Pour
citer
cet
article
:
Bertaud
S,
et
al.
Le
glaucome
primitif
à
angle
ouvert.
Rev
Med
Interne
(2018),
https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.12.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
REVMED-5653;
No.
of
Pages
8
La
Revue
de
médecine
interne
xxx
(2018)
xxx–xxx
Disponible
en
ligne
sur
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www.sciencedirect.com
Mise
au
point
Le
glaucome
primitif
à
angle
ouvert
Primary
open-angle
glaucoma
S.
Bertauda,,
V.
Aragnoa,c,d,
C.
Baudouina,b,c,d,
A.
Labbéa,b,c,d
aService
d’ophtalmologie,
hôpital
Ambroise-Paré,
AP–HP,
9,
avenue
Charles-De-Gaulle,
92100
Boulogne-Billancourt,
France
bUniversité
de
Versailles
Saint-Quentin-en-Yvelines,
78000
Saint-Quentin-en-Yvelines,
France
cService
d’ophtalmologie
3,
Centre
hospitalier
national
d’ophtalmologie
des
Quinze-Vingts,
28,
rue
de
Charenton,
75012
Paris,
France
dCNRS,
UMR
7210,
Inserm,
U968,
75012
Paris,
UMR
S
968,
Sorbonne
Universités,
institut
de
la
Vision,
75012
Paris,
France
i
n
f
o
a
r
t
i
c
l
e
Historique
de
l’article
:
Disponible
sur
Internet
le
xxx
Mots
clés
:
Glaucome
primitif
à
angle
ouvert
Neuropathie
optique
Ocular
coherence
tomography
(OCT)
Champ
visuel
Collyres
anti-glaucomateux
r
é
s
u
m
é
Le
glaucome
primitif
à
angle
ouvert
est
une
neuropathie
optique
chronique
progressive
typiquement
bilatérale,
qui
survient
le
plus
souvent
après
40
ans.
Il
est
la
deuxième
cause
de
cécité
irréversible
dans
le
monde.
Le
glaucome
primitif
à
angle
ouvert
correspond
à
une
perte
progressive
des
cellules
gan-
glionnaires
rétiniennes
caractérisée
par
une
excavation
de
la
tête
du
nerf
optique
ou
papille,
associé
à
un
déficit
typique
du
champ
visuel.
L’élévation
de
la
pression
intraoculaire
est
le
principal
facteur
de
risque
du
glaucome
primitif
à
angle
ouvert.
Le
diagnostic
et
la
surveillance
du
glaucome
reposent
sur
une
analyse
conjointe
de
l’atteinte
structurale
par
l’examen
clinique
de
la
papille
complété
par
des
exa-
mens
d’imagerie
(tomographie
par
cohérence
optique),
et
de
l’atteinte
fonctionnelle,
par
la
réalisation
de
champs
visuels.
Le
seul
traitement
efficace
pour
ralentir
la
progression
du
glaucome
primitif
à
angle
ouvert
consiste
en
la
réduction
de
la
pression
intraoculaire,
grâce
à
des
collyres
hypotonisants,
du
laser
ou
des
traitements
chirurgicaux.
©
2018
Soci ´
et ´
e
Nationale
Franc¸
aise
de
M´
edecine
Interne
(SNFMI).
Publi ´
e
par
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
r´
eserv ´
es.
Keywords:
Primary
open-angle
glaucoma
Optic
neuropathy
Ocular
coherence
tomography
OCT
Visual
field
Anti-glaucomatous
treatment
a
b
s
t
r
a
c
t
Primary
open-angle
glaucoma
is
a
progressive
chronic
optic
neuropathy,
typically
bilateral,
that
occurs
after
the
age
of
40
years.
It
is
the
second
leading
cause
of
irreversible
blindness
in
the
world.
Primary
open-
angle
glaucoma
corresponds
to
a
progressive
loss
of
retinal
ganglion
cell
characterized
by
an
excavation
of
the
optic
disc
associated
with
typical
visual
field
defects.
Elevated
intraocular
pressure
is
the
main
risk
factor
of
primary
open-angle
glaucoma.
Diagnosis
and
monitoring
of
primary
open-angle
glaucoma
arebased
on
both
analysis
of
structural
alteration,
by
clinical
examination
of
optic
disc
completed
by
imaging
tests
(Ocular
Coherence
Tomography),
and
functional
alterations,
by
visual
field
tests.
