4108. Vol. 2(2) : 52-59. Copyright @ 2015 RCGT-CJTG Tous droits réservés/All rights reserved. 54
Dolisie) qui rend facile l’accès à la réserve. Les principales activités économiques des populations qui
vivent au contact de la réserve de la biosphère de Dimonka portent sur la culture du manioc et de la
banane, la cueillette, la chasse, la pêche et l’orpaillage.
CADRE MÉTHODOLOGIQUE ET ENQUÊTE TERRAIN
La méthodologique comprend deux volets. Le premier concerne la revue de la littérature. Elle a permis
non seulement de cerner la manière dont les précédents travaux ont abordé la question de l’utilisation
des produits forestiers non ligneux au Congo et ailleurs, mais aussi d’en relever les insuffisances. Le
deuxième volet a consisté en la collecte de données de terrain et à leur traitement. Un questionnaire
conçu en fonction des objectifs de l’étude a alors été distribué aux répondants. Le logiciel Microsoft Excel
a été utilisé pour dépouiller le questionnaire et pour analyser les résultats. Cette étape a permis
d’apprécier les flux migratoires des exploitants des produits forestiers non ligneux, le dynamisme de leurs
activités, les revenus générés ainsi que leurs impacts écologiques sur les ressources biologiques de la
réserve de la biosphère de Dimonika.
L’enquête de terrain s’est déroulée dans six villages sur les 24 que compte la réserve de la biosphère de
Dimonika. Il s’agit de Les saras3, de Mvouti, de Dimonika, de Pounga, de Malemba et de Makaba. Les six
villages comptaient 129684 personnes en 2012 (Mairie de Mvouti, 2012). Cette population se compose à
55% de jeunes âgés de 14 et 25 ans. Les adultes représentent 45% de la population. Leur âge varie
entre 30 et 59 ans. La population adulte se compose d’agriculteurs (50%), d’orpailleurs (22%), de
chasseurs (15%), de pêcheurs (2%), de fonctionnaires (1%), de retraités (3%), de chômeurs (5%) et
d’élèves (2%). Ces mêmes résultats indiquent quatre tendances dans le taux de scolarisation des
populations :1) niveau primaire (55%), 2) secondaire (35%), 3) supérieur (6%), 4) analphabète (4%).
Les populations qui vivent dans ou proche de la réserve biosphère de Dimonika exploitent de façon
abusive les produits forestiers non ligneux (PFNL). L’exploitation intense des PFNL se fait à l’aide d’outils
rudimentaires. Elle concerne surtout les espèces floristiques et fauniques. Au total 9087 des personnes
dénombrées lors de l’enquête exploitent les PFNL dans les six localités enquêtées. Les femmes
représentent 90% des effectifs contre 10% pour les hommes. Les origines ethniques des exploitants des
PFNL montrent une grande hétérogénéité même si cinq groupes sont fortement représentés. Il s’agit des
Yombés, les vilis5, des Bembé, des Pounou, des Tsangui, des Soundi.
INTERVENTION DE L’ÉTAT DANS LA RÉSERVE DE LA BIOSPHÈRE DE DIMONIKA
Depuis quelques années, le conservateur de la réserve de la biosphère de Dimonika fait face à de sérieux
problèmes de gestion. Ces problèmes se sont accentués entre les années 1993 et 2000, périodes au
cours desquelles le Congo a connu des troubles sociopolitiques qui ont empêché l’installation de l’équipe
autonome de gestion prévue par l’État. Il s’agit principalement de : 1) l’absence d’une coordination ; 2) la
pénurie des structures nécessaires de gestion durable de la biodiversité ; 3) la faiblesse du cadre
juridique ; 4) l’absence de protection de la réserve, favorisant l’accès des riverains à l’utilisation
anarchique des ressources naturelles. En 2008, un accord international délimite un espace géographique
transfrontalier protégé entre la RDC (Luki), l’Angola (Cabinda) et le Congo. Au Congo la réserve de la
biosphère de Dimonika constitue depuis 2009 le laboratoire naturel de l’ONG WWF. On constate que
malgré l’existence de cet accord, la gestion de la réserve de la biosphère de Dimonika n’a point changé.
RÉSULTATS DES OBSERVATIONS : INVENTAIRES DES PRODUITS RÉCOLTÉS
ESPÈCES FLORISTIQUES
Les produits végétaux récoltés dans la réserve se composent de produits alimentaires (fruits sauvages,
noix de palme, feuilles de marantacées, etc.), de plantes médicinales et de plantes à divers usages. Les
techniques de récolte varient d’un produit à l’autre.
Fruits sauvages et plantes sauvages-La cueillette et la consommation de fruits sauvages contribuent à
plus de 80% à l’équilibre alimentaire des populations locales. Quatre types de fruits sont cueillis dans la
3 Les saras, Mvouti, Dimonika, Pounga, Malemba et Makaba sont les noms des localités qui se trouvent autour de la réserve de la biosphère de Dimonika.
Toutes sont situées dans la Sous-préfecture de Mvouti, Département du Kouilou.
4. Ce chiffre (12968) est exclusivement des six villages enquêtés
5 Les Yombés et des vilis sont ici dans leur terroir après avoir chassé les pygmées, premiers occupants du massif forestier du Mayombe avant l’arrivée du
colonisateur et la construction du chemin de fer Congo Océan (Ngoie-Ngalla, 1989). Les autres peuples cités, actuellement installés dans le Mayombe, sont
étrangers à la zone. Ils viennent soient des départements du Congo, soient de l’Afrique de l’ouest ou du centre.