1 L’´equation de Fermat.
1.1 Introduction.
Les principaux objets d’´etude de ce cours sont les anneaux d’entiers alg´ebriques. La
notion g´en´erale d’entier alg´ebrique est introduite au chapitre 4, mais la d´efinition est tr`es
simple : un nombre complexe zest un entier alg´ebrique s’il est racine d’un polynˆome
unitaire `a coefficients entiers. Exemple : tout nombre entier n(qui est racine de X−n),
ou encore √2, e2iπ/7et i(qui sont racines respectives de X2−2, X7−1 et X2+ 1)), mais
pas 1/2, ni π.
Il est vrai, mais pas tout `a fait ´evident (voir la proposition 4.1.4) que les entiers alg´e-
briques forment un sous-anneau de C.
Nous commencerons ce cours par illustrer l’importance des anneaux d’entiers alg´e-
briques par des exemples : l’anneau Z[i] des «entiers de Gauss »intervient au chapitre 2
dans le probl`eme des deux carr´es (trouver tous els entiers qui sont somme de deux carr´es),
et l’anneau Z[j] (o`u j=e2iπ/3) dans le probl`eme de Fermat en degr´e 3, r´esolu par Euler.
Dans ce chapitre, nous allons introduire le «probl`eme de Fermat »g´en´eral, et traiter
quelques cas assez simples : le degr´e 2, connu depuis l’Antiquit´e, le degr´e 4 (r´esolu par
Fermat) et l’´equation de Fermat dans C[t].
L’equation de Fermat g´en´erale est la suivante :
xn+yn=zn.
Dans cette ´equation, nest un entier, sup´erieur ou ´egal `a un, et le probl`eme qui se pose
est de trouver, pour ndonn´e, toutes les solutions de cette ´equation, c’est-`a-dire tous les
triplets (a, b, c) dans Z3tels que an+bn=cn. Avant de dire quoi que ce soit sur ce probl`eme
particulier, remarquons qu’il garde un sens si on remplace Zpar n’importe quel anneau (les
anneaux seront commutatifs et unitaires dans ce cours, sauf mention explicite contraire).
En effet, l’ensemble des solutions dans A3, pour un anneau A, est simplement l’ensemble
des z´eros du polynˆome xn+yn−zndans A3.
Si φ:A→Best un morphisme d’anneaux et (a, b, c) dans A3une solution de l’´equation
de Fermat de degr´e nci-dessus, alors (φ(a), φ(b), φ(c)) dans B3est ´egalement une solu-
tion de la mˆeme ´equation. En fait, cette derni`ere propri´et´e est vraie pour tout syst`eme
d’´equations polynomiales `a coefficients dans Z.
L’´equation de Fermat est homog`ene : tous les monˆomes y intervenant ont mˆeme degr´e.
Une autre fa¸con de dire cela est : si Aest un anneau, (a, b, c) dans A3et λdans A
non diviseur de z´ero, alors (a, b, c) est une solution si et seulement si (λa, λb, λc) l’est.
G´eom´etriquement, cela s’exprime en disant que l’ensemble des solutions est un cˆone, et
(au moins sur un corps) la propri´et´e pour (a, b, c) d’ˆetre une solution ne d´epend que de
la «droite »A(a, b, c), donc que de l’image de (a, b, c) dans le «plan projectif »sur A.
En g´en´eral, quand on consid`ere des syst`emes d’´equations polynomiales homog`enes, on a
int´erˆet `a consid´erer les solutions dans l’espace projectif correspondant, car cela fait baisser
la dimension du probl`eme (c’est `a dire, le nombre de variables) d’un.
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