L`articulation Sacro

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2007-2008
UNIVERSITE DE NANTES
L’articulation Sacro-iliaque
Par
Bérénice Delga
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
•
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Laboratoire :
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. D. CROCHET
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Pr A. KERSAINT-GILLY
Pr. J. LE BORGNE
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2007-2008
UNIVERSITE DE NANTES
L’articulation Sacro-iliaque
Par
Bérénice Delga
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Dr. H. DESAL
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Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Pr A. KERSAINT-GILLY
Pr. J. LE BORGNE
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
Sommaire
I.
Rappels Anatomiques
1. Embryologie
a. Ostéogenèse du bassin
b. Principales variations et anomalies de développement
2. Structure
a. Type d’articulation
b. Surfaces articulaires
c. Cartilages
d. Moyens d’unions
1. capsule articulaire
2. ligaments
3. ligaments à distances
4. moyens actifs de fixité
e. Mouvements
f. Variations morphologiques sexuelles
3. Rapports de l’articulation sacro-iliaque
4. Imagerie anatomique
a. Radiographie standard
b. Tomodensitométrie
c. IRM
II.
Matériels et Méthodes
III.
Résultats
1. Dissections
a. Abord antérieur du bassin
b. Observation des rapports à proximité de l’articulation
c. Abord postérieur du bassin
d. Abord supérieur du bassin
e. Etude de l’interligne sacro-iliaque
f. Ligaments accessoires de la sacro-iliaque
2. Imagerie
a. TDM 3 dimension
b. TDM coupes
c. TDM : complément de la dissection
IV.
Discussion
1. Examen clinique de la sacro-iliaque
2. Situations particulières au regard de la mobilité
3. Principales pathologies associées
a. Atteinte dégénérative
b. Atteinte inflammatoire
c. Atteinte traumatique
d. Atteinte tumorale
4. Chirurgie du bassin : voies d’abords
a. Chirurgie traumatique : voie d’abord des fractures du bassin
1. Abord postérieur du bassin
2. Abord antérieur de la sacro-iliaque et de l’aile iliaque
b. Chirurgie tumorale
1. Abord postérieur
2. Abord antérieur
3. Voies combinées
4. Grande voie latérale
5. De l’anatomie à la pratique
Je remercie l’ensemble des professeurs d’anatomie qui ont éveillé chez moi un grand intérêt
pour cette discipline.
Je tiens à remercier particulièrement Monsieur le Docteur Antoine HAMEL, pour m’avoir
proposé ce sujet, m’avoir guidée, soutenue et conseillée au cours de mon travail.
Merci aussi à messieurs S. LAGIER et Y. BLIN, techniciens du laboratoire d’anatomie, pour
leurs conseils et leurs qualités de photographe.
Introduction
L’étude de l’articulation sacro-iliaque est délicate en raison de sa situation en
profondeur dans le bassin, de son orientation oblique, de ses mouvements : minimes mais
complexes à comprendre, et de sa variabilité.
L’objectif de ce mémoire est de décrire avec précision la situation de l’articulation et
ses rapports, la morphologie de l’interligne et ses différentes orientations. Pour ceci, une étude
anatomique descriptive sera réalisée, cette étape sera approfondie par un complément
d’imagerie essentiellement scannographique.
Cela permettra de mieux comprendre la façon dont se fait l’examen clinique des
articulations sacro-iliaques, les principales pathologies qui y sont rencontrées et les différents
abords chirurgicaux possibles, leurs indications, les avantages et les limites de chacun.
I. Rappels anatomiques
1. Embryologie
a. Ostéogenèse du bassin.
Le développement osseux du bassin est relativement tardif, ce qui explique sa plasticité au
cours de la croissance.
Le sacrum est le premier à présenter un point d’ossification qui apparaît avant le troisième
mois de la grossesse au niveau de la première vertèbre sacrée. L’ossification s’étend ensuite
vers la 5ème vertèbre sacrée. L’ossification des vertèbres sacrées est achevée à 7 ans, elle se
souderont seulement vers 25ans.
L’ossification de l’os coxal débute au niveau de 3 points primitifs : le point iliaque, le point
ischiatique et le point pubien. Ces points se développent et s’étendent à partir de
l’acetabulum. A la naissance, les points osseux sont séparés par des bandes cartilagineuses
formant un Y centré sur le toit de l’acetabulum. La fusion du cartilage en Y se fait vers 13ans.
Les points d’ossification marginaux (crête iliaque, épine iliaque antéro-supérieure, tubérosité
ischiatique, épine du pubis, épine sciatique) seront soudés vers 25ans.
Le coccyx est le dernier à s’ossifier : le 1er point d’ossification apparaît à la naissance et le
dernier vers 15ans.
b. Principales variations et anomalies de développement
- défauts de fusion, de segmentation ou de développement
. scolioses sacro coccygiennes
. asymétrie du sacrum
. sacralisation de L5 : incorporation au bassin de L5
. déhiscence de l’arc postérieur avec hiatus sacro coccygien variable remontant parfois en S3
. spina bifida occulta de S1
. ouverture latérale des trous sacrés inférieurs
- développement excessif de certains éléments
. côtes sacrées uni- ou bilatérales
. bourrelets des crêtes sacrées hypertrophiés
-
persistance de points d’ossification
- calcification des disques intervertébraux
. disque S1-S2 persiste parfois à l’âge adulte et disques vestigiaux peuvent se calcifier
-
calcifications ligamentaires
- autres anomalies
. encastrement de L5
. ouverture latérale des 3ème et 4ème trous
. forme horizontale du sacrum
2. Structure de l’articulation sacro-iliaque
a. Type d’articulation
L’articulation sacro-iliaque est une articulation serrée dont la composante articulaire
proprement dite n’occupe que la moitié antérieure, la moitié postérieure de l’espace sacroiliaque correspond à un territoire ligamentaire.
Le segment antérieur de l’articulation sacro iliaque est une diarthrose, en forme d’auricule,
avec un cartilage et une synoviale.
Le segment postérieur est syndesmophytique.
b. Surfaces articulaires
Les surfaces articulaires en présence sont les auricules sacrés et coxaux. Ils ont une forme de
croissant à concavité postérieure, étendus de la corne supérieure à la corne inférieure du
niveau de S1 à celui de S2 ou S3. Ils s’emboîtent l’un dans l’autre de telle sorte que le sacrum
est verrouillé entre les deux iliums.
Les trois dernières vertèbres sacrales sont reliées à l’os iliaque par les ligaments sacrotubéraux et sacro-épineux.
La surface auriculaire sacrée est creusée d’une gouttière dont le centre est le tubercule
conjugué de S1 alors que la surface coxale présente un rail plein qui se moule dans la
gouttière sacrée dont les bords sont renflés en forme de bourrelets qui répondent à des sillons
qui bordent le renflement coxal.
Les surfaces articulaires sont cependant variables en fonction de la morphologie de la colonne
vertébrale. Delmas [1] décrit des variations morphologiques qui dépendent du type de rachis,
de la morphologie du sacrum et des facettes articulaires :
Si les courbures du rachis sont importantes (rachis dynamique) alors le sacrum est horizontal,
les facettes articulaires sont incurvées et concaves, l’articulation sacro-iliaque est mobile.
A l’inverse, si le rachis présente peu de courbures (rachis statique) l’articulation est très peu
mobile.
Ainsi, l’articulation sacro-iliaque est une véritable condylarthrose complexe qui peut présenter
de nombreuses variantes qui dépendent du relief de ces surfaces.
c. Cartilage
Les cartilages iliaques et sacrés ne présentent pas les mêmes caractéristiques.
Le cartilage sacral est plus épais (2 à 5 mm) et présente une majorité de caractéristiques de
cartilage hyalin, alors que le cartilage iliaque est plus mince (1 à 2 mm) et a un aspect de
fibrocartilage.
d. Moyens d’union
Capsule articulaire
L’articulation sacro-iliaque présente une capsule articulaire qui se confond dans presque toute
son étendue avec les ligaments sacro-iliaques antérieurs et postérieurs.
1.
2. Ligaments
-
-
:
Antérieur: le ligament sacro-iliaque antérieur s’étend sur toute la hauteur de
l’articulation et présente à chacune de ses extrémités deux faisceaux plus épais appelés
ligaments antéro-supérieur et antéro-inférieur.
Postérieur : le ligament sacro-iliaque postérieur est très épais, il comprend trois
plans ligamenteux : superficiel, moyen et profond.
. Le plan superficiel est composé de 2 ou 3 faisceaux minces appelés ligaments ilioarticulaires. Ils relient le voisinage immédiat du versant interne de l’épine iliaque postéro
supérieure au deux premières crêtes sacrales intermédiaires pour les deux faisceaux constants.
Deux autres faisceaux inconstants rejoignent le bord interne du troisième foramen sacré dorsal
ou le troisième tubercule articulaire et la partie externe du processus articulaire du sacrum.
. Le plan moyen est formé par des ligaments solides dits ilio-transversaires qui s’étagent de
haut en bas, en arrière des surfaces articulaires. Ils unissent la crête et la tubérosité iliaque aux
processus transverses du sacrum. Sont décrits un ligament ilio-transversaire sacral et quatre
ligaments ilio-transversaires conjugués par articulation.
. Le plan profond est représenté par un volumineux ligament sacro-iliaque interosseux. Il
s’insère en dehors sur la tubérosité iliaque, en avant du plan moyen et se termine en dedans
sur les deux premières fosses criblées du sacrum.
Ligaments à distance
Le ligament ilio-lombal prolonge vers le haut le système ilio-transversaire. Il est constitué par
. le ligament ilio-lombal inférieur qui s’étend du sommet et du bord inférieur du processus
transverse de L5 à la partie postérieure de la crête iliaque et,
. le ligament ilio-lombal supérieur, moins épais s’étend du sommet et du bord inférieur de L4
à la crête iliaque, en dehors du faisceau du ligament précédent.
3.
Les ligaments sacro-épineux et sacro-tubéral sont accessoires de l’articulation sacro-iliaque.
Le ligament sacro-tubéral s’insère au dessous de l’articulation sacro-iliaque sur le bord latéral
du sacrum et des deux premières vertèbres coccygiennes, (ainsi que sur les épines postérieures
iliaque) et se termine sur la tubérosité ischiatique. De la face postérieure du ligament sacrotubéral se détachent des faisceaux du grand fessier.
Le ligament sacro-épineux naît du bord latéral du sacrum et du coccyx au niveau des deux
dernières sacrales et deux ou trois premières vertèbres coccygiennes, et se termine au sommet
de l’épine ischiatique.
Le croisement de ces deux ligaments crée un défilé dans lequel chemine le nerf pudendal.
Schémas des ligaments de l’articulation sacro-iliaque en vue antérieure et en vue postérieure.
- ligaments sacro-iliaques antérieurs et postérieurs (les différents plans sont confondus)
- ligaments ilio lombaires
- ligament sacro-épienux
- ligament sacro-tubéral.
Moyens actifs de fixité
Le muscle gluteus maximus dont des fibres s’insèrent de part et d’autre de l’articulation, sur
les ligaments sacro-iliaques postérieurs, peut être considéré comme un moyen
complémentaire de fixité de l’articulation.
4.
e. Mouvements
Les mouvements de l’articulation sacro-iliaque sont de faible amplitude (entre 3 et 15mm en
moyenne selon le type de l’articulation). Les articulations doivent être stables dans la fonction
statique du bassin et mobiles afin de s’adapter à la locomotion.
La première vertèbre sacrée a une face antérieure plus développée que sa face postérieure,
alors que la deuxième vertèbre sacrale est légèrement plus développée en arrière qu’en avant
et se déplace en sens inverse à S1. Cette configuration opposée limite leur déplacement.
Le sacrum est mobile par rapport aux os coxaux et par rapport à L5. Il existe deux types de
mouvements pour l’articulation sacro-iliaque :
- La nutation : la base du sacrum s’incline en avant tandis que la pointe bascule en
arrière ; simultanément les ailes iliaques se rapprochent tandis que les tubérosité
ischiatiques s’écartent.
- La contre nutation est le mouvement inverse.
Cette verticalisation du sacrum en contre nutation est observée par exemple en position
assise, alors que l’horizontalisation est observée en position debout.
Durant la marche, les pas sont alternés et l’appui sur un membre permet le resserrement de
l’articulation homolatérale, pendant que du coté du membre qui est en balancement,
l’articulation se desserre légèrement. Ainsi l’alternance des pas s’accompagne de serrage et
desserrage de la pince sacro-iliaque, correspondant à des mouvement de nutation et de contre
nutation.
