E. Samalin, M. Ychou
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2005 - vol.29 - n°2 95
Correspondance : Professeur Marc Ychou
CRLC Val d’Aurelle - 208, rue des Apothicaires - Parc Euromédecine – 34298 Montpellier cedex 5.
Tel : 04 67 61 30 92 - Fax : 04 67 61 30 22. - E-mail : [email protected]lcc.fr
Chimiothérapie des cancers colo-rectaux métastatiques.
E. Samalin, M. Ychou CRLC Val d’Aurelle - Parc Euromédecine
- Montpellier -
!Le seul traitement curatif des mé-
tastases des cancers colo-rectaux
(CCR) est chirurgical et nécessite une
résection de type R0. Cette résection
est possible dans environ 10 à 15%
des métastases hépatiques avec une
survie à 5 ans de 20 à 40%. Lorsque
les métastases des CCR ne sont pas
résécables, l’alternative est le traite-
ment par chimiothérapie.
Pendant près de 40 ans le 5 Fluoro-
uracile (5FU) a été le traitement de
référence. Les différents schémas
d’administration du 5FU ont permis
d’améliorer le taux de réponse mais
pas la survie des CCR métastatiques.
Depuis l’utilisation de l’Oxaliplatine,
agent cytotoxique appartenant à la
famille des sels de platine, et de
l’Irinotecan (Campto®) (CPT11), inhi-
biteur de la topoisomérase I en asso-
ciation avec le 5FU, les taux de ré-
ponse objective et les survies média-
nes ont augmenté. Récemment, l’ac-
cès à de nouvelles molécules comme
le Cetuximab (Erbitux®), anticorps
anti Récepteur de l’Epidermal Growth
Factor (EGFR) ou le Bevacizumab
(Avastin®), anticorps anti Vascular
Endothelial Growth Factor (VEGF),
Résumé
Le traitement des cancers colorectaux métastatiques (CCRM) a changé ces dernières
années. L’utilisation de l’irinotecan et de l’oxaliplatine en association avec le 5 fluoro-uracile, les
chimiothérapies orales type capécitabine et uracile/tegafur (UFT) et récemment l’arrivée de nou-
velles molécules ou thérapies ciblées comme le cetuximab ou le bevacizumab ont considérable-
ment modifié les options thérapeutiques dans la prise en charge de ces cancers. Les différents
schémas de chimiothérapie ont permis une amélioration de la survie globale des patients atteints
de CCRM sans augmentation majeure de la toxicité. Cette mise au point a pour but de définir les
associations de drogues possibles en première ligne de traitement et de déterminer les stratégies
thérapeutiques actuelles des CCRM.
Cancer colorectal métastatique / Irinotecan / Oxaliplatine / Thérapies ciblées / 5fluoro-uracile
Chimiothérapie des cancers colo-rectaux métastatiques
96 Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2005 - vol.29 - n°2
ouvre de nouvelles perspectives thé-
rapeutiques. La difficulté dans le
choix thérapeutique est de détermi-
ner une première séquence de traite-
ment, adaptée aux principaux facteurs
pronostiques (âge, état général, éléva-
tion des phosphatases alcalines) et à
la potentielle résection des métasta-
ses, puis de déterminer une stratégie
d’utilisation des différents drogues
disponibles.
LES PROTOCOLES
DE CHIMIOTHÉRAPIE UTILISÉS
5FU-AF
!L’association 5FU acide folinique
(AF) type FUFOL Mayo Clinic, AF 20
mg/m² en bolus suivi de 5FU 425 mg/
m² en bolus, 5 jours de suite tous les
28 jours a longtemps été considéré
comme le protocole de référence des
essais de phase III. En 1997, ce schéma
a été comparé à celui du LV5FU2 de
De Gramont, associant l’administra-
tion d’AF à 200 mg/m² en perfusion,
de bolus de 5FU à 400 mg/m² suivi
d’une perfusion continue de 5FU à
600 mg/m², répétés 2 jours consécu-
tifs tous les 14 jours. Après 6 cycles
de traitement, le schéma LV5FU2 était
supérieur au FUFOL en terme de taux
de réponse (32,6 versus 14,5%, P =
0,0004), de survie sans progression
(27,6 versus 22 semaines, P = 0,0012)
et de toxicité grade 3-4 (11 versus
22,9%, P = 0,0004). En revanche, il n’y
avait pas de bénéfice sur la survie glo-
bale [1]. Un schéma simplifié avec
suppression du bolus de 5FU et de
la perfusion d’AF au deuxième jour
(J2), et un doublement de la dose d’AF
au premier jour (J1) a été proposé
dans une étude de phase II, présen-
tée à l’ASCO en 1998 [2]. Pour l’ins-
tant, ce schéma n’a pas été validé dans
une étude de phase III mais est large-
ment utilisé en pratique du fait de sa
facilité d’administration.
Formes orales de 5FU
!Quatre études cliniques randomi-
sées ont comparé une monochimio-
thérapie orale à une chimiothérapie
par 5FU-AF bolus (type Mayo-Clinic)
dans le traitement des métastases des
CCR.
La capécitabine (Xeloda®) est une
prodrogue du 5FU qui est transfor-
mée en 5FU au niveau cellulaire par
une enzyme, la thymidine
phosphorylase. La dose recomman-
dée est de 1250 mg/m² matin et soir
deux semaines sur trois. Une étude
européenne incluant 602 patients
objectivait un taux de réponse de 19%
en faveur de la capécitabine versus
15% pour le 5FU-AF [3]. La survie sans
progression et la survie globale
n’étaient pas différentes entre les 2
bras. En terme de toxicité, la capé-
citabine entraînait moins de mucite
mais était responsable de plus de syn-
drome mains-pieds.
L’UFT est une combinaison de tegafur,
précurseur du 5FU et d’uracile qui
est un inhibiteur compétitif de la
dihydropyrimidine-déshydrogénase,
l’enzyme de catabolisme du 5FU. Ce
blocage, permet l’activité du précur-
seur du 5FU. La dose recommandée
est de 300 mg/m² de tegafur et de 672
mg/m² d’uracile associés sous la
forme de comprimés d’UFT et de 90
mg d’acide folinique oral par jour, en
3 prises, 5 semaines sur 6. Un essai
européen, incluant 380 patients ob-
jectivait un taux de réponse de 11%
avec l’UFT versus 9% avec le 5FU-AF
Mayo-Clinic sans différence significa-
tive entre les 2 bras [4]. Il n’y avait
pas de différence entre les groupes
pour la survie sans progression et la
survie globale. La principale toxicité
de l’UFT était la diarrhée présente
chez 18% des patients.
5FU-AF + Irinotecan (Campto®)
(CPT11): FOLFIRI
!L’Irinotecan inhibe spécifiquement
la topoisomérase I et empêche ainsi
la progression de la réplication. La
conséquence est une rupture irrépa-
rable de l’ADN qui entraîne la mort
de la cellule. L’Irinotecan est une
prodrogue dont le métabolite actif, le
SN-38 est obtenu après hydrolyse par
des carboxylestérases. Le SN-38 est
ensuite transformé en forme inacti-
vée par une uridine diphosphonate
glucoronosyl transferase 1A1
(UGT1A1) et excrétée par voie biliaire
et urinaire.
Trois essais randomisés de phase III
ont comparé en première ligne une
chimiothérapie par Irinotecan + 5FU-
AF à une chimiothérapie par 5FU-AF
seul. Dans l’essai multicentrique amé-
ricain de Saltz et al., les patients ont
été randomisés entre une chimiothé-
rapie par IFL (CPT11 125 mg/m² +
LV5FU 500 mg/m²), une chimiothéra-
pie par Irinotecan seul (CPT11 125
mg/m²) et une chimiothérapie par
5FU-AF Mayo Clinic. Six cent soixante
sept patients sur 683 inclus ont été
évalués (environ 220 patients par
bras). Les résultats concernant le taux
de réponse objective, le temps jus-
qu’à progression et la survie médiane
étaient significativement supérieurs
chez les patients traités par CPT11 +
5FU-AF que chez les patients traités
par 5FU-AF seul, respectivement 39
versus 21% (P < 0,001), 7 versus 4,3
mois (P = 0,004) et 14,8 versus 12,6
mois (P = 0,04) (TT
TT
Taa
aa
abb
bb
bleau Ileau I
leau Ileau I
leau I) [5]. L e
profil des patients inclus n’était pas
trop restrictif avec 90 patients par bras
âgés de plus de 65 ans et 52 à 64 pa-
tients par bras d’état général OMS égal
à 2.
L’essai multicentrique européen rap-
porté par Douillard et al. a inclus 385
patients (338 évaluables) randomisés
entre un traitement par CPT11 + 5FU-
AF et un traitement par 5FU-AF seul
{6]. Le schéma de 5FU-AF était soit le
LV5FU2 soit un schéma hebdoma-
daire allemand (AIO : AF 500 mg/m²
IV en 2 heures + 5FU 2600 mg/m² IV
en perfusion continue 24h hebdoma-
daires 6 semaines sur 7). Le taux de
réponse, le temps jusqu’à progres-
sion et la survie globale étaient
significativement plus élevés dans le
bras CPT11 + 5FU-AF que dans le bras
5FU-AF seul, respectivement 35
versus 22% (P = 0,005), 6,7 versus 4,4
mois (P < 0,001) et 17,4 versus 14,1
mois (P < 0,031) (TT
TT
Taa
aa
abb
bb
bleau Ileau I
leau Ileau I
leau I).
Enfin, une étude de phase III de
L’EORTC (essai EORTC 40986) a com-
E. Samalin, M. Ychou
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2005 - vol.29 - n°2 97
TT
TT
Taa
aa
abb
bb
bleau I.leau I.
leau I.leau I.
leau I.
Essais randomisés comparant 5FU-AF au 5FU-AF + CPT11 dans le traitement des cancers colorectaux métastatiques.Essais randomisés comparant 5FU-AF au 5FU-AF + CPT11 dans le traitement des cancers colorectaux métastatiques.
Essais randomisés comparant 5FU-AF au 5FU-AF + CPT11 dans le traitement des cancers colorectaux métastatiques.Essais randomisés comparant 5FU-AF au 5FU-AF + CPT11 dans le traitement des cancers colorectaux métastatiques.
Essais randomisés comparant 5FU-AF au 5FU-AF + CPT11 dans le traitement des cancers colorectaux métastatiques.
Randomized trials : 5FU versus 5FU + irinotecan in treatment of metastatic colorectal cancers.Randomized trials : 5FU versus 5FU + irinotecan in treatment of metastatic colorectal cancers.
Randomized trials : 5FU versus 5FU + irinotecan in treatment of metastatic colorectal cancers.Randomized trials : 5FU versus 5FU + irinotecan in treatment of metastatic colorectal cancers.
Randomized trials : 5FU versus 5FU + irinotecan in treatment of metastatic colorectal cancers.
paré une chimiothérapie de première
ligne selon le schéma allemand AIO
à une association AIO + CPT11 heb-
domadaire à la dose de 80 mg/m² IV
en 30 minutes [7]. Parmi les 430 pa-
tients inclus, le taux de réponse ob-
jective et la survie sans progression
étaient améliorés dans le bras AIO +
CPT11, respectivement 54,2 versus
31,5% (P < 0,0001) et 8,5 versus 6,4
mois (P = 0,0001). En revanche il n’y
a pas eu d’amélioration significative
sur la survie globale (TT
TT
Taa
aa
abb
bb
bleau Ileau I
leau Ileau I
leau I).
5FU-AF + Oxaliplatine :
protocole FOLFOX
!L’oxaliplatine est un analogue du
Cisplatine appartenant à la famille des
diaminocyclohexane (DACH) platine.
Il se différencie du Cisplatine de par
son efficacité in vitro et sa faible toxi-
cité digestive et auditive. Il est dénué
de toxicité rénale et sa toxicité neu-
rologique est transitoire, sensitive
cumulative et réversible, quand avec
une bonne expérience l’Oxaliplatine
est stoppée avant l’apparition d’une
neuropathie invalidante.
Trois essais randomisés ont comparé
une chimiothérapie associant
l’Oxaliplatine et le 5FU-AF à une chi-
miothérapie par 5FU-AF seul en pre-
mière ligne métastatique des CCR.
