
Reflexions, le site de vulgarisation de l'Université de Liège
© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 20 April 2017
- 3 -
Cette percée importante a été
rendue possible par un vaste travail de méta-analyse (recoupement et comparaison) de quinze études
anciennes, dont celle réalisée à Liège en 2008. Mais aussi grâce à l'utilisation d'un équipement génétique
spécifique : une puce génétique (immunochip) spécialement mise au point pour l'étude des maladies
immunes : Crohn, diabète, psoriasis, polyarthrite rumathoïde… La miniaturisation atteinte dans ce type
d'équipement dépasse l'entendement. Une puce mesure 12 centimètres carrés, elle peut analyser l'ADN de 12
patients, soit un centimètre carré par patient. Sur chaque centimètre carré de la puce sont fixées des millions
de petites boules qui chacune contiennent des brins simples d'ADN. L'étude en a testé 196.000 différents, qui
contenaient tous un variant génétique (Single Nucleotide Polymorphism ou SNP) susceptible d'être impliqué
dans la maladie de Crohn. Une fois déposé sur la puce, l'échantillon d'ADN du patient se recombinera avec
les brins fixés sur la puce si la séquence génétique est la même, en d'autres termes si le patient est porteur
d'un des 196.000 variants testés sur la puce.
« On ne cherche pas aveuglément dans l'ensemble des 3 milliards de lettres du génome, explique Emilie
Theâtre, chercheuse au Giga-Research. Les séquences testées par la puce sont soit des gènes déjà identifiés
pour leur rôle dans la maladie de Crohn, soit des séquences génétiques qui produisent des protéines connues
pour leur rôle dans le processus d'inflammation du système digestif, soit encore des gènes associés à d'autres
maladies inflammatoires, comme le diabète ou le psoriasis. » L'étude publiée dans Nature confirme d'ailleurs
la parenté génétique de plusieurs maladies immuno-inflammatoires : le Crohn, la recto-colite, le diabète, la
polyarthrite rhumatoïde, le psoriasis, etc. Dans certains cas, rares il est vrai, les patients peuvent développer
deux ou trois de ces maladies à la fois. Et des études épidémiologiques montrent que certaines familles sont
plus frappées que d'autres par ces maladies immuno-inflammatoires: un oncle a du diabète, le neveu fait un
Crohn, un cousin germain développe un psoriasis, une grand-tante souffrait de recto-colite... Le recouvrement
génétique entre le diabète et la maladie de Crohn, par exemple, est important. Sur les 39 variants génétiques
identifiés dans le diabète, 20 se retrouvent également dans la maladie de Crohn. Comment expliquer, dès lors,
que la plupart des personnes ne développent qu'une seule de ces maladies inflammatoires ? La génétique,
à vrai dire, explique rarement à elle seule une maladie. La destinée médicale des jumeaux homozygotes (qui
ont donc exactement le même patrimoine génétique) en apporte une belle démonstration. Pour ce qui est de