Pour une même situation anatomique étudiée, il existe des variations d’inclinaison du plateau
sacré liées aux variations de morphologie du sacrum et du plateau supérieur de S1.
f. Variations morphologiques sexuelles
Le pelvis féminin est plus grand et plus large que le pelvis masculin. Ce dernier est plus
massif, plus raide et plus étroit. L’orifice d’entrée dans le pelvis féminin est à peu près ovale
et plus large que chez l’homme, le pelvis masculin a un promontoire plus proéminent.
Les différences sexuelles sont également nettes au niveau de la symphyse pubienne. Alors que
l’angle entre les branches ischio-pubiennes est aigu chez l’homme (70°), chez la femme cet
angle est significativement plus grand (environ 90-100°). On parle ainsi volontiers d’un angle
sus pubien chez l’homme et d’un arc pubien chez la femme.
Il existe aussi des différences au niveau du sacrum : chez la femme le sacrum est cassé à
hauteur des 3ème et 4ème vertèbres sacrales, chez l’homme la concavité reste régulière.
Schéma comparatif d’un bassin type féminin et d’un bassin de type masculin.
3. Rapports de l’articulation sacro-iliaque
Antérieurs :
-
Le muscle psoas iliaque
Le nerf obturateur et le tronc lombosacral
Les vaisseaux iliaques internes et nœud lymphatiques
L’uretère et les pédicules urétériques.
Inférieurs :
-
Vaisseaux glutéaux supérieurs
Nerf glutéal supérieur
Postérieurs :
-
Portion caudale des muscles érecteurs du rachis
Muscle glutéus maximus
4. Imagerie anatomique
a. Radiographie standard
Les articulations sacro-iliaques sont analysables sur un grand cliché dorso-pelvi-fémoral
réalisé debout en postéroantérieur, rayon centré sur la ligne bi-crêtes (c’est l’incidence
réalisée en première intention).
Le principal intérêt de cette incidence frontale est de donner une vue symétrique et donc
comparative des deux articulations.
L’analyse de l’interligne articulaire doit tenir compte des limites anatomiques de l’articulation
synoviale. En avant l’interligne est limité par le bord antérieur du sacrum, en bas il descend en
dessous du détroit supérieur (ou plan de l’ouverture supérieure du pelvis) et en arrière par les
moyens d’union ligamentaires.
b. Tomodensitométrie
La TDM est l’examen d’analyse de choix pour l’étude des sacro-iliaques, elle permet
d’éliminer toutes les superpositions gazeuses.
Technique : examen en mode hélicoïdal, coupes fines infra millimétriques, filtre osseux avec
reconstructions bidimensionnelles.
A l’état normal, quelques plages d’ostéosclérose para-articulaire sacro-iliaque peuvent être
retrouvées, surtout à la partie supérieure de l’os iliaque mais toujours avec une berge sous
chondrale nette. L’interligne a généralement des bords parallèles mais un rétrécissement
localisé peut exister sans être pathologique s’il est régulier (bourrelet iliaque).
- Sur les coupes les plus postérieures : la corne postérieure de l’articulation synoviale est
bordée par les berges nettes de l’os sous chondral coxal et sacré. En dessous, la plus grande
partie de l’interface iliosacrée est occupée par le système ligamentaire postérieur dont les
berges osseuses sont plus floues avec un élargissement irrégulier de la distance iliosacrée.
- Sur des coupes plus antérieures : la hauteur de l’interligne articulaire supérieure croît
progressivement, puis apparaît en bas la corne inférieure. L’image est alors composée de trois
éléments : la corne supérieure de l’articulation synoviale, le segment ligamentaire et
l’interligne de la corne inférieure
c. IRM
L’IRM est principalement indiquée pour le diagnostic précoce d’une atteinte infectieuse ou
inflammatoire.
II. Matériel et Méthodes
- Le matériel utilisé est le matériel de dissection classique.
La dissection est réalisée sur un sujet masculin frais âgé de 86 ans.
- Méthodes de dissections classiques :
Dans un premier temps abord antérieur du bassin.
Puis travail sur hémi bassins pour avoir un accès plus aisé à l’articulation sacro-iliaque.
Sur l’hémi bassin droit la branche pubienne est retirée ce qui permet de mieux dégager l’accès
à l’articulation.
Dans un second temps abord postérieur sur la même pièce.
- Pour l’imagerie reconstructions de scanners grâce au logiciel « OSIRIX » (Antoine
ROSSET)
III. Résultats
A. Dissections
1. Abord antérieur du bassin
Après ouverture de la paroi abdominale et éviscération, abord antérieur de la paroi postérieure
de la grande cavité abdomino-pelvienne.
haut
Photo n°1 : Vue antérieure de la paroi abdomino-pelvienne postérieure
Veine Cave
Inférieure
gauche
Aorte
Chaîne
orthosympathique
latéro vertébrale
Nerf Obturateur
Artère sacrale
médiane
Muscle Psoas
Après retrait du muscle Psoas :
Photo n°2 : Vue antérieure médiale gauche
haut
gauche
Muscle psoas
récliné
Muscle
iliaque
gauche
Nerf
obturateur
Nerf fémoral
Artère iliaque
externe
Même photo que la précédente avec une orientation différente :
Photo n°3 : vue antérieure latérale supérieure gauche
haut
gauche
Le carrefour lombo-sacré iliaque a de nombreux rapports vasculo-nerveux à sa face
antérieure : vaisseaux iliaques, nerf obturateur, tronc lombosacré.
avant
Photo n°4 : vue antérolatérale supérieure gauche
droite
haut
Artère iliaque
commune
Nerf
obturateur
Tronc lombosacré
Nerf fémoral
Même photo selon un axe médian :
Photo n°5 : vue antérieure médiale supérieure gauche
haut
L5
gauche
2. Observation des rapports à proximité de l’articulation
Sur un abord antéro inférieur, l‘articulation a des rapports vasculo-nerveux tout proches :
L’artère et la veine iliaques internes, l’artère et la veine glutéales supérieures, le tronc
lombosacré.
Cette photo est prise sur un hémi bassin droit, selon un axe postéro cranial.
Photo n°6 : articulation sacro-iliaque droite, vue antérieure et droite.
haut
gauche
Artère et
veine iliaques
internes
Artère et
veine
glutéales
supérieures
Tronc
nerveux
lombo-sacré
Photo n°7 : articulation sacro-iliaque droite, vue antérieure et droite
Artère
glutéale
supérieure
haut
gauche
Paquet
vasculo
nerveux
obturateur
L’artère glutéale supérieure est adhérente à l’interligne de l’articulation sacro-iliaque au
niveau de son passage dans le foramen supra piriforme.
Photo n°8 et n°9 : Articulation droite, vue antérieure.
haut
gauche
Adhérences
Tronc
nerveux
lombo-sacré
Artère
glutéale
supérieure
Le tronc nerveux lombo-sacré qui va participer à la formation du plexus sacré est un rapport
un peu plus inférieur.
Photo n °10 : vue antérieure.
haut
gauche
Tronc
nerveux
lombo-sacré
Artère
glutéale
supérieure
haut
Photo n°11 : vue antérolatérale
arrière
Tronc
lombosacré
Racine S1
3. Abord postérieur du bassin.
Sur un abord postérieur l’articulation n’est pas facile à localiser avec précision, car elle est
recouverte des très nombreux ligaments. Les différents plans du ligament sacro-iliaque
postérieur ne sont pas identifiables sur ces dissections.
Photo n°12 : vue postérieure
haut
droite
Epine iliaque
postérosupérieure
Paquet vasculo
nerveux glutéal
supérieur
Sur cette vue postérieure il est possible de constater que l’artère glutéale supérieure qui se
trouvait juste au niveau de l’interligne en vue antérieure, n’est plus du tout au niveau de
l’interligne sacro-iliaque en vue postérieure.
Photo n° 13 et 14 : Vue postéro latérale.
haut
droite
Interligne
articulaire
Muscle
gluteus
medius
Artère
glutéale
supérieure
Distance entre
l’interligne et
l’artère
glutéale
supérieure
Nerf sciatique
L’observation de l’abord postérieur n’est pas facile. Les ligaments sont difficilement
identifiables avec précision et leur étude est gênée par les fibres d’insertion du glutéus
maximus.
haut
Photo n°15 : vue postérieure
droite
Processus
transverse de
S1
Epine iliaque
postérosupérieure
4. Abord supérieur du bassin
Par un accès supérieur, les ligaments ilio-lombaires sont facilement identifiables et permettent
de localiser l’articulation .
avant
Photo n°16 : vue supérieure
droite
Crête iliaque
Ligament iliolombaire
(sectionné)
vertèbres
5. Etude de l’interligne sacro-iliaque.
Pour étudier l’interligne sacro-iliaque, le plus judicieux semblait de prendre des photos en
tournant autour de l’articulation selon un axe sagittal. Ceci a été réalisé sur l’articulation avec
ses ligaments sacro-iliaques, puis après les avoir retirés.
haut
Photos n° 17 : vue antérieure, avec les ligaments sacro-iliaques.
gauche
Interligne
articulaire
Racine S2
Cette photo montre que l’articulation s’étend de S1 jusqu’à S2-S3.
A la partie inférieure de l’articulation, l’interligne ne suit pas un axe mais est décrochée vers
l’extérieur.
avant
Photo n°18 : vue antérieure et inférieure
gauche
Racine S2
Interligne
articulaire
Photo n° 19 : vue postérieure et inférieure
haut
droite
Interligne
articulaire
avant
Photo n°20 : vue supérieure
droite
Interligne
articulaire
Sur les photos suivantes (21 à 25) les ligaments interarticulaires ont été retirés.
Photo n°21 vue antérieure
haut
gauche
Photo n°22 : vue antérieure et inférieure
haut
gauche
Photo n°23 : vue postérieure et inférieure
haut
droite
Photo n°24 : vue postérieure
haut
droite
Photo n°25 : vue supérieure
avant
droite
6. Ligaments accessoires de la sacro-iliaque
Les ligaments sacro tubéral et sacro épineux sont les ligaments accessoires de l’articulation
sacro-iliaque.
Photo n° 27 : vue postérieure, latérale et supérieure d’un hémi bassin gauche
droite
bas
coccyx
Ligament
sacro-tubéral
Artère
glutéale
supérieure
Tubérosité
ischiatique
Artère glutéale
inférieure
B. Imagerie
1. TDM 3 dimensions
Le scanner permet une étude très riche des articulations sacro-iliaques. En densité osseuse il
est possible de réétudier avec plus de précision l’interligne articulaire, en suivant le même
type de rotation que dans les dissections, selon un plan sagittal.
Remarque : le cube situé en haut à gauche de l’image permet de se repérer.
Image n°1 : vue antérieure,avec les vaisseaux.
Les rapports vasculaires avec les artères iliaques communes, et glutéales supérieures sont
visibles. Ces scanners ayant été réalisés chez des enfants les os iliaques, pubiens et
ischiatiques ne sont pas totalement fusionnés.
Image n°2 : vue antérieure, sans les vaisseaux
Image n°3 : vue inférieure
Artère glutéale
supérieure
L’artère glutéale supérieure se trouve au niveau de l’interligne articulaire à la face antérieure,
mais pas en vue inférieur ni en vue postérieur, où elle chemine plus latéralement.
Sur cette image il est aussi possible de voir que l’articulation n’est pas parasagittale mais
oblique.
Image n°4 : Vue postérieure
Artère
glutéale
supérieure
Image n°5 : vue postérieure
Les vues supérieure et oblique supérieure, montrent que l’articulation n’est pas parasagittale
mais oblique.
Image n°6 et 7 : vues supérieures
2. TDM : coupes
Le scanner confirme le fait que l’articulation sacro-iliaque s’étend de S1 à S2-S3. Ceci grâce à
des coupes obliques dans l’axe du sacrum, permettant de voir le sacrum de face (le reste de la
colonne vertébrale n’est pas visible du fait de l’angulation L5-S1).
Image 8 : Coupe oblique dans l’axe du sacrum
Des coupes épaisses (qui shuntent les épaisseurs les plus antérieures et les plus postérieures à
l’articulation, afin de diminuer le flou radiologique) confirment l’étendue de l’articulation : de
S1 à S2-S3
Image n°9 : coupe épaisse oblique dans l’axe du sacrum.
