Entraînement au résumé de texte Référence : http://www.site

Entraînement au résumé de texte
Référence : http://www.site-magister.com/prepas/page10.htm
Texte à résumer en 180 mots :
Le problème du temps et de l'espace est le problème central de la psychologie, de la philosophie
et, je dirai même, de toute la culture contemporaine. Générateur de conflits profonds dans notre
existence, il doit nécessairement être examiné de plus près par chacun de nous.
La technique, par ses découvertes, cherche à vaincre le temps et l'espace. Trop heureux de
bénéficier des progrès qu'elle ne cesse de réaliser à ce point de vue, nous ne pouvons pas ne pas lui en
savoir gré. Pourtant ce sentiment de gratitude reste incomplet. Bien souvent nous nous sentons
envahis par une lassitude profonde, comme si le rythme de la vie, créé ainsi, nous faisait violence.
C'est que ce progrès s'effectue au détriment d'autres valeurs essentielles. Aller vite ne nous suffit point.
Le mot de "barbarie scientifique" vient parfois sur nos lèvres, pour désigner un des traits
caractéristiques de notre époque, et c'est avec regret que nous pensons alors aux "lenteurs" et aux
loisirs du "bon vieux temps". Nous sentons gronder en nous la révolte ; nous voudrions reconquérir
nos droits sur le "temps", droits que la vie contemporaine semble nous ravir.
Que ferions-nous de ce temps reconquis ? Mais à vrai dire cette question exige-t-elle réellement
une réponse, ne se suffit-elle pas plutôt à elle-même ? Faut-il vraiment "savoir" ce qu'on fera de son
temps, pour se rendre compte de la valeur du "temps libre", de ce temps libre qui n'est ni synonyme de
repos, accordé à nos muscles et à notre cerveau surmené, ni encore moins synonyme d'ennui, mais qui
nous permet de nous détendre réellement, de contempler la vie ambiante et de nous confondre avec
elle, de rester en tête à tête avec nous-même en plongeant notre regard jusqu'au fond de notre être, de
réfléchir enfin, sans qu'il soit nécessaire le moins du monde de préciser le but de ces réflexions ? Non,
décidément, nous ne voulons pas donner de réponse à cette question, puisque y répondre c'est déjà
établir un programme, c'est déjà désigner quelque chose qui peut être fait plus ou moins vite, c'est
prêter à nouveau le flanc aux progrès de la technique, forger un nouvel anneau de la chaîne à laquelle
on se sent rivé, enlever enfin tout ce qu'il y a d'imprévu, d'indéfini, de mystérieux, de créateur dans le
temps libre dont nous éprouvons un tel besoin.
La science ici se rencontre avec la technique. Procédant par abstraction, elle met de côté quantité
de phénomènes qui se montrent réfractaires à la pensée discursive. En appliquant au temps les mêmes
méthodes qu'à l'espace intelligible, elle le prive d'emblée, comme l'a montré Bergson, de toutes ses
richesses naturelles. Et, à mesure qu'elle progresse, à mesure qu'elle formule des lois de plus en plus
générales, elle ne fait que s'éloigner davantage de la source vive elle a pris naissance, pour aboutir
en fin de compte à des conceptions qui ne sont que l'expression ultime de cette "abstraction" croissante
par rapport à la vie réelle. Là aussi le besoin de revenir en arrière ne peut pas ne pas se faire sentir. Les
progrès de la science exacte, comme ceux de la technique, nous remplissent d'admiration, mais non
point d'aise. Las de ces progrès, nous éprouvons le désir de détourner les yeux aussi bien de l'idéal de
rapidité et du temps rempli jusqu'aux bords que de la "quatrième dimension de l'espace", pour faire
comme machine arrière, pour tourner notre regard vers...
Mais vers quoi voudrions-nous le tourner ? C'est ici qu'il faut se méfier à nouveau des réponses
hâtives. "Vers la nature" aurais-je presque envie de dire, sous réserve toutefois que cette formule ne
soit pas prise à la lettre, que le besoin de retour en arrière ne soit pas remplacé par un "programme"
ayant pour but de faire renaître le "bon vieux temps" ou de revenir à une vie plus primitive; ce serait là
se prendre à son propre piège; le "retour en arrière" se trouverait de cette façon assimilé d'emblée au
"passé" de l'histoire, sans même qu'une analyse du phénomène du temps ait été tentée, comme si ce
retour devait nécessairement avoir cette signification temporelle. En réalité, ce passé, quand il était
présent, n'avait être en rien plus séduisant que le présent qui nous accable et nous ne parlons, je
crois, du "bon vieux temps" que parce que nous y projetons, sans nous en rendre compte, ce que
semble nous refuser notre présent à nous. De plus - et c'est là l'argument de beaucoup le plus important
- nous ne saurions, en aucun cas, placer notre idéal, fait de création et d'avenir, dans le passé; cela
serait contraire à sa nature. Nous ne voulons ni nier, ni renoncer, ni détruire, ni aller en arrière; nous
ferions là de nouveau preuve de barbarie. Aussi le désir de revenir en arrière ne peut-il signifier pour
nous qu'une chose : reprendre contact avec la vie et avec ce qu'elle a de "naturel" et de primitif en elle,
revenir vers la source première dont jaillissent non seulement la science, mais aussi toutes les autres
manifestations de la vie spirituelle, étudier à nouveau les rapports essentiels qui se retrouvent
primitivement, avant que la science ne les ait modelés à sa façon, entre les divers phénomènes dont se
compose la vie, voir si nous ne pouvons en tirer autre chose encore que ne l'a fait la science, sans pour
cela verser ni dans un naturalisme primitif, ni dans un mysticisme, bien souvent aussi éloigné de la
réalité que de la science, aussi "rationalisant", dans les images auxquelles il a recours, que celle-ci.
Nous voulons regarder "sans instruments" et dire ce que nous voyons. C'est là d'ailleurs, contrairement
aux apparences, une tâche bien difficile.
C'est ainsi que sont nées de nos jours la phénoménologie
1
de Husserl et la philosophie de
Bergson. La première s'est posée pour but d'étudier et de décrire les phénomènes dont se compose la
vie, sans se laisser guider ou limiter, dans ses recherches, par aucune prémisse quelle qu'en soit
l'origine ou quelle qu'en soit la légitimité apparente. La seconde a opposé, avec une hardiesse
admirable, l'intuition à l'intelligence, le vivant au mort, le temps à l'espace. Ces deux courants n'ont
pas tardé à exercer une influence profonde sur toute la pensée contemporaine. C'est qu'ils
correspondent à un besoin réel et profond de notre être.
En ce qui concerne le temps plus particulièrement, ils nous ont aidés à nous rendre compte que la
conquête du temps, loin de se réduire au gain de quelques loisirs complémentaires, ne pouvait
consister qu'en une révision critique de toute notre attitude à l'égard de ce phénomène. C'est à ce prix
seulement qu'il paraissait maintenant possible de se libérer de l'esclavage auquel nous assujettissait la
culture moderne par l'idée du temps qu'elle nous imposait. Il s'agissait non pas d'avoir du temps libre,
mais d'apprendre à vivre et à puiser librement et spontanément dans le temps. Le problème du temps,
en dépit de son caractère abstrait, devenait ainsi le problème le plus vivant, le plus personnel pour
chacun de nous.
Eugène MINKOWSKI, Le Temps vécu (1933).
1
La phénoménologie (du grec : phainómenon, ce qui apparaît ; et lógos, étude) est un courant philosophique qui
se concentre sur l'étude de l'expérience et des contenus de conscience. Edmund Husserl est considéré comme le
fondateur de ce courant, dans sa volonté de systématiser l'étude et l'analyse des structures des actes de
conscience1.
Schématisation du texte
TABLEAU DE STRUCTURE
PARTIES (unités de sens)
SOUS-PARTIES
ARGUMENTS (mots-clefs)
EXEMPLES
Le problème... → ... un tel
besoin (§ 1à 3).
Le problème... →
chacun de nous. (§ 1)
Le problème du temps doit être
réexaminé.
La technique [...]
