Cognition

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Psychologie Sociale CM
Définition et histoire
I.1. DEFINITIONS
I.1.A) INDIVIDUS VS SOCIETE
Deux mondes étrangers ?
Individu = organisme ou psychisme = unique.
Société = institutions, Etat, les « autres ».
Individu = objet d’étude de la psychologie.
Société = objet d’étude de la sociologie.
I.1.B) CE QUE LA PSYCHOLOGIE SOCIALE N’EST PAS...
L’intersection entre la psychologie et la sociologie.
Une psychologie « socialisée ».
Une sociologie « psychologisée ».
Une simple question de nombre d’individus (psychologie : « 1 », psychologie sociale :
« quelque », sociologie : « grand nombre »).
I.1.C) LA PSYCHOLOGIE SOCIALE
« Science du comportement social, c'est-à-dire celui qui implique une référence à d'autres
personnes et qui se manifeste dans toutes les situations où le sujet se trouve en face d'autrui, ou
encore le comportement qui, bien que se produisant en l'absence d'autrui, en subit néanmoins
l'influence » (Krech et Crutchfield, 1948).
« Tend à comprendre et à expliquer comment les pensées, les sentiments, les comportements
moteurs des êtres humains sont influencés par un autrui réel, imaginaire ou implicite » (Allport,
1968).
« Est une discipline où l'on étudie de façon systématique les interactions humaines et leurs
fondements psychologiques » (Gergen et Gergen, 1984).
« L'étude scientifique de la façon dont les gens se perçoivent, s'influencent et entrent en relation
les uns avec les autres » (Myers et Lamarche, 1992).
« La psychologie sociale est le domaine d'étude scientifique qui analyse la façon par laquelle nos
pensées, nos sentiments et comportements sont influencés par la présence imaginaire, implicite
ou explicite des autres, par leurs caractéristiques et par les divers stimuli sociaux qui nous
entourent et qui, de plus, examine comment nos propres composantes psychologiques
personnelles influent sur notre comportement social » (Vallerand, 1994).
« L'étude des phénomènes sociaux définis par la nature toujours problématique des relations qui
se jouent entre individu et société» (Fischer, 1987).
« S'intéresse, quels que soient les stimuli ou les objets, à ces événements psychologiques
fondamentaux que sont les comportements, les jugements, les affects et les performances des
êtres humains en tant que ces êtres humains sont membres de collectifs sociaux ou occupent des
positions sociales (en tant donc que leurs comportements, jugements, affects et performances
sont en partie tributaires de ces appartenances et positions) » (Beauvois, 1998).
Eugene Hartley : « La psychologie sociale est la branche des sciences sociales qui cherche à
comprendre le comportement individuel dans le contexte de l'interaction sociale ».
Otto Klineberg : « La psychologie sociale peut être définie comme l'étude des activités de
l'individu en tant qu'il est influencé par d'autres individus... Ces « autres » peuvent agir soit
directement par leur présence dans l'entourage immédiat de l'individu, soit indirectement, à
travers des modes de conduite qui sont traditionnels ou auxquels on s'attend, et qui influencent
l'individu même quand il est seul ».
I.1.D) LE REGARD PSYCHOSOCIAL
Objet (physique, social, imaginaire ou réel)
Ego
Alter
Concevoir la spécificité de la psychologie sociale en fonction d'un regard ternaire plutôt qu'en
référence à un territoire.
Objet (physique, social, imaginaire ou réel)
Interaction
Représentation
Ego
Communication
Alter (ego, groupe)
« Commençons par la manière dont le psychologue et souvent le sociologue envisagent les faits.
Ils utilisent d'habitude une grille de lecture binaire. Elle correspond à la séparation du sujet et de
l'objet, qui sont donnés et définis indépendamment l'un de l'autre.
Le psychologue notamment pose d'un côté "l'ego" (l'individu, l'organisme) et de l'autre
"l'objet"(...). On retrouve à peu près le même schéma du côté de la sociologie. A ceci près que le
sujet n'est plus un individu mais une collectivité (le groupe, la classe sociale, l'Etat, etc.).
Quant à l'objet, lui aussi a une valeur sociale, il représente un intérêt ou une institution. En outre,
il est parfois constitué d'autres personnes, d'autres groupes, formant ce qu'on appelle un
environnement humain. (...) le regard psychosocial (...) se traduit par une lecture ternaire des
faits et des relations. Sa particularité est de substituer à la relation à deux termes du sujet et de
l'objet, héritée de la philosophie classique, une relation à 3 termes : Sujet individuel - Sujet social
- Objet. Pour m'exprimer d'une manière différente, Ego - Alter - Objet, différencié s'entend. »
Serge MOSCOVICI, 1984
I.1.E)
LES QUATRES NIVEAUX D’ANALYSE (DOISE, 1982)
∞ Niveau intra-individuel : comment les individus organisent-ils leur expérience ?
∞ Niveau des processus interindividuels et situationnels. Les phénomènes psychologiques sont
générés par des relations interindividuelles de coordination, des confrontations. Selon la position
qu'un individu occupe au sein d'un groupe, la satisfaction éprouvée, les phénomènes de
communication, par exemple, seront différents.
∞ Niveau positionnel. Prendre en compte des systèmes de classification produits par la société
(origine ethnique, statut social par exemple) existant dans une société donnée et antérieurement
aux situations étudiées.
∞ Niveau idéologique qui prend en compte les normes sociales, les valeurs, les croyances
partagées au sein d'une société.
I.2. HISTOIRE
I.2.A) UN PRECURSEUR : NORMAN TRIPLETT
La première étude expérimentale en psychologie sociale fut réalisée par Triplett en 1897.
L’ignorance des faits historiques peut conduire à des interprétations erronées ou à des reprises
inutiles (…). C’est le cas de certains auteurs qui font remonter à Triplett (1897) la première
expérience de psychologie sociale alors que les travaux dans cette perspective font état
d’expérimentations antérieures dues à Ringelmann (ou Ringelman, selon certains auteurs) vers
les années 1885.
I.2.B) DATES ET FAITS IMPORTANTS
1890 : en France paraissent Les lois de l'imitation de Gabriel Tarde
1895 : en France paraît la Psychologie des foules de Gustave Le Bon.