The
only
effective
treatment
to
slow
primary
open-angle
glaucoma
progression
is
the
reduction
of
the
intraocular
pressure
with
anti-glaucomatous
eye
drops,
laser
or
surgical
treatments.
©
2018
Soci ´
et ´
e
Nationale
Franc¸
aise
de
M´
edecine
Interne
(SNFMI).
Published
by
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SAS.
All
rights
reserved.
1.
Introduction
Le
glaucome
primitif
à
angle
ouvert
(GPAO)
est
une
neuropa-
thie
optique
chronique
progressive
correspondant
à
une
perte
des
cellules
ganglionnaires
rétiniennes
et
caractérisée
par
des
modi-
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
sam
(S.
Bertaud).
fications
morphologiques
de
la
tête
du
nerf
optique
(ou
papille)
associées
à
une
atteinte
typique
du
champ
visuel
[1].
Le
GPAO
est
une
maladie
bilatérale,
survenant
à
l’âge
adulte,
le
plus
souvent
après
40
ans.
Sa
physiopathologie
est
imparfaitement
connue
mais
une
théorie
biomécanique
comprenant
des
modifications
méca-
niques
et
cellulaires
au
niveau
de
la
tête
du
nerf
optique,
semble
être
capable
d’expliquer
son
évolution.
Sa
prise
en
charge
a
évolué
avec
le
développement
de
l’imagerie
structurale
du
nerf
optique
en
tomographie
par
cohérence
optique
(OCT),
et
avec
l’amélioration
du
https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.12.001
0248-8663/©
2018
Soci ´
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e
Nationale
Franc¸
aise
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M´
edecine
Interne
(SNFMI).
Publi ´
e
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Tous
droits
r´
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es.
Pour
citer
cet
article
:
Bertaud
S,
et
al.
Le
glaucome
primitif
à
angle
ouvert.
Rev
Med
Interne
(2018),
https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.12.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
REVMED-5653;
No.
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8
2
S.
Bertaud
et
al.
/
La
Revue
de
médecine
interne
xxx
(2018)
xxx–xxx
suivi
des
examens
du
champ
visuel
grâce
à
des
outils
automatisés
d’analyse
de
la
progression.
Sur
le
plan
thérapeutique,
l’élévation
de
la
pression
intraoculaire
(PIO)
demeure
le
principal
facteur
de
risque
du
GPAO
et
le
seul
modifiable.
Toutes
les
modalités
théra-
peutiques,
à
savoir
les
collyres
anti-glaucomateux,
le
laser
ou
les
traitements
chirurgicaux,
ont
comme
objectif
de
réduire
la
PIO.
La
prise
en
charge
thérapeutique
des
patients
est
aujourd’hui
indivi-
dualisée,
pour
obtenir
pour
chaque
patient
une
PIO
dite
«
cible
»
ralentissant
le
plus
possible
la
progression
de
la
neuropathie
glau-
comateuse.
2.
Épidémiologie
Le
GPAO
est
une
maladie
fréquente
dont
la
prévalence
globale
dans
le
monde
est
estimée
à
3,05
%
(1,69–5,27
%)
chez
les
sujets
de
40
à
80
ans
[2].
On
estime
qu’en
2020,
79,6
millions
de
personnes
seront
atteintes
de
glaucome
dans
le
monde,
dont
74
%
par
un
GPAO,
et
5,9
millions
de
personnes
seront
en
état
de
cécité
à
cause
de
cette
maladie
[3].
Le
glaucome
est
la
deuxième
cause
de
cécité
dans
le
monde
et
la
cause
la
plus
fréquente
de
cécité
irréversible.
Le
glau-
come
reste
une
maladie
insidieuse
de
découverte
tardive,
la
plupart
des
études
épidémiologiques
montrent
qu’environ
50
%
des
cas
ne
sont
pas
diagnostiqués
[4].
La
prévalence
varie
selon
l’origine
eth-
nique,
elle
est
plus
fréquente
chez
les
sujets
d’origine
africaine
ou
afro-caribéenne
(4,2
%),
intermédiaire
chez
les
Caucasiens
et
hispa-
niques
(2,1
%),
et
moins
fréquente
chez
les
sujets
asiatiques
(1,4
%)
[5].
