▼ ▼ Revue de presse Philippe Chanson, Alexandre Pariente Freedman ND, Park Y, Abnet CC, Hollenbeck AR, Sinha R. N Engl J Med 2012;366:1891-904. Boire du café allonge-t-il la vie ? e café a longtemps été considéré comme mauvais pour la santé, le cœur en particulier. Cependant, il n’était pas tenu compte de facteurs de risque associés, notamment du tabac. Au cours de la dernière décennie, la consommation de café a été associée à une réduction du risque de diabète de type 2, d’accident vasculaire cérébral, de blessures et d’accidents, de cirrhose et de cancer du foie. L’effet sur la mortalité par cancer était globalement considéré comme nul. Les auteurs de cette étude ont utilisé la grande cohorte constituée par l’Institut national de la santé et l’association américaine des retraités – association de plus de 40 millions de membres de plus de 50 ans – consacrée aux relations entre régime et santé (NIH-AARP L Diet and HealthStudy). Plus de 600 000 personnes de 50 à 71 ans résidant dans 6 États américains et deux grandes agglomérations ont rempli un questionnaire détaillé sur le régime (124 items) et le mode de vie en 1995-1996. Après diverses exclusions, la co horte comportait 229 119 hommes et 173 141 femmes, suivis jusqu’au décès (cause déterminée par le certificat de décès) ou jusqu’au 31 décembre 2008 ; l’incidence des cancers était déterminée grâce aux regis tres de cancer. La consommation de café était classée en 5 catégories allant de 0 à au moins 6 tasses par jour ; dans un échantillon de 1 953 participants, la reproductibilité de la déclaration était vérifiée, ainsi que le mode de consommation du café (filtration de café moulu 79 %, café instantané 19 %, expresso 1 %, non spécifié 1 %). La mortalité associée à la consommation de café était estimée à l’aide du modèle de Cox, chez les hommes et les femmes séparément. Les modèles étaient ajustés sur l’âge, l’indice de masse corporelle, l’ethnie, le niveau d’éducation, la consommation d’alcool et de tabac, l’état de santé, le diabète, la consommation de fruits, de légumes, de viande, de graisses, de suppléments vitaminiques (plus de 95 % des participants avaient moins d’une donnée manquante). Ajustée sur le seul âge, la consommation de café était associée à une augmentation de la mortalité dans les 2 sexes (hazard ratio [HR] : 1,6 ; intervalle de confiance [IC] à 95 % : 1,51-1,69 pour au moins 6 tasses par jour p. ex.). Cependant, après ajustement sur les facteurs de confusion, notamment le tabac, la consommation de café était associée à une diminution de la mortalité dans les 2 sexes (HR : 0,84, IC à 95 % : 0,79-0,90 pour 4 à 5 tasses par jour chez les hommes p. ex.). La consommation de café était inversement associée avec la plupart des causes de décès : maladies cardiovascu- Chalk D, Pitt M, Vaidya B, Stein K. Can the retinal screening interval be safety increased to 2 years for type 2 diabetic patients without retinopathy? Diabetes Care 2012;35:1663-8. À quel rythme dépister la rétinopathie dans le diabète de type 2 ? La rétinopathie diabétique est une complication grave, pouvant conduire à une perte de la vision. Même si la rétinopathie ne peut pas être guérie, sa progression peut être ralentie, voire interrompue, en particulier grâce au traitement par laser, ce qui justifie de la dépister de manière régulière. Grâce aux photographies du fond d’œil par rétinographe, on peut détecter de manière efficace quand traiter une rétinopathie. Comme une rétinopathie peut prendre plusieurs dizaines d’années pour se développer et qu’un dépistage annuel de tous les patients diabétiques est à l’origine d’un coût 910 considérable de santé et de problèmes majeurs d’organisation, il est important de savoir quel est l’intervalle optimal pour dépister la rétinopathie au moyen d’un rétinographe chez les patients diabétiques sans risquer une perte de chance. Une équipe anglaise a donc développé un modèle de simulation prédisant l’impact probable d’un dépistage de la rétinopathie diabétique chez des patients diabétiques de type 2 qui n’avaient pas de rétinopathie diabétique en comparant une séquence annuelle avec une séquence tous les 2 ans. Les données ont été obtenues à partir du National Health laires, respiratoires, accident vasculaire cérébral, blessures et accidents, diabète et infection ; en revanche, elle n’était pas associée à une diminution de la mortalité par cancer. L’effet « protecteur » du café était retrouvé dans tous les sous-groupes, sauf chez les fumeurs. Il n’y avait pas de différence entre les consommateurs de café « normal » et de café décaféiné. Commentaires : cette grande étude observationnelle à la méthodologie irréprochable confirme la réduction de mortalité globale liée à la consommation de café, avec une relation dose-effet, au maximum de 10 % chez les hommes et 15 % chez les femmes buvant plus de 5 tasses par jour. L’absence de diminution de la mortalité par cancer pourrait masquer des effets favorables pour certains types (côlon, foie p. ex.) alors que d’autres (sein) ne sont pas influencés. L’absence de différence entre café « normal » et décaféiné suggère que l’effet bénéfique du café, s’il existe, serait moins lié à la caféine qu’à d’autres composants, notamment des polyphénols antioxydants. • AP Service Foundation Trust. Des données comparant 15 ans de suivi ont été générées pour évaluer les différences entre les politiques telles qu’elles sont proposées actuellement (dépistage annuel) et une proposition de dépistage tous les 2 ans. Le modèle de simulation prédit qu’en augmentant l’intervalle de screening à 2 ans chez les diabétiques de type 2 qui n’ont pas de rétinopathie au départ, on n’augmente pas le risque de perte visuelle. Dans le même temps, cette politique de screening permet de réduire les coûts d’environ 25 %. Commentaire : il semble donc raisonnable en termes de rapport coût/efficacité de proposer un dépistage de la rétinopathie diabétique chez les patients diabétiques de type 2 qui n’ont pas de rétinopathie par la réalisation d’une rétinographie tous les 2 ans plutôt que tous les ans. • PhCh LA REVUE DU PRATICIEN VOL. 62 Septembre 2012 TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN