LA REVUE DU PRATICIEN VOL. 62
Septembre 2012
910
Revue de presse
Philippe Chanson, Alexandre Pariente
Le café a longtemps été
considéré comme mau-
vais pour la santé, le
cœur en particulier. Cepen-
dant, il n’était pas tenu compte
de facteurs de risque associés,
notamment du tabac. Au
cours de la dernière décennie,
la consommation de café a été
associée à une réduction du
risque de diabète de type 2,
d’accident vasculaire céré-
bral, de blessures et d’acci-
dents, de cirrhose et de can-
cer du foie. L’effet sur la
mortalité par cancer était glo-
balement considéré comme
nul.
Les auteurs de cette étude ont
utilisé la grande cohorte cons-
tituée par l’Institut national de
la santé et l’association améri-
caine des retraités – associa-
tion de plus de 40 millions de
membres de plus de 50 ans –
consacrée aux relations entre
régime et santé (NIH-AARP
Diet and HealthStudy). Plus
de 600000 personnes de 50 à
71 ans résidant dans 6 États
américains et deux grandes
agglomérations ont rempli un
questionnaire détaillé sur le
régime (124 items) et le mode
de vie en 1995-1996. Après
diverses exclusions, la co -
horte comportait 229 119
hommes et 173 141 femmes,
suivis jusqu’au décès (cause
déterminée par le certificat de
décès) ou jusqu’au 31 décem-
bre 2008; l’incidence des can-
cers était déterminée grâce
aux regis tres de cancer. La
consommation de café était
classée en 5 catégories allant
de 0 à au moins 6 tasses par
jour ; dans un échantillon de
1 953 participants, la repro-
ductibilité de la déclaration
était vérifiée, ainsi que le
mode de consommation du
café (filtration de café moulu
79 %, café instantané 19 %,
expresso 1 %, non spécifié
1 %). La mortalité associée à la
consommation de café était
estimée à l’aide du modèle de
Cox, chez les hommes et les
femmes séparément. Les mo -
dèles étaient ajustés sur l’âge,
l’indice de masse corporelle,
l’ethnie, le niveau d’éducation,
la consommation d’alcool et de
tabac, l’état de santé, le dia-
bète, la consommation de
fruits, de légumes, de viande,
de graisses, de suppléments
vitaminiques (plus de 95 % des
participants avaient moins
d’une donnée manquante).
Ajustée sur le seul âge, la
consommation de café était
associée à une augmentation
de la mortalité dans les
2 sexes (hazard ratio [HR] :
1,6 ; intervalle de confiance
[IC] à 95 %: 1,51-1,69 pour au
moins 6 tasses par jour p. ex.).
Cependant, après ajustement
sur les facteurs de confusion,
notamment le tabac, la consom -
mation de café était associée
à une diminution de la morta-
lité dans les 2 sexes (HR :
0,84, IC à 95 % : 0,79-0,90
pour 4 à 5 tasses par jour
chez les hommes p. ex.).
La consommation de café
était inversement associée
avec la plupart des causes de
décès: maladies cardiovascu-
laires, respiratoires, accident
vasculaire cérébral, blessures
et accidents, diabète et infec-
tion; en revanche, elle n’était
pas associée à une diminu-
tion de la mortalité par can-
cer. L’effet « protecteur » du
café était retrouvé dans tous
les sous-groupes, sauf chez
les fumeurs. Il n’y avait pas de
différence entre les consom-
mateurs de café « normal » et
de café décaféiné.
Commentaires : cette grande
étude observationnelle à la
méthodologie irréprochable
confirme la réduction de
mortalité globale liée à la
consommation de café, avec
une relation dose-effet, au
maximum de 10 % chez les
hommes et 15 % chez les
femmes buvant plus de 5 tas-
ses par jour. L’absence de
diminution de la mortalité
par cancer pourrait masquer
des effets favorables pour
certains types (côlon, foie
p. ex.) alors que d’autres
(sein) ne sont pas influencés.
L’absence de différence entre
café « normal » et décaféiné
suggère que l’effet bénéfique
du café, s’il existe, serait
moins lié à la caféine qu’à
d’autres composants, notam-
ment des polyphénols anti-
oxydants. • AP
Freedman ND, Park Y, Abnet CC, Hollenbeck AR, Sinha R.
N Engl J Med 2012;366:1891-904.
Boire du café allonge-t-il la vie?
La rétinopathie diabétique est une complication
grave, pouvant conduire à une perte de la vision.
Même si la rétinopathie ne peut pas être guérie,
sa progression peut être ralentie, voire interrompue,
en particulier grâce au traitement par laser, ce qui
justifie de la dépister de manière régulière.
Grâce aux photographies du fond d’œil par
rétinographe, on peut détecter de manière efficace
quand traiter une rétinopathie. Comme une rétinopathie
peut prendre plusieurs dizaines d’années pour
se développer et qu’un dépistage annuel de tous
les patients diabétiques est à l’origine d’un coût
considérable de santé et de problèmes majeurs
d’organisation, il est important de savoir quel est
l’intervalle optimal pour dépister la rétinopathie
au moyen d’un rétinographe chez les patients
diabétiques sans risquer une perte de chance.
Une équipe anglaise a donc développé un modèle de
simulation prédisant l’impact probable d’un dépistage
de la rétinopathie diabétique chez des patients
diabétiques de type 2 qui n’avaient pas de
rétinopathie diabétique en comparant une séquence
annuelle avec une séquence tous les 2 ans.
Les données ont été obtenues à partir du
National Health
Service Foundation Trust
. Des données comparant
15 ans de suivi ont été générées pour évaluer
les différences entre les politiques telles qu’elles sont
proposées actuellement (dépistage annuel)
et une proposition de dépistage tous les 2 ans.
Le modèle de simulation prédit qu’en augmentant
l’intervalle de
screening
à 2 ans chez les diabétiques
de type 2 qui n’ont pas de rétinopathie au départ,
on n’augmente pas le risque de perte visuelle. Dans
le même temps, cette politique de
screening
permet
de réduire les coûts d’environ 25 %.
Commentaire : il semble donc raisonnable
en termes de rapport coût/efficacité de proposer
un dépistage de la rétinopathie diabétique chez
les patients diabétiques de type 2 qui n’ont pas
de rétinopathie par la réalisation d’une rétinographie
tous les 2 ans plutôt que tous les ans.PhCh
Chalk D, Pitt M, Vaidya B, Stein K. Can the retinal screening interval be safety increased to 2 years
for type 2 diabetic patients without retinopathy? Diabetes Care 2012;35:1663-8.
À quel rythme dépister la rétinopathie dans le diabète de type 2?
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