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Utilisation abusive des produits forestiers non ligneux (PFNL) et son impact
écologique sur la réserve de la biosphère de Dimonika (République du Congo)
Misuse of non-timber forest products (NTFPs) and ecological impact on the biosphere reserve of Dimonika
(Republic of Congo)
KIMBATSA Francelet Gildas
@ 2015 RCGT-CJTG Tous droits réservés /All rights reserved
Résumé:
La réserve de la biosphère de Dimonika1 regorge d’énormes potentialités en produits forestiers non ligneux (PFNL).
Ces ressources naturelles riches et variées sont utilisées de façon irrationnelle par les populations locales pour des
besoins alimentaires, sanitaires et économiques. Malheureusement, les produits forestiers non ligneux de la réserve
de la biosphère de Dimonika se dégradent à vue d’œil. Cette dégradation est due au mode de prélèvement de la
ressource naturelle et au commerce causant ainsi la disparition d’un grand nombre d’espèces floristiques et
fauniques. Après avoir cerné l’utilisation abusive des espèces floristiques et fauniques, cet article propose des
solutions à la gestion durable des produits forestiers non ligneux. Elles atténueront éventuellement l’impact de la
dégradation de la réserve de la biosphère de Dimonika.
Abstract:
The biosphere reserve of Dimonika has enormous potential in non-timber forest products (NTFPS). These rich and
varied natural resources are used irrationally by local people for food, health and economic. Unfortunately, the non-
timber forest products of Dimonika Biosphere reserves are deteriorating visibly. This degradation due to the
sampling method of the natural resource and trade thereby causes the death of a large number of plant and animal
species. After identifying the misuse of plant and animal species, this article discusses solutions to the sustainable
management of non-timber forest products. They may mitigate the impact of the deterioration of the biosphere
reserve of Dimonika.
Mots clés / Keywords
Réserve de la biosphère de Dimonika, dégradation, impact, ressources naturelles, populations locales
Biosphere Reserve of Dimonika, degradation, impact, natural resources, local people
INTRODUCTION
La forêt tropicale contient une grande diversité de produits dits "produits forestiers non ligneux". Elle est
en outre la source de production de bois et elle constitue une serve importante de terres arables. La
FAO (2003) définit les produits forestiers non ligneux comme des produits d’origine biologique autres que
le bois, dérivés des forêts et des arbres hors forêt. On les regroupe en quatre sous-groupes : 1) les
aliments (noix, champignons, fruits sauvages, herbes, épices, plantes aromatiques) ; 2) les végétaux
(fibres, lianes, fleurs) ; 3) les extraits de végétaux (raphia, bambou, rotin, liège, huiles essentielles) et
enfin 4) le gibier et ses produits dérivés (abeilles, miel, soie). Ces quatre sous-groupes de produits
contribuent de manière significative au développement et à la croissance durable des économies locale,
nationale et internationale (FAO, 2003). Retenant l’exemple de l’Afrique noire, on note que près de 300
millions de personnes tirent leurs moyens de subsistance des produits forestiers dont la valeur des
récoltes annuelles est estimée à 90 milliards de dollars (Pimentel et al. 1997). La réserve de la biosphère
1Dimonika est le nom de la localité qui abrite le siège de la réserve de la biosphère de Dimonika.
Revue Canadienne de Géographie Tropicale
Canadian Journal of Tropical Geography
RCGT (En ligne) / CJTG (Online)
ISSN : 2292-4108
Vol. 2 (2) : 52-59
http://laurentienne.ca/rcgt
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de Dimonika abrite une grande variété de produits forestiers non ligneux. Les plus importants sont les
plantes comestibles, les plantes médicinales, les plantes à divers usages (Diamouangana, 1995,
Moutsamboté, et al.1985, Feer, F., 1991). Ces produits jouent un rôle indéniable dans l’existence des
populations riveraines, car ils leur fournissent de la nourriture et des revenus. On constate à regret qu’au
cours des dernières années, les produits forestiers non ligneux de la réserve de la biosphère de Dimonika
s’épuisent vite à cause d’une exploitation irrationnelle.
Afin de mieux cerner les pressions anthropiques sur la réserve de la biosphère de Dimonika, l’article
abordera la présentation de la zone d’étude, le cadre méthodologique, l’intervention de l’État, les
résultats des observations, l’utilisation de PFNL, le mode de prélèvement des PFNL, leur
commercialisation, la gestion durable de PFNL et se terminera par une discussion.
PRÉSENTATION DE LA ZONE D’ÉTUDE
La réserve de la biosphère de Dimonika est située dans la Sous-préfecture de Mvouti (forêt du
Mayombe)2, Département du Kouilou, en République du Congo. Elle est à cheval sur les villes de Pointe-
Noire et de Dolisie, à l’extrême Sud-ouest du pays. La réserve de la biosphère de Dimonika est limitée au
Nord, par la rivière Loubomo, au Sud, par la Route Nationale n°1, à l’Est, par le méridien 12°12’ est,
entre la rivière Loubomo et la Route Nationale n°1, à l’Ouest, par le fleuve Kouilou, à la confluence des
rivières Loubomo et Ngoma-na-Ngoma, jusqu’à la Route Nationale n°1(Fig.1). La réserve de la biosphère
de Dimonika dispose d’importantes potentialités végétales, animales et minérales. Sa superficie est de
136000 hectares. Créée par décret du gouvernement congolais, elle vise à assurer la conservation des
ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, à encourager la recherche fondamentale et
appliquée pour le développement des connaissances du milieu, la meilleure compréhension des
interactions entre les populations locales, l’environnement. La réserve comprend quatre zones : 1) la
zone centrale, 2) la zone d’influence, 3) la zone tampon n°1 et 4) et la zone tampon n°2. Ces quatre
zones ont pour vocation d’assurer la protection intégrale et la conservation des potentialités
biophysiques.
Figure 1 : Localisation de la Réserve de la biosphère de Dimonika
Selon le Centre National des Statistiques et des Études Économiques, en 2007, la population riveraine de
la réserve était de 18094 habitants. En 2012, elle est passée à 23926 habitants (Mairie de Mvouti, 2012).
On doit cette forte croissance (40,07 %) au bitumage de la Route Nationale n°1 (tronçon Pointe-Noire-
2 La forêt du Mayombe est le 3e secteur forestier (1.503.172 hectares) de la République du Congo. Elle a connu une surexploitation dans les années 30 du fait
de sa proximité avec le port autonome de Pointe-Noire. Pour conserver les écosystèmes forestiers, terrestres et aquatiques et toute la biodiversité de cette
forêt, le gouvernement du Congo a créé en 1988 la réserve de la biosphère de Dimonika.
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Dolisie) qui rend facile l’accès à la réserve. Les principales activités économiques des populations qui
vivent au contact de la réserve de la biosphère de Dimonka portent sur la culture du manioc et de la
banane, la cueillette, la chasse, la pêche et l’orpaillage.
CADRE MÉTHODOLOGIQUE ET ENQUÊTE TERRAIN
La méthodologique comprend deux volets. Le premier concerne la revue de la littérature. Elle a permis
non seulement de cerner la manière dont les précédents travaux ont abordé la question de l’utilisation
des produits forestiers non ligneux au Congo et ailleurs, mais aussi d’en relever les insuffisances. Le
deuxième volet a consisté en la collecte de données de terrain et à leur traitement. Un questionnaire
conçu en fonction des objectifs de l’étude a alors été distribué aux répondants. Le logiciel Microsoft Excel
a été utilisé pour dépouiller le questionnaire et pour analyser les résultats. Cette étape a permis
d’apprécier les flux migratoires des exploitants des produits forestiers non ligneux, le dynamisme de leurs
activités, les revenus générés ainsi que leurs impacts écologiques sur les ressources biologiques de la
réserve de la biosphère de Dimonika.
L’enquête de terrain s’est déroulée dans six villages sur les 24 que compte la réserve de la biosphère de
Dimonika. Il s’agit de Les saras3, de Mvouti, de Dimonika, de Pounga, de Malemba et de Makaba. Les six
villages comptaient 129684 personnes en 2012 (Mairie de Mvouti, 2012). Cette population se compose à
55% de jeunes âgés de 14 et 25 ans. Les adultes représentent 45% de la population. Leur âge varie
entre 30 et 59 ans. La population adulte se compose d’agriculteurs (50%), d’orpailleurs (22%), de
chasseurs (15%), de pêcheurs (2%), de fonctionnaires (1%), de retraités (3%), de chômeurs (5%) et
d’élèves (2%). Ces mêmes résultats indiquent quatre tendances dans le taux de scolarisation des
populations :1) niveau primaire (55%), 2) secondaire (35%), 3) supérieur (6%), 4) analphabète (4%).
Les populations qui vivent dans ou proche de la réserve biosphère de Dimonika exploitent de façon
abusive les produits forestiers non ligneux (PFNL). L’exploitation intense des PFNL se fait à l’aide d’outils
rudimentaires. Elle concerne surtout les espèces floristiques et fauniques. Au total 9087 des personnes
dénombrées lors de l’enquête exploitent les PFNL dans les six localités enquêtées. Les femmes
représentent 90% des effectifs contre 10% pour les hommes. Les origines ethniques des exploitants des
PFNL montrent une grande hétérogénéité même si cinq groupes sont fortement représentés. Il s’agit des
Yombés, les vilis5, des Bembé, des Pounou, des Tsangui, des Soundi.
INTERVENTION DE L’ÉTAT DANS LA RÉSERVE DE LA BIOSPHÈRE DE DIMONIKA
Depuis quelques années, le conservateur de la réserve de la biosphère de Dimonika fait face à de sérieux
problèmes de gestion. Ces problèmes se sont accentués entre les années 1993 et 2000, périodes au
cours desquelles le Congo a connu des troubles sociopolitiques qui ont empêché l’installation de l’équipe
autonome de gestion prévue par l’État. Il s’agit principalement de : 1) l’absence d’une coordination ; 2) la
pénurie des structures nécessaires de gestion durable de la biodiversité ; 3) la faiblesse du cadre
juridique ; 4) l’absence de protection de la réserve, favorisant l’accès des riverains à l’utilisation
anarchique des ressources naturelles. En 2008, un accord international délimite un espace géographique
transfrontalier protégé entre la RDC (Luki), l’Angola (Cabinda) et le Congo. Au Congo la serve de la
biosphère de Dimonika constitue depuis 2009 le laboratoire naturel de l’ONG WWF. On constate que
malgré l’existence de cet accord, la gestion de la réserve de la biosphère de Dimonika n’a point changé.
RÉSULTATS DES OBSERVATIONS : INVENTAIRES DES PRODUITS RÉCOLTÉS
ESPÈCES FLORISTIQUES
Les produits végétaux récoltés dans la réserve se composent de produits alimentaires (fruits sauvages,
noix de palme, feuilles de marantacées, etc.), de plantes médicinales et de plantes à divers usages. Les
techniques de récolte varient d’un produit à l’autre.
Fruits sauvages et plantes sauvages-La cueillette et la consommation de fruits sauvages contribuent à
plus de 80% à l’équilibre alimentaire des populations locales. Quatre types de fruits sont cueillis dans la
3 Les saras, Mvouti, Dimonika, Pounga, Malemba et Makaba sont les noms des localités qui se trouvent autour de la réserve de la biosphère de Dimonika.
Toutes sont situées dans la Sous-préfecture de Mvouti, Département du Kouilou.
4. Ce chiffre (12968) est exclusivement des six villages enquêtés
5 Les Yombés et des vilis sont ici dans leur terroir après avoir chassé les pygmées, premiers occupants du massif forestier du Mayombe avant l’arrivée du
colonisateur et la construction du chemin de fer Congo Océan (Ngoie-Ngalla, 1989). Les autres peuples cités, actuellement installés dans le Mayombe, sont
étrangers à la zone. Ils viennent soient des départements du Congo, soient de l’Afrique de l’ouest ou du centre.
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réserve : 1) les fruits acidulents, 2) les fruits acides, 3) les fruits sucrés et 4) les fruits oléagineux. De
tous ces fruits, les Afromomum, les Landolphias communément appelées «malombo » en langue locale
sont les plus consommés. Les fruits à pulpe et à graines se consomment cru ou cuit. Les pêcheurs et les
chasseurs utilisent des plantes sauvages l’Anthoclesitaspp, le Pentaclethramacrophylla, le Tetraptera
comme adjuvant dans la pêche et la chasse alors que, lAllanbiackia leur sert surtout d’appât.
