Dengue - GLOBE Network

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GLOBE (Global Link for Online Biomedical Expertise)
Manuel - Contrôle des Maladies Transmissibles
19ème Edition - 2008
Dengue
CIM-9 061; CIM-10 A90
(anciennement « grippe tropicale » ou « petit palu »)
CCDM19: W. Sun
1. Identification
Le diagnostic différentiel inclut le chikungunya et d’autres épidémies classées sous les arboviroses
(maladies virales transmises par les arthropodes), la grippe, la rougeole, la rubéole, le paludisme, la
leptospirose, la typhoïde, le typhus des broussailles (ou à chiques, dit aussi fièvre fluviale du Japon)
et d’autres maladies avec fièvre, surtout si elles sont accompagnées par une éruption cutanée.
La confirmation au laboratoire de l’infection par la dengue est obtenue soit en détectant le virus
pendant sa phase aigüe dans le sang ou le sérum, pendant les 5 premiers jours après le début de la
maladie, soit pendant la phase de convalescence en détectant les anticorps spécifiques dans le
sérum obtenu 6 jours ou plus après le début de la maladie. L’identification du virus dans le sang se
fait par réaction de polymérisation en chaînes à transcriptase inverse (RT-PCR), par culture dans des
lignées cellulaires de moustiques, ou par l’inoculation de moustiques identifiés ensuite par
immunofluorescence avec des anticorps monoclonaux spécifiques par sérotype. Ces procédures
permettent le diagnostic certain, mais leur utilisation peut être limitée par des considérations
pratiques dans les pays d’endémie. Le test ELISA à capture d’IgM est la procédure la plus utilisée
pour le diagnostic et est particulièrement bien adapté pour les tests en grand nombre. Les anticorps
IgM, qui indiquent une infection en cours ou récente, sont habituellement détectables 6 à 7 jours
après le début de l’infection. Un résultat positif dans un seul test de sérum indique une infection
présumée récente ; un diagnostic sûr nécessite l’observation d’une augmentation des anticorps
CIM-9 065.4 ; CIM-10 A91
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Virose aigüe fébrile caractérisée par un début brutal avec fièvre de 2 à 7 jours (parfois biphasique,
dite en « selle à troussequin »), fortes céphalées (maux de tête), myalgies et arthralgies (douleurs
musculaires et articulaires), douleurs rétro-orbitaires, anorexie, nausée, vomissement et éruption
cutanée. Un érythème généralisé précoce survient dans certain cas. Une éruption maculopapulaire
généralisée peut apparaitre au moment de la défervescence. L’éruption n’est souvent pas visible
chez les patients à peau foncée. Des phénomènes de saignements mineurs comme des pétéchies,
épistaxis et gingivorragies peuvent se produire à tout moment pendant la phase fébrile. Les adultes
atteints de maladies préexistantes peuvent connaitre des épisodes hémorragiques majeurs, comme
des hémorragies digestives dans des cas d’ulcère gastrique ou des ménorragies (règles très
abondantes). La dengue avec une hémorragie inhabituelle doit être différenciée de la dengue
hémorragique (ou DHF) qui se caractérise par une perméabilité vasculaire élevée, des saignements
et l’atteinte d’organes spécifiques. La convalescence peut être associée à une fatigue prolongée
et à une dépression. Une lymphadénopathie et une leukopénie avec une lymphocytose relative
sont habituelles ; une thrombocytopénie légère (moins de 100 x 103 cellules/mm3, ou 100 unités
SI x 109/L) et des transaminases élevées se produisent moins fréquemment. Les épidémies sont
explosives mais les cas mortels, habituellement rares, peuvent être minimisés par une intervention
médicale prise à temps.
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dans une paire de sérum. De nouveaux immunoessais détectant l’antigène nonstructural 1 (NS1) de
la dengue semblent prometteurs pour le diagnostic précoce pendant la phase fébrile, avant
l’augmentation des concentrations d’IgM. Les protocoles d’amplification par RT-PCR utilisant des
amorces oligonucléotides de la dengue peuvent aussi détecter l’ARN du virus de la dengue dans
les tissus des cas mortels. La PCR avec des amorces spécifiques peut différencier entre les sérotypes
de la dengue ; la PCR avec séquençage nucléotide peut caractériser les souches et génotypes du
virus. Cependant, ces tests génomiques sont chers, exigent une technique méticuleuse et ont
tendance à donner beaucoup de faux positifs par contamination, et ne sont donc pas encore
adaptés à une utilisation à grande échelle dans toutes sortes de conditions.