1898 : en France parait un autre livre de Tarde : Etudes de Psychologie Sociale
1902 : en Italie paraît Psicologia Sociale d'Orano.
1908 : aux Etats-Unis paraissent simultanément deux livres :
-
Introduction to Social Psychology, l'un écrit par un psychologue, William McDougall
Social Psychology par un sociologue, Edward A. Ross
1944 : 1ère Chaire de Psychologie Collective au Collège de France - Maurice Halbwachs
1947 : création d’une Licence de Psychologie à la Sorbonne
-
Un certificat s’intitule « Psychologie de la Vie Sociale »
I.2.C) LES PHASES D’HISTOIRE DE LA PSYCHOLOGIE SOCIALE




Les années 30 :
o Thurstone, Likert, Sherif,
o Développement de la méthodologie,
o Mesure des attitudes.
Les années 1940 à 1960 :
o Seconde guerre mondiale,
o Lewin, Adorno, Heider,
o Avancées statistiques.
Les années 60-70 :
o Explosion de thèmes novateurs et champs nouveaux,
o Crise de confiance.
Les années 70 à 2000 :
o Réflexions sur les enjeux épistémologiques,
o Arrivée des nouvelles technologies,
o Psychologie sociale « dite » appliquée.
I.2.D) FIGURES HISTORIQUES/ NOTIONS DE BASE
Gabriel de Tarde : l’imitation et l’invention.
Gustave Le Bon : l’âme des foules.
Emile Durkheim : la société est irréductible aux individus qui la composent.
William McDougall : le rôle des instincts.
George Herbert Mead : intérioriser les rôles sociaux (je/moi).
Ralph Linton : la personnalité de base.
II. THEORIES ET APPLICATIONS EN PSYCHOLOGIE SOCIALE
II.1.
NOTIONS D’EPISTEMOLOGIE
II.1.A) PARADIGME
Un paradigme est « une matrice disciplinaire » ou « corps caractéristiques de croyances et de
conceptions qui comprennent tous les engagements partagés d'un groupe scientifique » (Thomas
Kuhn).
II.1.B) THEORIE
Une théorie, dans les sciences formelles, est le système explicatif d'un phénomène ou d'un
ensemble de phénomènes que l'on propose avant de le soumettre à un contrôle expérimental.
Une théorie est une organisation systématique des connaissances en un ensemble de
propositions cohérentes pour expliquer des phénomènes particuliers.
II.2.
METHODES ET TECHNIQUES
Une méthodologie, c'est l'ensemble des règles, plans, procédures et leur articulation qui
permettent la vérification de ce que l'on veut démontrer.
Une méthode désigne les moyens et les procédés mis en œuvre pour étudier de manière aussi
rigoureuse et systématique que possible un aspect de la réalité sociale
La méthode utilise différentes techniques pour atteindre un certain objectif.
Les techniques désignent des procédures précises et transmissibles que l'on utilise en vue de
résultats déterminés. Ce sont des outils pour le chercheur.
L'ensemble de ces techniques et leur articulation déterminent une méthodologie.
II.3.





Observation
Entretien (interview)
o individuel
o collectif (focus groups)
Expérimentation
Questionnaire
Intervention (recherche-action).
II.4.



METHODOLOGIES EN PSYCHOLOGIE SOCIALE
APPROCHES THEORIQUES EN PSYCHOLOGIE SOCIALE
Théories paradigmatiques, elle porte sur des visions globales des relations et des
comportements humains. Elles prennent en compte toutes les influences qui peuvent
exister autour d’un individu ou d’un groupe (affective ou cognitive) :
o Vision de la nature humaine
o Gestalt (K. Lewin)
Théories phénomènologiques, on cherche à décrire un phénomène en se demandant
comment et pourquoi ce phénomène se crée. On se rend compte que tous les groupes se
réfère aux normes sociales du groupe :
o Comment et pourquoi ?
o Normalisation (M. Sherif)
Théories opératoires, on veut dégager des mécanismes qui permettent d’expliquer un
certain nombre de fait. On va avoir besoin de théories pour expliquer le comportement
d’un individu dans une situation. Ici on est vraiment sur l’individu :
o Mécanisme élémentaire - portée explicative générale
o Dissonance cognitive : comprendre ce qu’il se passe au niveau intra-individuel
pour expliquer le comportement d’autrui (L. Festinger)
II.4.A) ORIENTATIONS THEORIQUES
Le comportement : théories béhavioristes/ comportementalistes.
La cognition : théories cognitives.
La réalité sociale : théories symboliques.
∞ Le béhaviorisme :
Stimulus
Boîte noire
Comportement
Le domaine réel de la psychologie ne consiste qu’en des mouvements observables.
Le béhaviorisme prétend que ces réponses (adaptations) à des stimuli donnés sont toutes
solidaires
Le béhavioriste [...]
∞ Théorie cognitive :
Stimulus
cognition
Cognition
Comportement
L’étude des processus mentaux ; leur rôle est d’analyser l’effet des connaissances (pensée) et de
leurs significations (interprétation) sur l’activité sociale.
Décrire et expliquer comment les processus intérieurs imposent une forme au monde extérieur.
Gestalt
∞ Théories symboliques :
Faire apparaître les différences qui peuvent exister d’un groupe ou d’une société à une autre, dans
l’organisation de la vie sociale et des échanges.
Approche interculturelle.
Envisager la réalité comme un ensemble de construits sociaux à partir de l’importance du
système des symboles collectifs en œuvre (systèmes partagés de valeurs, de normes, de
croyances).
G.H. Mead, C. Lévi-Strauss etc.
II.5.
LES PRINCIPAUX THEMES DE LA PSYCHOLOGIE SOCIALE
Le soi, exemple : travaux sur l’estime de soi/ confiance en soi, sur l’auto-efficacité,... ; le locus
de contrôle (locus interne : ce qui arrive dépend de nous, ou locus externe : ce qui arrive dépend
des facteurs extérieurs, ou ce qui arrive dépend soit d’un personnage tout puissant, soit le destin).
Les cognitions sociales, exemple : la perception sociale ; on va travailler sur la façon dont les
individus construisent la pensée sociale (≠ de la pensée scientifique).
