Le Changement de prothèse de hanche

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Le Changement de prothèse de hanche
Dr Frédéric MOUILHADE
Cette intervention est rendue nécessaire lorsque la prothèse initialement posée est défaillante.
Le principe de cette opération est de retirer les éléments abimés de l’ancienne prothèse et de
les remplacer.
Les causes les plus fréquentes en sont :
-
peu de temps après la pose : la luxation des éléments de la
prothèse, le défaut de fixation à l’os, l’infection
-
plusieurs années après la pose : il s’agit en général d’usure de la
prothèse ou perte de fixation à l’os (descellement), se
manifestant par des douleurs, limitation des mobilités, luxations,
rupture d’implant ou fracture
L’objectif de l’intervention est de retrouver une articulation fonctionnelle, de récupérer une
autonomie de marche, des capacités fonctionnelles et moins de douleurs
Une analyse précise doit permettre de déterminer la cause de cette reprise, si une partie
seulement de la prothèse peut être changée, s’il existe une perte d’os nécessitant une
reconstruction par un implant adapté et/ou des greffes osseuses.
Enfin il faut penser aux tissus mous entourant cette prothèse, afin de limiter l’agression de la
peau et des muscles dans ce contexte d’intervention itérative. Ces éléments stabilisent la
prothèse, ils sont fragilisés par ces chirurgies répétées, ce qui conduit à proposer des implants
adaptés pour limiter le risque de luxation.
Quand réopérer ?
Dès que possible si la cause du problème est une infection. Dans les autres cas cela dépend de
la gêne occasionnée, sous réserve que le stock osseux soit suffisant et permette de temporiser.
Il est de toute façon préférable d’intervenir tôt, avant que les dégâts osseux obligent à de
lourds gestes de reconstruction.
L’état général du patient et les maladies/traitements en cours interviennent dans cette
décision. Ainsi l’évaluation pré-opératoire recherchera l’absence de portage de microbe
(dents, peau, urine, nez), s’assurera que les organes puissent supporter cette chirurgie (cœur,
reins, poumons…), permettra de mettre en place des mesures pour limiter les risques
opératoires (traitement éventuel de varices, améliorer la qualité du sang …)
Le changement de cotyle :
C’est la partie femelle de la prothèse, fixée sur le bassin.
Il faut parfois poser au préalable un renfort, reconstruire l’os par des greffes, ou aller chercher
un ancrage plus à distance.
Le changement de tige fémorale :
C’est la partie mâle de la prothèse. Retirer cette tige est parfois difficile (ciment, fixation à
l’os), ce qui peut conduire à des gestes techniques complexes comme fendre le fémur en 2
pour limiter le risque de véritable fracture non contrôlée et donc plus difficilement réparable.
Une planification opératoire est importante. Malgré tout, les dégâts osseux découverts
pendant l’intervention peuvent conduire à changer ce qui était prévu : le remplacement des 2
parties de la prothèse au lieu d’une seule, des gestes de reconstruction plus étendus avec des
greffes osseuses, l’utilisation d’implants différents de ceux qui étaient envisagés. A l’extrême
on peut être amené à utiliser de véritables implants massifs.
Les suites
Cette intervention étant plus longue, avec plus de saignement qu’une première pose de
prothèse, la récupération est plus lente.
La reprise d’appui est dans la plupart des cas possible sans délai, mais peut être différée de 6
semaines dans certaines circonstances. Les cannes de marche sont en général conservées 6
semaines avant de pouvoir être retirées.
Un traitement antalgique est instauré, adapté selon les douleurs ressenties au cours du séjour.
Il est également nécessaire de prendre un traitement pour rendre le sang plus fluide et limiter
le risque de caillot bouchant les veines (phlébite)
Des prises de sang sont également réalisées, entre autre pour évaluer la nécessité ou non et le
moment d’une transfusion de sang.
Enfin selon l’autonomie récupérée et les conditions de vie, un retour à domicile ou une
convalescence ont été envisagés en pré-opératoire.
Une rééducation pourra également vous être proposée dans un délai défini par le niveau de
contrainte permis du côté opéré.
Les risques
Pendant l’intervention
Les complications sont les mêmes que celles de la prothèse de hanche de première intention,
avec un risque plus élevé.
Le saignement, par exemple, peut être de plus d’un litre ce qui peut
conduire à utiliser un dispositif d’épargne sanguine (réadministration
de son propre sang après traitement), afin de limiter le risque de
transfusion.
Les artères et nerfs étant proches de l’articulation peuvent être blessés
dans ce contexte d’intervention itérative et plus agressive. Une cicatrice
au niveau du ventre peut être réalisée dans certains cas pour contrôler
ce saignement. Heureusement cette situation est rare, mais lorsqu’elle
se produit nous avons la chance de disposer à la clinique de l’Europe de
chirurgiens vasculaires et d’un service de soins intensifs pour une
réaction adaptée, c’est une sécurité que tous les établissements ne
peuvent avoir.
Une fracture peut également survenir en cas d’os fragilisé. Dans
certains cas nous préférons contrôler et créer cette fracture
(trochantérotomie, fémorotomie) pour mieux maîtriser sa
réparation.
Exemple de fracture créée pour retirer la prothèse,
fracture refermée ensuite
Après l’intervention
Un hématome peut se produire, pouvant conduire à proposer son évacuation s’il tarde à se
résorber.
L’infection est une complication qui reste heureusement rare, mais sévère puisqu’elle
nécessite un traitement antibiotique prolongé et une nouvelle intervention, pouvant imposer le
changement de la prothèse. Le descellement lui-même qui est à l’origine du changement de
prothèse peut être d’origine infectieuse, c’est pour cela que des prélèvements sont
systématiquement réalisés pendant l’intervention.
la luxation ( les 2 parties de la prothèse se déboitent), la compression ou lésion nerveuse (avec
paralysie ou perte de sensibilité), la formation de caillots dans les veines (phlébite et embolie
pulmonaire), l’absence d’ancrage de la prothèse à l’os environnant sont des exemples des
difficultés rencontrables.
Cette intervention devient inévitable dès que la défaillance de la prothèse de hanche a été
établie.
Si les risques opératoires sont un peu plus importants que ceux de la chirurgie initiale et
la récupération plus lente et moins complète, la reprise de prothèse de hanche permet de
récupérer en autonomie et qualité de vie.
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