1889- années 1920 - Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes

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UNIVERSITÉ DE PARIS III – SORBONNE NOUVELLE
U.F.R. D’ÉTUDES IBÉRIQUES ET LATINO-AMÉRICAINES
THÈSE
Pour obtenir le grade de :
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE PARIS III
Discipline : Espagnol
Présentée et soutenue publiquement
par
Camille LACAU ST GUILY
Le samedi 27 novembre 2010
Titre :
UNE HISTOIRE CONTRARIÉE DU BERGSONISME EN ESPAGNE
(1889- années 1920)
TOME I
_________________
Directeur de Thèse :
Monsieur le Professeur Serge SALAÜN
_________________
JURY :
M. Paul AUBERT (Université de Provence)
M. François AZOUVI (EHESS-CNRS)
Mme. Marie FRANCO (Sorbonne Nouvelle-Paris III)
M. Yvan LISSORGUES (Toulouse-Le Mirail)
M. Serge SALAÜN(Sorbonne Nouvelle-Paris III)
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REMERCIEMENTS
Je voudrais tout d’abord rendre hommage à Federico García Lorca (notamment à son
essai « Teoría y juego del duende »), grâce à qui je me suis tournée vers l’Espagne. Il est à la
base de mon amour pour ce pays. C’est lui qui m’a fait passer de l’étude de Pythagore, de
l’harmonie dans le cosmos platonicien, des chants extatiques des chœurs grecs d’Eschyle, de
Sophocle et d’Euripide, qui m’a fait passer d’un projet initial de recherches doctorales sur la
mania divine dans le néoplatonisme, à la volonté de me concentrer sur le mouvement des
idées espagnoles, lors de ce que José Carlos Mainer appelle la « Edad de Plata », fascinée que
j’étais par l’« énergie vitale » si caractéristique des Espagnols.
Je souhaiterais, d’autre part, remercier mon directeur de thèse, le Pr. Serge Salaün. Il
n’a jamais renié ma formation initiale de philosophe. Il m’a toujours encouragée à la mettre
au service de la recherche de l’hispanisme français. Je voudrais surtout le remercier parce
qu’il m’a fait découvrir, comme homme de lettres et « historien culturel », qu’un objet ne
s’étudiait pas en soi, de façon intemporelle, comme je l’avais fait jusqu’à présent, lors de ma
formation, à la Sorbonne, en philosophie. Le Pr. Serge Salaün m’a fait prendre conscience que
« Bergson en Espagne », c’était avant tout une réalité historique, qui avait existé et que ma
thèse serait l’histoire de cette recherche dans le temps. Il fallait faire parler des archives pour
qu’elles racontent une histoire que personne n’avait étudiée jusqu’à présent. C’est grâce à lui
et au groupe de recherches qu’il codirigeait, le CREC, aux côtés de Mme Françoise Etienvre
que je me suis insérée dans la tradition de « l’histoire culturelle ».
Or, la Casa de Velázquez, en m’attribuant trois bourses, et la Société française des
Hispanistes, en m’en attribuant une, m’ont permis de réaliser ce travail de temporalisation de
mon objet de recherches. J’ai pu avoir accès à l’histoire de Bergson, en Espagne. Grâce à ces
financements, je me suis plongée dans une époque, j’ai tenté de comprendre comment
Bergson avait été accueilli, dans ce pays. J’ai ainsi pu faire parler des textes, des journaux, des
correspondances, sur lesquels personne ne s’était penché, alors qu’ils se trouvaient à La
Biblioteca nacional española, à La Residencia de Estudiantes, à l’Ateneo de Madrid, à la
Fundación José Ortega y Gasset, etc. J’ai pu découvrir, à l’Athénée, la tertulia où certains
hommes ont probablement, pour la première fois, évoqué le nom de Bergson, « la
cacharrería » (« le bazar »), mais aussi la grande salle de conférences de l’Athénée, où
Bergson parla pour la première fois, en Espagne, en mai 1916. Ces découvertes, je les ai faites
avec une profonde émotion, dans un recueillement presque religieux. C’est aussi grâce à ces
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bourses que j’ai pu, par exemple, passer des heures, à la Fundación Ortega y Gasset, seule
dans la bibliothèque privée du penseur espagnol, à palper et analyser les livres d’Ortega sur/de
Bergson, ces livres qui dégageaient l’odeur d’une époque, laissant sur mes mains les traces
d’une rencontre puissante. Je remercie, à cette occasion, Mme Eve Gustiniani, alors membre
de la Casa de Velázquez, de m’avoir ouvert les portes de cette fondation et de m’avoir ainsi
permis d’y être libre.
J’exprime aussi ma très grande gratitude à l’égard de ma professeur d’espagnol, en
hypokhâgne et khâgne, au Lycée Molière, à Paris, Mme Françoise Arrighi. Les cours qu’elle
nous offrait et qui nous ressourçaient d’intelligence, qui faisaient naître en nous un intense
plaisir littéraire, ont confirmé mon amour des textes hispanophones et de la langue espagnole.
C’est grâce à elle, à sa confiance et à ses conseils que j’ai passé l’agrégation, non pas en
philosophie, mais en espagnol. Ses corrections minutieuses et son soutien, l’année de
l’agrégation, m’ont permis de l’obtenir.
Je remercie enfin Mme Agnès Lacau St Guily pour son indéfectible soutien, pour ses
relectures, pour ses conseils toujours justes, ainsi que Mme Eva Touboul, Mlle Evelyne Ricci,
Mlle Marie Salgues, toutes trois membres du CREC, et qui témoignent par leur aide que ce
laboratoire est composé, certes de chercheurs, mais surtout d’humains. Je remercie aussi mon
père qui a su m’éclairer et particulièrement sur les questions religieuses et théologiques. Il me
reste à témoigner de ma reconnaissance à l’égard de « Colette » et du Dr. Evelyne Ville, à
l’égard de ma mère, de mon frère, de ma sœur, de Clément, de mes grand-parents et de mes
fidèles amies, sans qui je n’aurais sans doute pas pu mener ce travail dans la joie qui n’a cessé
de m’habiter, pendant cette thèse.
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SOMMAIRE
REMERCIEMENTS ............................................................................................................................................ 2
SOMMAIRE.......................................................................................................................................................... 4
INTRODUCTION................................................................................................................................................. 6
CHAPITRE I....................................................................................................................................................... 29
L’ESPAGNE, TERRE INHOSPITALIÈRE AU BERGSONISME ? (1875-DEBUT DES ANNEES 1900)29
UNE « REGENERATION » METAPHYSIQUE IMPOSSIBLE (1875-DEBUT DES ANNEES 1900) ?................................ 31
Espagne bicéphale, impasse des voies alternatives..................................................................................... 32
Intransigeance officielle de l’Espagne de la Restauration ........................................................................................ 32
La Institución Libre de Enseñanza ........................................................................................................................... 46
Le combat de l’avant-garde psychologique en Espagne (1875-1902)......................................................... 48
Vers l’institutionnalisation de la psychologie scientifique (1875-1902)................................................................... 48
Th. Ribot, théoricien de la « psychologie scientifique » critiquée par H. Bergson.............................................. 57
Le Docteur Luis Simarro, aux commandes de l’intellectualité scientifique espagnole............................................. 78
L’ambivalence de la deuxième génération des institutionnistes face à Bergson......................................... 95
L’accueil mitigé à l’immanentisme bergsonien........................................................................................................ 97
Une remise en cause de l’épistémologie expérimentale dans les années 1910 ? La « philosophie nouvelle »,
nouvelle ? ............................................................................................................................................................... 125
LES TENTATIVES DE RESTAURATION METAPHYSIQUE EN ESPAGNE LORS DU « MOMENT 1900 » ? LEOPOLDO
ALAS CLARIN, UN PASSEUR ISOLE DU BERGSONISME EN ESPAGNE ?................................................................ 133
Clarín et ses essais d’instauration d’une métaphysique moderne (1890-1900)........................................ 135
Le « pré-intuitionnisme » de Leopoldo Alas.......................................................................................................... 135
Clarín, premier « passeur » de l’esprit « nouveau » dans la presse......................................................................... 146
La conférence de 1897 à l’Athénée de Madrid....................................................................................................... 154
Leçons de Clarín à l’Université populaire d’Oviedo .............................................................................................. 170
Un magistère bergsonien de Clarín ?........................................................................................................ 174
Les souvenirs de Pérez de Ayala............................................................................................................................ 174
Témoignages de Santiago Valentí Camp................................................................................................................ 179
Clarín : éclaireur bergsonien d’Unamuno................................................................................................ 192
Unamuno, lecteur secret de Bergson et du bergsonisme de Clarín, à la fin du siècle ............................................. 195
Clarín, dénonciateur des lectures bergsoniennes d’Unamuno ................................................................................ 198
Tres Ensayos (1900), des essais bergsoniens, (dixit Clarín) ?................................................................................ 203
Martínez Ruiz Azorín (1901-1904) : première sublimation littéraire du bergsonisme légué par Clarín ?209
CONCLUSION GENERALE ................................................................................................................................. 227
CHAPITRE II................................................................................................................................................... 230
BERGSON, UN ACTEUR « POLITIQUE » EN ESPAGNE (1900-FIN DES ANNÉES 1920) ................. 230
POLITISATION D’HENRI BERGSON PAR LES CONSERVATEURS ESPAGNOLS (1907-ANNEES 1920).................... 234
Entrée en scène de Bergson et d’un bergsonisme « politique » en Espagne, en 1907............................... 234
Définition du modernisme. Le bergsonisme, une philosophie peu orthodoxe........................................................ 234
Presse quotidienne traditionnelle catholique espagnole, relais de la querelle moderniste ...................................... 240
La cohésion doctrinale néothomiste dans les revues catholiques contre le bergsonisme : Marcelino Arnáiz,
Eustaquio Ugarte de Ercilla et José Cuervo Rivera................................................................................................ 253
La diabolisation du bergsonisme dans des livres catholiques................................................................................. 291
Propagande anti-bergsonienne sous formes de conférences, annoncées dans la presse conservatrice (ABC/ El Siglo
futuro/ El Universo/ El Correo español)................................................................................................................. 307
L’enjeu du bergsonisme pendant la Grande Guerre, plus politique que philosophique ? ........................ 314
La presse conservatrice face à l’académicien français Bergson.............................................................................. 316
Bergson, un philosophe pour une « gauche » espagnole ? Une construction des conservateurs ?.......................... 342
Un bergsonisme catholique est-il possible en Espagne ?..........................................................................360
Jacques Chevalier, Maurice Legendre et Unamuno................................................................................................ 362
Juan Domínguez Berrueta ou la bergsonisation du mysticisme castillan................................................................ 367
Juan Zaragüeta, l’exemple d’une réconciliation possible entre néothomisme et bergsonisme ?............................. 375
LE BERGSONISME DANS LA « REGENERATION » DE L’ESPAGNE PAR LEDUCATION : UN REFERENT
PHILOSOPHIQUE INCONTOURNABLE DANS LA REFONTE DU PARADIGME INSTITUTIONNISTE DE L’ÉCOLE
NOUVELLE (1900-ANNEES 1920).................................................................................................................... 381
Le bergsonisme latent de la pédagogie nouvelle espagnole...................................................................... 385
5
Constitution d’une science psychopédagogique..................................................................................................... 385
Bergson, héritier de la romantique « pédagogie de l’immanence » de J.-J. Rousseau et Pestalozzi....................... 393
Les théoriciens « officiels » de la Pédagogie Active, imprégnés de bergsonisme.................................................. 395
Le bergsonisme « révélé » de la pédagogie nouvelle espagnole, vitaliste et anti-intellectualiste............. 401
« Bergson y la educación »..................................................................................................................................... 401
Le rôle de la Revista de pedagogía......................................................................................................................... 405
CONCLUSION GENERALE ................................................................................................................................. 420
CHAPITRE III.................................................................................................................................................. 424
LES ACTEURS ESPAGNOLS D’UNE « RÉGÉNÉRATION » MÉTAPHYSIQUE BERGSONIENNE
(1900-ANNEES 1920) ....................................................................................................................................... 424
BERGSON : ENTRE MODERNISME ET AVANT-GARDE, UN REFERENT CONTRADICTOIRE ? (ANNEES 1900-DEBUT
DES ANNEES 1920) .......................................................................................................................................... 431
Bergson, un référent philosophique du modernisme littéraire espagnol (années 1900-1910) ?............... 431
Dans la presse espagnole................................................................................................................................... 437
Le Madrid moderniste des années 1900-1910................................................................................................... 448
Unamuno et le modernisme bergsonien.................................................................................................................. 467
Del Sentimiento trágico de la vida.................................................................................................................... 468
Un credo poétique moderniste, bergsonien ?..................................................................................................... 479
Hispanisation esthétique du bergsonisme par Antonio Machado ........................................................................... 484
Le carnet de notes d’Antonio Machado............................................................................................................. 485
Le bergsonisme de la poésie moderniste d’A. Machado ................................................................................... 489
Rôle oublié du bergsonien, Victoriano García Martí.............................................................................................. 502
Henri Bergson et les avant-gardes espagnoles (1907-début des années 1920)......................................... 532
Une contradiction historiographique ...................................................................................................................... 532
« Henri Bergson […] philosophe du XIXe siècle » (A. Machado) ?....................................................................... 535
« […] L’injonction du retour à la vie. Pas de mot d’ordre plus répandu que celui-là, autour de 1910 » ................ 536
Le manifeste futuriste de Gabriel Alomar......................................................................................................... 536
Bergson, Marinetti, Gómez de la Serna : une trilogie futuriste ?....................................................................... 541
Bergson et le Créationnisme................................................................................................................................... 550
Bergson et les ultraïstes.......................................................................................................................................... 555
LE TERREAU PHILOSOPHIQUE RETROUVE ? BERGSON A L’ÉCOLE DE MADRID (DES 1910).............................. 561
Lien ambivalent entre José Ortega y Gasset et Henri Bergson................................................................. 565
Manuel García Morente, le philosophe bergsonien espagnol................................................................... 586
Une tradition bergsonienne à l’« École de Madrid » ?............................................................................. 595
CONCLUSION GENERALE ................................................................................................................................. 600
CONCLUSION.................................................................................................................................................. 605
SOURCES.......................................................................................................................................................... 619
SOURCES PRIMAIRES......................................................................................................................................... 619
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................................................ 622
INDEX................................................................................................................................................................ 655
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