SOMMAIRE : INTRODUCTION : PATIENTS ET MÉTHODE :

OBJECTIF : L’objectif de cette étude est d’évaluer le comportement d’une prothèse
trapézo-métacarpienne Maïa® sur une série rétrospective et monocentrique avec un recul
moyen de 48 mois.
MÉTHODES : Cent prothèses soit 94 patients ont été inclus dans l’étude de juin 2005 à
septembre 2007. Sur les 100 prothèses, 89 ont été revues en consultation. 7 patients ont été
perdus de vue, 2 sont décédés et 2 ont été repris ailleurs.
RÉSULTATS : La douleur post-opératoire est évaluée à 0.8/4 selon le score d’Alnot, 93.6%
des patients étaient satisfaits et très satisfaits. Le score d’opposition de Kapandji moyen
était de 9.7/10 et le score de Dash moyen à 9.9/100. La force de la pince pouce/index était
comparable au côté non opéré. Deux reprises chirurgicales ont été réalisées pour
descellement trapézien. Il existe 2 ténosynovites de De Quervain, 4 algodystrophies, une
fracture du trapèze post traumatique, et un descellement trapézien non repris. La survie de
cet implant est de 95.6% à 48 mois.
CONCLUSION : La prothèse Maïa® est un implant qui donne un excellent sultat
clinique avec une courbe de survie très satisfaisante. Son design anatomique et sa
modulariavec cols décalés et antéversés permettent une bonne adaptation et une bonne
stabilité ; son revêtement bicouche composé de titane poreux projeté sous vide et
recouvert d’hydroxyapatite facilite une ostéo-intégration rapide. Le descellement
trapézien reste la principale complication à moyen terme.
1
Avril 2012
LES POINTS FORTS :
Récupération fonction-
nelle de la force dès 3
semaines supérieure au
geste de la trapézecto-
mie
Restitution de la mobi-
lité, de la stabilité et de
la longueur de la co-
lonne du pouce dès le
3emois
95,6% de survie à 4 ans
SOMMAIRE :
P1 INTRODUCTION
P1 PATIENTS ET
MÉTHODE
P2 PROTHÈSE MAÏA ®
P2 RÉSULTATS
P3 LES RÉSULTATS DE SUIVI
P3 DISCUSSION
P4 CONCLUSION
D’après les travaux des :
Dr Fanny ALKAR
Dr Jacques TEISSIER
Montpellier
INTRODUCTION :
La rhizarthrose est une pathologie fréquente de la femme d’âge mur.
L’articulation trapézo-métacarpienne est, de par sa sollicitation
dans les gestes de la vie courante, très fréquemment atteinte par
l’arthrose. Les patients sont de plus en plus demandeurs de mobi-
lité indolore de cette articulation. [1,2]
L’articulation trapézo-métacarpienne est une articulation en selle
biconcave présentant 2 degrés de liberté. [3,4]
Loption trapeutique d’une arthroplastie totale existe depuis 30 ans. [5]
Le développement des prothèses trapézo-métacarpiennes est en
plein essor depuis les dix dernières années. [2]
Les prothèses actuellement sur le marché se différencient par : la
position et le nombre de centres de rotation, le type d’articulation
rotule ou en selle, le mode de fixation et l’arc de mobilité. (De la
Caffinière®, Rubis®, Roseland®, Isis®, Ivory®, Guepar®, Arpe®,
Elektra®, Cardan de Kapandji) [1,6,7]
Le remplacement prothétique que nous proposons est celui d’une
articulation de type rotule (centre de rotation unique à de liberté)
avec cupule semi-rétentive.
PATIENTS ET MÉTHODE :
Objectifs :
L’objectif principal est d’évaluer la performance et la sécurité de
la prothèse trapézo-métacarpienne Maïa® dans le traitement de la
rhizarthrose par l’estimation de sa probabilité de survie (reprise
chirurgicale avec changement de tout ou partie de l’implant quelque
soit la cause) sur une série consécutive de patients afin d’être re-
présentatif de la pratique clinique quotidienne.
