’estime de soi d’une part, de la culpabilité
envers autrui dont on ne prend pas la défense d’autre part.
Pour conjurer le risque d’effondrement, la plupart des sujets
construisent des défenses spécifiques. La honte est surmontée par l’intériorisation des valeurs proposées, c’est-àdire la banalisation du mal dans l’exercice des actes civils ordinaires (Dejours, 1999). Le cynisme dans le monde du travail
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Marie Grenier-Pezé
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est donc devenu un équivalent de courage, de force de
caractère. La tolérance à l’injustice et à la souffrance infligée
à autrui est érigée en valeur virile, en idéologie défensive de
métier. Un homme, un vrai, doit pour réussir, parvenir à
ignorer la peur et la souffrance, la sienne et celle d’autrui. La
virilité sociale se mesure à la capacité d’exercer sur les autres
des violences dites nécessaires, soudant un collectif de travail autour d’une radicalisation défensive et s’exerçant
contre : le “handicapé”, le noir”, “la femme”.
Les nouvelles formes d’organisation du travail ont profondément transformé les relations dans les groupes de travail et radicalisé les systèmes de défense mis en place pour
tenir. L’intériorisation massive des nouvelles valeurs de l’entreprise, l’adhésion au cynisme viril autorisent l’utilisation
de pratiques délétères comme méthode de management
pour obtenir la rédition émotionnelle de tous, mobilisant un
masochisme masculin rapatriable dans la construction sociale du masculin sur son versant radical, le machisme.
Plus les conditions de travail se durcissent, plus ces
défenses se rigidifient poussant les attitudes viriles à la caricature. L’organisation du travail peut donc, dans ce qu’elle
demande de défenses adaptatives, gauchir l’organisation
mentale du sujet jusque dans ses relations intersubjectives
avec ses collègues, ses subordonnés.
ATTAQUE DU CORPS AU TRAVAIL ET
DÉSORGANISATION PSYCHOSOMATIQUE
“Contre ce tribunal-là on ne peut de toutes façons pas se
défendre, on ne peut qu’avouer”
Kafka, le procès
Le premier entretien avec un sujet harcelé est chargé de
visées multiples : rencontre avec le sujet, sa structure psychique, son organisation du travail, sa ligne de décompensation et en arrière-fond, l’ébauche d’une stratégie thérapeutique. Ces niveaux d’écoutes, intriqués, recueillent concentration, formation spécifique sur l’organisation psychique
individuelle et l’organisation du travail. Cette investigation
psychodynamique est un moment privilégié pouvant
conduire le sujet, sur le mode cathartique, au décollement de
l’histoire au travail et de l’histoire singulière, à la verbalisation et la perlaboration des affects réprimés. L’épreuve est
certaine car l’entretien est long, le retour à une chronologie
des événements laborieux, l’expression des affects douloureuse.
Pauline est assise sur une chaise dans le couloir, frileuseTravail, Genre et Sociétés n° 5 - Mars 2001 s 33
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Contrainte par corps : le harcèlement moral
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ment tassée sur elle-même. Elle porte un bonnet serré d’où
s’échappent quelques mèches. Le kinésithérapeute ostéopathe de notre équipe la suit pour les séquelles d’ablation
d’un sein après cancer et me l’envoie. Etre psychosomaticien
implique de trouver le bon registre thérapeutique pour aider
cette femme, tout en gardant à l’esprit que la bascule dans le
somatique demeure une potentialité majeure. Pauline a quarante sept ans. Très attentive aux autres, elle ne supporte pas
le conflit. Elle joue le tampon depuis toujours dans sa famille
car le conflit, l’agressivité signifient le désamour. Après
avoir été secrétaire de direction dans le privé, elle s’est lassée
des heures de transport qui affectaient sa vie familiale et a
postulé dans une administration. Divorcée, seule avec deux
enfants, elle a le souci de “tenir”.
Chaleureuse, consciencieuse, ne ménageant ni son temps,
ni sa peine au travail, elle est respectée de tous et surtout
dans son service où elle est la seule femme. Etre le substitut
maternel ou la mascotte sont des postures féminines bien
supportées par un collectif d’hommes. En 199., un nouveau
et jeune directeur technique est nommé. Elle le met au courant du fonctionnement du service qu’elle connaît depuis
longtemps. En septembre, en rentrant de vacances, elle trouve son armoire vidée et son poste de travail modifié. Toute
l’organisation du travail a été remaniée. Tous les postes ont
été redéfinis, cloisonnés. Toutes les informations doivent
désormais converger vers ce directeur, informations sur le
contenu du travail mais aussi informations sur les relations
intersubjectives entre salariés. On doit lui rendre compte des
faits et gestes de chacun, où on va, qui on voit, avec qui on
parle. Cette maîtrise relationnelle s’accompagne de vérifications constantes, de sanctions sévères sans discussion possible, de notes de service systématiques. Très vite, ce directeur est chargé de rédiger des marchés. Il demande à Pauline
de taper des fausses factures. Elle refuse.
Lorsque la première étape de la psychothérapie aura permis à Pauline de se réconcilier avec son corps, lorsqu’elle
arrivera à chaque séance, flamboyante de la pointe de ses
cheveux repoussés et teints en roux, au bout de ses chaussures rouges, alors nous pourrons en venir au harcèlement
subi. Car après le refus de taper les fausses factures, les
représailles n’ont pas tardé. En décembre, sa notation tombe
pour la première fois de sa carrière. Elle a deux points en
moins avec des commentaires désobligeants sur la mauvaise
qualité de son travail. Elle ne le comprend pas encore mais
son directeur applique un système de déstabilisation très
précis, reposant sur de véritables techniques. Techniques relationnelles, d’abord : il ne lui adresse plus la parole, ne com34 s Travail, Genre et Sociétés n°
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muniquant avec elle que sous forme de petites notes
déposées sur son bureau. Il ne la regarde plus. Techniques
d’attaque du geste de travail ensuite, sous forme d’injonctions
paradoxales. On installe un nouveau logiciel sur son ordinateur. Son directeur, sans lui accorder de formation, lui fait
retaper des listings de 18 pages avec 45 items par page, qui
sont pourtant déjà sur disquette dans d’autres services. Il lui
fait taper d’interminables rapports qu’il déchire ostensiblement devant elle. Elle tâtonne sur son nouveau logiciel et fait
des fautes qu’il relève immédiatement. Pas des fautes de
frappe mais des inversions qu’elle ne perçoit même pas à la
relecture tant le socle identitaire est déjà secoué jusque dans
son repérage spatio-temporel. Il passe alors aux techniques
punitives : quand il a relevé suffisamment de fautes de frappe, il fait un rapport pour sanction disciplinaire. Techniques
d’isolement du salarié enfin : il demande aux collègues de
Pauline de la minuter et de porter sur un bordereau les
erreurs commises.
L’attaque récurrente de ses compétences, la mise systématique en situation de justification, le climat persécutoire
qu’engendre la fréquence des avertissements, deviennent
des leviers traumatiques puissants. Tout le fonctionnement
mental de Pauline est encagé dans la justification. Aucune
fuite motrice n’est possible car elle ne peut démissionner et
perdre ses droits au chômage avec deux enfants à charge. La
remise en cause de ses compétences et de ses savoir-faire, la
prescription de tâches paradoxales ont rendu peu à peu
impossible l’exécution du travail. Par manque de références
pour penser ce qui relève de l’extérieur, du champ social,
Pauline rapatrie la causalité en intrapsychique. Elle pense sa
souffrance en terme de responsabilité personnelle. Tous les
soirs, elle rentre usée, humiliée, abîmée, isolée. Si elle
répond, elle est génératrice de conflit, si elle ne réagit pas,
elle s’en veut d’être lâche. “J’ai fini par être persuadée que je
n’étais plus capable de faire quoi que ce soit. Il avait réussi”.