En
revanche,
le
glaucome
primitif
par
fermeture
de
l’angle
est
plus
fréquent
chez
les
sujets
asiatiques
[2].
L’incidence
du
GPAO
est
rapportée
entre
0,12
et
0,10
%
par
an
[4]
et
elle
augmente
avec
l’âge.
Elle
est
sept
fois
plus
élevée
chez
les
sujets
de
plus
de
60
ans
par
rapport
aux
sujets
de
moins
de
40
ans
[6].
Il
ne
semble
pas
exister
de
différence
de
prévalence
en
fonction
du
genre
[7].
Le
GPAO
est
un
problème
de
santé
publique
en
France
du
fait
de
sa
prévalence
importante,
de
son
risque
d’évolution
vers
la
cécité
et
de
son
diagnostic
souvent
effectué
à
un
stade
tardif.
Compte
tenu
de
l’absence
d’un
test
diagnostic
simple
et
unique,
le
bénéfice
d’un
dépistage
de
masse
n’est
pas
établi.
Néanmoins,
il
est
indispensable
de
faire
dépister
les
membres
de
la
famille
d’un
patient
atteint
de
GPAO.
3.
Physiopathologie
du
GPAO
Les
mécanismes
précis
à
l’origine
de
la
neuropathie
optique
glaucomateuse
et
le
rôle
exact
de
la
PIO
demeurent
controversés.
Néanmoins,
il
est
aujourd’hui
admis
que
la
portion
laminaire
de
la
tête
du
nerf
optique
ou
lame
criblée
serait
le
site
principal
des
lésions
des
axones
des
cellules
ganglionnaires
rétiniennes
dans
le
glaucome.
Cette
zone
anatomique
particulière
réalise
un
support
structurel
mais
aussi
fonctionnel
pour
l’ensemble
des
axones
des
cellules
ganglionnaires
rétiniennes
qui
la
traverse.
Cette
portion
du
nerf
optique
se
situe
dans
le
canal
scléral
qui
constitue
une
inter-
ruption
dans
l’enveloppe
solide
du
globe
oculaire
et
représente
une
zone
de
fragilité
biomécanique.
Deux
théories
ont
longtemps
été
privilégiées
pour
expliquer
le
GPAO,
la
théorie
mécanique
et
la
théorie
vasculaire.
La
théorie
mécanique
suggère
que
l’hypertonie
oculaire
(HTO)
entraînerait
la
perte
des
fibres
nerveuses
rétiniennes
par
compression
de
la
tête
du
nerf
optique
et
de
la
lame
criblée.
La
théorie
vasculaire
suggère
qu’une
insuffisance
circulatoire
au
niveau
des
capillaires
sanguins
de
la
tête
du
nerf
optique
entraînerait
un
défaut
d’apport
nutri-
tionnel
aux
cellules
ganglionnaires
rétiniennes
et
à
leurs
axones,
à
l’origine
de
leur
dégénérescence.
Aujourd’hui
une
théorie
biomé-
canique
vient
lier
les
deux
théories
précédentes,
intégrant
ainsi
les
forces
et
déformations
liées
à
la
PIO
comme
un
élément
central
des
modifications
physiologiques
et
pathologiques
des
tissus
de
la
tête
du
nerf
optique
et
de
leur
vascularisation
[8].
Ces
changements
tissulaires
comprennent
les
modifications
des
tissus
conjonctifs
de
la
lame
criblée
et
de
la
sclère
péri-papillaire,
mais
aussi
des
composants
cellulaires
de
ces
tissus,
des
axones
des
cellules
gan-
glionnaires
rétiniennes
et
de
leur
vascularisation,
aboutissant
à
une
perte
progressive
des
cellules
ganglionnaires
rétiniennes
[9].
Des
études
familiales
ont
montré
une
augmentation
de
10
%
du
risque
de
développer
un
GPAO
pour
des
apparentés
du
premier
degré
d’un
individu
atteint,
laissant
supposer
une
part
génétique
dans
le
développement
du
GPAO
[10].
Quatre
gènes
ont
été
iden-
tifiés
comme
étant
à
l’origine
du
GPAO
selon
une
transmission
mendélienne
:
le
gène
GLC1A
de
la
myociline,
le
gène
GLC1E
de
l’optineurine,
le
gène
GLC1G
de
la
protéine
WDR36
et
le
gène
GLC1O
de
la
neutrophine
4
(NTF4)
[11,12].