Les attitudes, exemple : lien entre attitude et comportement/ entre ce que je pense et ce que je
fais.
Les attributions et la motivation, exemple : le locus de contrôle (→ attributions). Les
attributions : quand on a un examen on se dit je pense que je vais réussir, mais si je réussis c’est
parce que ce jour là j’étais en forme → ici on travaille sur la façon dont on évalue nos
performances, et la façon dont on se projette dans les performances à venir.
Les relations interpersonnelles, exemple : proposer des approches théoriques sur par exemple
l’amitié, l’amour, etc.
Les influences sociales, exemple : travaux sur la soumission à l’autorité ; le conformisme...
Les relations intergroupes et les stéréotypes.
Représentations sociales, théorie proposée par Moscovici, il a travaillé sur des articles de
presse, il a comparé comment on parlait de la psychanalyse dans la presse communiste,
catholique et générale. Dans la communiste on en parlait d’une façon individuelle, dans la
presse catholique on ne parlait pas d’individualisme, mais de sexualité et le fait que ça posait
problème, et dans la presse générale, on disait que c’était une théorie émergente pas très fiable/
pas vérifié. Il a montré que chacun interprétait l’objet selon les normes et les valeurs
fondamentales de son groupe. L’étude des représentations sociales nécessite une méthodologie
pour étudier la façon dont un objet est vu par tel ou tel groupe.
Influence de la personnalité sur le comportement social.
II.6.
LES CHAMPS D’APPLICATION DE LA PSYCHOLOGIE SOCIALE
Le champ du social. Exemple : travailler dans des sous populations, et se rendre compte que
dans des populations précaires on peut ne pas avoir recours à des prestations sociales car on se
projette très peu dans l’avenir. Ou encore égalité homme - femme. C’est un champ extrêmement
vaste.
Le domaine de l’entreprise et des organisations. Exemple : psychologue du travail qui peut
travailler dans les ressources humaines, les concepts de formation et de formation tout au long
de la vie, l’organisation de l’entreprise, etc.
La formation à la communication. On sait que la communication de masse ne change pas trop le
comportement. Exemple : campagnes de prévention, etc.
Le domaine d’étude de l’opinion publique. Derrière tout ça on a la théorie de la normalisation.
Le domaine de la santé. Exemple : on se pose la question autour de l’infection par le VIH du
changement de comportement. Dans la population des HSH (hommes ayant des relations
sexuelles avec des hommes → population à risque) on sait qu’il n’y a pas d’utilisation du
préservatif. Donc on se demande comment on peut amener les gens à utiliser le préservatif, mais
s’ils ne veulent pas l’utiliser, il faut trouver d’autres moyens. Ici on essaye donc un médicament
sensé réduire les risques. On rentre dans un concept de réduction des risques : un autre exemple
mettre des seringues propres à disposition pour la consommation de drogue.
Les relations avec l’environnement. Exemple : quelle est la perception des risques des gens
quand ils habitent par exemple à côté d’une centrale nucléaire ? Cette perception va avoir un
impact sur le comportement.
Le domaine de l’éducation, champs d’application très vaste.
La recherche fondamentale et appliquée.
III. LA DISSONANCE COGNITIVE ET LES TECHNIQUES DE SOUMISSION LIBREMENT
CONSSENTIE
III.1.
L’ATTITUDE
Eagly et Chaiken (1993, p.1) : l’attitude comme une « tendance psychologique exprimée en
évaluant une entité spécifique avec un certain degré d’appréciation ou de dépréciation ».
III.1.A) L’ATTITUDE (HOVLAND ET ROSENBERG, 1960)
∞ Affective : émotions positives ou négatives que l’individu a à l’égard d’un objet. On y retrouve
le préjugé avec pour objet un groupe d’individus.
∞ Cognitive : renvoie aux connaissances/ croyances de l’individu et la crédibilité qu’il leur
accorde. Par exemple, le stéréotype, du fait des croyances sociales d’un groupe à l’égard d’un
autre groupe.
∞ Conative : relative aux comportements de l’individu et à ses intentions comportementales/
intentions d’agir. La discrimination est une forme de la dimension conative. Elle est la
manifestation du préjugé et du stéréotype.
Temps 1
III.2.
LES LIENS ATTITUDES - COMPORTEMENTS
ATTITUDE
Détermine
COMPORTEMENT C
A
Temps 2
Manipulation persuasive
provoquant un changement
d’attitude de A vers A’.
ATTITUDE
Provoquée
A’
Détermine
COMPORTEMENT C’
III.3.
POUR COMPRENDRE LE COMPORTEMENT, IL FAUT COMPRENDRE LES
ATTITUDES
∞ Modèle de Fishbein et Ajzen, 1967 : théorie du comportement planifié.
Croyances
relatives
aux
conséquences.
Evaluation
de ces
conséquences.
Présence
de facteurs
de contrôle
externe et
interne.
Puissance
de ces
facteurs de
contrôle.
Croyances
quant aux
opinions
d’autruis
importants à
propos du
comportem
ent.
Motivation à
se
soumettre à
l’avis
d’autruis
importants.
Attitude
envers le
comportement.
Contrôle
comportemental
Normes
subjectives
Intentions
comportementales
Compor
-tement
Temps 1
UNE AUTRE VISION...
ATTITUDE
Absence de dissonance : Relation
consistante entre attitude et
comportement.
COMPORTEMENT C
A
Temps 2
Réalisation d’un comportement contre
attitudinal dans un contexte de liberté.
ATTITUDE
Etat de dissonance : Relation
incompatible entre attitude et
comportement
A
Provoquée C’
La dissonance est « réduite »
en changeant d’attitude dans le
sens du comportement émis.
Temps 3
COMPORTEMENT
ATTITUDE
A’
Restauration d’un état
d’équilibre.
Il n’est pas possible de modifier le
comportement compte tenu du
contexte de liberté.
COMPORTEMENT
C’
III.4.
LEON FESTINGER (1919-1989)
Naissance à New York en 1919.
Parcours scolaire :
-
City College of New York,
Université de l’Iowa à Iowa City (Kurt Lewin),
PhD in Psychology (1942),
Research Center for Group Dynamics (MIT),
Université du Minnesota, Stanford,
New School for Social Research.