L’essai français a comparé un schéma
LV5FU2 au FOLFOX 4 (LV5FU2 +
Oxaliplatine 85 mg/m² en perfusion
de deux heures pendant l’AF au J1
de chaque cycle). Quatre cent vingt
patients ont été inclus. Le taux de ré-
ponse objective et la survie sans pro-
gression ont été significativement
améliorés chez les patients traités par
FOLFOX 4 par rapport à ceux traités
par LV5FU2 seul, respectivement, 50,7
versus 22,3% (P < 0,001) et 9 versus
6,2 mois (P < 0,0003) (TT
TT
Taa
aa
abb
bb
bleau IIleau II
leau IIleau II
leau II)
[8]. Concernant la survie globale, l’ab-
sence de différence significative en-
tre bithérapie et monothérapie pou-
vait être expliquée par l’utilisation
d’une chimiothérapie de deuxième
ligne chez les patients traités par 5FU-
AF seul. En effet, 27,6% des patients
du bras LV5FU2 ont reçu un traite-
ment à base d’Oxaliplatine en deu-
xième ligne et 20% des patients ont
reçu un traitement de deuxième ou
troisième ligne à base de CPT11 [8].
Les deux autres essais réalisés avec
d’autres schémas d’administration de
5FU rapportaient des résultats com-
parables [9, 10].
420 patients420 patients
420 patients420 patients
420 patients LL
LL
LV5FU2V5FU2
V5FU2V5FU2
V5FU2 FOLFOX 4FOLFOX 4
FOLFOX 4FOLFOX 4
FOLFOX 4 P P
P P
P
Taux de réponse (%)
22,3 50,7 < 0,001
Survie sans progression (mois)
6,2 9 < 0,0003
Survie globale (mois)
14,7 16,2 NS
Neuropathie spécifique (%)
0 18 < 0,001
Neutropénie grade 3-4 (%)
5,3 41,7 < 0,001
OMS 2 (%) 9,5 10,5 NS
TT
TT
Taa
aa
abb
bb
bleau II.leau II.
leau II.leau II.
leau II.
Essai rEssai r
Essai rEssai r
Essai randomisé de De Grandomisé de De Gr
andomisé de De Grandomisé de De Gr
andomisé de De Gramont et al.amont et al.
amont et al.amont et al.
amont et al. compar compar
compar compar
comparant Lant L
ant Lant L
ant LV5FU2 et FOLFOV5FU2 et FOLFO
V5FU2 et FOLFOV5FU2 et FOLFO
V5FU2 et FOLFOX 4 enX 4 en
X 4 enX 4 en
X 4 en
première ligne métastatique des cancers colorectaux première ligne métastatique des cancers colorectaux
première ligne métastatique des cancers colorectaux première ligne métastatique des cancers colorectaux
première ligne métastatique des cancers colorectaux {8].{8].
{8].{8].
{8].
RandomizRandomiz
RandomizRandomiz
Randomized tred tr
ed tred tr
ed trial of De Grial of De Gr
ial of De Grial of De Gr
ial of De Gramont et al. :amont et al. :
amont et al. :amont et al. :
amont et al. : L L
L L
LV5FU2 vV5FU2 v
V5FU2 vV5FU2 v
V5FU2 verer
erer
ersus FOLFOsus FOLFO
sus FOLFOsus FOLFO
sus FOLFOX 4 in fX 4 in f
X 4 in fX 4 in f
X 4 in firir
irir
irstst
stst
st
line trline tr
line trline tr
line treatment featment f
eatment featment f
eatment for metastatic coloror metastatic color
or metastatic coloror metastatic color
or metastatic colorectal cancerectal cancer
ectal cancerectal cancer
ectal cancers.s.
s.s.
s.
Chimiothérapie des cancers colo-rectaux métastatiques
98 Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2005 - vol.29 - n°2
L’étude américaine publiée en 2004
[11] comportait 3 bras de traitement
administrés à 795 patients : un bras
IFL [5], un bras FOLFOX 4 [8] et un
bras associant l’Oxaliplatine à 85 mg/
m² et l’Irinotecan à 200 mg/m² au J1
toutes les 3 semaines. Compte tenu
de la supériorité du FOLFOX 4 sur
l’IFL en terme de réponse objective,
de survie sans progression et de sur-
vie globale, l’étude a été interrompue.
L’augmentation de la survie globale
dans le bras FOLFOX 4 peut être ex-
pliqué par le fait que 60% des patients
de ce bras de traitement ont reçu une
deuxième ligne de chimiothérapie à
base d’irinotecan alors que 24% des
patients du bras IFL ont reçu une chi-
miothérapie à base d’oxaliplatine.
THÉRAPIES CIBLÉES
!Des études in vitro ont permis de
mettre en évidence au sein même du
tissu tumoral des sites moléculaires
susceptibles d’être des cibles spéci-
fiques de traitement des CCR métas-
tatiques. Le but de ce type de théra-
peutique est le blocage de la crois-
sance cellulaire tumorale. Deux clas-
ses de thérapies ciblées ont été in-
troduites dans le traitement des
CCR métastatiques : les anticorps anti-
EGF Récepteur et les inhibiteurs
angiogéniques (anticorps anti-VEGF).
Cetuximab
!Le cetuximab (Erbitux®) est un an-
ticorps monoclonal humanisé d’ad-
ministration intraveineuse qui inhibe
le récepteur de l’Epidermal growth
factor (EGF) de par sa forte affinité
avec le domaine extra-cellulaire du
récepteur. Le récepteur à l’EGF est un
récepteur transmembranaire de type
I doté d’une activité tyrosine kinase,
exprimé par les cancers colorectaux
dans 60 à 80% des cas. Une étude de
phase II a montré qu’une association
irinotecan-cetuximab chez 121 pa-
tients atteints d’un CCR métastatique
en progression avec un schéma de
5FU + irinotecan permettait d’obte-
nir 19% de taux de réponse objective
[12]. Afin de déterminer si l’efficacité
du cetuximab était due à son asso-
ciation avec l’irinotecan ou à son ac-
tivité intrinsèque, les mêmes auteurs
ont traité 60 patients par l’anticorps
seul et le taux de réponse objective
était de 10% [13]. Ces résultats ont
mené à la réalisation d’une étude ran-
domisée chez des patients lourde-
ment prétraités et dont la tumeur ex-
primait le récepteur de l’EGF [14]. La
randomisation était de 2/1 entre
cetuximab + irinotecan (218 patients)
et cetuximab seul (111 patients). Le
schéma d’irinotecan administré dé-
pendait de celui précédemment reçu
avant la progression de la maladie et
pouvait être de 180 mg/m² toutes les
2 semaines, de 350 mg/m² toutes les
trois semaines ou de 125 mg/m² tou-
tes les semaines. Le cetuximab était
administré à 400 mg/m² à la première
cure puis à 250 mg/m² aux cures sui-
vantes. Le traitement combiné indui-
sait un meilleur taux de réponse ob-
jective, 22,9 versus 10,8% (P=0,0074)
et de contrôle de la maladie (réponse
+ stabilité), 55,5 versus 32,4%
(P=0,0001). La survie sans progres-
sion était augmentée de façon signi-
ficative, 4,1 versus 1,5 mois (P<0,00
1). La survie globale n’était pas statis-
tiquement différente entre les deux
groupes : 8,6 versus 6,9 mois (P=0,48).
La toxicité la plus caractéristique du
cetuximab était une pseudo-acné
(80% dans chaque groupe). La toxi-
cité induite par le traitement combiné
n’était pas supérieure à celle induite
par un traitement d’irinotecan seul.
Le Bevacizumab (Avastin®)
!Le bevacizumab est un anticorps
anti VEGF qui bloque l’angiogenèse.
Son association avec le 5FU-AF ou le
5FU-AF + irinotecan a été évaluée dans
deux essais de phase III en 1ère ligne
métastatique. L’essai rapporté par
Hurwitz et al. a randomisé 813 pa-
tients entre un traitement par IFL +
bevacizumab et un traitement par IFL
+ placebo [15]. La dose de bevacizu-
mab était de 5 mg/kg tous les 15 jours.
A progression, les patients sous
bevacizumab pouvaient continuer à
recevoir cet anticorps en association
avec un traitement de deuxième li-
gne. Les patients randomisés dans le
bras IFL + bevacizumab avaient un
taux de réponse significativement
supérieur aux patients randomisés
dans le bras IFL + placebo : 44,8
versus 34,8% (P=0,004). La survie sans
progression et la survie globale
étaient significativement améliorées :
10,6 versus 6,2 mois (P<0,001) et 20,3
versus 15,6 mois (P<0,001), respecti-
vement. La principale toxicité du
bevacizumab était une hypertension
artérielle de grade 3 chez 11% des
patients versus 2,3% dans le groupe
placebo. Kabbinavar et al., ont com-
paré dans un essai de phase III un trai-
tement par 5FU-AF associé au
bevacizumab à un traitement par 5FU-
AF seul [16]. La survie sans progres-
sion était significativement meilleure
dans le bras bevacizumab + 5FU-AF
que dans le bras 5FU-AF seul : 9,2
versus 5,5 mois (P<0,001). En revan-
che, le taux de réponse objective et
la survie globale n’étaient pas
significativement différents entre les
2 bras de traitement.
Récemment, l’association du bevaci-
zumab au FOLFOX comparée au
FOLFOX seul a fait la preuve de son
efficacité en 2e ligne de chimiothéra-
pie après un traitement à base
d’irinotecan [17].
STRATÉGIES THÉRAPEUTIQUES
ACTUELLES ET PERSPECTIVES
Faut-il faire une bithérapie en
première ligne métastatique ?
!Les résultats des études précédem-
ment citées s’accordent en faveur des
bithérapies par Oxaliplatine ou CPT11
associés au 5FU-AF avec un gain de
20 à 30% en terme de taux de réponse
objective et une amélioration de 2 à
3 mois pour la survie sans progres-
sion (5,6). Il est cependant possible
qu’une chimiothérapie de 2e ou 3e li-
gne systématique après une mono-
thérapie par 5FU-AF soit aussi efficace
avec une toxicité plus faible, un coût
moins élevé et moins de contrainte
pour les patients. En effet, la méta-ana-
E. Samalin, M. Ychou
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2005 - vol.29 - n°2 99
lyse de Grothey et al. a rapportée que
l’utilisation des trois drogues de chi-
miothérapie (5FU-AF, irinotecan et
oxaliplatine) quel que soit l’ordre
d’administration [18], comparée à
l’absence de 2e ligne de traitement
était corrélée de façon positive à la
survie globale. De plus, un essai ran-
domisé récemment présenté au
Gastrointestinal Cancers Symposium
2005 a comparé des patients traités
par 5FU-AF seul puis par irinotecan
seul en 2e ligne (groupe A), des pa-
tients traités par 5FU-AF seul en 1ère
ligne suivi d’une 2e ligne par FOLFOX
ou FOLFIRI (groupe B) et des patients
traités par FOLFIRI puis FOLFOX et
son inverse (groupe C) [19]. Le cri-
tère de jugement principal était la
survie globale. Il n’y avait pas de dif-
férence statistiquement significative
en terme de survie entre les différents
bras en 1ère ligne de traitement. Ac-
tuellement, un essai de la Fédération
francophone de cancérologie diges-
tive (FFCD) est en cours. Il s’agit d’un
essai de stratégie comparant un
groupe de patients traités par LV5FU2
simplifié puis FOLFOX6 puis FOLFIRI
à un groupe traité par FOLFOX6 puis
FOLFIRI suivi d’une 3e ligne éven-
tuelle (FFCD 2000-05).
Faut-il remplacer le 5FU-AF
par du Xeloda
dans les bithérapies ?
!La place des monochimiothérapies
orales dans le traitement des CCR mé-
tastatiques est restreinte compte tenu
de la franche utilisation des bithéra-
pies. D’autre part, aucun essai n’a com-
paré le LV5FU2 aux chimiothérapies
orales. En 1ère ligne, elles sont réser-
vées à des profils de patients particu-
liers comme ceux qui ont une mala-
die disséminée non résécable et qui
sont très âgés ou altérés. Des essais
de phase II ont évalué l’utilisation du
Xeloda en association avec l’irino-
tecan (XELIRI) ou l’oxaliplatine
(XELOX) en première ligne de traite-
ment à la place du 5FU-AF intravei-
neux classique. Les résultats sont
encourageants avec des taux de ré-
ponse objective de 35 à 55% et une
toxicité acceptable [20, 21]. Des étu-
des de phase III sont en cours com-
parant les schémas XELOX versus
FOLFOX et XELIRI versus FOLFIRI. Il
faut en attendre les résultats avant de
recommander l’utilisation de Xeloda®
dans ces combinaisons.