Cependant,
ces
4
gènes
ne
seraient
à
l’origine
que
de
moins
de
5
%
des
GPAO.
Le
GPAO
de
l’adulte
serait
donc
lié
à
une
susceptibilité
génétique
et
à
une
influence
de
facteurs
environnementaux.
Les
facteurs
de
risque
(FDR)
de
développer
un
GPAO
sont
l’HTO,
l’âge,
l’origine
ethnique
(les
sujets
mélanodermes
ont
un
risque
multiplié
par
trois
de
GPAO),
une
histoire
familiale
de
glaucome
(risque
multiplié
par
trois
en
cas
de
glaucome
chez
un
parent
du
premier
degré),
la
myopie
(le
risque
augmente
avec
la
sévérité
de
la
myopie),
une
cornée
fine
et
la
présence
d’une
pseudo-exfoliation
capsulaire
[13].
L’HTO
est
le
principal
facteur
de
risque
de
dévelop-
per
un
GPAO,
elle
est
définie
par
une
PIO
supérieur
à
21
mm
Hg.
Par
ailleurs,
plus
la
PIO
est
élevée,
plus
le
risque
de
développer
un
glau-
come
est
important
(augmentation
du
risque
de
9
%
par
1
mm
Hg
de
PIO
supplémentaire
[14,15]).
On
sait
également
aujourd’hui
que
cette
pression
doit
être
évaluée
conjointement
à
la
mesure
de
l’épaisseur
de
la
cornée
(ou
pachymétrie)
car
cette
dernière
influence
la
mesure
de
la
PIO.
En
effet,
une
cornée
fine
(<
510
m)
entraîne
une
sous-évaluation
de
la
PIO,
alors
qu’une
cornée
épaisse
entraîne
une
surestimation
de
la
PIO.
De
même,
les
patients
de
plus
en
plus
nombreux
qui
bénéficient
de
chirurgie
réfractive,
ont
une
cornée
rendue
plus
fine
par
la
chirurgie.
Ils
ont
donc
une
PIO
sous-
évaluée
et
un
risque
de
retard
diagnostique
ou
thérapeutique
d’un
GPAO
en
l’absence
de
mesure
de
la
pachymétrie
et
d’évaluation
du
nerf
optique.
La
mesure
de
la
pachymétrie
est
donc
essentielle
pour
la
prise
en
charge
des
patients
hypertones
ou
suspects
de
glaucome.
Il
est
important
de
distinguer
le
concept
d’HTO
du
GPAO
avéré,
c’est-à-dire
des
patients
qui
présentent
une
HTO
associée
à
une
altération
caractéristique
du
nerf
optique
et
du
champ
visuel.
Grâce
à
de
vastes
études
épidémiologiques,
on
peut
ainsi
estimer
aujourd’hui
le
risque
de
développer
un
glaucome
en
fonction
de
la
PIO,
de
la
mesure
de
la
pachymétrie
et
d’autres
paramètres
comme
l’âge
ou
l’aspect
du
nerf
optique.
L’objectif
étant
d’évaluer
pour
chaque
patient
le
risque
d’évolution
d’une
HTO
en
glaucome,
afin
de
ne
traiter
que
les
patients
les
plus
à
risques
de
développer
un
GPAO.
Comme
certains
patients
développent
un
authentique
GPAO
sans
élévation
de
la
PIO
(glaucome
à
pression
normale,
GPN),
d’autres
facteurs
de
risque
dits
«
non
pressionnels
»
ont
été
recher-
chés.
Une
récente
méta-analyse
a
montré
qu’une
réduction
>
10
%
de
la
PA
systolique
ou
diastolique
nocturne
était
responsable
d’un
taux
progression
du
GPAO
plus
élevé
[16].
Il
est
donc
conseillé
de
contrôler
attentivement
par
des
monitorages
en
ambulatoires
de
la
PA
les
traitements
anti-hypertenseur
des
patients
atteints
de
GPAO
[16].
Une
association
entre
hypertension
artérielle
et
GPAO
a
été
retrouvée
chez
les
sujets
âgés,
mais
les
résultats
restent
contradictoires
dans
la
population
jeune
[17].
Le
syndrome
d’apnée
du
sommeil
via
son
retentissement
sur
le
flux
sanguin
oculaire
pourrait
également
être
associé
au
glaucome
même
si
cela
reste
controversé.
