Tr abd fermé

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Mémoire original
Prise en charge des traumatismes fermés de l’abdomen chez l’enfant
Management of blunt abdominal trauma in children
A. Cotte, E. Guye, N. Diraduryan, D. Tardieu, F. Varlet *
Service de chirurgie pédiatrique, CHU Hôpital-Nord, 42055Saint-Étienne cedex 2, France
Reçu le 7 mai 2003 ; accepté le 6 décembre 2003
Résumé
Le but de ce travail était d’étudier de façon rétrospective la prise en charge diagnostique et thérapeutique des enfants victimes d’un
traumatisme abdominal fermé (TAF).
Population et méthode. – Sur une période de six ans, 92 enfants ont été hospitalisés pour un TAF. La moyenne d’âge était de 9,5 ans et ces
traumatismes concernaient un garçon dans 61,9 % des cas. Les circonstances de l’accident ont été principalement les chutes (45,6 %) et les
accidents de la voie publique (43,5 %). Le bilan paraclinique initial comprenait un cliché d’abdomen sans préparation (ASP), une échographie
abdominale couplée à un doppler des artères rénales le plus souvent, et, parfois, un examen tomodensitométrique avec injection de produit de
contraste (TDM). Le traitement était de principe non opératoire, sauf en cas d’instabilité hémodynamique ou de perforation d’organe creux.
Résultats. – Sur 92 TAF, 52 étaient bénins et 40 étaient associés à une ou plusieurs lésions viscérales intra-abdominales. Le diagnostic
initial précis des lésions a été possible dans 21 cas sur 40 (52,5 %) grâce au cliché d’ASP une fois, à l’échographie abdominale 17 fois, à
l’examen TDM deux fois et à la laparotomie en urgence une fois. Dix-neuf enfants sur 40 (47,5 %) ont eu un retard diagnostique de un à sept
jours. Les examens qui ont permis de faire le diagnostic à distance étaient l’échographie abdominale dans neuf cas, l’examen TDM dans cinq
cas, les examens biologiques (transaminases et amylases) dans deux cas et une intervention chirurgicale dans trois cas. Vingt-neuf enfants ont
bénéficié d’un traitement conservateur non opératoire avec une durée d’hospitalisation de 12,7 jours en moyenne. Trois enfants ont été opérés
en urgence (deux perforations intestinales et une splénorraphie) et huit enfants de manière différée (quatre lésions rénales, une lésion
splénique, une lésion pancréatique et une lésion duodénale). Sept enfants sur 40 (17,5 %) ont nécessité une transfusion sanguine.Aucun décès
n’est survenu.
Conclusion. – Dans le cadre d’un service d’urgence, le diagnostic de lésion viscérale intra-abdominale repose sur un ensemble
d’arguments cliniques, biologiques et radiologiques. L’échographie apparaît suffisamment sensible pour détecter un épanchement péritonéal
et/ou une lésion viscérale associée, sans augmenter la morbidité et la mortalité en cas de lésion passée inaperçue. Au moindre doute, il ne faut
pas hésiter à la recontrôler ou à prescrire un examen TDM dont la sensibilité semble supérieure. L’intervention chirurgicale en urgence est à
réserver aux enfants présentant une instabilité hémodynamique ou une perforation d’organe creux, et finalement, une grande majorité des
enfants bénéficie d’un traitement conservateur non opératoire.
© 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Abstract
The aim of this study was to evaluate the radiological and therapeutic management of blunt abdominal trauma (BAT) in children, with
retrospective data.
Population and methods. – During 6 years (Nov 1995–Oct 2001), 92 children were hospitalised for BAT (mean age 9.5 years; 61.9%
boys). Falls (45.6%) and motor vehicle accidents (43.5%) were the most frequent causes. The initial management included abdominal plain
film X–ray and ultrasonography, and sometimes computed tomography (CT). The non-operative treatment was used, unless the patient was
hemodynamically unstable or had hollow visceral injury, diaphragmatic rupture or renal artery rupture.