Il est à noter que sur cette image l’aile iliaque droite est pathologique. Il faut donc se repérer
sur l’aile iliaque gauche.
3. TDM : complément de la dissection.
L’étude de l’axe de l’articulation n’a pas été réalisée au cours des dissections. Cependant
l’étude de scanner permet d’apporter des informations intéressantes, grâce à des coupes
obliques dans un axe perpendiculaire à celui du sacrum.
Remarque : sur cette série l’aile iliaque droite est pathologique, il faut se référer à l’aile
iliaque gauche.
Image n°10 : Niveau S1
Image n°11 : Niveau S1
(au dessus de l’articulation sacro-iliaque)
(partie supérieure de la sacro-iliaque)
Image n°12 : Niveau S1
Image n°13 : Niveau S2
Double
obliquité de
l’articulation
Image n°14 : Niveau S2
Image n°15 : Niveau S3
Image n°16 : Niveau S3
(en dessous de l’articulation sacro-iliaque.)
Ces coupes successives montrent que l’articulation est oblique par rapport au plan sagittal. Il
est même possible d’observer que l’articulation possède une double obliquité : elle est oblique
en arrière et en dehors dans la partie antérieure de l’articulation (dans la partie cartilagineuse
ou diarthrosique) et elle est oblique en arrière et en dedans dans la partie postérieure de
l’articulation (dans la partie syndesmophytique).
Image n°17 : coupe épaisse latérale droite.
Plan frontal passant
par l’axe du fémur
Surface
articulaire
sacro-iliaque,
visible en
transparence
Sur cette image l’os coxal gauche est visible en transparence derrière le sacrum. La surface
articulaire s’étend jusqu’à S3.
De plus, sur ce profil, il est à noter que le fémur et l’articulation sacro-iliaque se trouvent dans
un même plan frontal.
IV. Discussion
1. Examen clinique de la sacro-iliaque
L’examen des articulations sacro-iliaques s’intègre à l’examen du rachis lombaire. Du
fait de mouvements d’équilibration entre rachis et bassin les articulations sacro-iliaques
peuvent présenter des troubles importants qui peuvent retentir sur l’ensemble de la statique et
sur les articulations des membres inférieurs.
Afin de mettre en évidence des troubles fonctionnels au niveau de l’articulation il
existe de nombreux tests réalisables en clinique mais ces tests sont peu spécifiques. La
douleur s’exprime de façon variable : fessalgie simple, douleur irradiant à la face postérieure
de cuisse (« sciatique tronquée »), lombalgie, douleur de hanche, pelvienne ou boiterie isolée.
-
Manœuvre du trépied : l’examinateur exerce une forte pression au niveau du sacrum, le
sujet étant en décubitus ventral. La pression est exercée par le talon des mains et dirigées
obliquement vers la table et les membres inférieurs.
-
Palpation directe : suivre le rebord de la crête jusqu’au sacrum et tenter de reproduire la
douleur en appuyant sur cette marge.
-
Manœuvre d’écartement rapprochement des ailes iliaques : le sujet est en décubitus
dorsal. L’examinateur place ses mains sur les épines iliaques antéro supérieures et appui
postéro latéralement (bras croisés sur le bassin). L’apparition d’une douleur dans la fesse
traduit une lésion de l’articulation sacro-iliaque ou des structures qui l’entourent. A
différencier d’une douleur lombaire.
-
Pression iliaque : le patient est en décubitus latéral. L’examinateur pose ses deux mains
sur l’os iliaque et exerce une pression axiale sur le bassin.
-
Manœuvre de Gaensen : sur le rebord de la table d’examen créer une hyperextension de
la hanche en laissant chuter le membre inférieur à l’extérieur de la table et en appuyant
sur la cuisse. La douleur reproduite correspond à l’articulation sacro-iliaque à évaluer.
-
Manœuvre de Laguerre : en décubitus dorsal, le sujet replie le membre inférieur en
abduction pour porter sa cheville sur sa cuisse controlatéral. L’examinateur exerce une
pression sur le genou replié et une contre pression sur l’aile iliaque opposée.
-
Appui unipodal : le sujet est debout en appui unipodal du côté à tester. L’examinateur
appui vers le bas sur l’épaule opposée, créant un phénomène de cisaillement sacroiliaque.
2. Situations particulières au regard de la mobilité
La mobilité des articulations est très réduite à l’état normal, en raison des attaches
ligamentaires serrées et de la forme des surfaces qui comportent des crêtes et dépressions
complémentaires. Cependant il existe des situations au cours desquelles la mobilité peut
augmenter.
Durant la grossesse, les influences hormonales augmentent la laxité ligamentaire pelvienne,
créant une hypermobilité relative permettant de préparer l’accouchement.
Lors d’un mouvement de nutation, la base du sacrum bascule en avant, ceci a pour
conséquences : la diminution du diamètre promonto-pubien et l’augmentation plus importante
du diamètre sacro-pubien de 1,3cm à 2,5cm. De plus le mouvement du bassin entraîne un
léger rapprochement des ailes iliaque et par compensation les tubérosités ischiatiques
s’écartent un peu plus ce qui se traduit par une augmentation du diamètre bi-ischiatique.
Le mouvement de nutation peut-être obtenu en donnant aux cuisses une position de flexion et
d’abduction.
Lors d’un mouvement de contre-nutation la base du sacrum bascule en arrière et écarte les os
coxaux. Il y a donc augmentation du diamètre promonto-pubien et diminution des diamètres
sacro-pubien et bi-ischiatique.
La contre-nutation est réalisée sur le sujet couché, cuisse en hyperextension. Celle-ci favorise
l’engagement.
D’autre part, un sujet ayant subi une arthrodèse de hanche peut compenser l’absence du
mouvement de la cuisse par rapport au bassin par une plus grande amplitude des mouvements
de l’articulation sacro-iliaque, en particulier en position assise.
3. Principales pathologies associées
Il existe quatre grands types d’atteintes des articulations sacro-iliaques : dégénérative,
inflammatoire, traumatique et tumorale. Les abords chirurgicaux seront abordés dans le
chapitre suivant.
a. Atteinte dégénérative
Les articulations sacro-iliaques sont très fréquemment modifiées par surcharge mécanique ce
qui en fait un site courant d’arthrose
b. Atteinte inflammatoire
Les atteintes inflammatoires des sacro-iliaques sont rhumatismales et infectieuses.