Sa
recherche
et
prise
en
charge
est
systématique
en
cas
de
glaucome
évolutif
malgré
un
bon
contrôle
de
la
PIO
[18–21].
Le
lien
avec
le
diabète
et
l’obésité
reste
par
ailleurs
débattu
[20].
Néanmoins,
compte
tenu
de
la
participation
microvasculaire
dans
Pour
citer
cet
article
:
Bertaud
S,
et
al.
Le
glaucome
primitif
à
angle
ouvert.
Rev
Med
Interne
(2018),
https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.12.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
REVMED-5653;
No.
of
Pages
8
S.
Bertaud
et
al.
/
La
Revue
de
médecine
interne
xxx
(2018)
xxx–xxx
3
Fig.
1.
Nerfs
optiques
normaux
et
pathologiques.
A.
Nerf
optique
droit
normal
(trait
vertical
:
excavation
physiologique
;
trait
horizontal
:
anneau
neuro-rétinien
de
contour
régulier
et
de
taille
normale).
B.
Nerf
optique
gauche
pathologique
avec
encoche
inférieure
de
l’anneau
neuro-rétinien
(flèche
montrant
la
courbure
du
vaisseau
à
la
jonction
entre
l’excavation
papillaire
et
l’anneau
neuro-rétinien
permettant
de
repérer
l’encoche
inférieure)
dans
un
glaucome
primitif
à
angle
ouvert
(GPAO)
modéré.
C.
Nerf
optique
gauche
pathologique
avec
excavation
totale
(trait
vertical
montrant
l’excavation
totale
et
l’absence
d’anneau
neuro-rétinien)
d’un
GPAO
très
évolué.
la
neuropathie
optique
glaucomateuse,
il
est
conseillé
de
prendre
en
charge
les
facteurs
de
risque
vasculaire
chez
les
patients
glau-
comateux,
en
particulier
ceux
qui
développent
un
GPAO
avec
une
pression
basse.
4.
Le
diagnostic
et
le
suivi
du
GPAO
Le
GPAO
est
caractérisé
par
des
altérations
caractéristiques
de
la
tête
du
nerf
optique
(atteinte
structurale),
un
déficit
du
champ
visuel
(CV)
(atteinte
fonctionnelle),
une
chambre
antérieure
pro-
fonde
et
l’absence
de
signe
d’un
glaucome
secondaire
ou
d’une
neuropathie
optique
non
glaucomateuse
[1].
4.1.
La
mesure
de
la
PIO
L’HTO
étant
son
principal
facteur
de
risque,
la
première
étape
de
l’examen
clinique
d’un
patient
glaucomateux
ou
suspect
de
glau-
come
consiste
à
mesurer
la
PIO.
Elle
est
réalisée
grâce
au
tonomètre
à
applanation
de
Goldman,
qui
reste
la
technique
de
référence.
Des
tonomètres
à
air
sont
utilisés
à
des
fins
de
dépistage,
mais
une
valeur
anormale
devra
toujours
être
confirmée
avec
le
tonomètre
à
applanation.
Cette
mesure
de
la
PIO
est
toujours
couplée
à
la
mesure
de
la
pachymétrie
[22].
4.2.
L’examen
du
segment
antérieur
et
la
gonioscopie
L’examen
se
poursuit
par
l’analyse
des
structures
du
segment
antérieur
de
l’œil
et
de
l’angle
iridocornéen
par
gonioscopie
afin
de
différencier
un
GPAO
d’autres
formes
de
glaucomes
comme
les
glaucomes
secondaires
à
angle
ouvert
(glaucome
pigmentaire
ou
pseudo-exfoliatif)
ou
les
glaucomes
par
fermeture
de
l’angle.
La
gonioscopie
doit
être
réalisée
au
moment
du
diagnostic,
puis
régulièrement
au
cours
du
suivi
pour
s’assurer
que
l’angle
reste
ouvert.
Avec
le
vieillissement
des
structures
oculaires,
en
parti-
culier
l’augmentation
du
volume
du
cristallin
avec
l’âge,
un
angle
ouvert
peut
progressivement
se
fermer.
4.3.
L’analyse
de
l’atteinte
structurale
L’analyse
de
l’atteinte
structurale
est
un
élément
central
du
diag-
nostic
et
du
suivi
du
GPAO.