Les objectifs secondaires sont une évaluation clinique précise
(amélioration postopératoire du score de douleur d’Alnot, satisfac-
tion du patient, score Quick DASH, indice d’opposition et de rétro-
pulsion de Kapandji, indice de force Key-Pinch et Grasp, mobilité
postopératoire), une évaluation radiologique avec recherche de des-
cellement, enfoncement et ossifications, la recherche d’effets indé-
sirables n’ayant pas nécessité le reprise de la prothèse (infection
nosocomiale, hématome,
luxation, fracture, descelle-
ment, allergie, névralgie du nerf
radial, ténosynovite de De Quervain), et enfin le décès.
Type d’étude :
Nous avons mené une étude rétrospective monocentrique, mono
opérateur sur une série consécutive de 100 cas.
Les patients :
Nous avons inclus dans la série des patients quels que soient l’âge
et le sexe, ayant bénéficié de la prothèse trapézo-métacarpienne
Maïa® pendant la période allant de juin 2005 à septembre 2007.
L’opérateur était le Docteur Jacques Teissier.
Les données opératoires qui ont été recueillies sont le sexe, l’âge
à l’intervention, le côté opéré, le membre dominant, le score d’Alnot
préopératoire, le niveau d’activité, la cotation radiologique selon
Dell.
Les caractéristiques de l’intervention chirurgicale qui ont été rete-
nues sont la date d’intervention, la casuistique de l’implant et les
effets indésirables.
Le suivi post hospitalier a permis de rechercher la survenue de
complication et ou reprise chirurgicale. L’évaluation clinique et ra-
diologique était standardisée : score d’Alnot, satisfaction du patient,
score de Quick Dash, indice d’opposition et de rétropulsion de Ka-
pandji, indice de force Key-Pinch et Grasp, mobilité postopératoire,
recherche de descellement, enfoncement et ossifications.
Tous les sujets ont été recontactés par téléphone. La majorité des
sujets a accepté de venir en consultation pour la révision de l’im-
plant. Pour les sujets ne pouvant pas se déplacer, les données ont
été obtenues par téléphone. Dans ce cas, seule la notion de reprise
chirurgicale a été notifiée. Enfin, quelques sujets n’ont pas pu être
recontactés (perdus de vue).
PROTHÈSE MAÏA®:
L’implant Maïa® est une prothèse totale de type rotule à 3 degrés de liberté à centre de
rotation unique trapézien, non cimentée.
La tige métacarpienne est de section triangulaire reproduisant anatomiquement la cavité
médullaire du premier métacarpien. Son revêtement double est composé d’une sous
couche de titane poreux projeté sous vide, recouverte d’hydroxyapatite, favorisant son
ostéo-intégration. Elle possède une macrostructure en écailles sur sa partie proximale
afin de diminuer les risques d’enfoncement de l’implant et de favoriser la repousse os-
seuse à son contact. Elle existe en 4 tailles (7, 8, 9 et 10).
Le col modulaire se décline en 3 modèles droit, décalé, antéversé (droit et gauche) et en
3 longueurs (médium, long et extra long). Il est fin, évitant ainsi tout effet came. Il est
surmonté d’une bille monobloc.
La cupule trapézienne est de type hémisphérique ; elle comprend un métal-back et un
noyau en polyéthylène interchangeable et de type semi rétentif ou non rétentif. Son dia-
mètre externe est de 9 ou 10 mm et sa forme est décagonale. Sa surface au contact du
trapèze est munie de 4 micro picots peu agressifs et possède un revêtement bicouche
plasma titane et poro-coat d’hydroxyapatite permettant un ancrage press-fit sans ciment.
Deux trous de diamètre 1mm symétriques, sur l’équateur, permettent la manipulation
de la cupule à l’aide de la pince porte-cupule. Bien que serti, le noyau PE est amovible
et peut être changé seul en cas de reprise.
L’assemblage entre la tige et le col se fait par l’intermédiaire d’un cône morse à 6°. L’an-
téversion du col est de 30°.
Technique opératoire :
Anesthésie locorégionale avec garrot pneumatique à la
racine du membre.
