SUR LES REVˆETEMENTS DES VARI´ET´ES AB´ELIENNES

SUR LES REVˆ
ETEMENTS DES VARI´
ET´
ES
AB´
ELIENNES
Olivier Debarre
27 juin 2006
On travaille sur le corps des complexes. Soit f:YXun revˆetement,
c’est-`a-dire un morphisme surjectif fini, de degr´e dentre vari´et´es projectives
lisses de mˆeme dimension n. Le morphisme fest plat, donc le faisceau fOY
est localement libre et il existe un morphisme trace TrY/X :fOYOXtel
que la compos´ee
OXfOY
TrY /X
OX
soit la multiplication par d. On note Efle dual de son noyau. C’est un fibr´e
vectoriel sur Xde rang d1 qui v´erifie1
fOY=OXE
f
Notons que si Xest connexe, Yl’est si et seulement si H0(X, E
f) = 0.
Exemple 1 Soit EPnune courbe elliptique normale de degr´e n+ 1. Le
fibr´e vectoriel associ´e au revˆetement
{(x, H)E×(Pn)|xH}pr2
(Pn)
de degr´e n+ 1 est le fibr´e tangent TPn.
L’int´erˆet de ce fibr´e vectoriel provient de la proposition suivante.
1Par dualit´e pour un morphisme fini et plat, on a aussi
fωY/X =OXEf
1
Proposition 1 Il existe une factorisation
Y
f
?
?
?
?
?
?
?
?
//Ef
~~}
}
}
}
}
}
}
X
D´
emonstration. L’inclusion E
ffOYinduit un morphisme
Sym E
ffOY
de OY-alg`ebres qui est surjectif puisque Sym0E
fs’envoie sur OXet Sym1E
f
sur E
f. En prenant les spectres relatifs, on obtient
Ef=Spec Sym E
fSpec fOY=Y
qui est l’inclusion cherch´ee.
Exemple 2 Si f:YXest un revˆetement double, Efest un faisceau
inversible sur Xet le lieu de branchement de fest un diviseur lisse dans
Xqui est le lieu des z´eros d’une section sH0(X, E2
f). On reconnaˆıt la
construction classique : Yse trouve dans l’espace total de Efcomme
Y={(x, t)Ef|t2=s(x)}
Inversement, ´etant donn´e un faisceau inversible Lsur Xet un diviseur lisse
dans |L2|, on peut construire un revˆetement double f:YX, avec Y
lisse, ramifi´e au-dessus de ce diviseur. On ne peut donc esp´erer montrer des
propri´et´es de Efen g´en´eral.
Rappelons qu’`a tout faisceau coh´erent Fsur un sch´ema Xde type fini
(sur C), on associe le X-sch´ema
P(F) = Proj M
m0
SymmF!
et un faisceau inversible OP(F)(1) sur P(F). On dit que Fest ample si
OP(F)(1) l’est.
Dans la situation d´ecrite plus haut, l’amplitude de Efa plusieurs cons´e-
quences importantes :
2
a) si Sest une vari´et´e propre int`egre et g:SXun morphisme dont
l’image est de dimension au moins 1, S×XYest connexe2;
b) pour tout entier , le lieu des points yde Yo`u le degr´e local de f
(c’est-`a-dire le nombre de feuillets qui se rejoignent en y) est >  est
de codimension pour min{d1, n}3;
c) les morphismes induits
f:Hi(X, C)Hi(Y, C)
sont bijectifs pour ind+ 14.
On s’attend `a ce que l’application fsoit encore bijective pour la coho-
mologie `a coefficients entiers, ainsi que les applications induites f:πi(Y)
2Soit f0:S×XYSle morphisme d´eduit de f. Si gest fini, le fibr´e vectoriel
Ef0=gEfest ample, donc H0(S, E
f0) = 0. Il s’ensuit que S×XYest connexe. Dans
le cas g´en´eral, on consid`ere la factorisation de Stein f:Sp
Th
X, o`u pest `a fibres
connexes et hest fini. Le morphisme S×XYT×XYinduit par pest `a image et fibres
connexes, donc S×XYest connexe.
3Soit ef(y) le degr´e local de fen y. Montrons que pour tout entier , le ferm´e
R`={yY|ef(y)> }
n’est pas vide pour min{d1, n}; c’est un r´esultat g´en´eral qu’il est alors de codi-
mension . On proc`ede par r´ecurrence sur . On a R0=Y. Soit  > 0 et soit Rune
composante irr´eductible de R`1. Elle est de codimension 1< n dans Y, donc R×XY
est connexe. Mais R×XYcontient la diagonale ∆Rde R. S’il lui est ´egal, RRd1R`.
Sinon, une autre composante de R×XYrencontre ∆Ret si yest un point d’intersection,
on a ef(y)> , de sorte que R`n’est pas vide.
