International Journal of Algebra, Vol. 6, 2012, no. 16, 775 - 798 Modules de Fractions, Sous-modules S-saturés et Foncteurs S −1 ( ) Mohamed Ben Fraj BEN MAAOUIA UFR des Sciences Appliquées et Technologie University Gaston Berger Saint-Louis (UGB) [email protected] Mamadou SANGHARE Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) [email protected] Abstract. The main results that has shown in this article are the properties of the foncteur S −1 ( ), to know that it is isomorphe to the foncteur − , that his adjoint is HomA (S −1 (A), −) and that it preserves the S −1 (A) A projectivity, the flatness ,the artinienty, the noetherienity and the simplicity of the left A -modules. 1 Introduction Dans cet article A désigne un anneau associatif unitaire non nécessairement commutatif , M désigne un A-module à gauche unitaire . Les principaux résultats qu’on a montré dans cet article sont des propriétés du foncteur −1 −1 − , que son S ( ), à savoir qu’il est isomorphe au foncteur S (A) A adjoint est HomA (S −1 (A), −) et qu’il préserve la projectivité, la platitude, l’artiniété, la noethérienité et la simplicité des A-modules à gauches. Dans cet article nous procédons comme suit: Dans la première section nous construisons l’anneau de fractions S −1 (A) et le module de fractions S −1 (M) relativement à S o? S est une partie multiplicative saturée de A vérifiant les conditions de Ore à gauche. Dans la deuxiéme section nous étudions la notion de sous - module S - 776 Mohamed Ben Fraj BEN MAAOUIA and Mamadou SANGHARE saturé d’un A - module à gauche. Nous montrons qu’il existe une bijection croissante (pour l’inclusion) de l’ensemble des sous -modules du S −1 (A) module à gauche S −1 (M) sur l’ensemble des sous - modules S - saturés du A - module à gauche M. En particulier l’ensemble des idéaux à gauche de S −1 (A) est en bijection croissante avec celui des idéaux à gauche S - saturés de A. Nous montrons aussi que si N est un sous-module de M, alors le S −1 (A)module à gauche S −1 (M/N) est isomorphe à S −1 (M)/S −1 (N) et en particulier si I est un idéal à gauche de A, alors le S −1 (A)-module à gauche S −1 (A/I) est isomorphe à S −1 (A)/S −1(I). Dans la troisième section nous construisons le foncteur covariant,aditif et exact S −1 ( ) : A − Mod −→ S −1 A − Mod .Nous montrons que le foncteur S −1 ( ) préserve la projectivité et que si S ne contient pas de diviseur de zéro alors le foncteur S −1 ( ) est fidele. Ensuite nous montrons que le foncteur −1 −1 −,que S −1 (A) est un AS ( ) est isomorphe au foncteur S (A) A module à gauche plat et que si M est un A-module à gauche plat alors S −1 (M) est un A-module à gauche plat. Nous prouvons aussi que: S −1 (M) est un S −1 (A)-module à gauche plat si et seulement si M est un A-module à gauche plat. Enfin nous montrons que le foncteur HomA (S −1 (A), −) est l’adjoint du foncteur S −1 ( ), et que S −1 ( ) préserve les propriétés d’artiniété, de noethérienité et de simplicité des A-modules à gauches. 2 Définitions et résultats préliminaires Définition 2.1. Une partie S d’un anneau A est dite multiplicative si 1A ∈ S et S est stable par multiplication c’est-à-dire pour tous x, t ∈ S, st ∈ S, une partie multiplicative S est dite saturée si pour tous s, s ∈ A, ss ∈ S implique s ∈ S et s ∈ S. Définition 2.2. Soient A un anneau et S une partie multiplicative saturée de A. Un anneau B est dit anneau de fractions relativement à S s’il existe un morphisme d’anneaux ϕ : A −→ B vérifiant : 1) ∀ s ∈ S, ϕ(s) est inversible (dans B) 2) ∀ b ∈ B, il existe a ∈ A et s ∈ S tels que b = ϕ(s)−1 ϕ(a) 3) Si ϕ(a) = 0, alors sa = 0, pour tout s ∈ S. Remarque 2.3. Le couple (B, ϕ) est dit anneau de fractions à gauche de A relativement à S, on dit alors que A admet un anneau de fractions à gauche relativement à S. Modules de Fractions, Sous-modules S-saturés 777 Remarque 2.4. Si A admet un anneau de fractions à gauche relativement à une partie multiplicative saturée alors il est unique à isomorphisme près. Notations 1) L’anneau de fraction à gauche de A relativement à S est noté par S −1 (A). 