Prix :
-
American Academy of Arts and Sciences ;
American Psychological Association.
« J’ai quitté le champ de la psychologie sociale en 1964. Cela n’avait rien à voir avec
l’importance des problèmes – ils sont très importants – ou avec la vitalité du champ – il était, et
reste, vif. Cela se rapportait seulement à une conviction qui avait germé en moi au moment même
où j’étais bloqué et avais besoin que de nouvelles sources viennent stimuler mon esprit pour
continuer à être productif. »
III.5.
LA THEORIE DE LA DISSONANCE COGNITIVE, 1957
Nous cherchons une consistance cognitive (par exemple : identité sociale).
Le besoin d’une consonance (d’une cohérence, ou encore d’une harmonie) cognitive peut devenir
le moteur du changement (opinion, conduite).
Le besoin d’une consonance cognitive n’est pas satisfait si nous considérons qu’au minimum
deux de nos cognitions s’excluent mutuellement.
 L’inconsistance psychologique induit un état de tension, appelé dissonance.
 Une personne affectée par la dissonance évitera tout ce qui pourrait l’augmenter.
Le maximum de dissonance qui peut exister entre deux éléments est égal à la résistance au
changement de l’élément le moins résistant.
Pour réduire la dissonance, l’individu peut procéder de diverses manières :
 Il peut essayer de se convaincre que la question sur laquelle il y a désaccord est de peu
d’importance.
 Il peut essayer de minimiser ou de rejeter la personne ou le groupe qui exprime son
désaccord.
 Il peut changer sa propre opinion ou s’efforcer d’influencer les autres pour qu’ils
changent la leur.
 Il peut enfin chercher l'appui d'autres personnes qui partagent son point de vue, ajoutant
ainsi de nouveaux éléments cognitifs qui sont en consonance avec sa conviction.
Lorsqu’un nombre relativement important de personnes éprouvent la même dissonance
cognitive ; la réduction de la dissonance se fera principalement par la recherche d'un soutien
social.
III.5.A) EXPERIENCE PRINCEPS DE FESTINGER
« Une prophétie extraterrestre.
La planète Clairon interpelle la cité : fuyez le déluge, qui frappera le 21 décembre,conseille
l'Espace à une de nos concitoyennes. Lake city sera détruite par une lame de fond surgie du
grand lac peu avant l'aube du 21 décembre affirme une ménagère des environs de notre ville.
Marian Keech affirme que le mérite de cette prédiction ne lui revient pas : elle résume les
nombreux messages qui lui auraient été transmis par la voie de l'écriture automatique… Ces
messages, dit-elle lui sont expédiés depuis la planète Clairon par des êtres supérieurs qui
descendent parfois sur terre dans ce que nous appelons les soucoupes volantes. Elle assure qu'au
cours de leurs visites, ils ont observé sur la croûte terrestre des lignes de faille qui laissent
présager ce cataclysme. »
Herald Lake city, septembre 1956.
Comment les individus réagiraient suite à la réfutation d’une croyance à laquelle ils adhéraient
fortement.
Leon Festinger, Henry Riecken et Stanley Schatchter, L’Echec
d’une prophétie (When Prophecy Fails).
Festinger et son équipe décide d'infiltrer le groupe réuni autour du Docteur Armstrong et de
Marian Keech. Ils jouèrent le rôle d'adeptes convaincus.
Notre premier problème a consisté donc à y infiltrer un nombre suffisant d'observateurs pour
assurer la couverture requise des activités des adeptes et réduire au strict minimum l'influence
que ces mêmes observateurs risquaient d'exercer sur leurs croyances ou leurs actes.
Il fallait régler 3 problèmes : celui de l'infiltration, de l'incrustation dans le groupe et du recueil
des données.







Avant le 20 décembre, le groupe évite la publicité.
Le 20 décembre, les croyants attendant.
Le 21 décembre, 00h05, pas de visiteur extraterrestre.
00h10, la seconde horloge indique minuit. Toujours pas de visiteur.
04h00, les croyants restent assis en silence.
04h45, un message envoyé par « écriture automatique » est adressé à Keech..
Après-midi du 21 décembre. Le groupe appelle des journaux cherchant à donner des
entretiens.
L'inévitable démenti par la réalité serait suivi d'un gros effort de prosélytisme pour rechercher un
soutien social et ainsi réduire la dissonance issue de la non confirmation des espérances .
L'ouvrage de Festinger et Al. met ce processus en évidence : devant la non réalisation d'une
prophétie, l'interaction de groupe et le prosélytisme permettent aux adeptes de se convaincre que
leurs croyances sont fondées.
III.5.B) EXPERIENCE DE ZIMBARDO, 1969 : « LES SAUTERELLES GRILLEES »
Expérimentateur sympathique : pas changement d’attitude.
Expérimentateur antipathique : changement d’attitude.
VD t0
Goûts alimentaires
préalables
VI
Expérimentateur
VC
Tâche
Sympathique
Comportement contreattitudinal refus =50%
Non sympathique
Faible
VDI
(goût
meilleur)
+ 5%
Forte
+ 55%
VH
Dissonance
VD2
11%
37%
III.5.C) FESTINGER ET CARLSMITH, 1959 : « VINGT DOLLARS POUR UN MENSONGE »
Tâche particulièrement ennuyeuse.
Contre rémunération présenter l’expérimentation au sujet suivant, « c’était très plaisant, je me
suis bien amusé, j’y ai pris plaisir, c’était curieux, c’était passionnant ».
Pour effectuer ce travail, certains des sujets percevaient une rémunération importante (vingt
dollars) et d’autres une rémunération faible (un dollar).
A la suite de ce travail, un autre expérimentateur soumet aux sujets un questionnaire destiné à
apprécier leur attitude réelle à l’égard de la tache expérimentale sur une échelle (graduées de -5 à
+5) mesurant leur plaisir à participer à l’expérience.
Groupe contrôle passent directement de la tâche ennuyeuse.