Pourtant → semble
nous ravir. (§ 2)
La technique nous a gratifié de ses
progrès mais elle a créé des
rythmes qui nous frustrent.
Que ferions-nous [...]
Mais, à vrai dire... →
un tel besoin. (§3)
Nous ne voulons pas réfléchir à
l'utilisation d'un temps reconquis,
car ce serait encore le planifier.
La science ici se
rencontre... → ... une tâche
bien difficile (§ 4 et 5).
La science ici... →
tourner notre regard
vers... (§ 4)
La science a spatialisé le temps, en
faisant une abstraction coupée de la
vie réelle.
Comme l'a montré
Bergson
Mais vers quoi
voudrions-nous...
une tâche bien
difficile (§ 5).
Il ne s'agit pas de se tourner vers le
passé historique.
/
De plus notre idéal est fait de
création et d'avenir.
/
Aussi il s'agit de revenir à la source
première de la vie.
/
C'est ainsi que sont nées→
pour chacun de nous (§ 6 et
7).
C'est ainsi que sont
nées... → besoin réel
et profond de notre
être. (§ 6)
La phénoménologie et le
bergsonisme, dans leur
appréhension nouvelle du vivant,
ont répondu à une attente.
En ce qui concerne le
temps... → chacun de
nous. (§ 7)
Ils nous ont appris à nous libérer de
l'esclavage du temps.
LES CONTRAINTES DE L'EXERCICE :
une reformulation fidèle au système énonciatif (le jeu des pronoms, les registres) et à
l'organisation du texte (vous en conserverez les connecteurs logiques essentiels).
une réduction en un nombre défini de mots assortie d'une marge de ± 10% (rappelons
qu'on appelle mot toute unité typographique signifiante séparée d'une autre par un espace ou
un tiret : ainsi c'est-à-dire = 4 mots, mais aujourd'hui = 1 mot puisque les deux unités
typographiques n'ont pas de sens à elles seules). Vous aurez soin d'indiquer le nombre de mots
que compte votre résumé et d'en faciliter la vérification en précisant nettement tous les
cinquante mots le nombre obtenu. Proposons-nous donc de résumer notre texte de 1500 mots
environ en 180 mots (± 10%).
une recherche systématique de l'équivalence par des synonymes.
une langue correcte, sur le plan de l'orthographe comme de la syntaxe, qui évite le simple
collage des phrases-clés du texte.
COMMENT PROCEDER ?
Reprenons notre texte. Nous allons décomposer la démarche en traitant successivement chaque unité
de sens dégagée par le tableau de structure. Chacune d'elles nous offrira en outre de quoi appliquer les
règles essentielles de la concision, auxquelles nous nous exercerons page suivante.
UNITÉS
DE
SENS
Observations sur les
réductions
PROPOSITION DE RÉSU
Une seul paragraphe centré
sur la concession :
frustrations induites par la
science dont il faut
reconnaître les progrès.
Il faut attentivement reconsidérer les notions d’espace et de temps. La
science a ici accompli des progrès qu’il faut saluer. Mais nous sentons
bien qu’ils menacent notre gestion personnelle du temps par le rythme
qu’ils imposent à notre vie. Il est inutile de se demander quelle [50]
utilisation nous pourrions faire de ce temps libre car ce serait retomber
dans une planification incompatible avec la disponibilité que nous
convoitons.
Le : permet de fondre en
une seule phrase les
arguments liés par De plus.
La science et la technique ont opéré une spatialisation logique et
abstraite du temps qui nous donne envie de freiner cette course. Non
pas pour revenir au passé [100] : celui-ci devait contenir le même lot
d’insatisfactions, et il n’est pas question pour nous de défendre une
haine barbare du présent. Il s’agit simplement de revenir aux sources
de la vie avant que la science et la religion ne l’aient annexée à leur
système.
Il est légitime de condenser
davantage ces deux parties
consacrées à des exemples,
à conserver néanmoins dans
le résumé pour leur valeur
argumentative.
La [150] phénoménologie et le bergsonisme ont ainsi dû leur succès à
leur redéfinition, ouverte et vivante, du temps, et à la chance qu’ils
nous ont offerte de l’aménager librement.
180 mots.
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