Elle
va
s’effectuer
cliniquement,
mais
aussi
à
l’aide
d’outil
d’imagerie
dont
l’utilisation
est
devenue
indis-
pensable.
L’examen
à
la
lampe
à
fente
de
la
papille
recherche
les
modifi-
cations
caractéristiques
de
la
neuropathie
glaucomateuse
comme
une
excavation
pathologique,
c’est-à-dire
un
amincissement
loca-
lisé
ou
diffus
de
l’anneau
neuro-rétinien
(ANR),
la
présence
d’une
hémorragie
papillaire
(HP),
l’élargissement
de
la
zone
d’atrophie
péri-papillaire
(peu
spécifique),
ou
l’apparition
ou
l’élargissement
d’un
déficit
des
fibres
nerveuses
rétiniennes
(FNR).
Les
rétinopho-
tographies
permettent
de
mieux
repérer
certaines
modifications
comme
les
HPs
ou
un
déficit
en
FNR
(Fig.
1).
Elles
sont
très
utiles,
permettant
des
comparaisons
de
nombreuses
années
plus
tard.
L’imagerie
par
tomographie
en
cohérence
optique
spectral
domain
(OCT-SD),
vient
aujourd’hui
compléter
cet
examen
clinique.
C’est
un
examen
sans
contact
donnant
une
évaluation
quantitative
objective
des
paramètres
anatomiques
de
la
papille
et
des
fibres
nerveuses
rétiniennes.
Les
résultats
sont
automatiquement
compa-
rés
à
une
base
de
données
incluse
dans
l’appareil,
ce
qui
permet
de
repérer,
de
quantifier
et
de
suivre
les
atteintes
structurales
liées
au
glaucome
(Fig.
2).
Ces
appareils
disposent
de
programmes
d’analyse
de
la
progression
utiles
lors
du
suivi
des
patients.
La
relation
entre
l’atteinte
structurale
et
l’atteinte
fonctionnelle
de
la
neuropathie
glaucomateuse
n’est
pas
linéaire.
On
consi-
dère
qu’il
faut
perdre
30
à
50
%
des
cellules
ganglionnaires
avant
l’apparition
des
premiers
déficits
du
champ
visuel
(CV)
[23,24].
La
surveillance
et
la
détection
d’une
progression
structurale
sont
donc
cruciales
lors
des
stades
débutants
du
glaucome
mais
elle
devra
se
poursuivre
à
tous
les
stades
de
la
maladie.
Celle-ci
sera
toujours
réa-
lisée
cliniquement
et
complétée
par
une
évaluation
quantitative
en
OCT.
4.4.
L’évaluation
de
l’atteinte
fonctionnelle
L’examen
automatisé
statique
du
CV
de
chaque
œil
est
l’examen
de
référence
pour
le
diagnostic
et
le
suivi
de
l’atteinte
fonctionnelle
dans
la
neuropathie
glaucomateuse.
On
utilise
des
tests
standar-
disés
avec
des
algorithmes
adaptés
au
glaucome
qui
permettent
de
quantifier
la
sensibilité
rétinienne
en
dB
dans
les
24centraux
du
champ
visuel,
correspondant
à
la
localisation
de
la
majorité
des
cellules
ganglionnaires
rétiniennes
(Fig.
3).
Celui-ci
peut
être
complété
par
un
test
des
10centraux
en
cas
d’atteintes
proches
du
point
de
fixation
(vision
centrale).
L’interprétation
clinique
du
CV
recherche
un
déficit
de
type
glaucomateux
comme
un
ressaut
nasal,
fréquemment
présent
en
début
de
l’atteinte
glaucomateuse,
un
scotome
paracentral,
ou
un
scotome
arciforme
toujours
reliée
à
la
tache
aveugle
(Fig.
3).
Aux
stades
plus
évolués,
le
champ
visuel
peut
être
très
atteint,
jusqu’à
la
perte
complète
de
celui-ci.
Enfin,
il
est
très
important
de
vérifier
la
concordance
entre
l’atteinte
du
champ
visuel
et
celle
de
la
tête
du
nerf
optique.
L’analyse
de
la
progression
du
CV
est
aussi
très
importante.
Cliniquement
on
recherchera
l’apparition
d’un
nouveau
déficit,
l’élargissement
de
celui-ci
ou
son
approfondissement
(perte
de
sen-
sibilité).
