1
Groupe de travail sur les changements
climatiques
Programme de travail 2015-2017
« Contribution aux stratégies de réponse des aires
protégées françaises face aux changements climatiques »
Au cours de sa réunion trimestrielle du 30 septembre 2014, la Commission
aires protégées du Comité français de l’UICN a pris la décision d’établir un
groupe de travail sur les changements climatiques afin de structurer
l’expertise sur cette thématique en appui aux gestionnaires et à leurs réseaux
représentatifs, et de promouvoir le rôle des aires protégées dans les
stratégies d’adaptation et d’atténuation à l’échelle nationale. La réunion de
lancement du groupe, qui s’est tenue le 11 décembre, a permis de discuter
des problématiques et des priorités des réseaux d’aires protégées. La
présente note synthétise les conclusions de ces échanges en proposant des
thématiques de travail prioritaires pour le triennal 2015-2017.
Exposé des motifs
Les scénarios régionalisés du GIEC pour la métropole et l’outre-mer français
à l’horizon 2021-2050 indiquent une hausse des températures comprise
2
entre 0,6°C et 1,3°C, ainsi qu’une gère augmentation des précipitations
moyennes. Les experts anticipent une aggravation de ces tendances à
l’horizon 2100, avec un renforcement du taux de précipitations extrêmes.
Dans les territoires ultramarins, les températures moyennes vont augmenter
de 0,7°C tandis que les précipitations moyennes devraient diminuer, en
particulier pendant la saison sèche. Surtout, les modèles prévoient une
augmentation de la fréquence des cyclones et de la vitesse moyenne du
vent maximal.
Ces changements climatiques vont exacerber les pressions anthropiques
exercées sur la biodiversité (pollutions, espèces exotiques, fragmentation).
Selon les contextes, ils se traduiront par le déplacement d’aires de répartition
d’espèces, la modification de la phénologie de certaines espèces, la
perturbation des trajectoires des oiseaux migrateurs, le développement des
espèces exotiques envahissantes, et pourraient constituer à terme un des
principaux facteurs d’érosion de la biodiversité. Du fait de cette mobilité
accrue, certains scientifiques estiment que d’ici 2080, les aires protégées
« perdront » 60% des espèces pour lesquelles elles ont été créées. Ces
données prédictives interrogent la pertinence de tels dispositifs fixistes et
leur capacité à préserver à long terme des échantillons représentatifs de la
biodiversité. Elles doivent conduire à terme à mettre davantage en
cohérence les stratégies de conservation avec les dynamiques évolutives
complexes qui caractérisent le vivant.
Pour autant, lorsqu’elles sont efficacement gérées, les aires protégées
constituent à ce jour un des outils les plus efficace pour conserver la
biodiversité face aux principales menaces d’origine anthropique et maintenir
le potentiel de résilience et d’adaptation des écosystèmes. Elles n’ont
d’ailleurs jamais cessé d’évoluer dans leur organisation depuis la création du
parc national de Yellowstone en 1872, pour incorporer de nombreuses
innovations conceptuelles issues de la biologie de la conservation et des
sciences humaines et sociales. Irvin et al. (2010) identifient ainsi trois
paradigmes successifs, depuis le modèle classique originel qui vise à
3
protéger les éléments naturels les plus remarquables, le modèle moderne
apparu dans les années 1970 centré sur le renforcement de la gestion et
l’implication des populations locales dans les systèmes de gouvernance,
jusqu’au modèle actuel dit émergent, qui s’attache à intégrer les aires
protégées dans des objectifs sociétaux. En plus de constituer les pierres
angulaires des stratégies globales de conservation de la biodiversité, les aires
protégées sont ainsi progressivement considérées comme des espaces
fournisseurs de biens et de services environnementaux et susceptibles de
répondre aux défis globaux du développement. Cette vision plus large
transparait explicitement dans la définition de l’UICN d’une aire protégée
(« un espace géographique clairement défini, reconnu, dédié et géré, par des
moyens légaux ou autres, afin de favoriser la conservation à long-terme de
la nature et des services écosystémiques et des valeurs culturelles qui y sont
liés »). C’est à ce titre qu’elles sont en plus en plus reconnues comme des
outils efficaces, économiques et durables pour lutter contre les changements
climatiques:
- elles assurent le capture et le stockage de carbone atmosphérique (la
restauration des écosystèmes à l’échelle mondiale pourrait aider à éviter 0,5
°C de réchauffement) ;
- elles contribuent à maintenir la résilience des écosystèmes et à réduire leur
vulnérabilité ;
- ce faisant, elles permettent la continuité d’une large gamme de
bénéfices environnementaux pour les sociétés dans des contextes de
contraintes climatiques, quand des écosystèmes dégradés perdent leurs
capacités à fournir ces services écologiques.
