La rage aujourd'hui, le rôle de Jean Blancou © Jacques Barrat a rage est une zoonose mortelle, bien souvent L caractériser la barrière d’espèce, élément capital en fatale pour l’homme faute de prophylaxie post- matière de protection de la santé publique. Les routes et exposition bien conduite. Malheureusement, la voies d’inoculation, les périodes d’incubation, les rage reste aujourd’hui trop souvent négligée dans de périodes de morbidité et enfin les durées d’excrétion nombreux pays : les méthodes de prophylaxie chez chez le chien et le renard, leur capacité après l’animal, pourtant bien connues, sont peu utilisées, et vaccination à résister à une épreuve virulente n’eurent chez l’homme, l’accès au traitement et à des vaccins de plus de secret pour Jean Blancou et son équipe. bonne qualité est encore souvent difficile pour des Cependant, le point le plus intéressant de ses travaux raisons économiques ou sociales. Toutefois, on observe réside dans l’analyse des variations de sensibilité des partout une volonté de prise en charge globale du différentes espèces animales en fonction des virus problème de la rage, dans le cadre d’une réflexion utilisés. Écrire à la fin des années 70 que des coordonnée et complémentaire intégrant les volets caractéristiques intrinsèques d’adaptation qui humains et vétérinaires. caractérisaient les différents biotypes de virus rabique Ce concept d’une seule médecine pour la pouvaient agir indépendamment des variations surveillance et le contrôle des zoonoses complexes environnementales et écologiques locales et comme la rage, impliquant diverses espèces conditionnaient la pérennité de l’épizootie relevait d’un domestiques et sauvages, Jean Blancou l’avait bien esprit pionnier et avant-gardiste. Jean Blancou n’a pas compris. Jean Blancou a toujours été intéressé par la pour autant négligé le rôle de l’environnement et de contribution de la faune sauvage aux zoonoses et il lui l’écologie dans la diffusion de la rage. Bien au contraire, apparaissait, en effet, de plus en plus important d’être à ses travaux sur l’analyse de l’éthologie et de l’écologie même de savoir et de prévoir quelles étaient les du renard, mais aussi sur les technologies vaccinales interférences possibles entre les maladies des animaux innovantes ont très largement contribué aux fondements sauvages et celles des animaux domestiques ou de de la stratégie de vaccination des renards en France et l’homme. en Europe, et à son éradication en Europe de l’Ouest. Jean Blancou a donc consacré une part importante de sa carrière à comprendre la pathologie des lyssavirus pour leurs espèces réservoirs, mais aussi à essayer de Hervé Bourhy Responsable de l’Unité Dynamique des lyssavirus et adaptation à l’hôte, Centre national de référence pour la rage et Centre collaborateur de l’OMS de référence et de recherche sur la rage, Institut Pasteur, Paris, France 2011 • 3 63