Results. Among 92 BAT, 52 were minor traumas and 40 were associated with one or several abdominal injuries. The sensitivity of
ultrasonography to find hemoperitoneum and/or abdominal injuries was 80.3%, but the initial diagnosis of such lesions was accurate in
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (F. Varlet).
Archives de pédiatrie 11 (2004) 327–334
www.elsevier.com/locate/arcped
© 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.arcped.2003.12.011
21 cases (52.5%) and delayed in 19 cases (47.5%), ranging from 1 to 7 days. In the delayed cases, the diagnosis was possible in nine cases with
ultrasonography, in five cases with CT, but also with transaminase, amylase or lipase assays in two cases, and surgery in three cases.
Twenty-nine children had a non-operative treatment and stayed in hospital about 12 days on average. Three children had surgery in emergency
(two bowel perforations and one splenic rupture) and eight with delay (four renal ruptures, one associated splenic nodes, one pancreatic
pseudocyst and one duodenal perforation). Only seven children (17.5%) required blood transfusion and no death occurred.
Conclusion. – In a trauma centre, the management of abdominal injuries is possible with ultrasonography and its sensitivity is correct
without increasing of morbidity and mortality. But, if in doubt, a CT must be performed because its sensitivity is better. Most of the time, the
children can benefit from non-operative treatment.
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Mots clés : Traumatisme abdominal
Keywords: Abdominal injuries; Child
Les traumatismes fermés de l’abdomen représentent un
motif fréquent de consultation aux urgences pédiatriques et
peuvent mettre en jeu le pronostic vital.
L’étude des circonstances de l’accident et un examen
clinique rigoureux restent essentiels dans la démarche dia-
gnostique à la recherche d’un état de choc et d’une lésion
viscérale intra-abdominale. Les examens complémentaires
ont une place prépondérante, car ils doivent objectiver les
organes atteints afin de poser les meilleures indications thé-
rapeutiques possibles [1]. L’imagerie chez l’enfant a consi-
dérablement évolué, mais le type d’examen à utiliser pour
mettre en évidence les lésions reste un sujet de controverses
[2–4]. Deux examens dominent aujourd’hui les indications :
l’échographie abdominale couplée à un examen doppler des
artères rénales et l’examen tomodensitométrique avec injec-
tion de produit de contraste. Ce dernier apparaît plus perfor-
mant, mais compte tenu de son caractère invasif, beaucoup
lui préfèrent l’échographie.
Les particularités physiologiques et anatomiques de l’en-
fant rendent possible, plus fréquemment que chez l’adulte, le
traitement non opératoire, mais une intervention est parfois
indispensable.
Le but de ce travail était d’étudier la prise en charge
diagnostique et thérapeutique récente des enfants victimes
d’un traumatisme abdominal fermé.
1. Population et méthode
Entre novembre 1995 et novembre 2001, 94 enfants sur
43 095 admis en chirurgie ont été victimes d’un traumatisme
abdominal fermé (TAF). Leurs dossiers ont été étudiés de
façon rétrospective. Deux enfants ont été éliminés de
l’étude : un pour refus d’hospitalisation de la part des parents
et absence de suivi, et un pour données insuffisantes, la prise
en charge initiale ayant été assurée à l’étranger (examens non
transmis).
La moyenne d’âge des 92 enfants était de 9,5 ans (2 à
15 ans), avec un pic de fréquence entre dix et 14 ans. Les
garçons ont été plus souvent victimes de TAF que les filles
(57 pour 35, soit 61,9 vs 38,1 %).
Les circonstances du traumatisme étaient dominées par
les accidents de la voie publique (43,5 %) et par les chutes
(45,6 %) ; les contusions abdominales directes étaient plus
rares (Tableau 1). Dans notre série, aucun traumatisme ina-
voué n’a été noté, que ce soit par les enfants ou par les parents
(maltraitance). Parmi les 92 enfants, quatre ont consulté avec
retard : deux le lendemain de l’accident en raison de l’appa-
rition de douleurs abdominales avec vomissements (lésions
spléniques), un deux jours après en raison d’une hématurie
(lésion rénale) et un avec 15 jours de retard, douleurs et
vomissements n’étant apparus que trois jours auparavant
(lésion splénique et pulmonaire).
En fonction des données cliniques initiales, radiographie
d’abdomen sans préparation et échographie abdominale ont
été prescrites en première intention le plus souvent, voire
répétées en cas de doute ou complétées par un examen
tomodensitométrique (TDM). Dans notre institution, les exa-
mens radiologiques sont effectués par l’ensemble des radio-
logues de l’hôpital. Transaminases, amylases et lipases ont
été les examens biologiques à visée diagnostique habituelle-
ment prélevés.
En l’absence de lésion viscérale et d’épanchement périto-
néal, et avec un examen clinique normal, la sortie était auto-
risée, sinon, l’enfant était hospitalisé pour surveillance de
24 heures minimum. La conduite à tenir était fonction de
l’état général de l’enfant en premier lieu, avec hospitalisation
en réanimation devant tout traumatisme grave ou état hémo-
dynamique instable. Dans les autres situations, l’enfant était
admis dans le service de chirurgie infantile. Différentes atti-
tudes étaient alors possibles : prescription d’examens com-
Tableau 1
Circonstances de l’accident responsable du traumatisme
Circonstances de
l’accident
Absence de lésion
viscérale
Présence de lésion
viscérale
Total
Accident de sport
(vélo, trottinette, roller...)
81927
Chute d’un lieu élevé
(mezzanine, fenêtre)
11 4 15
Choc abdominal direct
(coup de poing, coup de
sabot de cheval...)
10 0 10
Accident de la voie
publique
23 17 40
Total 52 40 92
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plémentaires pour préciser le diagnostic lésionnel, sur-
veillance d’une lésion viscérale authentifiée avec repos au lit
strict pendant au moins une semaine, chirurgie d’emblée ou
différée, et prise en charge d’une lésion extra-abdominale.
L’attitude thérapeutique était conservatrice a priori sauf en
cas de lésion d’organe plein avec état hémodynamique insta-
ble malgré la réanimation, de perforation d’organe creux, de
rupture diaphragmatique ou de rupture sous-intimale de l’ar-
tère rénale. Les enfants ne recevaient une transfusion san-
guine qu’en cas d’hémoglobine inférieure à 7,50 g pour
100 ml. Lorsque l’hémoglobine était comprise entre 7,50 et
10 g pour 100 ml, les enfants recevaient un traitement martial
(quatre cas).
2. Résultats
2.1. Les lésions
Sur 92 TAF, 52 enfants (56,5 %) ont présenté un trauma-
tisme bénin, sans lésion viscérale authentifiée par l’examen
clinique, les examens biologiques ou l’imagerie. Le retour à
domicile a pu être autorisé le lendemain pour 30 enfants
(57,7 %) ; 22 (42,3 %) ont dû être hospitalisés plus longtemps
(deux jours à six semaines) pour des lésions associées, no-
tamment relevant d’une prise en charge orthopédique (huit
cas). Tous les enfants ont été revus avec un recul moyen de
12,8 jours (trois à 25 jours). Aucune lésion intra-abdominale
ne s’est révélée secondairement. Quarante enfants sur 92
(43,5 %) ont présenté un TAF avec lésion organique unique
chez 32 enfants (80 %) et multiple chez huit enfants (20 %).
Rate, foie et reins ont été les organes les plus souvent touchés
et les associations lésionnelles intra-abdominales ont été
variées (Tableau 2). Dans 22 cas, des lésions extra-
abdominales étaient associées : traumatismes crâniens avec
ou sans perte de connaissance chez 17 enfants, contusion
pulmonaire chez 13, traumatisme des membres chez sept et
lésions diverses (fracture de l’os frontal, fracture costale,
hémosinus, fracture de nez) chez sept autres.