Différents
outils
statistiques
sont
apparus
ces
dernières
années
pour
faciliter
l’analyse
de
la
progression
de
l’atteinte
du
champ
visuel
et
sa
quantification
(Fig.
4).
Il
existe
une
grande
Pour
citer
cet
article
:
Bertaud
S,
et
al.
Le
glaucome
primitif
à
angle
ouvert.
Rev
Med
Interne
(2018),
https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.12.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
REVMED-5653;
No.
of
Pages
8
4
S.
Bertaud
et
al.
/
La
Revue
de
médecine
interne
xxx
(2018)
xxx–xxx
Fig.
2.
Analyse
des
fibres
nerveuses
rétiniennes
en
tomographie
par
cohérence
optique
(OCT)
montrant
l’atteinte
structurale
des
nerfs
optiques.
Le
nerf
optique
gauche
présente
une
excavation
avec
amincissement
de
l’anneau
neuro-rétinien
prédominant
en
inférieur.
Le
nerf
optique
droit
est
moins
excavé
mais
avec
un
début
d’amincissement
inférieur.
Fig.
3.
Champ
visuel
automatisé
de
type
Humphrey®.
Atteinte
fonctionnelle
du
nerf
optique
gauche
montrant
un
scotome
arciforme
supérieur,
correspondant
à
l’atteinte
structurelle
retrouvée
en
figure
2.
On
note
le
respect
du
méridien
horizontal
sans
limitation
par
le
méridien
vertical.
variabilité
lors
de
la
réalisation
des
CVs,
qui
demeure
un
exa-
men
subjectif.
Il
est
important
de
réaliser
un
nombre
suffisant
d’examens
et
de
confirmer
toute
aggravation
suspectée.
Détermi-
ner
la
vitesse
de
progression
d’un
patient
est
une
étape
essentielle
de
la
prise
en
charge
des
GPAO
car
elle
va
guider
la
théra-
peutique.
Pour
cela,
il
est
conseillé
de
réaliser
3
CVs
par
an
pendant
les
deux
premières
années
de
suivi.
Ensuite
le
rythme
des
CVs
sera
établi
sur
la
base
de
la
gravité
du
glaucome
et
de
sa
vitesse
de
progression.
Le
GPAO
est
une
maladie
longtemps
asymptomatique
et
les
déficits
du
champ
visuel
ne
sont
perc¸
us
par
le
patient
que
lorsque
ceux-ci
se
rapprochent
de
la
vision
cen-
trale.
Souvent,
le
patient
ne
se
rend
pas
compte
de
la
perte
du
champ
visuel
périphérique
avec
des
risques
d’accidents
domes-
tiques
ou
lors
de
la
conduite
automobile.
De
nouveaux
tests
réalisés
dans
des
environnements
virtuels
sont
en
cours
de
déve-
loppement
afin
de
mieux
appréhender
les
difficultés
des
sujets
glaucomateux
lors
de
la
réalisation
des
tâches
de
la
vie
quotidienne
[25].
Pour
citer
cet
article
:
Bertaud
S,
et
al.
Le
glaucome
primitif
à
angle
ouvert.
Rev
Med
Interne
(2018),
https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.12.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
REVMED-5653;
No.
of
Pages
8
S.
Bertaud
et
al.
/
La
Revue
de
médecine
interne
xxx
(2018)
xxx–xxx
5
Fig.
4.
Analyse
statistique
de
la
progression
du
champ
visuel
de
l’œil
droit.
A.
Pente
d’évolution
du
déficit
glaucomateux
avec
la
projection
de
sa
progression
dans
le
temps.
B.
Dernier
relevé
du
champ
visuel,
chaque
triangle
noir
correspond
à
une
aggravation
sur
trois
examens
consécutifs
par
rapport
aux
examens
de
référence.
L’analyse
statistique
signale
donc
une
évolution
probable.
4.5.
Diagnostics
différentiels
L’examen
clinique
minutieux
du
patient
glaucomateux
s’attache
à
différencier
le
GPAO
des
autres
formes
de
glaucomes
comme
le
glaucome
pigmentaire,
le
glaucome
pseudo-exfoliatif,
les
glau-
comes
uvéitiques,
corticoinduits
ou
encore
post-traumatiques,
et
les
glaucomes
par
fermeture
de
l’angle
dont
les
prises
en
charge
seront
différentes.