4Consid´erons la compl´etion projective π:¯
Ef=P(E
fOX)Xde Ef. Soit ξ
H2e(¯
Ef,C) la classe du diviseur `a l’infini ¯
EfEfet soit [Y]H2e(¯
Ef,C) la classe de
l’image de Yj
¯
Ef, avec e=d1. Consid´erons le diagramme commutatif
Hne+i(Y, C)j
//
·j[Y]**
U
U
U
U
U
U
U
U
U
U
U
U
U
U
U
U
U
//Hn+e+i(¯
Ef,C) = Hn+e+i(X, C)[ξ]
j
Hn+e+i(X, C)
f
ttiiiiiiiiiiiiiiiiii
π
oo
Hn+e+i(Y, C)
avec i0. La classe de Ydans ¯
Efest dfois celle de la section nulle ; comme jξ= 0,
on en d´eduit que j[Y] n’est autre que dce(fEf). Un analogue du th´eor`eme de Lefschtez
difficile, dˆu `a Sommese, montre que puisque fEfest ample, le cup-produit par sa classe
de Chern d’ordre maximal est surjectif lorsque en. L’application jest alors surjective,
et comme jξ= 0, il en est de mˆeme pour f. Comme fest injective en tout degr´e, elle
est bijective, et on obtient c) par dualit´e de Poincar´e.
3
πi(X).
Lorsque Xest un espace projectif, l’amplitude de Efest connue.
Th´eor`eme 1 (Lazarsfeld, 1980) Soient Yune vari´et´e projective lisse et
f:YPnun revˆetement. Le fibr´e vectoriel Ef(1) est globalement en-
gendr´e.
D´
emonstration. Des r´esultats de Mumford montrent qu’il suffit pour cela
de montrer que Ef(1) est 0-r´egulier, c’est-`a-dire
Hi(Pn, Ef(i1)) = 0
pour tout i > 0. Cela r´esulte du th´eor`eme d’annulation de Kodaira sur la
vari´et´e Y.
Ce r´esultat a ´et´e g´en´eralis´e ensuite par Kim et Manivel au cas o`u Xest une
grassmannienne ou une grassmannienne lagrangienne. Nous nous int´eressons
ici au cas o`u Xest une vari´et´e ab´elienne.
Th´eor`eme 2 (Peternell–Sommese, 2002) Soient Xune vari´et´e ab´elien-
ne, Yune vari´et´e projective lisse et f:YXun revˆetement. Le fibr´e
vectoriel Efest nef.
D´
emonstration. Soit Hun diviseur ample sur X. On peut supposer Y
connexe, auquel cas on montre comme ci-dessus que Ef((n+ 1)H) est globa-
lement engendr´e. Consid´erons le diagramme cart´esien
Y0=Y×XXf0
//
X
kX
Yf//X
o`u kXest la multiplication par k. Le fibr´e vectoriel
Ef0((n+ 1)H) = (k
XEf)((n+ 1)H)
est globalement engendr´e, donc nef. Comme k
XH=k2H, on en d´eduit que
Ef(n+1
k2H) est nef (on peut donner un sens `a cela), donc aussi, en passant `a
la limite, Ef.
4
Le fibr´e vectoriel Efpeut tr`es bien ˆetre num´eriquement trivial (c’est le
cas par exemple si fest ´etale). Lorsque Xest une vari´et´e ab´elienne simple,
on a un r´esultat plus fort que nous allons d´emontrer.
Th´eor`eme 3 Soient Xune vari´et´e ab´elienne simple,Yune vari´et´e projec-
tive lisse connexe et f:YXun revˆetement. Si fne se factorise par
aucune isoenie non triviale X0X, le fibr´e vectoriel Efest ample.
On note comme plus haut dle degr´e de fet nla dimension de X. Si
dn, on peut montrer que le morphisme f:π1(Y)π1(X) est bijectif.
En particulier, le groupe H1(Y, Z) est isomorphe `a H1(X, Z) (comparer avec
la propri´et´e c) ci-dessus), donc est sans torsion. Il en est donc de mˆeme pour
H2(Y, Z) par le th´eor`eme des coefficients universels.
Lorsque d < n, le morphisme H2(f, Z) : H2(X, Z)H2(Y, Z) est injectif
`a conoyau fini et il en est donc de mˆeme pour Pic(f) : Pic(X)Pic(Y). Il
est probable que ces deux applications soient bijectives.
1 Transform´ee de Fourier–Mukai
Soient Xune vari´et´e ab´elienne de dimension net b
Xsa vari´et´e ab´e-
lienne duale. Pour tout point ξde b
X, on note Pξle faisceau inversible
num´eriquement trivial correspondant sur X.
Il existe sur X×b
Xun unique faisceau inversible P, dit de Poincar´e, qui
v´erifie, pour tout ξdans b
X,
P|X×{ξ}'Pξ,P|{0
b
X'Ob
X
´
Etant donn´e un faisceau coh´erent Fsur X, ou plus g´en´eralement un com-
plexe de tels faisceaux, on d´efinit
c
S(F) = q(pFP)
o`u p:X×b
XXet q:X×b
Xb
Xsont les deux projections. On d´efinit
ainsi un foncteur de la cat´egorie des OX-modules coh´erents dans celle des
Ob
X-modules coh´erents, dont on note
Rc
S:D(X)D(b
X)
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