2.2. Les examens complémentaires
Un diagnostic immédiat et complet a été possible dans
21 cas lors de l’admission de ces 40 enfants (52,5 %) : pour
un cas, la laparotomie en urgence a permis le diagnostic de
lésion splénique ; pour les 20 autres, ce sont les examens
complémentaires : dans un cas, l’ASP a permis un diagnostic
de perforation intestinale en montrant un pneumopéritoine,
17 échographies ont montré une lésion d’organe plein et deux
examens TDM ont fait le diagnostic de lésion hépatique
associée à une atteinte rénale droite d’une part et celui d’une
perforation intestinale d’autre part. Dix-neuf enfants sur 40
(47,5 %) ont donc eu un retard diagnostique d’un jour dans
neuf cas, de deux jours dans trois cas, entre trois et sept jours
dans cinq cas et inconnu pour les deux derniers cas. Les
examens qui ont permis de faire le diagnostic étaient : l’écho-
graphie abdominale dans neuf cas, l’examen TDM dans cinq
cas, les examens biologiques (transaminases et amylases)
dans deux cas, une laparotomie dans deux cas et une cœlios-
copie exploratrice pour le dernier cas (Tableau 3). Le nombre
total d’examens réalisés pour aboutir au diagnostic final
(immédiat ou retardé) chez ces 40 enfants a été de 79 exa-
mens, répartis de la façon suivante : trois ASP, 61 échogra-
phies abdominales et 15 examens TDM. Ainsi certains exa-
mens sont restés faussement négatifs : deux ASP,
12 échographies abdominales et deux examens TDM.
D’autres n’ont mis en évidence qu’un épanchement intra-
péritonéal : 15 échographies abdominales et quatre examens
TDM. D’autres n’ont été que partiellement informatifs en
montrant seulement une partie des lésions : huit échographies
abdominales et deux examens TDM. Sur la totalité des exa-
mens réalisés chez les 52 enfants indemnes de lésion viscé-
rale (36 ASP, 51 échographies et trois examens TDM), aucun
ne s’est révélé faussement négatif à distance. À l’opposé,
trois échographies ont fait suspecter une atteinte organique
qui n’a finalement pas été retenue. Il est donc apparu que
dans la détection d’un épanchement péritonéal avec ou sans
lésion viscérale associée, l’échographie abdominale avait
une sensibilité de 80,3 %, une spécificité de 94,1 %, une
Tableau 2
Répartition des organes lésés
Organes atteints Atteinte isolée Atteinte associée Total
Rate 13 3 16
Rein G 2
Foie + rein G + pancréas
+ hématome colique
Foie 9 5 14
Rein D 2
Pancréas 1
Rein D + pancréas 1
Rate + rein G + pancréas
+ hématome colique 1
Pancréas 2 4 6
Foie 1
Foie + rein D 1
Perforation du grêle 1
Rate + rein G + foie
+ hématome colique 1
Intestin
Perforation
du grêle
213
Pancréas
Hématome
du colon
011
Pancréas + rate
+ foie + rein G
Reins
Droit 1 3 4
Foie 2
Foie + pancréas 1 8
Gauche 5 3
Rate 2
Rate + pancréas + foie
+ hématome colique 1
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valeur prédictive positive de 93,1 % et une valeur prédictive
négativede80%;laTDMavaitunesensibilité de 86,6 %,
une spécificité de 100 %, une valeur prédictive positive de
100 % et une valeur prédictive négative de 60 %.
2.3. Les traitements
Sur le plan thérapeutique, 29 des 40 enfants avec lésions
viscérales ont bénéficié d’un traitement non opératoire avec
surveillance en milieu chirurgical (72,5 %) ; trois ont été
opérés d’emblée (7,5 %) et huit de manière différée (20 %).