2) Le morphisme ϕ : A −→ S −1 (A) de la définition 0.2.2 est appelé morphisme canonique. a 3) Les éléments de S −1 (A) sont notés par . s Définition 2.5. Soit S une partie multiplicative saturée d’un anneau A. On dit que S vérifie les conditions de Ore à gauche si : a) ∀a ∈ A , ∀s ∈ S ils existent t ∈ S et b ∈ A tels que ta = bs (S est dit permutable à gauche) b) ∀a ∈ A, si s ∈ S tel que as = 0, alors il existe t ∈ S tel que ta = 0 (S est dit reversible à gauche) Définition 2.6. Soit A un anneau et S une partie de A. On dit que A vérifie les conditions de Ore à gauche relativement à S si S est une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Théorème 2.7. Soient A un anneau et S une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ore à gauche, M un A - module à gauche. Alors la relation binaire définie sur S × M par : (s, m) R(s , m ) si et seulement si ils existent x, y ∈ S tels que xm = ym xs = ys est une relation d’équivalence. Preuve La réflexivité et la symétrie de R sont évidentes. Il suffit donc de montrer la transitivité de R. Supposons que (s, m)R(s , m ) et (s , m )R(s , m ) alors ils existent x, y ∈ S tels que xm = ym xs = ys et ils existent x , y ∈ S tels que x m = y m x s = y s 778 Mohamed Ben Fraj BEN MAAOUIA and Mamadou SANGHARE Pour y, x ils existent p ∈ S et q ∈ A tels que px = qy et comme x ∈ S alors px ∈ S donc qy ∈ S ce qui implique que q ∈ S donc on a les implications suivantes : (px )m = (py )m px m = py m =⇒ px s = py s (px )s = (py )s =⇒ =⇒ (qy)m = (py )m =⇒ (qy)s = (py )s q(xm) = (py )m =⇒ q(xs) = (py )s a(ym ) = (py )m (px )s = (py )s (qx)m = (py )m (qx)s) = (py )s donc comme qx et py ∈ S d’o? (s, m) R(s , m ) d’o? la transitivité de la relation R. Notation : (S × M)/R est noté par S −1 (M). m ou s−1 m et en particulier les Les éléments de S −1 (M) sont notés par s a ou s−1 a. éléments de S −1 (A) sont notés par s Théorème 2.8. Soient A un anneau S une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ore à gauche et M un A - module à gauche. Alors 1◦ ) S −1 (A) est muni d’une structure d’anneau de manière que si b a et ∈ S −1 (A) alors t s xa + yb a b + = o? x, y ∈ S sont tels que t s yt zb a b × = o? (w, z) ∈ S × A t s wt 2◦ ) S −1 (M) est muni d’une structure de S −1 (A) - module à gauche de m a m m m xm + ym ∈ S −1 (A), et ∈ S −1 M alors + = manière que si t s s s s ys zm a m = o? (w, z) ∈ S × A o? x, y ∈ S sont tels que xs = ys et t s wt est tel que wa = zs. xt = ys et Preuve : Il suffit de montrer 2◦ ). Montrons que les deux opérations + et sont bien définies Comme S vérifie les conditions de Ore, ils existent x, y ∈ S tels que xs = ys donc l’opération + a un sens. Modules de Fractions, Sous-modules S-saturés 779 m m xm + ym + = est indépendant du choix de x et y s s ys dans S. Supposons qu’ils existent x , y ∈ S vérifiant x s = y s . Montrons x m + y m xm + ym = . alors que ys y s Pour x, x ∈ S ils existent b, t ∈ S tels que tx = bx et pour ty et y ∈ S ils existent b , t ∈ S tels que t ty = b y donc t tys = b y s implique t txs = b x s implique (t tx − b x )s = 0 alors d’après la 2ème condition de Ore il existe t ∈ S tel que t (t tx − b x ) = 0 ce qui implique t t tx = t b x donc xm + ym t t txm + t t tym = ys t t tys Montrons que = t b x m + t b y m x m + y m = . t b y s y s m m Donc + est indépendant du choix de x et y dans S. Il en résulte s s que si u et v ∈ S alors m1 m2 um1 vm2 + = + . s1 s2 us1 vs2 En effet, pour d, k ∈ S tels que d(us1) = k(vs2 ), on a md(um2 ) + k(vm2 ) um1 vm2 (du)m1 + (kv)m2 + = = us1 vs2 k(vs2 ) (kv)s2 m1 m2 + car (du)s1 = (kv)s2 . s1 s2 m1 m2 m1 m2 = alors, Montrons que si , , s1 s2 s1 s2 = m1 m2 m m + = 1 + 2 . s1 s2 s1 s2 Comme m m1 = 1 , ils existent x1 , y1 ∈ S tels que s1 s1 x1 m1 = y2 m1 x2 s1 = y1 s1 et comme m2 m = 2 , ils existent x2 , y2 ∈ S tels que s2 s2 x2 m2 = y2 m2 x2 s2 = y2 s2 780 Mohamed Ben Fraj BEN MAAOUIA and Mamadou SANGHARE On a donc m1 m2 xm1 + ym2 + = avec xs1 = ys2 . s2 s2 ys2 Pour x, x1 ∈ S ils existent t, b ∈ S tels que tx = bx1 et pour ty et x2 ∈ S ils existent t , b ∈ S tels que t ty = b x2 . Donc xm1 + ym2 t txm1 + t tym2 = ys2 tt ys2 t bx1 m1 + b x2 m2 = b x2 s2 t by1 m1 + b y2 m2 = b y2 s2 Posons que x = t by1 et y = b y2 il suffit de vérifier que x s1 = y s2 . On a t by1 s1 = t txs1 = t tys2 = b x2 s2 = b y2 s2 = y s2 d’o? x s1 = y s2 . Donc x m1 m + y m2 m1 m2 xm1 + ym2 = = + ys2 y s2 s1 s2 Ainsi + est bien définie. Montrons de m?me que est bien définie d’après la 1ère condition de Ore il existe (w, z) ∈ X × A tel que wa = zs zm a m = est indépendant du donc l’opération a un sens, montrons que t s wt choix de (w, z). Soit (w , z ) ∈ S × A tel que w a = z s. Montrons que z m zm = d’après la 1ère condition de Ore il existe (p, q) ∈ S × A tel que wt wt pw = qw comme w ∈ S donc pw ∈ S =⇒ qw ∈ S =⇒ q ∈ S donc pwa = qw q, on a pzs = qz s =⇒ (pz − qz )s = 0 =⇒ ∃s ∈ S tel que s (pz − qz ) = 0 =⇒ s pz = s qz . Donc on a ⎧ z m zm ⎨ (s p)(zm) = (s q)(z m) =⇒ = wt wt ⎩ (s p)(wp) = (s q)(w t) a m zm donc = ou (w, z) ∈ S × A tel que wa = zs est indépendant du t s wt a m a m , , choix de (w, z). Reste à montrer que si alors = t s t s a m a m = . t s t s Supposons que ⎧ a m zm ⎨ = avec wa = zs t s wt ⎩ a m = z m avec w a = z s t s w t Modules de Fractions, Sous-modules S-saturés 781 o? (w, z) et (w , z ) ∈ S × A. Comme wt ∈ S et w t ∈ S, alors ils existent p , q ∈ S tels que p wt = q w t . a a = , ils existent x, y ∈ S tels que xa = ya et D’autre part, comme t t xt = yt . m m = ils existent x , y ∈ S tels que x m = y m et De m?me, comme s s x s = y s . Comme (p w, x) ∈ S × S on peut trouver p , q ∈ S tels que p p w = q x. Donc q xt = q yt = p p wt = p q w t . Donc q yt − p q w t = 0. Ce qui implique (q y − p q w )t = 0 alors d’après la 2ème condition de Ore il existe r ∈ S tel que r(q y − p q w ) = 0 =⇒ rq y = rp q w , donc on a rq ra = rp q w a . De m?me comme q xt = p p wt =⇒ (q x−p p w)t = 0 il existe r ∈ S tel que r (q x − p p w) = 0 ce qui implique r q x = r p p w donc r q xa = r p p wa. Mais r q xa = r q ya donc r p p zs = r q ya (1) rq ya = rp q z s , (2) et rq ya = rp q w a donc pour r, r ∈ S ils existent r1 , r1 tels que r1 r = r1 r donc d’après (1.1) on a r1 r p p zs = r1 r q ya = r1 rq ya =⇒ r1 rp p zs = r1 rq ya et d’après (1.2) on a r1 rq ya = r1 rp q z s donc on a r1 rp p zs = r1 rp q z s . (3) D’autre part on a (r1 rp p z, x ) ∈ A × S, alors il existe (a1 , r2 ) ∈ A × S tels que r2 r1 rp p z = a2 x ce qui implique les égalités r2 r1 rp p zs = a1 x s = r2 r2 rp q z s = a1 y s 782 Mohamed Ben Fraj BEN MAAOUIA and Mamadou SANGHARE alors il existe s1 ∈ S tel que s1 r2 r1 rp p z = s1 a1 x =⇒ s1 r2 r1 rp p zm = s1 a1 x m = s1 a1 y m et il existe s1 ∈ S tel que s1 r2 r1 rp q z = s1 a1 y =⇒ s1 r2 r1 rp q z m = s1 a1 y m . Mais pour s1 , s1 ils existent s2 , s2 ∈ S tel que s2 s1 = s2 s1 . Donc s2 s1 r2 r1 rp p zm = s2 s1 a1 y m et = s2 s1 a1 y m s2 s1 r2 r1 rp q z m =⇒ s2 s1 r2 r1 rp q z m = s2 s1 a1 y m Donc s2 s1 r2 r1 rp p zm = s2 s1 r2 r1 rp q z m et on a p wt = q w t ce qui implique s2 s1 r2 r1 rp p wt = s2 s1 r2 r1 rp q w t , posons alors que X = s2 s1 r2 r1 rp p et Y = s2 s1 r2 r1 rp q donc on a XZm = Y z m XW t = Y W t Z m Zm = d’o? . Wt W t Ainsi est bien définie. Proposition 2.9. Soient A un anneau, S une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ore à gauche et M un A - module à gauche. Alors iSM : M −→ S −1 (M) m m −→ 1 est un homomorphisme de A - modules à gauche. Il est dit morphisme canonique. Théorème 2.10. Soient A un anneau et S une partie multiplicative saturée. Alors A admet un anneau de fractions si et seulement si S vérifie les conditions de Ore à gauche. Modules de Fractions, Sous-modules S-saturés 783 Preuve Si S est une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ore à gauche , alors d’après ce qui précède le couple (S −1 (A), iSA ) est un anneau de fraction à gauche de A relativement à S. Supposons que A admet un anneau de fraction relativement à S et montrons que S vérifie les conditions de Ore à gauche. Soient a ∈ A et s ∈ S alors ϕ(a) ϕ(s)−1 ∈ S −1 (A) (o? ϕ est le morphisme canonique) donc ils existent t ∈ S et b ∈ A tels que ϕ(a) ϕ(s)−1 = ϕ(t)−1 ϕ(b) ce qui implique que ϕ(ta−bs) = 0 alors pour tout r ∈ S r(ta−bs) = 0 et en particulier pour r = 1 donc ta = bs d’o? S est permutable à gauche. Montrons que S est réversible à gauche soient a ∈ A et s ∈ S tels que as = 0, alors ϕ(a) ϕ(s) = ϕ(0) = 0 et comme ϕ(s) est inversible donc ϕ(a) = 0 d’o? il existe t ∈ S tel que ta = 0. Ainsi S est réversible à gauche, d’o? le résultat. 