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1. Étiopathogénie
1.1 Pathogénie des différentes formes cliniques
La péricardite aiguë est une inflammation aiguë des deux feuillets (pariétal et viscéral) de
la séreuse péricardique. Cette réaction inflammatoire est médiée par les cytokines (comme les
interleukines ou le tumor necrosis factor). L'atteinte peut rester limitée aux deux feuillets dont
la surface devient congestive, rugueuse, souvent recouverte de fausses membranes. Les
mouvements respectifs de ces deux feuillets imprimés par les battements cardiaques
produisent alors un bruit particulier : le frottement péricardique. Un tel cas correspond à une
péricardite dite sèche.
Dans certains cas, en plus de l'atteinte propre des feuillets, l'inflammation peut donner lieu
à la constitution d'un épanchement exsudatif intrapéricardique. On parle alors de péricardite
liquidienne. Lorsque l'épanchement est volumineux ou lorsqu'il se constitue rapidement, une
compression des cavités cardiaques peut survenir et compromettre l'hémodynamique
cardiocirculatoire. Cette compression intéresse surtout les cavités droites dont les pressions
intracavitaires sont plus basses que celles des cavités gauches. Le tableau hémodynamique
résultant d'un épanchement compressif est désigné sous le terme de tamponnade.
Spontanément ou sous traitement, la péricardite évolue en général favorablement dans un
premier temps. […]
1.2 Agents étiologiques et mécanismes pathogènes
Des agents nocifs de nature très diverse peuvent, lorsqu'ils affectent le péricarde, être à
l'origine d'une réaction inflammatoire de cette séreuse. Cette agression du péricarde peut
résulter d'agents infectieux (virus, bactéries, parasites, levures) qui peuvent irriter le péricarde,
soit directement, soit par le biais de la réaction immunitaire qu'ils déclenchent (par exemple le
rhumatisme articulaire aigu). Un tel mécanisme immunitaire explique également la
pathogénie des péricardites dites d'hypersensibilité ou auto-immunes (survenant au cours d'un
certain nombre de collagénoses ou de réactions d'hypersensibilité à des médicaments). On
rapproche d'un tel mécanisme les péricardites survenant tardivement après un infarctus du
myocarde (syndrome de Dressler), ou après une chirurgie cardiaque. […]
Les étiologies potentielles des péricardites sont nombreuses. Leur liste détaillée mais non
exhaustive est donnée dans le Tableau 1.[1] Lorsque aucune étiologie n'est mise en évidence,
on parle de péricardite idiopathique (ou cryptogénétique).