
sur deux échographies et deux examens TDM. Dans un autre
cas, une laparotomie a été décidée devant l’existence d’un
important pneumopéritoine mis en évidence à la TDM à j1 :
une suture de l’angle duodénojéjunal a été effectuée et une
contusion du bord inférieur du pancréas a été décelée. Pour
les deux derniers enfants, une prise en charge au bloc opéra-
toire à distance de leur hospitalisation a été nécessaire : une
splénectomie a été réalisée un mois après une contusion
splénique révélatrice de nodules intraspléniques ayant fait
suspecter une prolifération maligne (l’examen de la pièce
opératoire a montré que l’enfant était atteint d’une maladie
de Gaucher) ; pour l’autre enfant, une kystojéjunostomie sur
anse en Y a été nécessaire pour drainer un pseudokyste
pancréatique après six mois d’évolution. Tous les enfants
ayant eu une perforation de viscères creux ont été opérés et
un recours à la chirurgie a été nécessaire dans six cas de
lésion d’organe plein (en dehors de la splénectomie pour
maladie de Gaucher), soit dans 12,7 % des cas.
Ainsi, sur les 40 enfants ayant présenté une lésion organi-
que, quatre seulement ont eu une exérèse viscérale : une
résection intestinale, une néphrectomie partielle, une
néphrectomie totale et une seule splénectomie, nécessaire en
deuxième intention pour une indication médicale et non pour
un problème hémodynamique.Aucune hépatectomie ou pan-
créatectomie n’a été réalisée dans notre série. Une interven-
tion chirurgicale a été nécessaire chez sept enfants pour des
lésions extra-abdominales : quatre drainages thoraciques et
trois réductions orthopédiques de fracture de membre. Une
transfusion sanguine a été nécessaire chez sept enfants por-
teurs de lésions viscérales (soit 17,5 % des cas) : deux ont eu
un traitement conservateur non chirurgical, quatre ont néces-
sité une transfusion sanguine pré-opératoire et un enfant a eu
une transfusion sanguine postopératoire. Un suivi de ces
40 enfants porteurs de lésions viscérales a pu être assuré
pendant 8,5 mois en moyenne (un mois à deux ans) avec
contrôle clinique, échographique et/ou tomodensitométri-
que.
L’évolution a été favorable pour tous ces enfants et aucun
décès n’a été observé.
3. Discussion
Les enfants hospitalisés pour un TAF, avec ou sans lésion
viscérale associée, ne représentent que deux cas pour
1000 entrées chirurgicales pédiatriques dans notre série. En
France, aucune donnée épidémiologique précise n’a été re-
trouvée et la fréquence exacte des TAF n’est pas connue [5].
Aux États-Unis, 16 millions d’enfants par an sont victimes
d’un traumatisme corporel et 600 000 (3,75 %) nécessitent
une hospitalisation [4]. Parmi ceux-ci, les traumatismes de
l’abdomen représentent 20 à 30 % des cas et sont à l’origine
de 10 % des décès de cause traumatique [4,6–8]. Dans les
TAF, une lésion viscérale ne serait présente que dans 10 à
30 % des cas [2,3,9,10] alors que nous en avons eu 43,5 %
dans notre étude, mais les traumatismes bénins non hospita-
lisés n’ont pas été comptabilisés.
L’examen clinique reste primordial dans la prise en charge
des TAF et l’appréciation de l’état général de l’enfant déter-
mine d’emblée le degré d’urgence, la nécessité ou non d’une
hospitalisation en réanimation, puis, selon l’évolution, le
recours éventuel à un acte chirurgical en grande urgence si le
pronostic vital est mis en jeu [11]. Les meilleurs éléments
d’orientation en faveur d’une lésion viscérale abdominale, en
dehors de l’instabilité hémodynamique, sont les suivants :
mécanisme de la contusion abdominale, port ou non de la
ceinture de sécurité, type de ceinture de sécurité à deux ou à
trois points, traces de contusion (ecchymoses, abrasion du
derme ou hématomes), existence de douleurs abdominales et
de vomissements, ou mieux de défense à la palpation abdo-
minale, contexte de polytraumatisme [12,13]. Dans cette
dernière situation, le TAF peut se retrouver au second plan si
un traumatisme crânien ou thoracique domine le pronostic
vital et nécessite un traitement en urgence.
Une fois orienté, le diagnostic repose sur divers examens
complémentaires. Le cliché d’ASP est très souvent demandé
à la recherche d’un pneumopéritoine et, dans notre étude, il
n’a permis de visualiser qu’une perforation intestinale sur
trois. Dans l’étude de Munns et al., concernant 32 perfora-
tions de l’intestin grêle et du côlon, un pneumopéritoine
n’était présent sur le cliché d’ASP que dans sept cas (21,9 %)
[14]. De plus, sa réalisation est difficile quand il s’agit d’un
enfant polytraumatisé, et le cliché de profil est d’interpréta-
tion délicate. Mais cet examen reste malgré tout indispensa-
ble devant tout TAF, en sachant que l’absence de pneumopé-
ritoine n’exclut pas formellement une perforation digestive.
L’examen TDM est considéré par beaucoup comme l’exa-
men de choix en cas de TAF chez l’enfant sans instabilité
hémodynamique pour détecter une lésion viscérale intra-
abdominale [2,7,15–17], avec une sensibilité proche de
100 % pour certains [13,18]. Si l’on tient compte de la
découverte d’un épanchement péritonéal et/ou d’une lésion
viscérale associée, la sensibilité de la TDM dans notre étude
était de 86,6 % mais l’examen TDM peut être pris en défaut
s’il est réalisé trop précocement après le traumatisme [11].
Pour Neish et al. [4], la TDM est intéressante pour les
indications thérapeutiques qui en découlent : 84 % des dia-
gnostics évoqués et 44 % des indications proposées après le
seul examen clinique sont modifiées par les résultats de cet
examen, permettant d’orienter les enfants dans le service
approprié à leur surveillance (réanimation, chirurgie infan-
tile) ou d’autoriser éventuellement le retour au domicile et
d’alléger la surveillance initialement prévue. Pour Ruess et
al. [16], seule la mise en évidence d’un pneumopéritoine, et
donc d’une lésion du tube digestif, sur l’examen TDM, est
une indication de prise en charge au bloc opératoire en
urgence. En revanche, pour les lésions de viscères pleins, la
découverte de la lésion, par ce même examen, n’influence
pas en soit l’indication chirurgicale puisque celle-ci est prin-
cipalement déterminée par l’état hémodynamique de l’en-
fant. Mais l’examen TDM présente aussi des inconvénients :
coût élevé, nécessité d’un enfant transportable et prémédi-
qué, irradiation importante et utilisation de produits de
331A. Cotte et al. / Archives de pédiatrie 11 (2004) 327–334