Le risque “de confondre la position de dominé avec une
déviation psychonévrotique, masochiste” (Molinier, 1998)
est constant tant chez le travailleur que chez le thérapeute
qui laisse l’organisation du travail à la porte de son cabinet.
Les dominés apporteraient leur consentement pulsionnel à
l’ordre établi.
Pauline réagit aux tentatives de déstabilisation, à la suspicion permanente par une hypervigilance, un surinvestissement
de la qualité de son travail. Cet activisme est défensif. Il
satisfait à la fois aux exigences du directeur et à la neutralisation de la souffrance de la patiente ; elle ne prend plus le
temps de déjeuner, rentre de plus en plus tard le soir pour
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Contrainte par corps : le harcèlement moral
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boucler son travail. Tous les week-ends, elle est couchée avec
des maux de tête ou de ventre. Elle n’a plus le temps ni la
force de s’occuper de ses enfants. La peur ne la quitte plus.
Le jour, elle revoit en boucle les scènes de critiques, la nuit
elle fait des cauchemars intrusifs qui la réveillent en sueur.
Bientôt, elle n’arrive plus à dormir. La restriction des affects, de
la vie sociale est majeure.
Nous voilà au cœur de la spécificité du tableau clinique
lié au harcèlement moral. Ce tableau clinique est intitulé suivant les écoles névrose traumatique ou syndrome de stress posttraumatique (PTSD) et sa sémiologie est bien décrite : affects
intenses de peur et de terreur sur le chemin du travail, état
de qui-vive, anxiété avec manifestation physique (tachycardie, tremblements, boule oesophagienne), cauchemars intrusifs, réveils en sueurs, insomnie réactionnelle, retour en
boucle des scènes d’humiliation, pleurs fréquents, désarroi
identitaire spécifique portant sur le bien et le mal, le vrai et
le faux, le juste et l’injuste ; position défensive de justification, perte de l’estime de soi, perte des compétences, restriction de la vie sociale et affective, atteintes cognitives (mémoire, concentration, logique), atteintes somatiques (amaigrissement, boulimie, désorganisations psychosomatiques de gravité croissante). Il faut souligner la fréquence inquiétante des
atteintes de la sphère gynécologique chez les femmes, cancer
du sein, de l’ovaire, de l’utérus, aménorrhée, métrorragies.
Dans un premier temps, les collègues adhèrent aux
demandes du directeur. “Le pervers séduit toujours les
membres du groupe les plus dociles, les soudant dans une
critique commune de la personne isolée.” (Hirigoyen, 1999).
- “Les hommes avec qui il travaillait partaient dans sa mouvance. Deux ou trois ont essayé de m’aider mais ils ont eu de graves
problèmes. L’un a fait des attaques cardiaques” raconte Pauline.
Elle alerte le syndicat, ne se laisse pas faire, prend un avocat. Le personnel se mobilise enfin par une pétition en sa
faveur qui réunit cent signatures sur cent dix. Elle gagne son
recours juridique pour harcèlement mais on ne mute pas son
directeur, on ne rétablit pas sa note. C’est elle qu’on change
de poste, dans un service où sont transférées toutes les syndiquées. C’est le service sanction. Elle s’y sent mieux et la
mobilisation générale se maintenant, ses collègues se relaient
pour vérifier qu’elle va bien. Elle laisse la porte de son
bureau constamment ouverte.
Mais l’épreuve a laissé des traces. Car deux facteurs sont
à l’œuvre dans l’effraction psychique grave que subissent les
personnes harcelées : l’influence par identification avec le
“système” du harceleur et l’incompréhension au niveau
conscient des motivations du harceleur (Sironi, 1999). On
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comprend, lorsqu’il s’agit de prendre en charge un patient
délibérément traumatisé par un humain, que mettre en avant
la seule structure psychique du sujet, ses conflits inconscients, revient à lui dire qu’il a été harcelé pour ce qu’il est.