Pour les 29 enfants ayant eu un traitement conservateur non
opératoire, la durée moyenne d’hospitalisation a été de
12,7 jours (quatre à 36 jours) et 11 ont d’abord été surveillés
en réanimation pédiatrique (deux à huit jours). La sortie a été
décidée en raison d’un examen clinique normal et après
contrôle échographique montrant une stabilité des lésions.
Une éviction scolaire de trois semaines était prescrite de
même qu’une interdiction de toute activité sportive pendant
trois mois. Il s’agissait de dix lésions spléniques, trois lésions
rénales, une lésion pancréatique, neuf lésions hépatiques,
trois lésions rénales et spléniques associées, une lésion hépa-
torénale, une lésion hépatopancréatique et une lésion rénale,
hépatique et pancréatique. Trois enfants ont été opérés en
urgence : deux pour une rupture traumatique de l’intestin
grêle ayant nécessité une suture simple dans un cas et une
résection anastomose dans l’autre cas, et un pour une lésion
splénique avec réalisation d’une splénorraphie (les motifs
d’une intervention en urgence n’étant pas connus en raison
d’une prise en charge dans un autre hôpital par une équipe de
chirurgiens d’adulte). La durée d’hospitalisation a été de
neuf jours dans les deux premiers cas et de 14 jours pour le
troisième. Huit enfants ont été opérés secondairement : dans
quatre cas, il s’agissait d’une lésion urinaire : un drainage
d’urohématome avec suture simple du pôle inférieur du rein à
j4 (fracture du rein gauche), une néphrectomie polaire supé-
rieure gauche à j5 (nécrose post-traumatique), une néphrec-
tomie totale à j9 (nécrose par dilacération complète du rein
droit) et une suture simple du rein avec drainage d’un caillot
vésical à j14 (fracture du rein droit). Dans un cas il existait un
doute sur une lésion mésentérique à l’examen tomodensito-
métrique et une laparoscopie fut décidée au septième jour :
celle-ci ne mit pas en évidence de lésion mésentérique mais
découvrit une lésion splénique postérieure passée inaperçue
Tableau 3
Les retards diagnostiques : 19 cas
Types de lésions Examens initiaux pris en défaut Motif d’investigation supplémentaire
(entre J0 et J4)
Date du diagnostic Comment ?
Rate (4 cas) – 8 écho.
(1 normale, 7 épanchements)
– Contrôle épanchement J1/J3/J7/J? 3 écho.
1 coelio.
explo.
– 4 TDM
(1 normale, 3 épanchements)
Rein gauche 2 écho. (normales) – Sang à la BU J1/J7 1 écho
(2 cas) – Bio perturbée 1 TDM
Foie
(4 cas)
5 écho. – Contrôle épanchement J1/J1/J4/J? 3 écho.
1 résultat bio
(2 normales, 2 épanchements,
1 image suspecte)
– Lésion suspectée
– Surveillance
Pancréas 3 écho. Contrôle épanchement J1/J2 2 TDM
(2 cas) (2 normales, 1 épanchement) – Surveillance
1 TDM (normale)
Rate + rein gauche 3 écho. – Douleurs abdo. J1/J2 1 écho.
(2 cas) (1 normale, 2 ne montrant que
la lésion splénique)
– Contrôle épanchement 1 TDM
(montrant la lésion rénale)
Foie + rein droit 1 écho. (normale) – Bio perturbée J1 Echo.
(1 cas) – Sang à la BU
Foie + pancréas 2 écho. (normales) Bilan systématique J1 Résultat bio
(1 cas)
Foie + rein droit
+ pancréas
(1 cas)
2 écho.