3 Sous modules S-saturés Proposition 3.1. Soient M un A - module à gauche, N un sous - module de M et S une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ores à gauche. Alors S −1 (N) est un sous module de S −1 (M). Preuve Clair (évident) car S −1 (N) est une partie de S −1 (M) et S −1 (N) est un −1 S (A) - module à gauche donc S −1 (N) est un sous - module de S −1 (M). Définition 3.2. Soient M un A - module à gauche et S une partie multiplicative saturée de A qui vérifie les conditions de Ore à gauche. On dit que le sous - module N de M est saturé à gauche pour S dans M si on a pour tout s ∈ S, ∀x ∈ M (sx ∈ N) implique (x ∈ N). On dit aussi que N est S - saturé dans M. Proposition 3.3. Soient M un A - module à gauche, N un sous - module de M et S une partie multiplicative saturée de A qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors N est S- saturé dans M si et seulement si il existe un sous - module N du S −1 (A) - module S −1 (M) tel que N = (iSM )−1 (N ). Preuve : Condition suffisante. Supposons qu’il existe N un sous - module de S −1 (M) tel que N = S −1 (iM ) (N ). Montrons que si sx ∈ N o? s ∈ S et x ∈ M alors x ∈ N. On a sx 1 sx sx = iSM (sx) ∈ N donc ∈ N =⇒ ∈ N (car il suffit de prendre le 1 s 1 s 784 Mohamed Ben Fraj BEN MAAOUIA and Mamadou SANGHARE couple (w, z) ∈ S × A avec w = 1 et z = 1. x ∈ N On a 1 × 1 = 1 × 1 =⇒ (wa = zs) d’o? 1 =⇒ iSM (x) = x ∈ N =⇒ x ∈ (iSM )−1 (N ) = N. 1 d’o? N est S - saturé. Condition nécessaire : il suffit de montrer que N = (iSM )−1 (S −1 N). En effet x ∈ S −1 (N). Donc ils existent y ∈ N et on a x ∈ (iSM )−1 (S −1 N) ⇐⇒ 1 x y t ∈Stelsque = =⇒ ils existent y ∈ N, t, t1 , t2 ∈ S tels que 1 t t1 x = = t2 y = t2 t t1 x1 t2 tx ∈ N =⇒ x ∈ N car N est S - saturé d’o? (iSM )−1 (S −1 N) ⊂ N et d’autre part (iSM (N) ⊂ S −1 (N) =⇒ N ⊂ (iSM )−1 (S −1 N) d’o? l’égalité N = (iSM )−1 (S −1 (N)). Donc il suffit de prendre N = S −1 (N). Proposition 3.4. Soient M un A - module à gauche et S une partie multiplicative saturée à gauche. Soit N un sous - module du S −1 (A)- module S −1 (M), alors S −1 ((iSM )−1 (N)) = N. Preuve Montrons que S −1 ((iSM )−1 (N)) ⊂ N. x x ∈ S −1 ((iSM )−1 (N)) =⇒ x ∈ (iSM )−1 (N) et s ∈ S donc ∈ N or Soit s 1 x 1 x = ∈ N car N est un sous -module de S −1 (M) (en tant que S −1 (A) s s 1 - module). D’o? S −1 ((iSM )−1 (N)) ⊂ N. x avec x ∈ M et s ∈ S Inversement un élément de N est de la forme s x s x donc = ∈ N donc 1 1 s x ∈ (iSM )−1 (N) =⇒ x ∈ S −1 ((iSM )−1 (N)) d’o? N ⊂ S −1 ((iSM )−1 (N)). s Ainsi on a l’égalité N = S −1 ((iSM )−1 (N)). Corollaire 3.5. Soient A un anneau et S une partie multiplicative saturée de A qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Soit I un idéal de S −1 (A). Alors I = S −1 ((iSA )−1 (I)). Modules de Fractions, Sous-modules S-saturés 785 Théorème 3.6. Soient M un A - module à gauche et S une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors il existe une bijection croissante (pour l’inclusion) de l’ensemble des sous - modules du S −1 (A) - module S −1 (M) sur l’ensemble des sous - modules du A - module M S-saturé. Preuve Notons E l’ensemble des sous - modules du S −1 (A) - module à gauche −1 S (M) et E l’ensemble des sous - modules du A - module à gauche. M S-saturé et considérons la correspondance ϕ : E −→ E N −→ (iSM )−1 (N) c’est évident que ϕ est une application. Montrons alors que ϕ est une bijection. Montrons que ϕ est injective d’après la preuve de la proposition précédente. Si N ∈ E alors S −1 ((iSM )−1 (N)) = N donc pour tout N1 , N2 ∈ E si ϕ(N1 ) = ϕ(N2 ) alors (iSM )−1 (N1 ) = (iSM )−1 (N2 ) donc S −1 ((iSM )−1 (N1 ) = S −1 ((iSM )−1 (N2 )) =⇒ N1 = N2 . D’o? ϕ est injective. Montrons que ϕ est sujective. Soit N un sous - module S - saturé du A - module M(N ∈ E ). Alors il existe un sous - module N du S −1 (A) - module S −1 (M) (N ∈ E) tel que N = (iSM )−1 (N) ce qui prouve que ϕ est surjective et comme elle est injective donc elle est bijective d’o? le résultat. Restte à montrer que ϕ est croissante. Soient N1 et N2 ∈ E tels que N1 ⊂ N2 , montrons que ϕ(N1 ) ⊂ ϕ(N2 ), soit x ∈ ϕ(N1 ) =⇒ x ∈ (iSM )−1 (N1 ) =⇒ x ∈ (iSM )−1 (N2 ) . =⇒ x ∈ ϕ(N2 ) ainsi ϕ(N1 ) ⊂ ϕ(N2 ) Donc ϕ est une bijection croissante. Corollaire 3.7. Soient A un anneau et S une partie multiplicative de A qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors il existe une bijection croissante de l’ensemble des idéaux à gauche de S −1 (A) sur l’ensemble des idéaux à gauche de A S-saturé. 786 Mohamed Ben Fraj BEN MAAOUIA and Mamadou SANGHARE Théorème 3.8. Soient M un A - module à gauche N un sous - module de M et S une partie multiplicative saturée de A qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors le S −1 (A) - module S −1 (M/N) est isomorphe à S −1 (M)/S −1 (N). Preuve Soit ψ : S −1 (M/N) −→ S −1 (M)/S −1 (N) m̄ m −→ s s m̄ m̄ ∈ S −1 (M/N) tels Montrons que ψ est bien définie. Soient et s s m̄ m̄ que = alors ils existent x, y ∈ S tels que s s xm − ym ∈ N xm̄ = y m̄ =⇒ xs = yt xs = ys donc alors xm − ym m m ∈ S −1 (N) =⇒ − ∈ S −1 (N) xs s s m̄ m̄ m m − = 0̄ =⇒ = s s s s d’o? ψ est bien définie. Montrons maintenant que ψ est un morphisme de m̄ m̄ a , ∈ S −1 (M/N) et ∈ S −1 (A). On a : S −1 (A) - modules. Soient s s t xm̄ + y m̄ m̄ m̄ + =ψ ∗ψ avec x, y ∈ S tels que s s xs xm + ym m m m̄ m̄ + = = + xs = ys donc ψ s s xs s s m̄ m̄ m̄ m̄ + =ψ = +ψ s s s s a m̄ z m̄ ∗ψ =ψ avec (w, z) ∈ S × A tel que t s wt zm a m a m̄ = = wa = zs donc ψ t s wt t s a m̄ a m̄ = ψ = t s t s Modules de Fractions, Sous-modules S-saturés 787 ∗ Montrons que ψ est bijective. Soit m̃ m m m̄ ∈ Ker ψ =⇒ ψ = = 0̄ =⇒ ∈ S −1 (N) =⇒ m ∈ N s s s s m̄ = 0̄ =⇒ ψ est injective et c’est clair que ψ est surjective donc ψ s est bijective. Ainsi ψ est un isomorphisme de S −1 (A) - modules. donc Corollaire 3.9. Soient A un anneau, I un idéal à gauche de A et S une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors le S −1 (A) - module à gauche S −1 (A/I) est isomorphe au S −1 (A) - module à gauche S −1 (A)/S −1 (I). 4 Foncteur S −1 ( ) Théorème 4.1. Soient A un anneau, S une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ore à gauche et M un A - modules à gauche. Alors −→ S −1 (M ) S −1 (f ) : S −1 (M) f (m) m −→ s s est un morphisme de S −1 (A) - modules et on a le diagramme commutatif suivant f - M M iS M iS M ? S −1 (M) S −1 (f ) - ? S −1 (M ) Théorème 4.2. Soient A un anneau et S une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors la relation S −1 ( ) : A − Mod −→ S −1 A − Mod qui a tout M ∈ A − Mod fait correspondre S −1 M et à tout morphisme de A-module à gauche f : M −→ M fait correspondre S −1 f est un foncteur covariant additif. Preuve a) Soient f : M −→ M et g : M −→ M deux morphismes de A - modules à gauche ; montrons que S −1 (g ◦ f ) = S −1 (g) ◦ S −1 (f ). m ∈ S −1 (M), alors Soit s 788 Mohamed Ben Fraj BEN MAAOUIA and Mamadou SANGHARE S −1 m (g ◦ f ) s f (m) g(f (m)) g ◦ f (m) −1 = = S (g) = s s s m = S (g) S (f ) s m = S −1 (g) ◦ S −1 (f ) s −1 −1 d’o? S −1 (g ◦ f ) = S −1 (g) ◦ S −1 (f ). b) Montrons que S −1 (1M ) = 1S −1 (M ) o? −→ M . m −→ m m m m 1M (m) −1 −1 ∈ S (M) donc S (1M ) = = s s s s m m −1 =⇒ S (1M ) = 1S −1 (M ) =⇒ S −1 (1M ) = 1S −1 (M ) s s 1M : M Soit c) Soient M, M deux A - modules à gauche et f1 , f2 deux morphismes de A - modules à gauche de M dans M. m (f1 + f2 )(m) m ∈ S −1 (M), S −1 (f1 + f2 ) = Soit s s s f1 (m) f2 (m) f1 (m) + f2 (m) m m −1 −1 = + = S (f1 ) = + S (f2 ) . s s s s s Ainsi d’après a) b) et c) S −1 ( ) est un foncteur covariant additif. Théorème 4.3. Soient A un anneau