Toutes
ces
neuropathies
optiques
glaucoma-
teuses
ont
néanmoins
des
caractéristiques
communes
quant
à
l’atteinte
de
la
tête
du
nerf
optique
et
du
champ
visuel.
Face
à
une
atteinte
de
la
tête
du
nerf
optique
sans
élévation
de
la
PIO,
il
est
très
important
de
ne
pas
méconnaître
les
neu-
ropathies
optiques
non
glaucomateuses
comme
les
neuropathies
optiques
héréditaires,
ischémiques,
compressives,
toxiques,
caren-
tielles
ou
inflammatoires
pouvant
s’accompagner
d’atteintes
du
champ
visuel,
mais
aussi
de
modifications
de
la
papille.
Dans
le
glaucome,
l’acuité
visuelle
est
longtemps
conservée
tout
comme
la
vision
des
couleurs,
et
la
papille
est
excavée
avec
une
concor-
dance
entre
l’atteinte
de
la
structure
et
du
champ
visuel.
L’atteinte
du
champ
visuel
dans
le
glaucome
respecte
le
méridien
horizon-
tal
et
n’est
pas
limitée
par
le
méridien
vertical
(Fig.
3).
Dans
les
neuropathies
optiques
non
glaucomateuses,
l’acuité
visuelle
peut
être
abaissée,
l’atteinte
du
champ
visuel
ne
respecte
pas
obliga-
toirement
le
méridien
horizontal
(scotome
central),
la
vision
des
couleurs
est
altérée,
et
le
nerf
optique
est
souvent
pâle.
Il
existe
fréquemment
une
discordance
entre
l’atteinte
structurale
observée
sur
la
papille
et
l’atteinte
fonctionnelle.
Le
diagnostic
de
glaucome
à
pression
normale
est
un
diagnos-
tic
d’élimination,
ainsi
en
cas
d’excavation
du
nerf
optique
sans
élévation
de
la
PIO,
les
causes
compressives
sont
recherchées
sys-
tématiquement
par
une
IRM
orbitaire
et
cérébrale,
et
les
causes
vasculaires
par
un
écho-doppler
des
troncs
supra-aortiques
et
un
bilan
cardiovasculaire
(ECG,
mesure
ambulatoire
de
la
pression
artérielle
sur
24
h,
échographie
cardiaque).
5.
Traitement
et
surveillance
Le
traitement
du
GPAO
est
un
traitement
à
vie
pour
préser-
ver
la
fonction
visuelle
et
la
qualité
de
vie
du
patient
en
limitant
les
effets
indésirables.
Le
seul
traitement
efficace
est
de
réduire
la
PIO
[14,26,27].
Ceci
est
aussi
vrai
pour
le
glaucome
à
pres-
sion
normale,
les
résultats
de
l’étude
Collaborative
Normal
Tension
Glaucoma
Study
(CNTGS)
ont
montré
qu’une
diminution
de
la
PIO
initiale
de
30
%
ralentissait
la
progression
de
la
maladie
[27].
Ini-
tialement
on
détermine
une
pression
dite
«
cible
»,
qui
permettra
de
ralentir
la
progression
du
glaucome
à
un
niveau
permettant
de
protéger
la
fonction
visuelle
dans
l’espérance
de
vie
du
patient.
On
la
détermine
en
considérant
plusieurs
facteurs
:
l’âge,
l’espérance
de
vie
du
patient,
le
stade
du
glaucome,
la
valeur
de
la
PIO
lors
du
diagnostic,
la
vitesse
de
progression
et
les
possibles
effets
secondaires
[1,26,28,29].
Cette
pression
cible
sera
adaptée
durant
le
suivi
du
patient
en
fonction
de
la
progression
observée
et
de
l’efficacité
des
différentes
thérapeutiques.
Pour
réduire
la
PIO,
les
ophtalmologistes
disposent
de
collyres,
de
traitements
physiques
et
chirurgicaux.
5.1.
Les
collyres
anti-glaucomateux
Les
collyres
anti-glaucomateux
sont
le
traitement
de
première
intention
du
GPAO.
Ils
réduisent
la
PIO
en
augmentant
l’élimination
d’humeur
aqueuse
(HA)
ou
en
réduisant
sa
production
(Tableau
1).
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