2. Agents infectieux
Les virus de la dengue sont des flavivirus présentant 4 sérotypes (DEN-1, -2, -3, -4). Les mêmes virus
sont responsables de la dengue hémorragique (DHF), voir Dengue Hémorragique ci-après.
3. Prévalence
Les virus de la dengue de plusieurs types sont endémiques dans la plupart des pays tropicaux. En
Asie, des cycles de 2 à 5 ans d’épidémies de dengue/DHF sont en place dans le sud du
Cambodge, en Chine, en Indonésie, au Laos, en Malaisie, au Myanmar, aux Philippines, en
Thaïlande et au Vietnam, avec une augmentation de l’intensité et de la diffusion géographique des
épidémies au Bangladesh, en Inde, aux Maldives, Pakistan et Sri Lanka, et une endémie faible en
Nouvelle Guinée, à Singapour et à Taïwan. Des virus de la dengue de différents types sont
régulièrement réintroduits dans les pays de la zone Pacifique et, depuis 1981, dans le nord du
Queensland en Australie. Les virus de la Dengue-1, -2, -3 et -4 sont endémiques en Afrique. Dans de
grandes zones d’Afrique de l’ouest, la dengue est probablement une épizootie chez les singes ; la
dengue urbaine chez l’humain est aussi courante dans cette région. Ces dernières années, des
flambées épidémiques se sont produites sur la côte est de l’Afrique, de l’Éthiopie au Mozambique et
sur les îles comme les Comores et les Seychelles, avec quelques cas de dengue et des cas similaires
à la DHS dans la Péninsule Arabe.
L’introduction et la circulation successive des 4 sérotypes en Amérique tropicale et subtropicale
s’est produite depuis 1977; la dengue a pénétré au Texas en 1980, 1986, 1995, 1997 et 2005. En date
de 2007, au moins deux virus de la dengue sont endémiques, au moins périodiquement, dans
presque toutes les Antilles et l’Amérique Latine, incluant le Brésil, la Bolivia, la Colombie, l’Équateur,
les différentes Guyanes, le Mexique, le Paraguay, le Pérou, le Suriname, le Venezuela et l’Amérique
Centrale. Il existe maintenant certaines zones comme Porto Rico et des régions du Venezuela et du
Mexique où les 4 sérotypes circulent. La dengue a été introduite sur l’Île de Pâques (Chili) en 2002 et
réintroduite en Argentine vers sa frontière nord avec le Brésil. Des épidémies peuvent se produire
partout où des vecteurs existent et où le virus est introduit, tant en milieu urbain que rural.
4. Réservoir
Les virus se maintiennent par un cycle humain/moustique Aedes aegypti dans les centres urbains
tropicaux ; un cycle singe/moustique pourrait servir de réservoir dans les forêts d’Asie du sud-est et
en Afrique de l’ouest.
5. Mode de transmission
Piqûre de moustique infecté, principalement Aedes aegypti. Cette espèce pique de jour avec une
augmentation de la fréquence des piqûres deux heures après l’aube et quelques heures avant le
crépuscule. Des flambées épidémiques de dengue ont été attribuées à Ae. aegypti et Ae.
Albopictus, cette dernière espèce urbaine, abondante en Asie, s’est maintenant répandue en
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Amérique Latine, aux USA, aux Antilles, dans le Pacifique et dans certaines zones du sud de l'Europe
et en Afrique. Ae. albopictus est moins anthropophile que Ae. aegypti ce qui le rend un vecteur
épidémique moins efficace. En Polynésie, une des espèces de Ae. scutellaris spp. sert de vecteur.
Des moustiques de la famille de Ae. Nivaeus en Malaisie et de Ae. furcifer-taylori en Afrique de
l’ouest sont impliqués dans la transmission enzootique singe/moustique.
6. Période d’incubation
De 3 à 14 jours, couramment de 4 à 7 jours.
7. Période de contagion
Pas de transmission directe de personne à personne. Les patients sont contagieux pour les
moustiques pendant leur période de virémie élevée, peu de temps avant leur période fébrile et
jusqu’à la fin de leur fièvre, habituellement de 3 à 5 jours. Le moustique devient infectieux 8 à 12
jours après ingestion de sang contaminé, et le reste pendant toute sa durée de vie.