et S une partie multiplicative saturée de A qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors le foncteur S −1 ( ) : A − Mod −→ S −1 (A) − Mod est covariant, additif et exact. Preuve D’après le théorème précédent, le foncteur S −1 ( ) est covariant et additif reste à montrer qu’il est exact. f g Soit 0 −→ M −→ M −→ M −→ 0 une suite exacte courte de A modules à gauche. Montrons que la suite : S −1 (f ) S −1 (g) 0 −→ S −1 (M ) −→ S −1 (M) −→ S −1 (M ) −→ 0 est une suite exacte courte de S −1 (A) - modules Modules de Fractions, Sous-modules S-saturés 789 a) Montrons que S −1 (f ) est un monomorphisme. m f (m ) 0 m −1 −1 = Soit ∈ S (M ) tel que S (f ) = 0S −1 (M ) alors ce s s s 1 qui implique, ils existent x, y ∈ S tel que xf (m ) = M et xs = y implique que f (xm ) = 0M . Comme f est un monomorphisme alors xm = 0M alors xm 0M = = 0S −1 (M ) . xs xs f (m ) = 0S −1 (M ) d’o? S −1 (f ) est un monomorphisme. s b) Montrons que S −1 (g) est un épimorphisme. m Soit ∈ S −1 (M ) =⇒ m ∈ M et comme g est un épimorphisme s donc il existe m ∈ M tel que f (m ) g(m) f (m ) f (m ) −1 = =⇒ S (g) g(m) = m =⇒ = s s s s Donc ainsi S −1 (g) est un épimorphisme. c) Montrons que Ker S −1 (g) = Im S −1 (f ). - Montrons que Ker S −1 (g) ⊂ Im S −1 (f ). OM m g(m) m −1 −1 ∈ Ker S (g) =⇒ S (g) = OS −1 (M ) =⇒ = Soit s s s 1 alors ils existent x, y ∈ S tel que x g(m) = OM et xs = y =⇒ g(xm) = OM donc xm ∈ Kerg f (m ) = xm donc alors xm ∈ Imf donc il existe m ∈ M tel que xm m f (m ) = = =⇒ S −1 (f ) xs xs s m xs m = s m ∈ Im S −1 (f ). Ainsi Ker S −1 (g) ⊂ Im S −1 (f ). s - Montrons que Im S −1 (f ) ⊂ Ker S −1 (g). m m ∈ Im S −1 (f ) et soit ∈ S −1 (M ) tel que Soit s s m m m m −1 −1 −1 −1 S (f ) = =⇒ S (g) ◦ S (f ) = S (g) s s s s m m =⇒ S −1 (g ◦ f ) = S −1 (g) s s g(m) m g ◦ f (m ) −1 =⇒ S (g) = OS −1 (M ) = =⇒ s s s m ∈ Ker S −1 (g). =⇒ s donc 790 Mohamed Ben Fraj BEN MAAOUIA and Mamadou SANGHARE Donc Im S −1 (f ) ⊂ Ker S −1 (g). Ainsi Im S −1 (f ) = Ker S −1 (g). Il en résulte que la suite S −1 (f ) S −1 (g) 0 −→ S −1 (M ) −→ S −1 (M) −→ S −1 (M ) −→ 0 est exacte. D’o? le foncteur S −1 ( ) est exact. Corollaire 4.4. Soit S une partie multiplicative saturée de A qui vérifie les conditions de Ore. Alors S −1 ( ) est un : 1◦ )Monofoncteur c’est à dire si f est un monomorphisme de A − Mod alors S −1 (f ) est un monomorphisme de S −1 (A) − Mod. 2◦ ) Epifoncteur c’est-à-dire si f est un épimorphisme de A − Mod alors S −1 (f ) est un épi de S −1 (A) − Mod. Théorème 4.5. Soient A un anneau et S une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors le foncteur S −1 ( ) préserve la projectivité. C’est-à-dire si M est A - module à gauche projectif alors S −1 (M) est un S −1 (A) - module à gauche projectif. Preuve : Soit M un A - module à gauche projectif. Montrons que S −1 (M) est un S −1 (A)-module à gauche projectif. Soient f : M1 −→ M2 −→ 0 un épimorphisme de S −1 (A) - module à gauche et g : S −1 (M) −→ M2 un morphisme de S −1 (A) - modules à gauche. Alors comme M est projectif il existe un morphisme de A - modules h : M −→ M1 tel que f ◦ h = g ◦ iM montrons que f ◦ S −1 (h) = ) = g. Soit ms ∈ S −1 (M) alors f ◦ S −1 (h)( ms ) = f (S −1 (h)( ms )) = f ( h(m) s 1 1 1 1 m 1 m m S f (h(m)) = s f ◦ h(m) = s g ◦ iM (m) = s g( 1 ) = g( s . 1 ) = g( s ) donc f ◦ s S −1 (h) = g ce qui prouve que S −1 (M) est un S −1 (A) module à gauche projectif. Théorème 4.6. Soit S une partie multiplicative saturée de A qui ne contient pas de diviseurs de zéro et qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors le foncteur S −1 ( ) est fidèle. Preuve : Il suffit de montrer que l’application OM,M : HomA (M, M ) −→ HomS −1 (A) (S −1 (M), S −1 (M )) f −→ S −1 (f ) est injective. Soient f, g ∈ HomA (M, M ) tels que S −1 (f ) = S −1 (g) montrons que f = g. m m ∈ S −1 (M) on a S −1 (f ) = S −1 (f ) = S −1 (g) alors pour tout s s Modules de Fractions, Sous-modules S-saturés m s f (m) g(m) =⇒ = s s 791 S −1 (g) ils existent x, y ∈ S tels que x f (m) = y g(m) xs =y s Comme S ne contient pas de diviseurs x = y =⇒ f (m) = g(m), ∀m ∈ M. =⇒ f = g =⇒ OM,M est injective d’o? S −1 ( ) est fidèle. Théorème 4.7. Soient A un anneau et S une partie multiplicative saturée de A qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors le foncteur S −1 ( ) .