L’articulation sacro-iliaque constitue la localisation presque toujours la plus précoce et
presque constante des atteintes débutantes de spondylarthrite ankylosante. Elle est également
une localisation très fréquente des autres spondylarthropathies inflammatoires voire de rares
atteintes infectieuses.
Regroupées sous le terme de spondylite séronégative, les quatre principales pathologies
inflammatoires touchant l’articulation sacro-iliaques sont :
- Spondylite ankylosante,
- Spondylite associée au psoriasis,
- Syndrome de Reiter,
- Maladies inflammatoires du tube digestif.
Les lésions radiologiques élémentaires de la sacro-iliaques sont :
- les érosions : lésion la plus caractéristique des atteintes inflammatoires
- l’hyperostose sous chondrale : qui peut résulter d’un processus inflammatoire intraosseux ou d’une sclérose par surcharge.
- l’ankylose transarticulaire qui résulte le plus souvent d’une atteinte inflammatoire
ancienne, l’ankylose périphérique par des ponts osseux périarticulaires peut résulter
d’enthésopathies inflammatoires chroniques ou d’ossifications ligamentaires
« dégénératives ». Dans la spondylarthrite ankylosante, la synovite et le remaniement de
la moelle osseuse sous chondrale sont d’avantage responsables des lésions articulaires
que les enthésites.
La distribution des lésions est généralement l’élément d’analyse qui permet le plus de
s’orienter parmi les diagnostics différentiels.
- Lésions mécaniques : elles sont localisées aux sites de surcharge : partie antérieure du tiers
moyen des articulations, association fréquente avec érosion et sclérose de la symphyse
pubienne.
- Lésions d’origine inflammatoire : elles peuvent survenir n’importe où : dans le tiers
antérieur/moyen des articulations, mais aussi dans la partie postérieure ou dans la partie
inférieure qui sont pratiquement toujours respectées dans les remaniements mécaniques.
Les lésions de la spondylarthrite ankylosante sont pratiquement toujours symétriques (sauf
dans les formes débutantes).
Par exemple, la spondylite ankylosante se traduit :
A l’examen fonctionnel : par une cyphose, une diminution des mouvements lombosacré
(testé par le test de Schober) et une douleur dans la région fessière au test des articulations
sacro-iliaque. L’atteinte est généralement symétrique (sauf à un stade précoce de la maladie).
Au test de laboratoire : par l’augmentation de la vitesse de sédimentation, l’antigène HLA
B27 est fréquemment retrouvé, c’est un facteur de risque.
A la radiographie : par des signes de sacro-iliite, syndesmophytes.
c. Atteinte traumatique
La classification utilisée comme référence pour décrire les fractures du bassin est la
classification de Letournel, purement anatomique, elle permet la description des techniques
chirurgicales (mais ne correspond pas à la réalité clinique des lésions).
. La chirurgie des fractures du bassin est complexe, longue et hémorragique et a généralement
lieu sur des patients polytraumatisés ; en effet la ceinture pelvienne osseuse oppose une
résistance mécanique importante et sa rupture résulte d’un choc violent.
Le mécanisme lésionnel est important à connaître afin d’anticiper les éventuelles
complications (syndrome hémorragiques, lésions viscérales, lésions nerveuses…).
. L’examen clinique permet rapidement de diagnostiquer un raccourcissement ou une rotation
de membre faisant suspecter un traumatisme de la hanche, et rechercher une mobilité
anormale antéropostérieure ou latérale du bassin. Le cliché de bassin fait partie du bilan initial
d’un polytraumatisé, mais le bilan précis des lésions ostéoarticulaires, en particulier au niveau
du sacrum et des articulations sacro-iliaques nécessite la pratique d’une TDM.
. Il existe deux types de fixation de fractures du bassin : interne et externe (avec une
controverse sur le traitement optimal)
Fixation externe : la décision est parfois prise en urgence en cas de grande instabilité
hémodynamique quand le pronostic vital est en jeu.
Fixation interne : ne se fait jamais en urgence. Elle nécessite des examens
radiologiques de bonne qualité, un état du patient suffisamment bon, et une équipe entraînée.
Le délai idéal pour opérer est entre 4 et 10 jours post traumatisme.
Les techniques d’ostéosynthèse percutanée des articulations sacro-iliaques modifient
actuellement le débat entre ostéosynthèse précoce ou retardée. Cette technique non
hémorragique peut s’envisager précocement, voire en urgence en cas d’instabilité
hémodynamique. Elle se réalise en trois temps :
- la réduction s’obtient en appliquant une traction dans l’axe du fémur en immobilisant le
tronc et l’autre membre du patient. La réduction est indispensable avant de passer à
l’étape suivante.
- Le repérage du point d’entrée se fait sur des clichés de profil d’inlet et d’outlet
- Le contrôle de la progression du matériel se fait de face sur des clichés d’inlet et d’outlet.
L’intervention se réalise donc sous contrôle scopique. Pour choisir le point d’entrée il est
indispensable d’avoir une réduction parfaite qui se contrôle par la superposition de 2 repères
anatomiques appartenant à chacune des 2 ailes iliaques, sur les clichés de profils tels que : les
2 échancrures sciatiques, la projection radiologique du détroit supérieur droit et gauche.
Le contrôle de la progression du matériel d’ostéosynthèse est réalisé sur des clichés de face.
La vis préforée doit progresser à l’intérieur du sacrum jusqu’au plus proche de l’articulation
sacro-iliaque, voire la traverser. En effet la qualité de l’os spongieux du sacrum est assez
inégale ; près des articulations le spongieux est dense, au centre il l’est beaucoup moins.
. Une prise en charge appropriée des traumatismes graves du bassin doit permettre de
diminuer la mortalité directement liée à cette lésion (grâce à une stabilisation précoce des
lésions): la mortalité sera liée aux autres lésions traumatiques associées. Les séquelles sont
souvent importantes, sur le plan locomoteur mais aussi sur le plan sphinctérien et sexuel.
d. Atteinte tumorale
Les tumeurs du bassin ne sont pas exceptionnelles. Elles peuvent être primitives (bénigne ou
maligne) ou secondaires.
Les principaux cas où une résection est indiquée (si l’état du patient le permet) sont :
-
-
Chez l’adulte : Dans 75% des cas il s’agit d’un chondrosarcomes et dans 25¨% des cas
d’ostéosarcomes et de sarcomes d’Ewing. Plus rarement d’histocytofibrome malin, de
forme maligne des tumeurs à cellules géantes, de lésions métastatiques ou tumeurs
bénignes (formes très agressives et destructrices).
Chez l’enfant : il s’agit d’ostéosarcome et de sarcome d’Ewing.
Le traitement chirurgical quand il est indiqué est un traitement lourd et mutilant. Cependant, à
condition de garder des marges saines, la résection avec conservation du membre donne au
patient les mêmes chances de survie que l’amputation ou la désarticulation. Ce type de
chirurgie est une chirurgie complexe et les interventions sont très longues.
Il existe de nombreuses techniques de reconstructions dont l’indication dépend de la
topographie et de l’extension de la tumeur.
Le bilan d’imagerie préopératoire est donc capital et comprend :
- des radiographies standards (réalisées lors du bilan diagnostic),
- une IRM (qui est l’examen clé, servant à la planification de l’intervention chirurgicale),
- une TDM (en complément de l’IRM, lors du bilan diagnostic pour étudier la matrice
tumorale calcifiée),
- une angioIRM ou un angioscanner,
- et une scintigraphie (pour la recherche de localisations secondaires osseuses).
4. Chirurgie du bassin : voies d’abord
a. Chirurgie traumatique : voies d’abord des fractures du bassin
1.
Abord postérieur du bassin
Il permet l’abord des fractures du sacrum, des disjonctions sacro-iliaques pures et des
fractures-luxations de la sacro-iliaque.
L’incision cutanée est verticale, 2cm en dehors de l’épine iliaque postéro-supérieure (pour
éviter une zone cicatricielle au niveau du point d’appui) et s’étend sur en trajet d’environ 8cm
pour exposer la zone allant du sommet de la crête iliaque à l’échancrure sciatique.
Il est ensuite nécessaire de désinsérer les muscles recouvrant la sacro-iliaque : à la partie haute
de l’incision les muscles fessiers de la fosse iliaque externe, à la partie basse de l’incision les
fibres du grand fessier. En soulevant cette digitation, il est possible d’accéder à la grande
échancrure sciatique et à l’articulation sacro-iliaque.
2.
Abord antérieur de la sacro-iliaque et de l’aile iliaque
Il permet l’abord des fractures alaires et de l’articulation sacro-iliaque par l’avant.
L’incision cutanée débute au-dessus de l’épine iliaque antérosupérieure, longe la crête et
s’étend en arrière sur toute la zone où l’aile iliaque est palpable. On incise ensuite au milieu
de la crête pour ne léser ni les muscles fessiers ni les muscles abdominaux. Les muscles
abdominaux sont détachés et le muscle iliaque est ruginé en sous périosté de la fosse iliaque
interne jusqu’à la sacro-iliaque. La partie postérieure de la crête iliaque est exposée de proche
en proche en désinsérant les attaches musculaires. Il faut prendre garde à la racine L5 qui
croise en avant l’aileron sacré à 2cm en dedans de l’articulation sacro-iliaque.
Les fractures du bassin peuvent aussi necessiter parfois un abord chirurgical de la symphyse
pubienne ou un abord ilio-inguinal.
b. Chirurgie tumorale
Les voies d’abord dépendent de la localisation de la tumeur.
D’après EMC : B. Tomeno et collaborateurs [3]
Sur ce dessin :
- En bleu : la voie postérieure.
- En vert : la voie antérieure, rétropéritonéale.
- En rouge : la grande voie latérale.
1.
Abord postérieur
La voie d’abord postérieure permet l’accès à la partie postérieure du sacrum, elle est indiquée
dans les tumeurs de l’aile iliaque étendues au sacrum ou à proximité.
Installation : Le patient est installé en décubitus ventral sur une table adaptée.
Incision : la voie postérieure est le plus souvent verticale, médiale et étendue de L4 à la partie
inférieure du sacrum. On peut ainsi dégager les gouttières paravertébrales jusqu’aux trous
sacrés à la rugine et au bistouri électrique et le champ est maintenu par des écarteurs
autostatiques. L’incision verticale peut-être latéralisée si on veut accéder aux masses sacrées
latérales ou aux articulations sacro-iliaques. Parfois l’incision postérieure est horizontale,
centrée sur la partie du sacrum à atteindre.
Cet abord est généralement utilisé pour compléter une grande incision latérale.
2.
Abord antérieur
Il existe deux abords possibles : la voie transpéritonéale et la voie rétropéritonéale, qui
peuvent être combinées avec une voie postérieure. Ces voies sont réservées aux lésions
tumorales.
Voie transpéritonéale : une incision médiale sous ombilicale sur un patient en décubitus
dorsal. La particularité de cette voie est qu’elle doit descendre bas : jusqu’au pubis. Cette voie
ne donne accès qu’au haut du sacrum, il est difficile d’aller plus bas que le promontoire.
Voie rétropéritonéale : l’incision oblique latérale et arciforme juste en dehors du muscle grand
droit, s’étend de l’ombilic ou un peu plus haut, jusqu’au pubis. L’aponévrose du muscle grand
droit est incisée au bord latéral de ce dernier sur ses deux feuillets, superficiel et profond.
L’incision peut aussi être horizontale, en dehors des grands droits et en dessous d’une ligne
joignant les deux épines iliaques antéro supérieures.
On se trouve alors dans l’espace prépéritonéal. Les viscères abdominaux sont refoulés avec le
péritoine pariétal.
Cet abord plus facile et moins risqué sur le plan neurovasculaire que l’abord transpéritonéal,
ne donne accès qu’à la partie haute du sacrum. Il peut néanmoins être bilatéral, ce qui permet
d’aborder la face antérieure du sacrum en dégageant tous les éléments pré sacrés d’un côté et
de l’autre. Cette voie donne surtout accès à la partie latérale du sacrum et à la partie contiguë
de l’aile iliaque.
3.
Voies combinées
Ce choix correspond à la réalisation d’une voie antérieure et d’une voie postérieure : elle est
surtout indiquée pour le traitement des lésions tumorales. L’incision est plus ou moins
latéralisée en fonction de la localisation de la lésion sur le sacrum.
Ce double abord est réalisé en deux temps et nécessite deux installations. ( le second temps
peut-être différé en fonction des difficultés opératoires : durée, saignement, hypothermie…)
La voie antérieure est généralement réalisée en premier lieu.
4.
Grande voie latérale
Elle est indiquée pour les lésions de la partie latérale du sacrum étendue à l’articulation sacroiliaque et à l’aile iliaque ; elle permet un abord antérieur et postérieur en un seul temps.
Installation : le patient est calé en décubitus latéral par un appui thoracique et des appuis sur
les membres inférieurs. Les appuis du bassin sont posés très bas pour ne pas gêner l’incision.
Il faut pendant l’intervention pouvoir donner du roulis à l’aide d’une table adaptée et incliner
plus ou moins latéralement le patient.
Incision : elle part du bord externe du grand droit, rejoint l’épine iliaque antérosupérieure, suit
la crête iliaque pour aller en arrière jusqu'à la ligne médiane et se continue par une voie
postérieure.
La partie antérieure de la cicatrice donne accès à la moitié antérieure du sacrum et à la partie
endopelvienne de l’aile iliaque qui peuvent être ainsi libérées et ostéotomisées.
En basculant le malade vers l’avant, la cicatrice est complétée et prolongée en arrière. Le
temps neurologique est effectué ainsi que la libération.
Cette voie peut être étendue vers le bas à la face exopelvienne de l’aile iliaque jusqu’à la
grande échancrure sciatique en contrôlant le nerf sciatique et l’artère fessière.
Pour une résection de l’aile iliaque : une grande voie latérale est indiquée. La section osseuse
est plus aisée d’avant en arrière que d’arrière en avant, mais les deux peuvent être combinés.
Il est aussi possible de passer à l’intérieur de l’articulation elle-même : en gardant un axe
oblique et non parasagittal.
5. De l’anatomie à la pratique
La situation de l’articulation met le chirurgien qui doit y avoir accès face à une situation
nécessitant un compromis :
-
d’une part un abord antérieur permet d’avoir une bonne visibilité et de bien repérer la
localisation de l’interligne antérieure, cependant les rapports antérieurs sont nombreux et
importants à respecter. L’espace pour agir est très limité.
- d’autre part, un abord postérieur possède peu de rapports vitaux, mais là, la complexité
liée à la présence et l’épaisseur des ligaments et des muscles rend difficile de localiser
avec précision l’interligne postérieur.
Dans certains cas le chirurgien pourra opter pour une voie combinée.
Lors d’une section osseuse nécessitant de passer à travers l’articulation sacro-iliaque ou tout à
proximité (en étant soit dans l’os iliaque soit dans le sacrum) une connaissance précise de
l’anatomie de l’articulation est indispensable :
- En effet les coupes perpendiculaires à l’axe du sacrum montrent que l’articulation est
oblique en arrière et en dehors dans la partie diarthrosique et oblique de façon moindre en
arrière et en dedans dans la parie syndesmophytique. Il faut donc respecter l’obliquité de
l’articulation et ne pas sectionner selon un axe parasagittal.
- De plus l’articulation sacro-iliaque est décrochée vers l’extérieur à sa partie inférieure. Or
une résection dans un contexte tumoral nécessite de couper en zone saine et, par exemple,
dans un cas où il faudrait réséquer l’aile iliaque il est important de bien couper au niveau du
sacrum et de ne pas laisser une partie d’os iliaque.
Les dissections ont mis en évidence que dans sa partie proximale, l’artère glutéale supérieure
est un rapport antérieur intime de l’articulation (pouvant servir de point de repère en avant)
mais circule plus latéralement à la partie postérieure de l’articulation.
D’autre part, concernant les techniques d’ostéosynthèse percutanée, sur le profil, la projection
de l’articulation sacro-iliaque se situe dans l’axe du fémur, ce qui peut constituer un repérage
du point d’entrée.
Enfin, la connaissance de l’anatomie de la région sacro-iliaque peut aussi permettre de
comprendre l’examen clinique. Une souffrance sacro-iliaque est généralement associée à une
fessalgie, qui doit être distinguée dans certaines manœuvres de l’examen clinique d’une
douleur sciatique ayant une origine discale.
En effet une souffrance sacro-iliaque sera associée à une inflammation de la zone. Or le nerf
glutéal supérieur passe à la partie antéroinférieure de l’articulation. C’est donc
vraisemblablement celui-ci qui innerve l’articulation sacro-iliaque. Les douleurs dans la fesse
sont des douleurs projetées.
Conclusion
Les articulations sacro-iliaques ont un rôle fonctionnel mal connu mais certainement
important puisque la pathologie sacro-iliaque est invalidante.
En outre la chirurgie sacro-iliaque est complexe : toujours indiquée dans des contextes
sévères, elle comporte des risques vitaux (du fait de son environnement en particulier
antérieur), des risques d’impotence fonctionnelle particulièrement invalidante, puisque c’est la
capacité de marcher qui est en jeu.
Cette chirurgie doit donc être fine et nécessite d’utiliser le plus de point de repères possibles,
ceux-ci peuvent néanmoins varier en fonction des individus.
Une connaissance approfondie de l’anatomie est donc particulièrement nécessaire.
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M. HAZELTINE
Guide pratique de rhumatologie. Edition Gaëtan Morin 1999
A.N. DE WOLF
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Bassin et Hanche. Edition Sauramps médical 2007
- J. MALGHEM, B. VANDE BERG, F. LECOUVET, B. MALDAGUE
Principes d’interprétation de l’imagerie des articulations sacro-iliaques (p : 51- 67)
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F. THEVENIN, R. CAMPAGNA, A. FEYDY, B. TOMENO, A. CHEVROT
Imagerie pré-opératoire des tumeurs osseuses du bassin.
Traumatismes de la ceinture pelvienne ( cotyle compris). Edition Sauramps médical 2007 :
- O. LANGERON, F. AUBRUNI, A. BIANCHI, G. DAAS, O. DUCOMBS, F. MARMION,
B. RIOU
Fractures et disjonction du pelvis : prise en charge en urgence, problèmes posées à
l’anesthésiste-réanimateur
- F. LAUDE
Techniques de réduction et du vissage ilio-sacro-iliaque par voie percutanée dans les
disjonctions sacro-iliaques et dans les fractures du sacrum
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