Voie d’abord latérale rectiligne centrée sur l’articulation
trapézo- métacarpienne.
• Branches sensitives du nerf radial systématiquement vi-
sualisées et protégées par les écarteurs.
Le court extenseur du pouce est écarté en dehors et le
long abducteur en dedans. Le long abducteur du pouce est
partiellement désinséré de la base du premier métacarpien
avec un patch périosté.
Arthrotomie en L inversé : relèvement d’un lambeau capsulaire
à charnière dorsale relevée progeant ainsi l’arre radiale.
Synovectomie
Préparation du métacarpien
dans un premier temps : Coupe
à la scie (5 mm d’épaisseur en-
viron), plane et perpendiculaire
à l’axe du premier métacarpien,
emportant la surface articulaire
avec le cartilage et l’os sous-
chondral ; émondage de l’os-
ophyte palmaire systématique
et passage des râpes succes-
sives pour choisir la taille de la
tige retenue.
Dans un deuxième temps, préparation du trapèze : résection des osthéophytes péri-
trapéziens à la pince gouge. Repérage du centre de la selle et passage des fraises suc-
cessives en finissant par la
fraise manuelle afin de ne pas
brûler l’os.
Mise en place de l’implant trapèzien définitif (semi-réten-
tif) par impaction, avec l’impacteur (droit ou coudé) qui
doit guider l’enfoncement de la cupule en respectant une
orientation de 40° d’abduction et de 40° d’antéversion par
rapport à l’axe du 2e métacarpien.
Après mise en place de la cu-
pule et de la tige, on alise les
essais et le choix du col prothé-
tique.
Contrôle de l’orientation et de
la longueur. Tests de mobiliet
de stabilité.
Fermeture par repositionne-
ment du lambeau capsulaire ;
réinsertion périostée du long
abducteur qui est dorsalisé et
remis en tension sur la base du
premier métacarpien.
• Fermeture par points séparés non résorbable à la peau, pas
de drainage.
Mise en place d’un orthèse immobilisant le pouce à 48h pour
une durée de 3 semaines.
A J+3 semaines ablation de lorthèse et début de lauto rééducation.
• Patients revus à 2 mois.
Bilan radiologique :
Le bilan radiologique à la révi-
sion était standardisé : radio-
graphie des deux mains de
face et incidences de Kapandji
de face et de profil des 2
pouces.
Incidence kapandji de FACE Incidence kapandji de PROFIL
Analyse statistique :
Les variables qualitatives ont été décrites par des proportions, les variables quantitatives
par leur moyenne, écart-type, médiane, minimum et maximum.
L’amélioration postopératoire du score PMA a été évaluée par un test paramétrique de
Wilcoxon apparié.
Les données censurées ont été analysées par la méthode de Kaplan Meier (avec intervalle
de confiance à 95% de la probabilité de survie). La date d'origine était la date de pose du
dispositif et la date de point le 31 octobre 2011. Un sujet était considéré comme perdu de
vue lorsqu’ il n’avait pas pu être recontacté.
Tous les tests étaient bilatéraux au seuil 5 %. Les analyses ont éréalisées avec Stata 5.
RÉSULTATS
Les données analysées étaient celles disponibles au 31 octobre 2011.
Descriptif de la population à l’inclusion
Au total, 100 prothèses trapézo-métacarpienne Maïa® ont été posées chez 94 patients
(6 patients ont bénéficié d’une prothèse bilatérale) entre le juin 2005 et le septembre
2007. Il s’agit d’une série consécutive de cas. Les caractéristiques des patients à l’in-
clusion figurent dans les tableaux 1 et 2.
Tableau 1 – Caractéristiques de la population à l’inclusion
CARACTÉRISTIQUE n (%)
Sexe
Femme 92 (97,8)
Côté opéré
Droit 57 (57,0)
Membre dominant
Oui 46 (46,0)
Profession (niveau d’activité)
Manuel lourd 49 (49,0)
Manuel léger 19 (19,0)
Sédentaire 32 (32,0)
Classification de Dell
Stade 1 0 (0,0)
Stade 2 0 (0,0)
Stade 3 18 (18,0)
Stade 4 82 (82,0)
Atteinte STT
0 86 (86,0)
1 11 (11,0)
2 3 (3,0)
2
Quatre patients présentaient une arthrite inflammatoire et un patient un diabète asso-
ciés. Concernant les traitements antérieurs, 35% des patients ont eu des infiltrations,
26% une orthèse et 16% des infiltrations associées à une orthèse.
La hauteur moyenne du traze était de 8 mm (minimum 4 mm, maximum 12 mm).
Une arthrose sévère de l’articulation métacarpo-phalangienne était associée dans 5%
des cas.
Tableau 2 – Caractéristiques de la population à l’inclusion
Les implants
Les caractéristiques des implants figurent dans le tableau 3.
Tableau 3 – Caractéristiques des implants
La majorité des cols, 96,0%, sont décalés (moyen, long ou extra-long). Les cupules uti-
lisées étaient toutes rétentives.
LES RÉSULTATS DE SUIVI
Recueil des données
Sur les 94 patients (correspondant à 100 prothèses) 83 ont été revus en consultation.
Les autres ont fait l’objet d’un suivi téléphonique.
Probabilité de survie de l’implant
Parmi les 100 prothèses trapézo-métacarpiennes Maïa®, 11 sont sorties d’étude pour
les motifs suivants :
- 2 patients sont décédés, soit 2,0%. Les motifs de décès étaient sans rapport avec le
dispositif.
- 2 prothèses ont été reprises chirurgicalement ailleurs, soit 2,0%
- 7 patients ont été perdus de vue, soit 7,0%
Le recul moyen était de 45,3 mois (+/- 5,5), médian de 44,2 mois (minimum 37, maxi-
mum 64 mois).
La survie de l’implant à 48 mois était de 95,6% IC 95% [82,7-98,9] calculée sur 24 pro-
thèses encore incluses dans l’analyse comme l’illustre la figure 2.
Figure 2 – Probabilité de survie de la prothèse trapézo-métacarpienne MAÏA®
Deux reprises chirurgicales ont eu lieu :
- Une reprise à 42 mois post-opératoire pour un descellement trapézien qui a été
repris par une cupule de taille supérieure (10 mm).
- Une reprise à 46 mois post-opératoire pour un descellement de la cupule trapézienne
chez une femme de 48 ans, effectuant des travaux manuels lourds, souffrant d’une
rhizarthrose isolée. La reprise a été réalisée en un temps avec reconstruction du
trapèze par un greffon cortico-spongieux iliaque et pose d’ une cupule press-fit
taille 9 dans le greffon.
Complications n’ayant pas nécessité de reprise chirurgicale
Sur l’ensemble de la série, 9 patients ont présenté une complication qui n’a pas nécessi
de reprise chirurgicale :
- Un patient de 58 ans a présenté une luxation prothétique. Cette complication a pu être
traitée par une réduction « orthodique ». Ce patient est dé un an plus tard dans
les suites d’une fracture de l’extmité supérieure du fémur controlarale, aucun autre
épisode de luxation n’avait éobservé.
- Quatre patientes ont développé une algodystrophie modérée qui a retardé de 3 mois
en moyenne la récupération fonctionnelle.
- Une fracture non placée du trapèze a été diagnostiquée chez une patiente de 67 ans à
3 semaines postopératoires. La fracture a é traitée orthodiquement, immobilisée par
une résine pendant 2 mois, puis ortse amovible 1 mois.
- Deux patientes ont développé une ténosynovite de De Quervain qui a été traitée par
infiltration et immobilisation.
- Un enfoncement avec descellement de la cupule trapézienne a été mis en évidence
chez une femme de 77 ans. Une reprise a été proposée mais refusée par la patiente
qui était peu symptomatique.
Evaluation clinique
L’évaluation clinique a été effecte sur 83 patients revus en consultation.
Amélioration du score de douleur d’Alnot :
Tableau 4Comparaison du score d’Alnot préopératoire et au dernier suivi
Satisfaction du patient :
71,4% des patients sont très satisfaits, 22,2% sont satisfaits, 4,8% sont moyennement
satisfaits et 1,6% ne sont pas satisfaits. Soit un taux de satisfaction global de 93,6%.
Score Quick DASH :
Le score moyen au dernier suivi est de 9,9/100 (écart-type 10,5, médiane 6,8/100, mi-
nimum 0/100, maximum 47/100).
Indice d’opposition et de rétropulsion de Kapandji [8]
L’indice moyen d’opposition est de 9,7/10, celui de rétropulsion de 2,0/4. Les mobilités
postopératoires sont :
- Flexion : 19,0°
- Extension : 40,3°
- Antépulsion : 33,4°
- Rétropulsion : 15,6°
Indices de force Key-Pinch et Grasp
Tableau 5 –Scores de Key Pinch et Grasp au dernier suivi
Evaluation radiologique
L’évaluation radiologique a été effectuée sur 83 patients revus en consultation.
Liserés :
Un liseré trapézien a été observé dans 17,4% des cas, un liseré métacarpien dans 22,2%
des cas. Ces liserés sont asymptomatiques.
Ossifications :
Des ossifications ont été jugées petites et non encombrantes dans 36,5% des cas,
moyennes et peu encombrantes dans 23,8% des cas et encombrantes dans 3,2% des
cas. Ces dernières sont modérément enraidissantes.
Enfoncements ou mobilisations :
Un enfoncement global de la cupule trapézienne a été objectivé dans 3,2% des cas.
Aucun enfoncement de la tige métacarpienne n’est survenu. Une mobilisation de type
«bascule» a affecté la cupule trapezienne dans 4,7 % des cas.
DISCUSSION
Dans la rhizarthrose, l’option thérapeutique d’une arthroplastie totale trapézo-métacar-
pienne reste encore pour certains controversée.
Parmi les alternatives chirurgicales, c’est la trapézectomie, avec ou sans tendinoplastie
de suspension ou d’interposition, qui est la solution classiquement la plus préconisée
[9,10].
CARACTÉRISTIQUE n (%)
Taille de la tige
7 16 (16,0)
8 38 (38,0)
9 29 (29,0)
1017 (17,0)
Type de col
Droit moyen 0 (0,0)
Droit long 1 (1,0)
Droit extra-long 2 (2,0)
Décalé moyen 23 (23,0)
Décalé long 67 (67,0)
Décalé extra-long 6 (6,0)
Décalé antéversé droit moyen 0 (0,0)
Décalé antéversé droit long 1 (1,0)
Décalé antéversé droit extra-long 0 (0,0)
Décalé antéversé gauche moyen 0 (0,0)
Décalé antéversé gauche long 0 (0,0)
Décalé antéversé gauche extra-long 0 (0,0)
Type de cupule
Taille 9 rétentive 99 (99,0)
Taille 10 rétentive 1 (1,0)
CARACTÉRISTIQUE Moy (ET) p-value
Score d’Alnot préopératoire 3,2 (1,0) < 0,01†
Score d’Alnot postopératoire 0,8 (1,0)
† Test de Wilcoxon apparié
CARACTÉRISTIQUE Moy (ET) Med (min-max)
Age, année 68,4 (8,2) 68,0 (48-86)
Score d’Alnot préopératoire 3,2 (1,0) 4,0 (0-4)
Côté opéré Côté non opéré
Homme Key Pinch 9,4 kg 9,3 kg
Grasp 43 kg 44,2 kg
Femme Key Pinch 5,3 kg 5,5 kg
Grasp 22.1 kg 23 kg
3
4
Mais, outre la douleur qui disparait, la force, la mobilité, la sta-
bilité et la longueur de la colonne du pouce sont restaurées dès le
troisième mois dans le cadre de la mise en place d’une prothèse
Maïa® [11,12].
Il faut de plus évoquer les douleurs persistantes et les risques d’en-
raidissement de la colonne du pouce si la tendinoplastie est trop ten-
due après trapézectomie [13]. De plus, il existe une diminution de la
longueur de la colonne du pouce qui n’est pas négligeable notamment
pour la population féminine prédominante dans cette pathologie : la
réduction de l’espace scaphotrapézien est de 27% à 78 mois de recul
dans la série de Ferrière et Mansat en 2010 [9]. Il est vrai que dans
cette série de trapézectomie, les complications sont limitées à deux
cas d’algodystrophie. Cependant nous observons avec les prothèses
trapézométacarpiennes Maïa® une récupération fonctionnelle ra-
pide avec la force qui reste supérieure aux trapézectomies et une
indolence avec au recul moyen de 4 ans. Le taux de survie de l’im-
plant est très satisfaisant et les complications sont rares (7%). C’est
pourquoi la prothèse Maïa® reste pour nous intervention de choix
car elle apporte rapidement indolence et fonctionnalité stable dans le
temps (recul moyen de 4 ans) et permet en cas de complications un
recours à une trapézectomie avec ou sans tendinoplastie de suspen-
sion ou d’interposition. L’arsenal thérapeutique est pauvre après tra-
pézectomie si le patient reste douloureux.
Plus récemment, des implants d’interposition, le plus souvent en py-
rocarbone, avec ou sans trapézectomie partielle ou totale ont été pro-
posés comme une solution compétitive face aux prothèses totales.
Les implants en silastic, en polyesther ou en PLLA avec trapézectomie
totale ont, au travers de leurs effets indésirables, perdu de leur cré-
dibilité [27].
Les atouts de la prothèse totale sont représentés par :
- la disparition des douleurs
- la récupération des mobilités
- la restauration de la force
- le rétablissement de la longueur du pouce
- la correction du « pouce en Z »
Et cela dans unlai post-opératoire très rapide, de l’ordre de 3 mois.
De plus, en cas d’échec d’une prothèse, une trapézectomie reste possible
et cette possibilité n’est pas la seule solution en cas decessité de ré-
vision prothétique : reconstruction trapézienne par greffe osseuse, tra-
ze prothétique ou cupule double mobili de vision, cupule implantée
dans le scaphoïde, arthrose trapézométacarpienne type Foster…
Le trapèze reste cependant la difficulté : en effet, les descellements
trapéziens représentent 2,2% de notre série. Il existe 3.2% d’enfon-
cement global de la cupule asymptomatique, 4,7%de bascule stable
de la cupule et 17% de lisérés trapéziens stables. Lemoine et al. ont
recensé 28% de liserés trapéziens et 3% de descellements trapéziens
dans leur série de 84 prothèses Guepar® [6,14]. Dans la série de
Maes de 118 prothèses Rubis II® [15,16], il n’existe aucun descel-
lement mais un liseré d’ostéolyse stable était présent au niveau tra-
pézien dans 15% des cas. Pour Regnard, il existe 15% de
descellements trapéziens dans sa série de 100 prothèses Electra [17].
Nous avons considérablement amélioré l’ostéo-intégration de la cu-
pule trapézienne grâce à la fois son revêtement bicouche titane / hy-
droxy-apatite projeté par une torche à plasma sous vide et sa
morphologie décagonale. Nous pensons que ces ostéo-intégrations
insuffisantes s’expliquent, dans certains cas, par la mauvaise qualité
osseuse du trapèze et dans d’autres cas, par un « stock osseux » trop
limite, s’agissant de trapèzes dysplasiques avec une hauteur réduite.
Nous pensons que l’absence de descellement et d’enfoncement de la
tige métacarpienne est liée à son design anatomique, à sa macros-
tructure en écailles et à un lit de préparation constitué d’un os cortical
[18, 19,20].
La luxation est également une complication fréquemment retrouvée
dans la littérature. Regnard retrouve 7% de luxations pour la prothèse
Electra® et Jacoulet 8% pour la prothèse Arpe® [17,12]. Enfin, la
prothèse Rubis II® dans la série de Maes dénombre 5% de luxations
[15].
