
36 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MARS 2011 - N°430
nerveux autonome (hypersalivation, énurésie, priapisme,
hypersudation). L’hydrophobie est un signe spécique de la
rage mais inconstamment retrouvé. Elle peut s’accompa-
gner d’aérophobie : le soufe d’air sur la peau ou le visage
du patient déclenche également ces spasmes phobiques.
Les signes de dysphagie sont plus fréquents. Les périodes
d’agitation ou d’obnubilation alternent avec des périodes
de normalité. Ces signes durent classiquement entre 1 à
4 jours puis le coma survient. Le patient décède ensuite
par paralysie du système cardiorespiratoire, en moyenne
dans les 5 jours après le début des signes cliniques en
l’absence de prise en charge médicale.
La forme paralytique ou « rage muette » (30 % des cas)
se manifeste par des paresthésies au niveau du point
d’entrée puis par une paralysie asque avec aréexie.
L’hydrophobie/aérophobie est peu présente. La maladie
évolue vers une para/quadriplégie qui peut faire évoquer
une myélite transverse ou un syndrome de Guillain Barré
et le décès survient par paralysie respiratoire, en moyenne
2 semaines après le début des symptômes (en l’absence
de prise en charge médicale).
6. Le diagnostic de laboratoire
6.1. Introduction
L’établissement d’un diagnostic clinique de la rage est
délicat et d’une abilité limitée. En effet, les signes cli-
niques de la maladie, bien que dominés par des symp-
tômes nerveux, restent pléiomorphes et non spéciques
chez l’animal et l’homme. Seule l’hydrophobie (associée
ou non à de l’aérophobie) peut être considérée comme
pathognomonique de la rage humaine, mais elle n’est pas
toujours retrouvée [14]. Ainsi, la conrmation du statut
enragé d’un animal ou d’un individu repose uniquement
sur la réalisation du diagnostic biologique, qui doit donc
être le plus able possible en termes de sensibilité et de
spécicité [15]. En effet, le résultat de ce diagnostic est
lourd de conséquence puisqu’il a un impact direct sur
la prévention de la mortalité humaine liée à la rage. La
conrmation d’un cas de rage animale conduit ainsi à la
mise en place le plus rapidement possible de la PPE chez
les personnes en contact. De même, l’établissement d’un
diagnostic de rage chez un patient conduit à des mesures
préventives chez les personnes de son environnement, et
à la mise en place d’un traitement palliatif pour ce patient
amené inéluctablement à décéder. Egalement, la sur-
venue de cas de rage chez des patients transplantés à
partir d’organes prélevés sur un donneur enragé souligne
l’intérêt de la mise en place d’un diagnostic intra-vitam
réalisé précocement [16]. A l’inverse, l’établissement d’un
diagnostic négatif chez l’animal aboutit à l’arrêt de la PPE.
Enn, le diagnostic biologique est l’outil indispensable de
tout programme de surveillance et de contrôle de la rage
humaine et animale, car il permet l’obtention de données
épidémiologiques ables [4].
Ce diagnostic biologique de la rage animale ou humaine
est réalisé exclusivement dans des centres de référence
habilités, en laboratoire de connement L2, voire L3. En
France, cette activité est répartie entre le Centre national
de référence pour la rage (CNRR) de l’Institut Pasteur à
4. Rappels sur la prise en charge
des patients exposés
A long terme, la prophylaxie de la rage repose sur le contrôle
et la disparition de la rage animale. La protection immé-
diate des populations repose sur la prévention au travers
de la vaccination antirabique des professions exposées et
sur la PPE des individus éventuellement contaminés. Le
nombre de PPE dans le monde est de l’ordre de 15 mil-
lions par an. En France, la PPE est administrée au travers
de consultations spécialisées effectuées par les centres
antirabiques répartis sur tout le territoire français [11]. Deux
protocoles recommandés par l’OMS sont utilisés [12]. Il
s’agit de protocoles associant 4 ou 5 injections de vaccins
par voie intramusculaire à une sérothérapie antirabique
effectuée si possible par instillation locale au niveau des
zones de morsure, dans les cas les plus graves.
5. Rappels cliniques
5.1. La rage chez l’animal
Le signe clinique le plus marquant reste la modication
du comportement habituel (ex : perte de méance pour
l’homme). Un comportement agressif et une hyperactivité
sont fréquemment retrouvés chez les carnivores infectés
(domestiques ou sauvages), mais des formes paralytiques
sont également observées, sans signe d’agressivité asso-
cié. Au cours de la maladie, un animal infecté peut aussi
présenter alternativement ces deux formes cliniques. La
mort survient en général en moins de deux semaines.
5.2. La rage chez l’homme
Le virus chemine de la zone de contamination vers le sys-
tème nerveux central par voie nerveuse. L’incubation a une
durée médiane de l’ordre de 30 jours avec des extrêmes
de 7 jours à plus de 1 an voire 6 ans. C’est pendant cette
période que les mesures prophylactiques doivent être
entreprises.
La période prodromique dure entre 2 et 10 jours. Le début
est brutal avec des douleurs et des paresthésies (sensation
de brûlure, froid, fourmillement) au niveau du point d’en-
trée. La èvre est inconstante. Le malade peut présenter
des signes digestifs (anorexie, nausées, vomissements,
diarrhée), des signes neurologiques (céphalées, vertiges)
ainsi que des signes divers (anxiété, tristesse, irritabilité,
insomnie, cauchemars).
La période d’état est ensuite très courte. Elle est carac-
térisée par une encéphalomyélite présentant principale-
ment deux types distincts de forme clinique : une forme
spastique et une forme paralytique [13]. Rapidement, cette
période d’état est suivie d’une phase de coma qui peut
être articiellement prolongée par l’administration de soins
intensifs. Toute rage déclarée est mortelle. Les évolutions
favorables sont exceptionnelles.
La forme spastique ou « rage furieuse » (70 % des cas) se
manifeste par des troubles du comportement, une hyperac-
tivité, des spasmes phobiques (hydrophobie, aérophobie)
ou inspiratoires et des dysfonctionnements du système