72 Partie II. Une g´eom´etrie naturelle
au d´epart, quelles sont ces connaissances qui, ´etant disponibles
et claires, ne doivent pas ˆetre revues dans l’imm´ediatetpeuvent
servir `a aller plus loin.
Une objection peut ˆetre que ces ´evidences, par leur grand
nombre, sont sources de confusion. ✭✭ [. . .] je ne pense pas, ´ecrit
Choquet [1964], qu’il soit d´esirable, comme l’ont pr´econis´ecer-
tains professeurs, de prendre au d´epart de tr`es nombreux axio-
mes : le jeu math´ematique bas´e sur trop de r`egles, devient com-
plexe et prend une allure de fragilit´e et d’incertitude. ✮✮ Mais le
propos de Choquet n’´etait pas d’´ecrire une g´eom´etrie naturelle.
Il proposait, pour les ´el`eves de la fin du secondaire des ann´ees
soixante, une g´eom´etrie axiomatis´ee globalement, conduisant ra-
pidement aux espaces vectoriels3. Nous voulons au contraire cher-
cher un passage naturel, une voie de moindre difficult´e, entre le
savoir g´eom´etrique familier, nullement n´egligeable, et les pre-
mi`eres propositions non ´evidentesdelag´eom´etrie.
Heureusement, ces ´evidences assez nombreuses ont entre elles
des parent´es qui permettent de les r´epartir en quelques ensembles
coh´erents. Ces regroupements nous ont fourni une r´epartition
en chapitres pour la g´eom´etrie naturelle. Voyons comment ces
chapitres ont ´et´e con¸cus.
Chaque chapitre ´evoque d’abord une “structure de base” et
traite ensuite de ph´enom`enes qui lui sont apparent´es. Nous avons
identifi´e six structures de base (voir ci-dessous), d’o`u les six cha-
pitres de cette partie.
Expliquons plus en d´etails la forme des chapitres. Dans cha-
cun d’eux, la structure de base est donc expos´ee pour commen-
cer, sous forme de quelques exp´eriences, quelques ph´enom`enes
porteurs d’´evidences intuitives (nous les appelons ph´enom`enes
de base.Lasuiteduchapitream`ened’autresph´enom`enes. Cer-
tains sont aussi ´evidents que les premiers. La plupart de ceux
qui ne sont pas ´evidents s’expliquent en prenant appui sur la
structure de base. Mais parfois, l’explication s’appuie sur une
´evidence suppl´ementaire, qui est alors ´evoqu´ee sur le tas. Bien
entendu, les explications s’appuient aussi sur des propositions
d´ej`ad´emontr´ees.
Nous avons ´ecrit ces chapitres en imaginant devant nous un
interlocuteur sens´e, susceptible d’ˆetre attentif aux donn´ees im-
m´ediates de l’environnement et n’ayant retenu que peu de choses
de la g´eom´etrie enseign´ee en primaire (par exemple, il sait recon-
naˆıtre un triangle, un rectangle,. . .). Nous imaginons – nous es-
p´erons – qu’il nous quittera en ayant compris et appris un certain
nombre de propri´et´es g´eom´etriques non ´evidentes, et aussi qu’il
aura compris comment on manœuvre pour acqu´erir de nouvelles
connaissances en g´eom´etrie ´el´ementaire.
Cette partie de notre ´etude doit ˆetre consid´er´ee comme un
3G. Papy, de son cˆot´e, a propos´e une g´eom´etrie axiomatis´ee globalement `apartirdel’ˆage de douze ans. Cf. G.
Papy [1970].