O
n connaît le paludisme,
maladie tropicale trans-
mise par un moustique.
Il en est une autre : c’est la
dengue. Maladie infectieuse trans-
mise par des moustiques, elle est
devenue ces dernières années un
important sujet de préoccupation
pour la santé publique internatio-
nale. Elle sévit dans les régions
tropicales et subtropicales de la
planète, avec désormais une pré-
dilection pour les zones urbaines
et péri-urbaines.
Physiopathologie
En 2004, la dengue a marqué une
recrudescence importante dans
toute l’Asie du Sud-Est. En Indoné-
sie, comme en Malaisie, en Thaï-
lande comme aux Philippines ou
au Cambodge. Des cas de plus en
plus nombreux sont notés, avec
un risque létal non négligeable.
C’est le cas principalement de la
forme hémorragique, qui n’est
plus rare désormais.
Annuellement,
dans le monde,
50 millions de personnes sont
touchées. Sont en cause quatre
types de virus de la famille des
flavivirus : de DEN 1 à 4.
Le vecteur de la dengue
Le vecteur est un moustique
femelle déjà infecté piquant les
humains pendant la journée : un
Aedes aegypti ou Albopictus. Le
moustique acquiert en général le
virus en se nourrissant du sang
d’une personne infectée. L’insecte
provoque une démangeaison au
point d’impact. Ce moustique est
présent partout en Asie, dans les
caraïbes, en Amérique centrale et
du Sud, en Australie. Sa présence
est notée dans les campagnes,
certes mais, aussi en plein milieu
des villes. Après une incubation de
8 à 10 jours, le moustique infec-
tieux pourra transmettre toute sa
vie le virus aux sujets sensibles
lorsqu’il procède à des piqûres
exploratoires ou prend ses repas
de sang. La femelle infectieuse
peut également transmettre le
virus à la génération suivante par
voie transovarienne, mais l’on n’a
pas encore bien déterminé l’im-
portance de cette voie dans le
maintien de la transmission.
Diagnostic
Après la phase silencieuse, appa-
raît une fièvre brutale qui disparaît
comme elle est venue, trois à
quatre jours plus tard. Puis elle
revient accompagnée de cépha-
lées, de nausées, de vomisse-
ments, d’arthralgies, d’une asthé-
nie et d’une éruption cutanée. Il
s’agit d’un exanthème prurigineux
séparé de plages de peau saine, il
est souvent purpurique. L’évo-
lution est communément sponta-
nément bénigne mais des compli-
cations sont possibles qui
modifient le pronostic. Il peut
s’agir de saignements visibles
sous forme de taches purpu-
riques, de pétéchies mais aussi
parfois externalisés avec saigne-
ments de nez, de gencives, dans
les selles, les urines, voire le péri-
toine ou le cerveau. Dans ces cir-
constances, un traumatisme
même léger peut provoquer une
hémorragie grave avec un état de
choc. Des complications neurolo-
giques sont également possibles.
C’est d’ailleurs l’origine du nom
de la maladie. En effet, de l’espa-
gnol denguero ou “crispé”,
“contracté”, la dengue se mani-
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La dengue
Une maladie tropicale qui s’exporte
PPrrooffeessssiioonnss SSaannttéé IInnffiirrmmiieerr IInnffiirrmmiièèrree NN°°6633 mai 2005
feste par un état d’obnubilation,
d’agitation, voire des convulsions.
En dehors des risques aigus, l’évo-
lution peut se faire selon un mode
chronique avec la persistance de
douleurs articulaires, d’asthénie,
de lésions cérébrales ou hépa-
tiques.
Dans tous les cas, le diagnostic est
clinique face aux symptômes, car
l’examen est pauvre avec une
hépatomégalie possible mais pas
de splénomégalie, une tendance
hypotensive avec un pouls petit et
filant. Le sérodiagnostic est positif
dès le 5ejour avec une positivité
des IgM. Sinon, le reste de la bio-
logie montre des signes de virose,
des stigmates éventuels hépa-
tiques ou sur la coagulation.
Traitement
Devant l’atteinte virale seuls des
traitements symptomatiques sont
recommandés et possibles, essen-
tiellement le paracétamol. Il faut
surtout éviter l’aspirine et les AINS,
capables d’aggraver d’éventuels
troubles de la coagulation. En l’ab-
sence de traitement, une fois la
maladie déclenchée, en l’absence
de vaccination, la prévention
repose, dans sa forme collective,
sur l’éradication du moustique
vecteur par des épandages mas-
sifs. Quant à la prévention indivi-
duelle, elle se rapproche de celle
du paludisme avec l’utilisation de
produits repellents (pommades,
sprays, plaquettes), l’usage de
moustiquaires imprégnées et de
vêtements à manches.
La guérison entraîne une immu-
nité à vie contre le sérotype qui a
provoqué l’infection mais ne
confère qu’une immunité passa-
gère et partielle contre les trois
autres. On est fondé à penser que
l’infection par un second virus
accroît le risque de maladie plus
grave avec complication hémorra-
gique.
JB
IInnffooss ......
Des cas
nombreux
Pour la seule année
2001, il y a eu plus
de 609 000 cas de
dengue dans les
Amériques, dont
15 000 cas de
dengue
hémorragique, soit
plus du double des
cas enregistrés dans
cette région en
1995.
En plus de
l’augmentation
du nombre
des cas,
des flambées
épidémiques
explosives
surviennent
désormais. C’est
ainsi qu’en 2001,
le Brésil a notifié
plus de 390 000 cas,
dont au moins
670 de dengue
hémorragique.
(Source OMS)
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