10 Actualité S anté La dengue Une maladie tropicale qui s’exporte n connaît le paludisme, maladie tropicale transmise par un moustique. Il en est une autre : c’est la dengue. Maladie infectieuse transmise par des moustiques, elle est devenue ces dernières années un important sujet de préoccupation pour la santé publique internationale. Elle sévit dans les régions tropicales et subtropicales de la planète, avec désormais une prédilection pour les zones urbaines et péri-urbaines. certes mais, aussi en plein milieu des villes. Après une incubation de 8 à 10 jours, le moustique infectieux pourra transmettre toute sa vie le virus aux sujets sensibles lorsqu’il procède à des piqûres exploratoires ou prend ses repas de sang. La femelle infectieuse peut également transmettre le virus à la génération suivante par voie transovarienne, mais l’on n’a pas encore bien déterminé l’importance de cette voie dans le maintien de la transmission. feste par un état d’obnubilation, d’agitation, voire des convulsions. En dehors des risques aigus, l’évolution peut se faire selon un mode chronique avec la persistance de douleurs articulaires, d’asthénie, de lésions cérébrales ou hépatiques. Dans tous les cas, le diagnostic est clinique face aux symptômes, car l’examen est pauvre avec une hépatomégalie possible mais pas de splénomégalie, une tendance hypotensive avec un pouls petit et filant. Le sérodiagnostic est positif dès le 5e jour avec une positivité des IgM. Sinon, le reste de la biologie montre des signes de virose, des stigmates éventuels hépatiques ou sur la coagulation. Physiopathologie Diagnostic Traitement En 2004, la dengue a marqué une recrudescence importante dans toute l’Asie du Sud-Est. En Indonésie, comme en Malaisie, en Thaïlande comme aux Philippines ou au Cambodge. Des cas de plus en plus nombreux sont notés, avec un risque létal non négligeable. C’est le cas principalement de la forme hémorragique, qui n’est plus rare désormais. Annuellement, dans le monde, 50 millions de personnes sont touchées. Sont en cause quatre types de virus de la famille des flavivirus : de DEN 1 à 4. Après la phase silencieuse, apparaît une fièvre brutale qui disparaît comme elle est venue, trois à quatre jours plus tard. Puis elle revient accompagnée de céphalées, de nausées, de vomissements, d’arthralgies, d’une asthénie et d’une éruption cutanée. Il s’agit d’un exanthème prurigineux séparé de plages de peau saine, il est souvent purpurique. L’évolution est communément spontanément bénigne mais des complications sont possibles qui modifient le pronostic. Il peut s’agir de saignements visibles sous forme de taches purpuriques, de pétéchies mais aussi parfois externalisés avec saignements de nez, de gencives, dans les selles, les urines, voire le péritoine ou le cerveau. Dans ces circonstances, un traumatisme même léger peut provoquer une hémorragie grave avec un état de choc. Des complications neurologiques sont également possibles. C’est d’ailleurs l’origine du nom de la maladie. En effet, de l’espagnol denguero ou “crispé”, “contracté”, la dengue se mani- Devant l’atteinte virale seuls des traitements symptomatiques sont recommandés et possibles, essentiellement le paracétamol. Il faut surtout éviter l’aspirine et les AINS, capables d’aggraver d’éventuels troubles de la coagulation. En l’absence de traitement, une fois la maladie déclenchée, en l’absence de vaccination, la prévention repose, dans sa forme collective, sur l’éradication du moustique vecteur par des épandages massifs. Quant à la prévention individuelle, elle se rapproche de celle du paludisme avec l’utilisation de produits repellents (pommades, sprays, plaquettes), l’usage de moustiquaires imprégnées et de vêtements à manches. La guérison entraîne une immunité à vie contre le sérotype qui a provoqué l’infection mais ne confère qu’une immunité passagère et partielle contre les trois autres. On est fondé à penser que l’infection par un second virus accroît le risque de maladie plus grave avec complication hémorragique. JB La multiplication des voyages suscite c elle des maladies tropicales. Autre fois cantonnées à quelques zones endémiques, c elles-ci se retrou vent désormais tout autour de la planète. Les diagnostiquer n’est pas difficile, à c ondition d ’y penser... O Infos ... Des cas nombreux Pour la seule année 2001, il y a eu plus de 609 000 cas de dengue dans les Amériques, dont 15 000 cas de dengue hémorragique, soit plus du double des cas enregistrés dans cette région en 1995. En plus de l’augmentation du nombre des cas, des flambées épidémiques explosives surviennent désormais. C’est ainsi qu’en 2001, le Brésil a notifié plus de 390 000 cas, dont au moins 670 de dengue hémorragique. (Source OMS) Le vecteur de la dengue Le vecteur est un moustique femelle déjà infecté piquant les humains pendant la journée : un Aedes aegypti ou Albopictus. Le moustique acquiert en général le virus en se nourrissant du sang d’une personne infectée. L’insecte provoque une démangeaison au point d’impact. Ce moustique est présent partout en Asie, dans les caraïbes, en Amérique centrale et du Sud, en Australie. Sa présence est notée dans les campagnes, Professions S anté Infirmier Infirmière N ° 63 • mai 2005