Palmier à huile (Elaesis guineenensis)-Il produit aussi bien des noix que du vin de palme. Ce dernier n’est
autre chose que la sève du palmier que l’on recueille artisanalement au niveau de la canopée, plus
précisément sur la partie les plus jeunes palmes se rattachent au tronc. La récupération directe de
cette sève se fait soit après abattage du palmier, soit sans abattage. Les outils qui concourent à la
récupération artisanale de vin sont la bouteille d’un litre ou un vieux bidon de cinq litres, ou encore une
calebasse, un couteau, une machette, une hache, des lianes. Les feuilles ou l’écorce du "weli" servent à
la fermentation du jus de palmier. Une fois fermenté, il donne un vin consommé par plus de 30% de la
population locale. Plus de 50% des personnes interrogées affirment que le goût de ce vin est différent et
plus licieux que celui des autres vins locaux. Les palmes servent à la fabrication des balais à brindilles
et de "la mouambe"6. Le stipe en décomposition des palmiers abattus porte souvent la chanterelle qui se
récolte aussi bien en saison des pluies qu’en saison sèche. Outre la chanterelle mentionnons que dans la
réserve de la biosphère de Dimonika, on trouve également des amanites des Césars, des psalliotes, des
morilles et des hydnes.
Mfumbu ou koko, feuilles des marantacées-Le Mfumbu ou Koko (Gnetum africanum) se constitue de
feuilles d’une liane très consommées en République du Congo et dans les pays voisins d’Afrique centrale
(tableau n°1 et 2). En 2013, on a dénombré 10 256 cueilleurs koko (Gnetum africanum) dans la réserve
de la biosphère de Dimonika. Ils ont prélevé 120 600 sacs. La technique de prélèvement consiste à tirer
la liane pour ensuite la dégager des tiges autour desquelles elle s’enroule. L’activité photosynthétique de
la liane complètement défeuillée se trouve ainsi sérieusement perturbée. À peine de nouvelles feuilles
apparaissent qu’elles sont récoltées à nouveau. Cette méthode de colte, bien que moins destructrice
que celle pratiquée sur d’autres produits forestiers non ligneux, a une incidence non négligeable sur la
croissance et la capacité de régénération de la plante.
Espèces Période de
forte
pression
Effectifs
des
acteurs
Quantités Sacs-Paquet-Tas
Rouleaux
Jour Sem Mois Année S-R P T
Gnetum
Africanum
Saison de pluie 10 256
2
S
12
S
360
S
120 600
S
1
S
150 300
Marantacée
Saison de
pluie
11 500 2
R
960
R
28 800
R
9 676 800
R
1
R
80 -
Source : Enquête de terrain, 2011-2013. Légende S = Sac, P = Paquet, T = Tas, R = Rouleau
Tableau 1 : Quantité de Gnetum africanum et de Marantacée pendant la période de forte
pression dans la zone d’étude
Espèces Période de
basse
pression
Effectifs
des acteurs
Quantités Sacs-Paquets-Tas-
Rouleaux
Jr Sem Mois Année S-R P T
Gnetum
Africanum
Saison sèche 9357 1
S
6
S
180
S
60 480
S
1S 100 300
Marantacée Saison sèche 11 897 1
R
480
R
14 400
R
4 838 400
R
1R 80 -
Source : Enquête de terrain, 2011-2013.
Tableau 2 : Quantité de Gnetum africanum et de Marantacée pendant la période de basse
pression dans la zone d’étude
Les tableaux 1 et 2 indiquent une exploitation abondante des feuilles de marantacées dans la réserve de
Dimonika. Les 9 676 800 rouleaux coltés en 2012 par 11 500 récolteurs font du Mayombe (3e secteur
forestier du Congo) un grand pourvoyeur de feuilles de marantacées distribuées dans les villes de Pointe-
Noire et Dolisie.
6 Sauce dérivée des noix de palme pilées.
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Les feuilles de marantacées ne sont pas comestibles. Elles servent à emballer les beignets de farine, les
arachides grillées, les fruits aigres et la pâte de manioc (chicouangue). Les feuilles de marantacées les
plus exploitées sont les Megaphrynium macrostachyumet les Sarcophrynium brachystachys, qui poussent
naturellement dans le sous-bois en forêt, les bas-fonds très humides et les bords des cours d’eau. Les
interviews avec les acteurs locaux ont révélé des indices de la raréfaction croissante de cette ressource.
Par exemple un vendeur des Marantacées a fait observer, lors d’une interview (marché de "Les Saras"),
que ses fournisseurs prennent de plus en plus de temps pour répondre à chaque nouvelle commande. Il
faut se placer toujours plus loin à la recherche des feuilles à cueillir. De même, une commerçante
grossiste des feuilles de Gnetum indique qu’à présent, il lui faut parcourir 6 à 9 km au moins pour
rassembler une cargaison, alors qu’on récoltait ces feuilles à 1 km seulement des habitations il y a 10
ans.
RACINES DE PLANTES COMESTIBLES
Certaines racines de plantes comestibles rentrent dans la préparation des épices. On les conserve après
cuisson et séchage. Elles sont ensuite distribuées pendant plusieurs mois (Boundzanga, 1999).
Coula edulis et noix de cola-Arbre fruitier de la famille des coulaceae, le coula edulis produit des drupes
contenant une noix qui peut être consommée fraîche ou pas. Les Yombé, apprécient fort bien les noix
des coulaceae qui parfois remplacent l’arachide. Les fruits séchés à l’air libre et conservés dans de
grandes corbeilles peuvent être consommés pendant les moments de loisir ou se retrouvés sur le marché.
Quant aux noix de cola, elles sont également très recherchées par les peuples négro-africains qui les
utilisent lors des cérémonies de mariage ainsi que dans des rituels traditionnels. On trouve les colatiers et
les coula edulis dans la quasi-totalité de la réserve de la biosphère de Dimonika.
Rotin-Plante épiphyte (rotang), recherchée et coltée pour sa tige flexible, le rotin s’utilise en vannerie.
Ainsi, sert-il à la confection de divers objets domestiques, commerciaux (paniers, corbeille, meubles).
Dans la réserve de la biosphère de Dimonika, la tige de rotin sert également à fabriquer les pièges à
gibiers. Les genres mukawa en langue Yombé (Ancistrophyllum) et mbamba (Eresmopatha) sont les plus
utilisés. Ces deux espèces croissent en pleine forêt, au bord des cours d’eau et sur les lisières forestières.
Certaines lianes de forêt comme le Cossus dinklagei, Tracera podotricha et Costus ligularis qui disposent
d’une grande capacité de rétention d’eau retiennent également l’attention.
Fibres et tiges-Les fibres sont extraites des feuilles de nombreuses espèces végétales directement ou
après rouissage. Elles servent à la fabrication de cordes, de ficelles, de pièges, de filets de chasse et de
pêche, de nasses et de tissus. Les tiges de petit diamètre proviennent presque toutes de deux genres de
palmiers-lianes de la famille des Arecaceae : l’Eremospatha et le Laccospernia. Alors que les plus grosses
servent à la fabrication d’axes rigides dans la production de meubles et de paniers « Mutete », les rotins
les plus fins ou lianes typiques sont les plus utilisés pour le cannage des meubles, la fabrication des
pièges et des nasses. Comme il a été déjà noté, ces lianes servent aussi à la fabrication des murs de
cases des campements de chasse, de pêche et à la construction des paillotes. Ces dernières années, le
marché des meubles de rotin s’est beaucoup développé dans toutes les grandes villes du pays,
notamment Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie.
Les rondins récoltés et transportés par les femmes proviennent très souvent du parasolier (Musanga
cecropioides), du concombre africain (Anthocleista), du chaulmoogra africain (Caloncoba glauca). Outre
la fonction de chauffe, le bois sert à la fabrication de divers outils agricoles, ménagers, de pêche et de
chasse ainsi qu’aux instruments de musique et de transport. Son exploitation commerciale existe dans la
réserve en dépit des interdictions gouvernementales.
Photo 1: Billes de bois de chauffe et rouleaux de
marantacées à Mvouti (Cliché : F.G. Kimbatsa, 2013)
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