Groupes
VC1 :
Tâche
VC2 :
Mensonge
VH t1 :
Dissonnan-
VI :
Rémunération
VH t2
VD
Opinion
VH t3
ce initiale
ennuyeuse
(1h)
sur
l’intérêt
de la
tâche
Groupe
expé. 1
Oui
Oui
Forte
20 $
Réduite par
rémunération
0
Groupe
expé. 2
Oui
Oui
Forte
1$
Non réduite
1.3
Groupe
Contrôle
Oui
Non
Absente
Non
Non
-0.4
Déjà
réduite
Réduite par
changement
d’attitude
Non
III.5.D) PAVIN, 1991 : « PARADIGME DES GRANDES VACANCES »
Enfants de CM1 et CM2 qui trouvent les grandes vacances trop courtes.
Sous un prétexte approprié (enquête nationale...) on leur demande d’écrire une lettre au Ministre
en faveur du raccourcissement des grandes vacances.
Les sujets de certaines conditions étaient laissés libres d’exécuter ou non la tâche alors que pour
d’autres sujets la tâche était imposée.
L’attitude est mesurée par une échelle allant de « vraiment beaucoup courte » (0), à « vraiment
beaucoup trop longues » (23), passée par tous les sujets : avant l’expérience (attitude initiale M1),
immédiatement après la tâche (M2) et, à terme, c'est-à-dire, selon les groupes, 5 minutes, 1
semaine ou 1 mois après la tâche (M3).
M1
M2
M3
5 minutes
1 semaine
1 mois
Libre choix
4.7
11.2
10.21
10.55
10.08
Contrainte
4 .3
6.58
5.73
5.62
7.03
Le sentiment de liberté crée le changement d’attitude.
Soumission librement consentie.
Les sujets qui se sentent les plus libres sont ceux qui sont les plus manipulés.
III.6.
LES TECHNIQUES DE SOUMISSION LIBREMENT CONSSENTIE
Les techniques :
-
Pied dans la porte : exemple : si on demande à quelqu’un à l’arrêt du tram un ticket,
beaucoup de chance qu’on nous dise non, alors que si d’abord on demande l’heure et
ensuite un ticket, cela augmente la chance ; on a commencé à créer du lien (relation
interindividuelle), donc la personne est moins en position de dire non. Le pied dans la
porte consiste à demander peu en premier pour avoir plus à la fin.
-
Porte au nez : je vais demander beaucoup, et ensuite je présente ma requête cible qui sera
inférieure (demander 10€ puis ensuite 2€).
Amorçage : sentiment de liberté et escalade d’engagement (technique de vente).
On peut utiliser ces techniques pour influencer les comportements pro-sociaux mais aussi en
marketing.
IV. LE GROUPE
IV.1.
DEFINITION OPERATOIRE VS SENS COMMUN
La notion de groupe :
-
Ensembles sociaux de taille et de structure très variées,
Seul trait commun : la pluralité des individus et leur solidarité implicite.
Le groupe est un champ psychosocial dynamique d’un ensemble représentable de personnes
dont l’unité résulte d’une certaine communauté de sort collectif (on partage quelque chose qui
nous est commun) et de l’interdépendance (il y a des contextes ou les autres sont importants pour
moi) des sorts individuels. Les membres interagissent, communiquent et s’influencent
mutuellement.
IV.1.A) LES DIFFERENTS TYPES DE GROUPES




Groupes primaires VS secondaires ;
Groupes de références et groupes d’appartenance ;
Groupes formels et informels ;
L’entitativité du groupe.
IV.1.B) POURQUOI APPARTENIR A UN GROUPE ? LES DIFFERENTS TYPES DE
FORMATION DES GROUPES.
« C’est utile ! » - Modèle fonctionnaliste (utilité).
Selon cette approche, l’affiliation à un groupe permet de satisfaire certains besoins. Dans de
nombreuses situations insatisfaisantes ou menaçantes, nous recherchons l’appui des autres, pour
nous sentir moins impuissants, plus en sécurité. En 1959, le psychologue social américain Stanley
Schachter a pu mettre en évidence que l’affiliation est en particulier un remède contre l’anxieté.
« Cela renforce ! » - Modèle de la cohésion (force des liens).
On s’aime, alors on forme un groupe. Selon ce modèle, l’attraction interpersonnelle est l’élément
déterminant dans la formation des groupes.
« Je m’identifie ! » - Modèle de l’identification (se percevoir comme un nous).
L’ordre des choses est alors inversé, on ne formerait pas des groupes avec des gens que l’on aime,
on aimerait les gens qui font partie des mêmes groupes que nous. Je m’autocatégorise comme
membre d’une famille nombreuse, comme étudiante, comme membre d’un orchestre.
IV.1.C) S’AGIT-IL D’UN GROUPE ?
Ils vont tous dans la même direction, donc ils pourraient devenir un groupe et non pas un agrégat
(= des gens sans communication/ dans interaction).
IV.2.
CONDITIONS
RESTREINTS
DE
DEFINITIONS
DES
(PETITS)
GROUPES/
GROUPES
1. Auto-perception (self perception)
o Les membres perçoivent le groupe comme « réel » et eux-mêmes comme des
membres du groupe.
2. Interaction
o Les membres du groupe interagissent entre eux, s’influencent mutuellement, sont
interdépendants (interdépendance = c’est le fait qu’on ne peut pas ignorer les
autres/ on est obligé de prendre en compte les autres).
3. Normes internes
o Actions, attentes, désapprobations, sanctions.
4. Rôles
o Différences des positions, statuts, attitudes.
5. Relations affectives
o Sympathie, antipathie VS neutralité, indifférence.
IV.3.
SOCIALISATION ET SOCIABILITE
Les groupes jouent un rôle fonctionnel dans l’intégration et le développement des individus. Ils
permettent à chacun d’eux de se socialiser : apprentissage de la vie en société.
Socialisation : acquisition de valeurs normes et rôles sociaux propres à ses groupes
d’appartenance dans une société donnée.
Sociabilité : recouvre les besoins fondamentaux de l’être humain dans sa relation aux autres.
Besoin des autres, besoin d’inclusion, besoin de contrôle (utilisation) et à les rechercher, à
s’associer avec eux (besoin d’affection).
L’individu se développe à partir d’un double processus :
-
-
La socialisation : c’est tous les facteurs (normes, croyances, valeurs) qui viennent
influencer l’individu.
o Un des premiers facteurs de socialisation : la famille ;
o Un des deuxièmes facteurs de socialisation très importants : l’école ;
o Maintenant on reconnait que les médias sont des gros facteurs de socialisation.