− est isomorphe au foncteur S −1 (A) A Preuve Il s’agit de montrer qu’il existe un isomorphisme fonctoriel φ : S −1 ( ) −→ S −1 (A) .− A Soit M un A - module à gauche, alors on a −1 −1 U M : S (A) × M −→ S (M) am a ,m −→ s s est A - bilinéaire, donc d’après la propriété universelle du produit tensoriel, il −1 existe un homomorphisme de groupe U M : S (A) M −→ S −1 (M) défini par UM ai ⊗ mi si A = ai mi . si Donc il suffit de montrer que U M est bijectif. m ∈ S −1 (M), on a a) U M est surjectif : car pour s 1 m ⊗m = UM s s ai ⊗ xi un élement de S −1 (A) M. On a b) U M est injectif. Soit si A 1 ai 1 ⊗ xi ai mi = ⊗ xi ai mi ⊗ mi = si s s 792 o? Mohamed Ben Fraj BEN MAAOUIA and Mamadou SANGHARE s= si et xi = s−1 si ∈ S. Donc tout élément de S −1 (A) M est A de la forme 1 ⊗ Y o? Y ∈ M et s ∈ S. s Y 1 ⊗ Y ∈ Ker U M revient à dire que = OS −1 (M ) , ils s s existent x, x ∈ S tels que Donc dire que 1 1 ⊗Y = ⊗ xY = 0. s sx xY = 0 et xs = x d’o? Il en résulte que Ker U M = 0. Ainsi U M est bijectif. On peut donc prendre φM = U M . Donc on a montré que pour tout A - module M il existe un isomorphisme −1 −1 φM : S (M) −→ S (A) M. A Soit f : M −→ M un morphisme de A - module. Alors le diagramme suivant est commutatif : S −1 φM (M) - M S −1 (A) A 1S −1 (A) ⊗f S −1 (f ) S −1 ? ? φM - (M ) S −1 (A) M A m m −1 ∈ S (M), 1S −1 (A) ⊗ f ◦ φM Soit s s 1 1 ⊗ m = ⊗ f (m) = 1S −1 (A) ⊗ f s s et φM ◦ S −1 m (f ) s = φM f (m) s = 1 ⊗ f (m) s donc le diagramme est commutatif d’o? S −1 ( ) est isomorphe à S −1 (A) A Corollaire 4.8. Soient A un anneau et S une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors S −1 (A) est un A - module plat. Modules de Fractions, Sous-modules S-saturés 793 Preuve f g Soit 0 −→ M −→ M −→ M −→ 0 une suite exacte courte de A - modules à gauche. Alors d’après ce qui précède le diagramme suivant est commutatif et à lignes exactes. - 0 S −1 (M ) S −1 (f ) - S −1 (M) φM - 0 S (A) M - S −1 (M ) ? - A S −1 (A) M A 0 - 0 ? - S −1 (A) M A ainsi S −1 (A) est A - module plat. Corollaire 4.9. Soient A un anneau, S une partie multiplicative saturée de A qui vérifie les conditions de Ore à gauche et M un A - module à gauche plat alors S −1 (M) est A - module à gauche plat. Preuve f Soit 0 −→ M1 −→ M2 un monomorphisme de A - modules à droite. Alors comme M est plat donc 0 −→ M M1 −→ M M2 est un monomorA A −1 −1 M M1 −→ S (A) M M2 , est un phisme, alors 0 −→ S (A) A A A A M1 −→ monomorphisme de A - modules à gauche, donc 0 −→ S −1 (M) A M2 est un monomorphisme, ainsi S −1 (M) est un A-module à S −1 (M) A gauche plat. Théorème 4.10. Soient A un anneau, S une partie multiplicative saturée de A qui vérifie les conditions de Ore à gauche et à droite et M un A - module à gauche. Alors M est plat si et seulement si S −1 (M) est un S −1 (A) - module plat. Preuve Montrons que si S −1 (M) est un S −1 (A) - module à gauche plat alors M est un A - module à gauche plat. Supposons que S −1 (M) est un S −1 (A) - module à gauche plat. Soit f 0 −→ M1 −→ M2 est un monomorphisme de A - module à droite alors S −1 (f ) - φM φM ? −1 S −1 (g) 0 −→ S −1 (M1 ) −→ S −1 (M2 ) est un monomorphisme de S −1 (A) - modules 794 Mohamed Ben Fraj BEN MAAOUIA and Mamadou SANGHARE à droite et comme S −1 (M) est un S −1 (A) - module plat alors la suite : 1⊗S −1(f ) S −1 (M1 ) −→ S −1 (M) S −1 (M2 ) 0 −→ S −1 (M) S −1 (A) S −1 (A) est exacte c’est-à-dire que 1 S −1 (f ) est un monomorphisme. Montrons S −1 (A) que la suite 0 −→ M 1 f A M1 −→ M M2 A S −1 (A) est exacte c’est-à-dire que 1 f est un monomorphisme. A yi un élément de M M1 tel que Soit xi A A (1 f )( xi yi = 0 =⇒ xi f (yi ) = 0 A A A xi yi =0 ce qui implique 1 A 1 xi yi xi yi −1 −1 =⇒ S (f ) S (f ) = 0 =⇒ 1 =0 1 −1 1 1 A 1 −1 S or 1 (A) S (A) xi yi = 0 ce qui 1 1 S −1 (f ) est un monomorphisme donc S −1 (A) implique que xi yi 1 1 A = 0 =⇒ xi yi = 0 A d’o? le résultat. Soit M un A - modules à gauche plat. Montrons que S −1 (M) est un f S −1 (A) - module à gauche plat. Soit 0 −→ M1 −→ M2 un monomorphisme de S −1 (A) - modules à droite. Montrons que 0 −→ S −1 (M) M1 −→ S −1 (M) M2 S −1 (A) est un monomorphisme. Soit S −1 (A) xi ⊗ yi un élément de S −1 (M) M1 si −1 S tel que xi f ⊗ yi = 0. 