Yémen - Orient et Méditerranée

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Yémen
Hâsî
Localisation : 13°99’78.70 ; 45°67’11.96
Directeur : Ch. Robin (O&M-LESA) - 2004 - 2009
La Mission Qatabân, créée en 1989 et dirigée par Ch. J. Robin. Elle se donne pour objectif
d’étudier le royaume éponyme, qui domina l’Arabie méridionale pendant la seconde moitié du Ier
millénaire av. è chr.
Depuis 2004, les travaux de la mission Qatabân se sont concentrés sur le site de Hasî et sa
région. Hasî, est implanté sur les hauts plateaux yéménites, dans le gouvernorat d’al-Baydâ’, à environ
220 km au Sud-Est de San‘â’ (Yémen). Les problématiques sont diverses :
1/ périodiser l’occupation du site et déterminer son emprise durant les différentes phases de cette
occupation, mais aussi déterminer les modes d’occupation et établir un référentiel chronologique à
partir du mobilier archéologique ;
2/ cerner les modes d’aménagement du terroir et les stratégies de subsistance développées ; définir le
cadre chronologique et culturel durant lequel furent édifiés les grands barrages ;
3/ définir le cadre socio-culturel dans lequel le monothéisme se met en place et caractériser les traits
principaux de ce monothéisme judaïsant ;
4/ déterminer si l’arrivée de l’Islam est précédée d’un déclin de l’occupation du site tel qu’on
l’observe généralement en péninsule Arabique ; voir dans quelle mesure il saurait être question de
rupture ou au contraire d’une continuité de l’occupation entre Antiquité et période islamique.
La fouille a permis de mettre en lumière le développement urbain d’un site des Hautes-Terres
yéménites au début de l’ère chrétienne, grâce au dégagement extensif d’une structure monumentale
(secteur A) et d’un quartier d’habitat (secteur C). La nature de l’habitat, les modes de construction et la
circulation dans le centre de la ville témoignent d’un aménagement réfléchi. La séquence des
occupations successives a été établie. La continuité d’une occupation ne semble pas acquise. Une
phase d’abandon intermédiaire a été notée dans ce secteur C. Un sondage initié dans le secteur D
devrait préciser ce phénomène lors de nos prochaines campagnes. L’occupation de la période
islamique (ateliers de métallurgie, habitat, mosquée) a pu être mise au jour dans différents secteurs.
La constitution d’une typologie céramique a été partiellement achevée. Près de 1500 formes
ont été enregistrées et photographiées, 85 planches ont été dessinées. La typologie est en cours de
finalisation et sera publiée dans une première monographie du site en préparation. Cette typologie
apparaît comme pionnière dans une région pour laquelle aucun assemblage matériel n’est actuellement
publié.
L’étude régionale du territoire a donné lieu à plusieurs relevés de barrages, de voies de
circulation, de sanctuaires isolés, d’inscriptions, permettant de préciser l’histoire des barrages (Robin
& Dridi 2004), du monothéisme (Robin 2004) et du pouvoir de l’aristocratie préislamique centrée sur
Hasî (Robin 2007, Yule & al. 2004).
Financement : MAEE, LESA (UMR 8167 « Orient et Méditerranée ») et CEFAS
Collaboration : Haute Autorité des Antiquités et des Musées du Yémen.
Membres permanents : Christian Robin, Jérémie Schiettecatte, Mounir Arbach, tous O&M-LESA.
Sites du Jawf
Localisation : 16°15’16.98 ; 44°69’47.86
Directeur : M. Arbach (O&M-LESA) : 2004-2009
Faute de pouvoir se rendre sur les sites du Jawf du Yémen, en raison de problèmes tribaux, le
Projet de Protection des sites et objets du Jawf, lancé en 2004 par l’UNESCO et le Fonds social de
Développement du Yémen, poursuit ses travaux au Musée national de San‘â’.
Près de 2000 pièces archéologiques et épigraphiques ont été récupérées chez les habitants de la
région du Jawf et déposées au Musée national. Cette riche collection comprend des centaines de pièces
archéologiques : céramiques, autels, tables à libation, fragments des piliers, statuettes en terre cuite et
en bronze, ainsi que des centaines d’inscriptions monumentales dont la plupart remonte aux VIII-VIe s.
av. J.-C. Outre ces pièces, la collection contient près de 600 stèles funéraires.
À ce jour, trois catalogues ont été rédigés. Le premier, comprenant 300 pièces, a été publié en
2006, en collaboration avec Jérémie Schiettecatte (français-arabe). Le deuxième, en collaboration avec
Rémy Audouin, est paru en 2007 et contient 130 pièces (anglais-arabe). Enfin, le troisième catalogue,
consacré aux 437 stèles funéraires vient de paraître en novembre 2008.
L’espoir porte aujourd'hui sur le projet lancé par le Qatar pour la Protection et le sauvegarde
des sites archéologiques au Yémen, auquel une Mission archéologique française est associée pour la
région du Jawf.
Sharma
Localisation: 14°49'23.48"N; 50° 1'37.36"E
Directeur : A. Rougeulle (O&M-IM) ; 2001 – 2008 / publication 2009
Le site a été découvert en 1996 lors des prospections de la côte du Hadramawt. C’était un
entrepôt de transit fortifié entièrement consacré au commerce maritime et associé aux réseaux des
marchands iraniens du golfe Persique, le seul établissement de ce type connu aujourd’hui.
Il a été fondé ex nihilo vers 980, au moment de la destruction du port iranien de Siraf en 977,
et détruit vers 1140/50 (peu après le siège d’Aden par l’émir de Qays en 1135), par une attaque venue
de la mer Rouge d’après le matériel de surface.
Une cinquantaine de bâtiments tous semblables, probablement des magasins, ont été repérés et
environ 120 sondages stratigraphiques ont été ouverts qui ont permis de mettre en évidence quatre
phases dans l’histoire de l’entrepôt. Ils permettent également de dater avec précision le matériel mis au
jour, un assemblage clos représentant l’ensemble des céramiques commercialisées dans l’océan Indien
en 980-1140, constitué pour deux tiers d’importations venues de toutes les régions riveraines, de la
Chine à l’Afrique orientale, et pour un tiers de productions locales dont les fours ont été découverts
dans l’arrière-pays.
Ce site fournit donc des données tout à fait nouvelles et précises sur les modalités des
échanges dans l’océan Indien et leur évolution au cours de la période considérée.
Al-Shihr
Localisation : 14°45'26.57"N ; 49°37'10.52"E
Directeur : C. Hardy-Guilbert (O&M-IM) ; 1996 – 2002 puis 2007
La ville portuaire d’al-Shihr mentionnée par plus de vingt auteurs médiévaux est l’objet de
recherches archéologiques depuis 1996. Le commerce maritime y est de tout temps relaté à la fois avec
l’arrière-pays du Hadramawt, avec Aden, l’autre port yéménite méridional, et les pays qui bordent le
golfe Persique et l’océan Indien jusqu’à la Chine, en particulier, pour le poisson, l’encens et l’argent.
Sur le tell d’al-Qarya, quartier situé au cœur de la médina actuelle, les quinze niveaux
d’habitat découverts attestent une occupation islamique datant de la fin du VIIIe siècle jusqu’à nos
jours. En ce lieu, la première occupation se limite à des installations d’habitat précaire à laquelle
succède, aux Xe-XIe siècles, une importante occupation de bâtiments en dur.
A la fin du XIIIe siècle apparaît un changement radical de la fonction de cette zone
transformée, pour une activité de traitement du poisson, en esplanade couverte de huttes, de fours et de
fosses cendreuses. Des bâtiments en matériaux durs sont à nouveau construits à la fin du XIVe-début du
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XV siècle auxquels se superposent quatre autres niveaux principaux jusqu’aux XVIII -XIX siècles.
Lors de sa découverte, en 1995, le site était, en grande partie, scellé par une couche de terre dure mêlée
à de l’huile de poisson avec un soubassement de galets. Elle était destinée au séchage du poisson cru.
La céramique associée à ces niveaux corrobore ce que les textes nous ont appris en attestant la vitalité
des échanges commerciaux dès le IXe siècle avec Zabîd et Mawza‘, en Tihâma, mais également avec le
golfe Persique – un assemblage samarrien y est présent sur 500 m de littoral – l’Afrique, l’Inde et la
Chine des Tang (céramique Changsha).
Les fouilles menées de 1996 à 2002 ont été reprises en 2007. Une première mission d’étude du
matériel en vue de la publication de synthèse a été effectuée durant cette dernière campagne (octobredécembre 2007). À l’analyse de la céramique commune (contrôle de l’enregistrement) se sont ajoutées
une étude spécifique du verre et celle des brûle-parfums de toutes les époques.
La réouverture des niveaux du XIe siècle a permis la découverte d’un ensemble de matériel
abbasside de première qualité : coupes à glaçure monochrome blanche, imitant la porcelaine chinoise,
coupe à lustre métallique, coupe à glaçure blanche à décor bleu de cobalt.
Financement : MAEE, laboratoire Islam Médiéval de l’UMR 8167, CEFAS
Collaboration : Haute Autorité des Antiquités et des Musées du Yémen
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