(1 normale, 1 épanchement)
– Bio perturbée
– Contrôle épanchement
J2 TDM
Pancréas + viscères creux
(perforation)
(1 cas)
1 ASP (normal)
– 2 écho. (épanchements)
– 1 TDM
(ne montrant que la lésion
de viscère creux)
– Douleurs abdo.
– Contrôle épanchement
J1 Laparotomie
(détection d’une petite contu-
sion du bord inférieur du pan-
créas)
Rate + rein gauche
+ pancréas + colon
(hématome)
– 5 écho.
(lésions spléniques
et rénales vues)
Artériographie :
pôle supérieur
du rein non perfusé
J5 Laparotomie (détection d’une
lésion du pancréas et d’un hé-
matome colique)
(1 cas) 1 TDM (lésions spléniques et
rénales vues)
Indication chirurgicale
(écho. = échographie, TDM = tomodensitométrie, coelio. explo. = coelioscopie exploratrice, BU = bandelette urinaire, bio. = biologie, abdo. = abdominale,ASP
= radiographie d’abdomen sans préparation)
330 A. Cotte et al. / Archives de pédiatrie 11 (2004) 327–334
sur deux échographies et deux examens TDM. Dans un autre
cas, une laparotomie a été décidée devant l’existence d’un
important pneumopéritoine mis en évidence à la TDM à j1 :
une suture de l’angle duodénojéjunal a été effectuée et une
contusion du bord inférieur du pancréas a été décelée. Pour
les deux derniers enfants, une prise en charge au bloc opéra-
toire à distance de leur hospitalisation a été nécessaire : une
splénectomie a été réalisée un mois après une contusion
splénique révélatrice de nodules intraspléniques ayant fait
suspecter une prolifération maligne (l’examen de la pièce
opératoire a montré que l’enfant était atteint d’une maladie
de Gaucher) ; pour l’autre enfant, une kystojéjunostomie sur
anse en Y a été nécessaire pour drainer un pseudokyste
pancréatique après six mois d’évolution. Tous les enfants
ayant eu une perforation de viscères creux ont été opérés et
un recours à la chirurgie a été nécessaire dans six cas de
lésion d’organe plein (en dehors de la splénectomie pour
maladie de Gaucher), soit dans 12,7 % des cas.
Ainsi, sur les 40 enfants ayant présenté une lésion organi-
que, quatre seulement ont eu une exérèse viscérale : une
résection intestinale, une néphrectomie partielle, une
néphrectomie totale et une seule splénectomie, nécessaire en
deuxième intention pour une indication médicale et non pour
un problème hémodynamique.Aucune hépatectomie ou pan-
créatectomie n’a été réalisée dans notre série. Une interven-
tion chirurgicale a été nécessaire chez sept enfants pour des
lésions extra-abdominales : quatre drainages thoraciques et
trois réductions orthopédiques de fracture de membre. Une
transfusion sanguine a été nécessaire chez sept enfants por-
teurs de lésions viscérales (soit 17,5 % des cas) : deux ont eu
un traitement conservateur non chirurgical, quatre ont néces-
sité une transfusion sanguine pré-opératoire et un enfant a eu
une transfusion sanguine postopératoire. Un suivi de ces
40 enfants porteurs de lésions viscérales a pu être assuré
pendant 8,5 mois en moyenne (un mois à deux ans) avec
contrôle clinique, échographique et/ou tomodensitométri-
que.
L’évolution a été favorable pour tous ces enfants et aucun
décès n’a été observé.
3. Discussion
Les enfants hospitalisés pour un TAF, avec ou sans lésion
viscérale associée, ne représentent que deux cas pour
1000 entrées chirurgicales pédiatriques dans notre série. En
France, aucune donnée épidémiologique précise n’a été re-
trouvée et la fréquence exacte des TAF n’est pas connue [5].