Nous pensons que la rareté de luxation dans notre série (1%) s’ex-
plique par plusieurs facteurs :
- le caractère semi-rétentif du noyau en polyéthylène de la cupule
trapézienne [21,22] ; cet effet semi rétentif du polyéthylène ne
dure que quelques mois car il se produit un « matage » pro-
gressif du rebord du polyéthylène pendant 6 mois. Au total, ce
caractère semi-rétentif a les avantages de la rétentivité pour la
stabilité primaire sans les inconvénients d’une rétentivité durable
sur l’ostéofixation. Ainsi il existe une protection contre la luxation
pendant l’installation précoce de la fibrose cicatricielle.
- la préservation des muscles thénariens et ligaments antérieurs
par la voie d’abord latérale que nous utilisons en prenant soin
de réinsérer l’abductor pollicis longus et réparer le lambeau cap-
sulaire lors de la fermeture.
- la grande attention mise au centrage et à l’orientation de la cupule
trapézienne.
Parmi les autres complications retrouvées on relève 4% d’algodys-
trophie. Nous avons associé la libération endoscopique du nerf mé-
dian au canal carpien pour ces patients. Les résultats ne nous
permettent pas de conclure quant à la relation de cause à effet de
l’addition d’un geste chirurgical à la mise en place de la prothèse. En
effet, dans notre série il existe 25 cas de pose de prothèse nous
avons associé un geste chirurgical (libération endoscopique canal
carpien, ténosynovite sténosante d’un doigt long, aponevrectomie
pour maladie de Dupuytren, arthrodèse interphalangienne d’un doigt
long…)
La fracture du trapèze que nous comptons dans notre série est une
fracture post traumatique survenue une semaine après l’ablation de
la résine. Aucune fracture du trapèze n’est observée en per opératoire
ni post-opératoire immédiat. Le design de l’implant trapézien avec
ses picots tropicaux peu agressifs permet un ancrage trapézien meil-
leur en évitant les accidents fracturaires à l’impaction sur des os fra-
giles.
La probabilité de survie de la prothèse Maïa® est excellente avec 95,6
% de survie à 4 ans.
Dans la littérature, on retrouve un taux de survie variable avec dans
la série de Maes un taux comparable pour la prothèse Rubis II® (93%
à 5 ans) [15] mais pour Apard et Saint Cast un taux de 85 % de survie
à 5 ans pour la prothèse Arpe [23,24]. Walch et al. ont retrouvé 68%
de survie pour la prothèse De La Caffinière à 5 ans [25].
Le taux de satisfaction est également excellent avec 93,6% des pa-
tients très satisfaits et satisfaits. Pour Garcia, la prothèse Roseland®
montre un taux de satisfaction qui est correct de 84,6% [26].
La principale limite dans cette étude est son caractère rétrospectif.
Cependant, le faible taux de perdus de vue donne de la puissance à
cette cohorte.
CONCLUSION
La prothèse Maïa® est une évolution et une amélioration de la pro-
thèse Arpe®. Outre une excellente probabilité de survie à 48 mois
(95,6%), cette prothèse a permis de régler le problème de l’enfonce-
ment des tiges métacarpiennes. La prothèse Maïa® diminue égale-
ment les complications trapéziennes, elle élargit les indications et
simplifie les reprises grâce à une gamme étendue de cols: droits, dé-
calés et antéversés. Sur le plan clinique, la fonction du pouce est ré-
tablie, en terme d’indolence, de mobilité et de force restaurée. La
déformation en Z et la longueur de la colonne du pouce peuvent être
corrigées.
Enfin, un échec de prothèse trapézométacarpienne n’est pas une im-
passe thérapeutique, car des solutions de reprise existent : trapézec-
tomie, prothèses de révision, arthrodèse trapézométacarpienne.
A la lumière des résultats de cette série, il nous parait souhaitable de
proposer comme solution de choix une prothèse trapézométacar-
pienne type Maïa® dans le traitement chirurgical de la rhizarthrose.
[1] Lignon J, Friol JP, Chaise F. Historique des prothèses
totales trapézo-métacarpiennes. Ann Chir Main Memb
Super 1990;9(3):180-188.
[2] Comtet JJ, Rumelhart C. Prothèses totales trapézo-
métacarpiennes : concepts et essai de classification.
Chir Main 2001;20:48-54.
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