1S −1 (M ) si −1 S (A) (A) Modules de Fractions, Sous-modules S-saturés Alors xi ⊗ f (yi) = 0, donc 795 xi ⊗ f (yi) 1 =0 si si 1 1 = 0 c’est à dire ce qui implique xi ⊗ f yi si 1 xi ⊗ yi = 0. (1M ⊗ f ) si Comme M est plat donc 1M ⊗ f est un monomorphisme de A-modules à gauche donc xi 1 xi ⊗ yi = 0 ce qui implique ⊗ yi = 0. Ainsi 1S −1 (A) ⊗ f est un si si monomorphisme de S −1 (A)-modules à gauches et par suite S −1 (M) est un S −1 (A) - module plat. Corollaire 4.11. Soient A un anneau et S une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors le foncteur S −1 ( ) conserve la platitude. Lemme 4.12. Soient M et M deux A - modules à gauche et S une partie multiplicative saturée de A qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors il existe un isomorphisme M, M ) φM,M : HomA (S −1 (A) ⏐ ⏐ ⏐ A HomA (M, HomA (S −1 (A), M )). Preuve On définit φM,M de la manière suivante : M, M ) −→ HomA (M, HomA (S −1 (A), M )) φM,M : HomA (S −1 (A) A −→ HomA (S −1 (A), M ) m −→ φt (m) : S −1 (A) −→ M . a a −→ t( ⊗ m) s s φM,M est un isomorphisme qui est un cas particulier du théorème d’isomorphismes adjoints. t −→ φt : M Corollaire 4.13. Soient M, M deux A - modules à gauche et S une partie multiplicative saturée de A qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors il existe un isomorphisme φM,M : HomA (S −1 (M), M ) −→ HomA (M, HomA (S −1 (A), M )). 796 Mohamed Ben Fraj BEN MAAOUIA and Mamadou SANGHARE Preuve Il suffit de remarquer que S −1 (A) M est isomorphe à S −1 (M). A Théorème 4.14. Soient A un anneau et S une partie multiplicative saturée de A qui vérifie les conditions de Ore à gauche. Alors les foncteurs S −1 ( ) et HomA (S −1 (A), −) sont adjoints. Preuve Pour tout M, M on a un isomorphisme φM,M : HomA (S −1 (M), M ) −→ HomA (M, HomA (S −1 (A), M )). Alors on a : i) Soit f1 : M1 −→ M un morphisme de A - modules à gauche alors le diagramme est commutatif suivant : Hom(f1 ,HomA (S −1 (A),M )) - Hom (M , Hom(S −1 (A), M)) A 1 HomA (M, Hom(S −1 (M), M ) φ−1 M ,M φ−1 M,M 1 ? HomA (S −1 (M), M ) Hom(S −1 (f1 ),M ) - ? HomA (S −1 (M1 ), M ) ii) Soit f2 : M −→ M2 un morphisme de A - modules à gauche, alors on a le diagramme commutatif suivant : Hom(M,Hom(S −1 (A),f2 )) - Hom (M, Hom (S −1 (A), M )) A A 2 HomA (M, Hom(S −1 (M), M ) φ−1 M,M ? HomA (S −1 φ−1 M,M (M), M ) Hom(S −1 (M ),f2 ) - 2 ? HomA (S −1 (M), M2 ) Donc d’après i) et ii) les foncteurs S −1 ( ) et HomA (S −1 (A), −) sont adjoints. Théorème 4.15. Soient A un anneau, S une partie multiplicative saturée qui vérifie les conditions de Ore, alors le foncteur S −1 ( ) préserve les propriétés d’artiniété, de noethérienité et de simplicité. Modules de Fractions, Sous-modules S-saturés 797 Preuve : supposons que M est un A-module à gauche artinien soit: ... ⊂ Nn+1 ⊂ Nn ... ⊂ N1 ⊂ N0 une suite décroissante de sous-modules du S −1 (A)module à gauche S −1 (M),alors posons Nn = (iSM )−1 (Nn ) donc on obtient la suite décroissante ... ⊂ Nn+1 ⊂ Nn ... ⊂ N1 ⊂ N0 de sous-modules de M alors il existe n0 tel que Nn 0 +i = Nn 0 pour tout i donc S −1 (Nn 0 +i ) = S −1 (Nn 0 ) et d’après la proposition 0.3.4 on a Nn0 +i = Nn0 pour tout i ce qui prouve que S −1 (M) est artenien d’o? le foncteur S −1 ( ) préserve l’arteriénité et on montre de la m?me manière que S −1 ( ) préserve la notheriénité et la simplicité References [1] ANDERSON, F. W. and FULLER, K. R. : Rings and categories of modules. New York, Springer - Verlag (1973). [2] ATIYAH M. F., FRS I. G. MACDONALD (University of OXFORD : Introduction to commutative algebra, Addison - Wesley Publishing Company. 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