Quelles bithérapies faut-il
réaliser en première ligne ?
!Le GERCOR a tenté de répondre à
cette question au travers d’une étude
de stratégie. Cet essai, a inclus 226
patients ; la moitié des patients ont
reçu le schéma FOLFOX 6 (LV5FU
simplifié + Oxaliplatine 100 mg/m²
en perfusion de 2 heures) puis lors-
que la maladie progressait le schéma
FOLFIRI (LV5FU simplifié + 180 mg/
m² de CPT11 en perfusion de 2 heu-
res) ; l’autre moitié des patients a reçu
la séquence inverse : FOLFIRI suivi à
progression de FOLFOX 6 [22]. Les
taux de réponse objective étaient
identiques pour le FOLFOX6 et pour
le FOLFIRI (56% versus 54%, respecti-
vement). La survie sans progression
après la deuxième ligne thérapeuti-
que n’était pas différente entre les 2
séquences. La médiane de survie glo-
bale était supérieure à 20 mois dans
les 2 bras (20,6 mois pour la séquence
FOLFOX6-FOLFIRI et 21,5 mois pour
la séquence inverse) (TT
TT
Taa
aa
abb
bb
bleau IIIleau III
leau IIIleau III
leau III).
En 1ère ligne thérapeutique, 34% des
patients ont eu une toxicité neurolo-
gique de grade 3 spécifique à l’oxali-
platine. Cette toxicité touchait 19%
des patients traités par FOLFOX6 en
2e ligne de chimiothérapie. Au total,
cette étude ne permet pas de répon-
dre à la question de quelle bithérapie
utilisée en 1ère ligne de chimiothéra-
pie si ce n’est un profil de toxicité
plus acceptable avec la séquence
FOLFIRI-FOLFOX6 (moins de
neuropathies).
EssaiEssai
EssaiEssai
Essai PatientsPatients
PatientsPatients
Patients TT
TT
Taux de réponseaux de réponse
aux de réponseaux de réponse
aux de réponse Survie sans progressionSurvie sans progression
Survie sans progressionSurvie sans progression
Survie sans progression Survie globaleSurvie globale
Survie globaleSurvie globale
Survie globale
(n) (%) (mois) (mois)
Tournigand et al. FOLFIRI-FOLFOX6 (109/113) 53 8,5 20,4
2004 [21]
FOLFOX6-FOLFIRI (111/113) 49 8,1 21,5
(NS) (NS) (NS)
TT
TT
Taa
aa
abb
bb
bleau III.leau III.
leau III.leau III.
leau III.
Essai de stratégie thérapeutique. Schémas à base d’oxaliplatine versus schémas à base d’irinotecan.Essai de stratégie thérapeutique. Schémas à base d’oxaliplatine versus schémas à base d’irinotecan.
Essai de stratégie thérapeutique. Schémas à base d’oxaliplatine versus schémas à base d’irinotecan.Essai de stratégie thérapeutique. Schémas à base d’oxaliplatine versus schémas à base d’irinotecan.
Essai de stratégie thérapeutique. Schémas à base d’oxaliplatine versus schémas à base d’irinotecan.
TT
TT
Trr
rr
rial of therial of ther
ial of therial of ther
ial of therapeutic strapeutic str
apeutic strapeutic str
apeutic strategateg
ategateg
ategyy
yy
y..
..
. Schedules with o Schedules with o
Schedules with o Schedules with o
Schedules with oxaliplatin vxaliplatin v
xaliplatin vxaliplatin v
xaliplatin verer
erer
ersus schedules with irsus schedules with ir
sus schedules with irsus schedules with ir
sus schedules with irinotecan.inotecan.
inotecan.inotecan.
inotecan.
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