La sociabilité : c’est tout ce qui relève de la recherche de l’autre (comparaison sans cesse
avec l’autre, et j’essaye de me comparer de manière positive).
IV.4.
LES CATEGORIES DE GROUPES
TYPES DE REGROUPEMENT
Agrégat
Physique
Statistique
Foule
Réseau
Communauté de pensée/
action
Catégorie sociale
Organisation
CARACTERISTIQUES ET LIENS
Juxtaposition des membres/ peu de
liens
Lien temporel et
Critères de
spatial (être
classification
ensemble au
indépendants de
même lieu, au
la volonté des
même moment).
membres.
EXEMPLES
File de personnes devant
un guichet de cinéma.
Voyageurs dans un
même train.
Personnes dont le niveau
de formation est bac +2.
Rassemblement ponctuel et
Manifestations, concert
éphémère d’un grand nombre de
musical.
personnes
Configuration de lien ou de réseaux
de communication visibles ou
Amis, utilisateurs,
virtuels.
collègues.
Personnes qui ne se connaissent pas
forcément.
Sans relations directes, partage d’un
Féministes, « Gens de
cadre de référence commun.
droite/ de gauche »
Ensemble de personnes qui
partagent certaines caractéristiques Femmes/ hommes, classe
sociales ou certaines conditions de
moyenne, CSP.
vie.
Systèmes (ou sous-systèmes)
Une usine, syndicat,
sociaux fonctionnant selon des
conseil d’administration.
institutions (juridique, économique,
politique) à l’intérieur d’un segment
particulier de la réalité sociale
(services publics, commerce etc.)
IV.5.
CONCEPTION DE LA PSYCHOLOGIE SOCIALE SELON KURT LEWIN
IV.5.A) LE GROUPE COMME ENTITE PSYCHOSOCIALE
« Un groupe est plus que, ou plus exactement, différent de la somme de ses membres. Il a sa
propre structure, et des relations propres avec d’autres groupes. L’essence du groupe n’est pas la
similarité ni la dissimilarité de ses membres, mais leur interdépendance. Chaque groupe peut
être caractérisé comme une totalité dynamique ; un changement dans l’état d’une de ses sousparties change l’état de n’importe quelle autre sous-partie. Le degré d’interdépendance des sousparties de l’ensemble des membres du groupe varie le long d’un axe allant d’un amas flou (a
loose mass) jusqu’à une unicité compacte. Ceci dépend, parmi d’autres facteurs, de la dimension,
de l’organisation et de l’intimité du groupe. »
Lewin, 1948
Ajoutons-y une raison d’être et de rester ensemble, une intention ciblable, une certaine
entitativité.
Lewin, K. (1948). The Background of Conflict in Marriage. In Resolving Social
Conflicts. NY, Harper, p. 84.
De Visscher, D. (2001). La dynamique des groupes d’hier à aujourd’hui. Paris,
PUF, pp. 45‐58.
Campbell, D. (1958). Common Fate, Similarity, and other Indices of the Status
of Aggregates of Persons as Social Entities, Behavioral Science, 3, 14‐25.
IV.5.B) DISTINCTIONS/ ANTINOMIES
Groupes primaires
- Liens forts
- Contacts continus
- « Famille »
Groupes secondaires
- Liens faibles
- Contacts sporadiques
- « Organisation »
Groupes informels :
- Règles informelles
- Réactions spontanées
- « Amis »
Groupes formels :
- Règles formelles
- Réactions prescrites
- « Collègues »
Groupes d’appartenance :
- Appartenance effective
Groupes de référence :
- Appartenance souhaitée
En général le groupe auquel j’appartiens est celui auquel j’aimerais appartenir (donc en général
nos groupes d’appartenance sont nos groupes de référence). Je fais en sorte que mon groupe de
référence devienne mon groupe d’appartenance (adapté son style vestimentaire par exemple),
mais on peut être soit accepté par le groupe, soit rejeté (donc plus de groupe d’appartenance de
départ → attention des études ont montré qu’il y avait des conséquences graves de types :
dépression, mal être, etc.). On veut que le groupe auquel on appartient nous valorise, et si le
groupe ne nous renvoie pas des éléments positifs on change de groupe de référence.
Appartenir à un groupe : nous VS eux.
Se référer à un groupe : les groupes de référence (d’appartenance ou de non appartenance)
permettent ce processus de comparaison sociale.
Groupes de référence : groupes auxquels l’individu se rattache personnellement en tant que
membre actuel ou auxquels il s’identifie ou désire s’identifier.
2 fonctions :
- Comparative, se comparer : besoin d’évaluation qui nous amène à se comparer aux
autres
- Normative, se conformer : il faut être conforme aux normes et comportements en
vigueur.
Il arrive que le groupe de référence soit différent du groupe d’appartenance.
Quitter son groupe : choix en lien avec la mobilité sociale. Conformer aux normes du nouveau
groupe.
Pour un autre : non conforme (= risque de rejet). Refus d’intégration du groupe de référence.
Sentiment de « haine de soi » ou de désindividualisation. Marginalisation.
Groupes ouverts :
- Participation fluctuante
Groupes fermés :
- Participation
→ Voir dans Sciences humaines : Dominique Oberlé, « Le groupe en psychologie sociale ».
V. LES RELATIONS INTER-GROUPES
V.1.
LA PERCEPTION SOCIALE
L’organisation de la perception des personnes et de leurs relations n’est pas simplement et
purement un processus individuel.
Elle répond à la nécessité d’une mise en ordre dans une structure sociale.
V.2.
LA CATEGORISATION SOCIALE
Les processus psychologiques qui tendent à ordonner l’environnement social et physique en
termes de catégories.
Elle consiste à ranger les informations perçues dans des catégories de similitude, présentes dans
nos représentations.
Catégories : groupes de personnes, d’objets, d’événements, en tant qu’ils sont soit semblables,
soit équivalents les uns aux autres pour l’action, l’intention ou l’attitude d’un individu.
Ces classements regroupent des individus, suivant certaines caractéristiques qui leur sont
communes.
→ Base prototypique d’une catégorie.
V.2.A) EXPERIENCE DES LONGUEURS DES LIGNES DE ASCH
Tajfel H., Wilkes A.L. 1963. Classification and quantitative judgement, British
Journal of Psychology, 54, 101-114.
Fonctionnement socio-cognitif aussi essentiel que pratique.
Processus dynamique, évolutif.
Réponse au besoin primaire d’adaptation de l’individu dans un environnement social donné.
Les effets de catégorisation :
-
Structurer sa pensée,
Systématiser,
Ordonner,
Ce qui revient à simplifier l’information.
Les cadres de la catégorisation sont souvent déjà prêts.
Les fonctions de la catégorisation sociale sont :
-
Organisation et mise en cohérence du monde social,
Simplification (à l’extrême) du monde social,
Anticipation sur les comportements futurs,
Résistance à la menace des informations contraires à nos représentations.
Entitativité et l’essentialisme.
Accentuation des contrastes entre différentes catégories :
-
Différenciation intercatégorielle,
Rendre le « nous » différent.
Minimisation des différences à l’intérieur d’une même catégorie :
-
Homogénéisation intra-catégorielle (très vrai pour les exogroupes),
« Ils » sont tous pareils.
Tajfel H, Wilkes A.L. 1963, Classification and quantitative
judgement British journal of Psychology.
V.3.
LES STEREOTYPES
Les stéréotypes sont des éléments qui sont associés à des catégories créées.
Introduite dans les sciences sociales par Walter Lippman, 1922. Les stéréotypes sont « des
images dans la tête » selon lui.
Différentes approches :
-
Dimension négative : images mentales, « tics de pensée », clichés,...
Dimension positive : dynamique, qui évolue en lien avec des groupes sociaux.
Projet à l’initiative de l’AFPS et de www.psychologie-sociale.org
réalisé avec le concours du Ministère de la Recherche Edith SalesWuillemin.
Le rôle des stéréotypes dans la perception sociale :
-
Attention,
Interprétation,
Mémorisation.
La raison d’être des stéréotypes :
-
Simplification,
Facilitation,
Réponse aux rôles sociaux,
Justificatif du status quo,
Besoin d’identité sociale.
Formation des stéréotypes :
-
Prophéties auto-réalisatrices,
Covariation non consciente,
Corrélation illusoire,
Homogénéité in-group.
Les stéréotypes sont soit positifs soit négatifs. Les stéréotypes relèvent de la cognition sociale,
c'est-à-dire des éléments qui relèvent de la connaissance sociale sur des sujets.
-
Auto-stéréotypes : ils portent sur mon propre groupe,
Hétéro-stéréotypes : ceux que j’ai sur des autres groupes.
Trois fonctions du stéréotype :
-
Explicative (pourquoi cela arrive...),
Anticipatrice (prédiction de ce qui va arriver),
Justificatrice (justifier le comportement que l’on adopte).
Autres caractéristiques :
-
Matière imagée,
Noyau évolutif,
Biais de favoristime inter-groupe,
Nature symbolique, affective, politique, idéologique.
Définition de G. Allport, 1954 : « Croyance exagérée associée à une catégorie ».
Citation Grandière (2003) : « La construction des stéréotypes intéresse les historiens. Ce sont
des outils pour construire du sens, pour classer, organiser, une manière comme le conseillait
Buffon, d’accumuler des faits pour avoir des idées ; une manière aussi de figer les
représentations de l’Autre, le Différent, ce grand acteur de l’histoire. Les stéréotypes
instrumentalisent notre vision et notre comportement envers d’autres groupes... » (page 12).
Les stéréotypes sont un ensemble de croyances sur n’importe quel groupe social en terme
de traits de personnalité et/ ou de comportements. Ils sont soit positifs, soit négatifs et soit
des auto-stéréotypes, soit des hétéro-stéréotypes.
En psychologie sociale, c’est le plus souvent une attitude défavorable.
Allport, 1954



Attitude négative dirigée vers autrui,
Rigidité de cette attitude,
Généralisation abusive de cette attitude.
V.3.A) LA MENACE DU STEREOTYPE
Une longue exposition à des stéréotypes négatifs peut potentiellement amener à la formation
d’une identité négative (victimaire). Activés dans des situations quotidiennes, ces stéréotypes
amènent les membres des groupes ciblés à subir une pression psychologique susceptible de les
amener à confirmer le contenu du stéréotype.

Performances intellectuelles (académiques, scolaires)
o Filles VS mathématiques
o Garçons VS filles
Steele, C.M. & Aronson J. (1995) Stereotype threat and the intellectual test
performance of African Americans, Journal of Personality and Social
Psychology, 69, 797-811.
V.3.B) LIENS PREJUGES – STEREOTYPES
Quelle est l’origine des préjugés ?
Fischer définit le préjugé comme « une attitude de l’individu comportant une dimension
éducative, souvent négative, à l’égard des types de personnes ou de groupes, en fonction de sa
propre appartenance sociale ».
Un stéréotype négatif va amener à un préjugé.
L’attitude a une dimension :
-
Cognitive,
Affective/ émotionnelle,
Conative.
Exemple :
« Je pense que les étudiants sont bruyants » → stéréotype négatif.


Préjugé : « J’aime pas les étudiants » (= ressentis),
Discrimination : « Je ne leur louerais pas d’appartement. »
Discrimination : c’est un « comportement négatif à l’égard des membres d’un exogroupe envers
lequel nous entretenons des préjugés en général. » (Dovido & Gaerthner, 1986).
V.4.
LA THEORIE DE L’IDENTITE SOCIALE
Contexte de l’étude des relations inter-groupes.
La compétition intergroupe est suffisante pour qu’apparaissent des stéréotypes et de la
discrimination mais est-elle pour autant nécessaire ?





La théorie de l’identité sociale, Tajfel et Turner.
Le paradigme du groupe minimal.
Les raisons de l’identité sociale.
Contexte de l’étude des relations inter-groupes.
La compétition intergroupe est suffisante pour qu'apparaissent des stéréotypes et de la
discrimination mais est-elle pour autant nécessaire ?
V.4.A) L’AUTOCATEGORISATION : RAPPEL DE TURNER, 1987
Les processus de comparaisons, mis en place pour maintenir une estime de soi positive, vont être
différents selon le niveau d'autocatégorisation auquel l’individu se situe.
-
Au niveau supra-ordonné, il se compare à d'autres être vivants, d'autres espèces.
-
-
Au niveau intermédiaire, il se compare aux membres des exogroupes dans le but
d'établir une différenciation qui soit favorable pour l'endogroupe = différenciation
intergroupe.
Au niveau subordonné, il compare à d'autres membres de l'endogroupe dans le but
d'établir une différence qui soit favorable pour soi. = différenciation intragroupe
Le choix d'un niveau de catégorisation et donc de comparaison entraîne la désactivation du
précédent car il y a un antagonisme entre les différents niveaux de perception de soi.
Pourquoi ?
IP (identité personnelle) : implique de se différencier des membres de l’endogroupe alors que IS
(identité sociale) : implique de s’identifier, de s’assimiler à ces membres.
V.4.B) KLEE VS KANDISKY
Isoler les conditions minimales conduisant à une attitude de discrimination systématique du
hors groupe (exogroup) par rapport à l’intra-groupe (endo group).
Hypothèse de Tajfel : la seule classification d’un ensemble d’individus en deux groupes
distincts conduirait les sujets à favoriser leur groupe et à défavoriser l’autre groupe : on assisterait
à un traitement différentiel entre et dans les groupes.
Les sujets : sont les élèves d’une même école qui se connaissent bien.
Tache : Ils commencent par une tache de jugement esthétique des tableaux de P. Klee et
Kandinsky.
Puis, on leur annonce qu’ils seront répartis en deux groupes, soit en un groupe Klee et un
groupe Kandinsky (répartition hasardeuse)… Tajfel, 71.
L’identité sociale est décrite comme « la partie du soi qui provient de la conscience qu’a
l’individu d’appartenir à un groupe social (ou à des groupes sociaux), ainsi que la valeur et la
signification émotionnelle qu’il attache à cette appartenance ».
C'est donc par l'intermédiaire de comparaisons sociales favorables à l'endogroupe qu'une identité
sociale positive est établie et maintenue.
IS non satisfaite :
Stratégies créativité sociale ou compétition sociale (stratégies groupales) ou mobilité sociale et
différenciation intragroupe (en faveur de soi) (stratégies individuelles).
V.4.C) LA THEORIE DU CONFLIT REALISTE (SHERIF, 1966)
Shérif (1969), L’expérience de la caverne des voleurs (Shérif, 1966)

La compétition de groupes en présence est une condition suffisante (mais non nécessaire)
pour l’émergence d’un conflit.

Dans des situations de compétition entre groupes engagés dans un conflit objectif
d’intérêt, les conflits s’atténuent lorsque ces groupes ont à coopérer dans un but commun,
et qu’ils participent conjointement à un but supra ordonné pour lequel la participation de
tous est requise.
V.4.D) SHERIF
Shérif (1969), pionnier en matière de recherches sur les relations inter-groupes, a montré que ces
effets se rencontrent dans des situations de compétition entre groupes engagés dans un conflit
objectif d’intérêt (tournoi sportif avec un seul gagnant), s’atténuent lorsque ces groupes ont a
coopérer dans un but commun, et qu’ils participent conjointement à un projet supra ordonné pour
lequel la participation de tous est requise. Ces travaux montrent que la compétition de groupes en
présence (avec pour enjeu des intérêts économiques, des avantages politiques etc...) est une
condition suffisante (mais non nécessaire) pour l’émergence d’un conflit.
V.5.
LES DISCRIMINATIONS
Lien entre cognition, attitude et comportements.
C’est « un comportement négatif à l'égard des membres d'un exogroupe envers lequel nous
entretenons des préjugés » (Dovido & Gaerthner, 1986).
V.6.
LA JUGEABILITE SOCIALE
Cf. Stéréotypes, Stéréotypisation, et Valeurs. Pascal Morchain « Préjugés &
Stéréotypes » ; projet à l’initiative de l’AFPS et de www.psychologie-sociale.org.
Réalisé avec le concours du Ministère de la Recherche.
Dilution des stéréotypes.
Diminution de l'expression du stéréotype suite à la présence d'informations individualisées
pseudodiagnostiques ou non-pertinentes
Leyens, Yzerbyt et Shadron 1994
Yserbyt, Schadron, Leyens et Rocher 1994
V.7.
LA DOMINANCE SOCIALE
Dambrun, M. La théorie de la dominance sociale de Sidanius & Pratto «
Préjugés & Stéréotypes » Projet à l’initiative de l’AFPS et de
www.psychologiesociale.org. Réalisé avec le concours du Ministère de la
Recherche.
Sidanius & Pratto, 99 :
Position sociale occupée par les individus dans la structure sociale.
Le biais de favoritisme envers son groupe est très fortement relié à cette orientation de dominance
sociale. Maintenir des rapports sociaux existants.
V.7.A) SOCIAL DOMINANCE THEORY (SDT), 1999
∞ Dominants/dominés :
Les dominants, afin de maintenir leur position sociale avantageuse, développent et adhèrent à des
mythes légitimateurs qui « fournissent une justification intellectuelle et morale à la distribution
inéquitable de la valeur sociale au sein du système social ».
Intégration de la dimension de justification des inégalités en montrant comment les inégalités
sociales tendent à se maintenir.
La position des individus dans la hiérarchie sociale affecte leur perception des inégalités. Plus on
est dominant, plus on en a une perception favorable.
Mythes légitimateurs : valeurs et croyances qui donnent une justification aux pratiques sociales
V.8.
LA COMPARAISON SOCIALE
Il existe chez tout homme une tendance à évaluer de façon aussi exacte que possible ses opinions
et aptitudes personnelles.
 Quels moyens « objectifs » ?
 Comment par exemple évaluer objectivement l’exactitude d’un jugement d’opinion ?
o Choisir les facettes de la comparaison.
o La véracité (justesse VS fausseté) de la comparaison.
o Dépendra des termes de comparaison choisis
« La tendance à se comparer à autrui décroit à mesure qu’augmente la différence entre soi-même
et autrui, tant pour les opinions que pour les aptitudes. » (Leon Festinger).
Festinger, L. (1954). A theory of social comparison processes. Human
Relations, 7(2), 117-140.
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