Dans une certaine mesure, la prise en compte des changements climatiques
devrait conduire les Etats à accélérer la mise en œuvre des objectifs d’Aichi,
en particulier pour « établir des réseaux écologiquement représentatifs et
bien reliés d’aires protégées gérées efficacement et équitablement et
d’autres mesures de conservation efficaces par zone, et intégrées dans
l’ensemble du paysage terrestre et marin » (n°11) ; pour « améliorer la
résilience des écosystèmes et la contribution de la diversité biologique aux
4
stocks de carbone » (n°15) ; et pour « mobiliser des ressources financières
nécessaires à la mise en œuvre effective du plan stratégique » (n°20).
Cependant, il existe un hiatus entre l’inscription de ces thématiques dans les
principales conventions environnementales internationales, au premier rang
desquelles l’UNFCCC et la CDB, et la réalité de leur prise en compte en
France, alors même que notre pays est signataire de ces accords et est
particulièrement concerné, notamment dans ses territoires d’outre-mer. Cette
question se pose avec d’autant plus d’acuité que la France accueille cette
année la 21ème conférence des parties de l’UNFCCC.
L’accent est principalement porté sur l’observation des impacts des
changements climatiques dans les aires protégées, en revanche, il n’est pas
fait mention de celles-ci dans le plan national d’adaptation ni dans les
politiques d’atténuation, principalement fondées sur des solutions
technologiques. Il n’y a par ailleurs que peu d’articulations effectives entre
les plans de lutte contre les changements climatiques et les stratégies
nationales de création et de gestion d’aires protégées (terrestres ou
marines). Enfin, s’il existe plusieurs travaux scientifiques sur les changements
climatiques en lien avec des aires protégées, peu de guides pratiques ont
été développés pour aider les gestionnaires de ces espaces.
Il apparaît donc nécessaire de rechercher une meilleure intégration des
stratégies de conservation de la biodiversité et de lutte contre les
changements climatiques. Pour cela, il faut préciser la nature des stratégies
et des options d’adaptation et évaluer leur efficacité, tout en considérant par
ailleurs la vulnérabilité de certaines aires protégées et le besoin de renforcer
leurs modalités de gestion et de gouvernance :
- quels sont les outils et les statuts de protection les mieux adaptés pour
répondre aux différents impacts ?
- quelles complémentarités peut-on envisager entre les statuts de protection
pour renforcer la capacité d’adaptation de ces sites?
5
- quelles actions de conservation, de réhabilitation écologique et de gestion
doit-on mettre en place prioritairement pour assurer le maintien des services
écologiques fournis par les aires protégées ?
- comment évaluer les principaux bénéfices fournis par les aires protégées
en matière de lutte contre les changements climatiques ?
- comment les intégrer plus efficacement dans les politiques publiques et
renforcer en même temps la prise de conscience du public à leur égard ?
Missions
Positionnement : inter réseaux
Insister sur l’outre-mer
Ne pas attendre de tout savoir pour agir : les axes ne sont pas successifs
Le groupe de travail vise à être une plateforme d’expertise au service des
réseaux d’aires protégées représentatifs sur les stratégies de réponses aux
changements climatiques, et par conséquent de leurs gestionnaires. Il a
vocation à favoriser les échanges d’expériences, la mise à disposition de
lignes directrices et d’outils pratiques, et à valoriser les initiatives françaises à
l’échelle internationale.
Son principal objectif est de renforcer la prise en compte des changements
climatiques dans les stratégies de conservation de la biodiversité et d’assurer
une meilleure reconnaissance du rôle des aires protégées dans les stratégies
de lutte contre les changements climatiques.
Le groupe de travail vise également à plusieurs objectifs spécifiques,
notamment :
- promouvoir des expériences pilotes d’utilisation des aires protégées pour
atténuer et adapter aux changements climatiques et formuler des
propositions pour accroître leur utilisation dans les stratégies nationales et
locales d’adaptation et d’atténuation ;
1 / 14 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !