Le marché militaire américain
Par Axel Hermesse
Sommaire
1. Introduction 1
2. Le marché de l’armement militaire 2
2.1. Spécificités 2
2.2. Un marché difficile 3
3. Complexité du marché militaire américain 5
3.1. Introduction 5
3.2. Le lobbying 5
4. Un regard sur l’histoire des États-Unis 6
5. Le complexe militaro-industriel 7
5.1. Introduction 7
5.2. Définition 8
5.3. L’avènement du complexe militaro-industriel 8
6. Les États-Unis: le gendarme du monde 10
7. Le Pentagone 11
8. Le système du « bottom-up » 12
9. Les différents corps de l’armée des États-Unis 12
10. Hystérie sécuritaire 13
11. Conclusion 17
Bibliographie 18
Bibliographie commentée 19
1
1. Introduction
Trois boys scouts rapportent à leur chef de troupe
que leur bonne action de la journée fut d’aider
une vieille dame à traverser la rue.
« C’est très bien, dit le chef, mais pourquoi
vous y être mis à trois ?
- Eh bien, c’est qu’elle ne voulait pas traverser1. »
Cette petite histoire, racontée par un sénateur américain, illustre une caractéristique
prépondérante de la politique extérieure des États-Unis: le militarisme missionnaire. C’est là
un des nombreux aspects d’une nation née par les armes que nous aborderons dans le
cadre de cet article, dont le but est d’offrir une meilleure connaissance du marché américain
de l’armement militaire.
Ainsi, des héros de guerre devenus présidents aux mécanismes du complexe
militaro-industriel, en passant par l’entretien de la peur par les autorités, de l’isolationnisme
devenu interventionnisme, nous tenterons d’éclairer le regard du lecteur sur la première
puissance militaire au monde.
En effet, toute société désirant se positionner sur un marché (pays) étranger doit au
préalable recueillir des informations pertinentes sur les caractéristiques nationales. Le
secteur de l’armement militaire est un domaine à haute confidentialité. Nous n’avons pas
pour ambition de pénétrer dans ses mécanismes les plus secrets. Notre objectif est de
développer certaines caractéristiques essentielles du marché militaire américain, utiles à
toute société d’armement européenne désireuse d’y tenter sa chance.
1 Sénateur J. William Fulbright cité par MOISY Claude. L’Amérique sous les armes. Paris : Editions du
Seuil, 1971, 287 p., p.7 (L’histoire immédiate).
2
2. Le marché de l’armement militaire
2.1. Spécificités
En raison de la nature particulière de leur production, les entreprises d’armement ne
peuvent s’adresser qu’à des clients officiels tels des gouvernements ou des forces armées.
Et parmi ce panel limité de clients potentiels, une entreprise d’armement militaire étrangère
pourra difficilement s’imposer sur un marché disposant d’une industrie militaire locale,
logiquement protégée par le gouvernement. Cet aspect de l’armement militaire en réduit
fortement la taille du marché.
L’activité militaire est une « industrie hétérogène, à destination unique »2. Car elle
réunit de nombreuses activités traditionnelles (métallurgie, mécanique, chimie,…) et de
hautes technologies (informatique, électronique, aéronautique). Cette caractéristique ajoutée
au fait d’un seul destinataire, un seul type de client, le gouvernement d’un pays, font que
l’industrie de l’armement et ses partenaires sont soumis aux dures lois d’un désarmement et
d’une réduction budgétaire des armées. Ces transformations du paysage ont engendré la
chute de nombreuses entreprises d’armement militaire. Les spécialistes estiment qu’il ne
restera d’ici 2010 qu’un nombre restreint d’entreprises militaires.
Quant au thème de la reconversion souvent abordé pour les entreprises d’armement,
il est délicat. Car passer d’une production militaire à une production civile n’est pas aisé, au
vu des spécificités des produits militaires (faiblesse des séries, très grande fiabilité des
produits, …) et de leurs exigences (modes de conception, savoir-faire,…). Il y a opposition
entre les données d’une production militaire et celles d’une production civile. La Russie, en
se lançant dans une politique de reconversion, a débouché sur des déconvenues
considérables, en ayant sous-estimé cette question. Plus proche de nous, la Fabrique
Nationale d’armes de guerre de Herstal (FN HERSTAL) s’est diversifiée à de nombreuses
reprises et souvent avec succès. Citons le célèbre vélo acatène, les nombreux records
remportés par les « demoiselles de Herstal », ces motos performantes de la première moitié
du vingtième siècle. Pourtant, malgré ces succès, la FN s’est finalement recentrée sur son
métier initial, celui qui l’a vue naître : l’armement militaire.
2 CARROUE Laurent. Les industries européennes d’armement. Paris : Masson, 1993, 237 p., p.3
(Collection Réalités CEE).
3
La nature du client, un État, et les montants importants en jeu ont tendance à faire
oublier aux entreprises d’armement militaire certaines notions élémentaires de suivi des
coûts de production. En outre, les prix de l’armement militaire varient fortement selon la
nature du client, les quantités commandées, les accessoires accompagnant le produit ou les
modifications apportées au produit pour le client. Bref, le client finance généralement les
largesses de son fournisseur. En considérant cela, il apparaîtrait trop risqué pour une
entreprise de passer d’une activité militaire à une activité civile, car cela impliquerait une
transformation trop radicale de son fonctionnement.
2.2. Un marché difficile
Avec un déploiement d’armes et d’équipement équivalent à 750 millions d’euros3, la
Guerre du Golfe a fait illusion quant à la santé et aux perspectives de croissance des
industries d’armements en Europe et dans le monde. Pourtant, le début des années 1990
marque la fin d’un paysage mondial figé depuis le Seconde Guerre Mondiale. L’effondrement
du Pacte de Varsovie et du COMECOM4, la réunification de l’Allemagne, l’éclatement de la
Yougoslavie et l’implosion de l’URSS, deuxième puissance mondiale, ont transformé les
données stratégiques.
Quarante-cinq ans de Guerre Froide ont modelé les esprits et favorisé l’industrie de
l’armement au travers d’une course folle. Toutes les idéologies, toutes les certitudes
acquises pendant cette période allaient brutalement être remises en cause. Les États-Unis et
l’URSS vont même jusqu’à entamer des négociations non pas pour limiter mais pour réduire
les armements accumulés. En 1991, le budget russe de la défense baisse de 20%. Il
baissera ensuite de 30% en 19925. Cette baisse des dépenses militaires mondiales va
persister pour atteindre en 1998 un minimum de 690 milliards de dollars.
La période 1993-2002 enregistre d’importantes variations selon les pays, dominées
cependant par une tendance générale à un nouvel accroissement des dépenses militaires
dans la plupart des régions du monde depuis 1998. L’ensemble des pays européens a
connu une diminution de 8% des dépenses militaires, principalement causée par la très forte
réduction des dépenses russes du début des années 1990. En Europe occidentale, la baisse
des dépenses militaires est de 6% et de 2% pour l’Union Européenne. La tendance se
poursuit en Amérique du Nord avec une diminution de 6% également.
3 ibid., p.3.
4 Conseil d’Assistance Economique Mutuelle.
5 CARROUE, Laurent, op. cit., p.17.
4
Cependant, les nombreuses hausses budgétaires importantes sollicitées par
l’administration Bush pour la guerre en Irak (les « supplementals6 »), qui n’étaient pas
inscrites dans le budget initial, devraient inverser sensiblement cette tendance.
En 2002, les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 784 milliards de
dollars, dont celles des États-Unis pour 336 milliards de dollars. Il apparaît clairement que la
période de déclin important des dépenses militaires qui a surgi au début des années 1990,
après la fin de la guerre froide, semble révolue. L’importante concentration des dépenses
militaires nous éclaire sur l’importance des États-Unis sur ce marché. En effet, ces derniers
représentent à eux seuls 42,8% du total mondial. Ils sont suivis du Japon (6% du total), du
Royaume-Uni (4,6%), de la France (4,3%) et de la Chine (4%). Ces cinq premiers pays
totalisent ensemble 62% du total mondial. Les 15 pays de l’Union Européenne (en 2002)
représentent 19,5% des dépenses militaires mondiales.
Graphique : Les parts de marché, 1987-2002
(en milliards de dollars, aux prix de 2002, source : CRS)
Source : Richard F. Grimmet, Conventional Arms Transfers to Developing Nations, CRS
(Congressional Research Service) Report for the Congress, Washington, éditions
successives.
6 MAMPAEY Luc. Dépenses militaires et transferts d’armes internationaux : quelques chiffres pour
clarifier les idées, Note d’Analyse du GRIP, Bruxelles, 10 février 2004.
Disponible sur : http://www.grip.org/bdg/g1012.html
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