Aux États-Unis, 16 millions d’enfants par an sont victimes
d’un traumatisme corporel et 600 000 (3,75 %) nécessitent
une hospitalisation [4]. Parmi ceux-ci, les traumatismes de
l’abdomen représentent 20 à 30 % des cas et sont à l’origine
de 10 % des décès de cause traumatique [4,6–8]. Dans les
TAF, une lésion viscérale ne serait présente que dans 10 à
30 % des cas [2,3,9,10] alors que nous en avons eu 43,5 %
dans notre étude, mais les traumatismes bénins non hospita-
lisés n’ont pas été comptabilisés.
L’examen clinique reste primordial dans la prise en charge
des TAF et l’appréciation de l’état général de l’enfant déter-
mine d’emblée le degré d’urgence, la nécessité ou non d’une
hospitalisation en réanimation, puis, selon l’évolution, le
recours éventuel à un acte chirurgical en grande urgence si le
pronostic vital est mis en jeu [11]. Les meilleurs éléments
d’orientation en faveur d’une lésion viscérale abdominale, en
dehors de l’instabilité hémodynamique, sont les suivants :
mécanisme de la contusion abdominale, port ou non de la
ceinture de sécurité, type de ceinture de sécurité à deux ou à
trois points, traces de contusion (ecchymoses, abrasion du
derme ou hématomes), existence de douleurs abdominales et
de vomissements, ou mieux de défense à la palpation abdo-
minale, contexte de polytraumatisme [12,13]. Dans cette
dernière situation, le TAF peut se retrouver au second plan si
un traumatisme crânien ou thoracique domine le pronostic
vital et nécessite un traitement en urgence.
Une fois orienté, le diagnostic repose sur divers examens
complémentaires. Le cliché d’ASP est très souvent demandé
à la recherche d’un pneumopéritoine et, dans notre étude, il
n’a permis de visualiser qu’une perforation intestinale sur
trois. Dans l’étude de Munns et al., concernant 32 perfora-
tions de l’intestin grêle et du côlon, un pneumopéritoine
n’était présent sur le cliché d’ASP que dans sept cas (21,9 %)
[14]. De plus, sa réalisation est difficile quand il s’agit d’un
enfant polytraumatisé, et le cliché de profil est d’interpréta-
tion délicate. Mais cet examen reste malgré tout indispensa-
ble devant tout TAF, en sachant que l’absence de pneumopé-
ritoine n’exclut pas formellement une perforation digestive.
L’examen TDM est considéré par beaucoup comme l’exa-
men de choix en cas de TAF chez l’enfant sans instabilité
hémodynamique pour détecter une lésion viscérale intra-
abdominale [2,7,15–17], avec une sensibilité proche de
100 % pour certains [13,18]. Si l’on tient compte de la
découverte d’un épanchement péritonéal et/ou d’une lésion
viscérale associée, la sensibilité de la TDM dans notre étude
était de 86,6 % mais l’examen TDM peut être pris en défaut
s’il est réalisé trop précocement après le traumatisme [11].
Pour Neish et al. [4], la TDM est intéressante pour les
indications thérapeutiques qui en découlent : 84 % des dia-
gnostics évoqués et 44 % des indications proposées après le
seul examen clinique sont modifiées par les résultats de cet
examen, permettant d’orienter les enfants dans le service
approprié à leur surveillance (réanimation, chirurgie infan-
tile) ou d’autoriser éventuellement le retour au domicile et
d’alléger la surveillance initialement prévue. Pour Ruess et
al. [16], seule la mise en évidence d’un pneumopéritoine, et
donc d’une lésion du tube digestif, sur l’examen TDM, est
une indication de prise en charge au bloc opératoire en
urgence. En revanche, pour les lésions de viscères pleins, la
découverte de la lésion, par ce même examen, n’influence
pas en soit l’indication chirurgicale puisque celle-ci est prin-
cipalement déterminée par l’état hémodynamique de l’en-
fant. Mais l’examen TDM présente aussi des inconvénients :
coût élevé, nécessité d’un enfant transportable et prémédi-
qué, irradiation importante et utilisation de produits de
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