8. Prédisposition
La sensibilité est universelle chez l’humain mais les enfants développent en général une maladie
moins sévère. Des infections asymptomatiques peuvent se produire. L'infection avec un sérotype
donne une immunité aquise contre ce sérotype à vie, mais une protection seulement de courte
durée contre d'autres sérotypes, et pourrait même exacerber la maladie lors d’une infection après
coup avec d’autres sérotypes – peut-être selon le principe de renforcement immunitaire, selon un
mécanisme qui n’est pas encore bien compris. Pour un patient donné infecté par la dengue, il peut
être difficile, surtout dans les premiers stades, de prédire la gravité que peut prendre sa maladie
(voir Dengue, fièvre hémorragique).
9. Méthodes de contrôle
A. Mesures préventives
1) Eduquer le public et promouvoir les comportements permettant d'enlever, détruire ou contrôler
les habitats des larves des moustiques vecteurs ; pour Ae. Aegypti il s’agit habituellement de
récipients artificiels situés près ou dans les habitations (ex. vieux pneus, pots de fleurs, emballages
pour l’eau ou la nourriture jetés).
2) Enquêter dans la communauté pour déterminer l'abondance des moustiques vecteurs, identifier
les habitats larvaires les plus productifs et promouvoir et mettre en place un programme pour leur
élimination, leur contrôle ou leur traitement avec les larvicides appropriés.
3) Protection individuelle contre les moustiques piqueurs de jour par des répulsifs, des moustiquaires
et des vêtements protecteurs (voir Paludisme, 9A3 et 9A4).
B. Contrôle du patient, des contacts et de l'environnement immédiat
1) Notification de cas à l'autorité sanitaire locale : Notification obligatoire des épidémies ;
notification des cas individuels, Classe 4 (voir Notification).
2) Isolement : Précautions universelles (sang et liquides biologiques). Jusqu’à la disparition de la
fièvre, empêcher l’accès des moustiques piqueurs de jour aux patients fiévreux en plaçant des
moustiquaires aux ouvertures de la pièce où ils demeurent ou en utilisant une moustiquaire pour le
lit, de préférence une moustiquaire imprégnée d’insecticide, ou en pulvérisant les locaux avec un
insecticide adulticide à effet paralysant (dit aussi « knockdown ») ou un insecticide résiduel.
3) Désinfection concomitante : Non applicable.
4) Quarantaine : Non applicable.
5) Vaccination des contacts : Non applicable.
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Si la dengue se trouve proche d’un foyer possible de fièvre jaune en jungle, vacciner la population
contre la fièvre jaune, car le vecteur urbain pour les deux maladies est le même.
6) Enquête sur les contacts et la source de l'infection : Localiser le lieu de résidence du patient
pendant les deux semaines précédant le début de la maladie et chercher s’il y a d’autres cas non
notifiés ou non diagnostiqués.
7) Traitement spécifique : Symptomatique, y compris réhydratation orale. L’acide acétylsalicylique
(aspirine) est contrindiqué à cause du risque hémorragique. La maladie devient habituellement
grave s'il y a fuite capillaire, ce qui nécessite la pose d’une perfusion pour remplissage vasculaire.
C. Mesures épidémiologiques
1) Rechercher et éradiquer les moustiques Aedes des habitations humaines, éliminer ou traiter au
larvicide tous les habitats potentiels larvaires d’ Ae. Aegypti. Les insecticides adulticides doivent viser
les moustiques à l’intérieur, là où l’essentiel de la transmission s’effectue.
2) Utilisation de répulsif moustiques pour les personnes exposées aux moustiques vecteurs.
D. Conséquences pour la gestion de catastrophes
Les épidémies peuvent être très importantes et le pourcentage de la population atteinte très élevé.
E. Mesures internationales
Faire appliquer les accords internationaux visant à prévenir l’expansion d’Ae. Aegypti par bateau,
avion et transport terrestre. Améliorer la surveillance internationale et l’échange de données entre
pays. Les centres collaborateurs de l'OMS offrent un soutien suivant les besoins.
Pour plus d’information, voir :
http://www.who.int/collaboratingcentres/database/fr/
Pour des informations supplémentaires, se reporter aux sites :
http://www.who.int/denguenet
http://www.who.int/health_topics/dengue/en
http://www.paho.org/english/ad/dpc/cd/Dengue.htm
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs117/fr/index.html
http://www.invs.sante.fr/recherche/index2.asp?txtQuery=dengue
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