Pauline est à bout, déprimée. Elle a mal au bras mais ne
prend pas cette douleur au sérieux. Epuisée, elle a des vertiges, des saignements hémorragiques. Elle a peur de s’arrêter, d’être en faute à nouveau. Elle prend des anti-dépresseurs pour tenir. En 199., n’en pouvant plus, elle fait un bilan
médical complet. Le radiologue lui annonce qu’elle a un cancer du sein avec envahissement ganglionnaire, dans la salle
d’attente, entre deux portes.
Après sa chimiothérapie, les cancérologues ont conseillé à
Pauline de reprendre son travail. C’est une démarche positive qu’il ne faut cependant pas instituer de manière normative. Le renvoi au travail s’inscrit dans le déni des séquelles du
traitement et l’ignorance des conditions de travail. Les
défenses des médecins n‘étant pas toujours compatibles avec
celles des patients, il faudra batailler pour obtenir la prolongation du mi-temps thérapeutique de Pauline. Classée en
urgence travailleur handicapé par la Cotorep locale, elle
pourra faire aménager son poste.
Car Pauline n’est pas guérie. Même après des mois de
psychothérapie, elle a toujours peur de son ancien directeur,
présent dans le service. Elle se réfugie dans le premier placard venu quand elle entend sa voix et le dos collé au mur, le
cœur battant à tout rompre, se sent coupable de se montrer
aussi faible. Elle fait des cauchemars où elle se voit, “nue, sur
un escalier, menottée et faisant sous elle, tandis que la foule passe
indifférente auprès d’elle”.
Il est temps d’aborder avec elle les techniques de
contrainte par corps.
LA DISCIPLINARISATION DES CORPS
“Aussi longtemps que tu ne cesseras de grimper,
les marches ne cesseront de monter en même temps que tes pas”
Kafka, le procès
Le monde occidental préconise la suppression de toute
forme de trauma dans l’éducation et dans le déroulement
d’une vie. L’être humain de sa naissance à sa mort, devrait
évoluer dans un modèle lent et progressif. Le traumatisme
lorsqu’il survient est pris en charge, débriefé, médicamenté,
analysé par des spécialistes à l’aide de techniques élaborées.
Travail, Genre et Sociétés n° 5 - Mars 2001 s 37
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Il n’en est pas de même dans les sociétés à initiation, où le
développement de l’individu est conçu en terme de métamorphose radicale induite par des spécialistes à l’aide de
techniques élaborées. Le traumatisme n’est plus un malheur
mais un levier de transformation et de renaissance de l’individu.
L’induction du traumatisme fracture le sujet et fabrique un
nouvel être, un autre, culturellement conforme. Le passage
d’un état à un autre repose sur une transformation complète,
une métamorphose, une action traumatique culturellement
codée (Zajde, 1998).
Ainsi, Houseman distingue quatre temps dans le rituel
initiatique So des Béti du Cameroun qui a pour fonction de
transformer des jeunes garçons en hommes adultes béti, initiés. Le passage d’un état à l’autre n’est pas naturel mais
activé par des agents sociaux. Il s’exécute en quatre temps :
un temps de mise en valeur des propriétés de l’identité initiale, la force et le courage du petit garçon ;
la déconstruction qui a pour but de briser cette identité initiale ;
la reconstruction ;
l’accueil dans le grand groupe, reconnaissance publique de
la nouvelle identité.
Dans la phase de déconstruction, les initiateurs demandent aux jeunes garçons d’accomplir des épreuves spécifiques. Chasser un animal, cueillir des noix de cola, souffler
dans la corne, s’allonger sur un lit d’orties.
Toutes ces actions sont en réalité des injonctions paradoxales. L’animal n’est autre qu’un initiateur déguisé, les
noix de cola sont dans un arbre à fourmis rouges agressives,
la corne n’est autre que l’anus d’un des initiateurs et il faut
proclamer qu’il est bon de se coucher dans un lit d’orties.
Contradictions insolubles, obligation d’affirmer l’identité
d’éléments qui ne le sont pas, situation de non-sens, de peur
et de douleur physique. L’étape de la reconstruction se fait
par l’accomplissement d’épreuves difficiles mais non humiliantes au terme desquelles les jeunes garçons deviennent
des hommes solidement inclus dans leur nouvelle communauté d’appartenance.
La torture utilise également le traumatisme de manière
délibérée, en tant qu’agent destructeur de la psyché. Elle
induit systématiquement un traumatisme de non-sens en
plongeant le torturé dans un questionnement sans réponse
sur la signification de ce qu’il est en train de vivre, sur les
intentions profondes de son tortionnaire. Selon la logique de
la double contrainte, la victime se trouve impliquée activement dans les supplices qui lui sont infligés. Les humiliations et violations de tabous sont systématiques. Les actes
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5 - Mars 2001
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Marie Grenier-Pezé
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subis sont de nature aléatoire et empêchent toute maîtrise
intellectuelle de ce qui est vécu. Ce qui est visé est l’inverse
des rituels d’initiation : c’est la désaffiliation de la communauté
d’appartenance.
Dans l’un et l’autre cas, le traumatisme induit est utilisé
pour casser l’identité initiale et l’équilibre psychosomatique.
Nous ferons donc l’hypothèse que le harcèlement moral est
une technique de destruction visant de manière délibérée la
décompensation du sujet afin d’obtenir sa rédition émotionnelle à des fins économiques ou de jouissance personnelle.
Les mécanismes utilisés passent par l’induction systématique de situations de non-sens, laissant le travailleur dans
un questionnement sans réponse sur la signification de ce
qu’il est en train de vivre. Les actes sont de nature aléatoire
et empêchent toute maîtrise intellectuelle de ce qui est vécu.
L’utilisation systématique d’injonctions contradictoires altère le rapport du sujet au réel. Le but ultime est la désaffiliation
de la communauté d’appartenance.
Pour avoir une chance de trouver des conditions propices
à la reconnaissance de ses qualités professionnelles et à l’accomplissement de soi dans le travail, Pauline aurait dû faire
avec l’économie pulsionnelle masculine de son directeur
telle qu’elle est sollicitée par une organisation du travail
banalisant le cynisme ordinaire et en faisant même une preuve de courage, de réussite potentielle. Il s’agit bien d’adhérer
au monde du travail avec les valeurs dont il est porteur. Les
principes d’appartenance au groupe dominant mettent en
valeur dureté, discipline et épreuves corporelles.
L’engagement des corps au travail peut dévorer la sphère
privée quantitativement mais aussi symboliquement par la
posture de maîtrise et de pouvoir qui s’y perpétue. La fabrication des harceleurs repose donc sur l’intériorisation psychique et
corporelle de techniques systématisées. En défendant ses règles
de travail, son éthique personnelle, Pauline est devenue une
femme indocile à faire rentrer dans le rang. Sa désorganisation découle de ce conflit.
La guérison psychique de Pauline se concrétise lors d’un
cocktail, organisé sur les lieux de son travail. Elle entre dans
la salle, découvre côte à côte son directeur général et son harceleur. Elle traverse la pièce, un sourire aux lèvres, va saluer
son directeur, chaleureuse comme à son habitude. L’autre
tend la main, fidèle à sa stratégie publique. Elle se détourne
et s’en va, le laissant transparent et ridicule, la main en l’air.
LE TRAVAIL DU LIEN, UNE STRATÉGIE
THÉRAPEUTIQUE DE DÉFENSE ?
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Contrainte par corps : le harcèlement moral
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Interrompue à temps, la situation de harcèlement demeurera une parenthèse noire dans la vie d’un sujet. Poursuivie
trop longtemps, les séquelles psychiques, somatiques, on l’a
vu, peuvent être définitives et constituent un enjeu de survie
individuelle et de santé publique majeur. Un travail devra se
faire sur les atteintes identitaires, l’effondrement dépressif,
la décompensation somatique, sans oublier ce qui fait la spécificité d’un tel tableau : énoncer le vrai et le faux, le juste et
l’injuste à un patient dont l’organisation éthique individuelle
a vacillé au contact de valeurs institutionnelles devenues
contradictoires.
Contre la désubjectivation de l’organisation du travail,
l’attaque des liens entre son corps et soi, soi et les autres,
contre cette pathologie de l’isolement qu’est le harcèlement,
notre réseau de cliniciens a mis en place des pratiques de
coopérations entre les acteurs de soins, une pluridisciplinarité
qui n’est pas une compilation de spécialistes mais la mise en
commun des savoir-faire de chacun. Alerté sur un cas, le
réseau répond par la mise en place des réponses spécifiques
de chacun de ses membres. Au médecin du travail, il revient
d’écouter le patient, ce qu’il dit et ne dit pas, de trouver une
solution en adéquation entre la santé du salarié et son poste
de travail, de porter aussi la question dans l’entreprise. Au
médecin généraliste, d’arrêter le patient et de prescrire. Au
médecin inspecteur du travail, d’être en position de tiers,
d’appui et de conseil tant auprès du patient que du médecin
du travail. La psychanalyste traite le choc de la rencontre
entre la structure psychique singulière et la situation de travail, analyse les leviers traumatiques utilisés pour, à travers
le geste de travail gauchi, effracter la psyché. Le médecin
conseil peut soutenir la transformation de l’arrêt maladie en
accident de travail ou en maladie professionnelle pointant
juridiquement la responsabilité de l’employeur. L’isolement
est cassé, le gain thérapeutique est immédiat. Le sujet a
rejoint un nouveau collectif de travail, thérapeutique et centré sur lui.
Les pathologies complexes sont un appel au dépassement, à la recherche de solutions. Nous avons choisi d’élaborer une autre forme de pratique médicale reposant sur la
métis et qu’on décrit en psychodynamique du travail comme
intelligence de la pratique. Nous avons échafaudé ces stratégies thérapeutiques pour affronter la résistance du réel, la
contrainte des limites du code du travail et les enjeux
sociaux de pouvoir. Ces stratégies thérapeutiques, si nous les
espérons thérapeutiques pour nos patientes, le sont surtout
pour nous et à ce titre deviennent peut-être stratégie collective
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Marie Grenier-Pezé
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de défense. Elle sont construites pour colmater en partie la
souffrance induite par la désubjectivation du monde du travail, la dérive de ses valeurs.
Partant du postulat que le travail occupe une place centrale dans notre construction identitaire, dans celle de tout
être humain, que son besoin de reconnaissance passe par les
jugements de beauté et d’utilité sur le travail accompli, nous
avons tenté d’éveiller cette dimension chez tous les partenaires de soin.
Le déficit de reconnaissance du travail accompli, l’exercice solitaire dans une organisation du travail atomisée,
engendrent partout la même souffrance, les mêmes défenses.
Reconnaître le travail de ses partenaires est un changement
de posture intellectuelle fondateur. Passant outre l’éclatement géographique, le morcellement des prises en charges,
l’inertie du système, nous exerçons un nouveau métier, celui
de tisseur de lien. Ce travail de lien constant, soutenu,
recentre l’action de chacun des acteurs de soin sur nos
patients, énonce le sens du travail en équipe, permet la mise
en commun des difficultés et des trouvailles, permet d’élaborer des ficelles du métier pour faire face aux impasses médico-juridiques. Aux forces de déliaison sociale, nous opposons nos forces de liaison, à la violence blanche, l’énergie
d’un collectif de travail.
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Contrainte par corps : le harcèlement moral
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