MON SILENCE CHANTE, MON VIDE EST PLEIN - JOHN WHEELER

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MON SILENCE CHANTE,
MON VIDE EST PLEIN
JOHN WHEELER
Entretien extrait de Right here, right now – Seeing your true nature as present awareness
John Wheeler enseigne la non-dualité dans la « lignée » de Sri Nisargadatta Maharaj et de
'Sailor' Bob Adamson.
Question : Vous êtes tout à fait impitoyable
dans votre distinction entre ce qui est et ce
qui n'est pas. C'est précisément ce qu'il faut.
Merci. Le scénario que j'ai suivi pendant
toute ma vie est en train de se déliter. Je
vois que je ne faisais que l'alimenter avec
mon mental, faute d'un meilleur terme. Et
maintenant, le sentiment que j'ai de moi-
même, en tant qu'individu, est si réduit,
comme les notions de passé et d'avenir, que
je ne peux plus entretenir le sentiment d'une
histoire.
John : C'est ce qui arrive quand on se lance
dans tout ça ! C'est une bonne chose car,
comme vous le savez, l'histoire est celle d'un
personnage fictif, c'est-à-dire le « moi » pour
lequel on s'est pris.
Q : Cela étant, une histoire semble toujours
se présenter.
J : Ce n'est qu'une apparence, une série
d'événements qui se déroulent dans la
Conscience. Une histoire est destinée à un personnage. Sans aucune entité présente, il n'y a
pas vraiment d'histoire, mais plutôt un déploiement ou une floraison de la vie. Le genre
d'histoire dont il est question est très provisoire et n'est plus pris au sérieux. Puisqu’il ne
s'agit pas de « vous », tous les soucis disparaissent.
Q : L'histoire apparente n'est pas linéaire, elle ressemble plutôt à une succession de petites
explosions sur un écran statique. Mais ce n'est pas une histoire commandée par le mental.
C'est plutôt quelque chose qui se déroule simplement par la force des choses.
J : Oui, juste quelque chose qui arrive à chaque instant. Tout cela est très fluide et ne pose
pas de problème.
Q : Et cependant, à mesure que le sens linéaire de l'histoire se démonte, il semble y avoir
une certaine tristesse, du chagrin, de la platitude, voire même un sentiment de perte. C'est
comme retrouver une poupée précieuse de son enfance et ne plus ressentir le même amour
ou la même affection pour elle. C'est ainsi que je me sens par rapport à « moi-même ».
J'étais une telle héroïne dans mon histoire ! Et maintenant, l'héroïne est absente et il n'y a
plus d'histoire ! Il y a une certaine platitude. Et je suppose que je devrais réaliser que c’est
aussi cela.
J : Nous avons tellement l'habitude de nous appuyer sur l'apparence et l'histoire que
lorsque celles-ci commencent à faire défaut, nous pouvons ressentir une certaine perte,
comme si le sol se dérobait sous nos pieds. C’est dû à l'habitude résiduelle de considérer
l'apparence. Mais la Présence-Conscience que vous êtes est saturée de lumière, de clarté, de
présence, d'intelligence et de possibilités infinies. C'est « l'énergie-intelligence » qui anime
la totalité. À mesure que la reconnaissance s'établit, ces attributs sont reconnus, si vous
voulez.
Q : Je devrais peut-être expliquer qu’en découvrant la non-dualité, il y a six mois, j'ai dû
abandonner beaucoup de choses. Je m'étais investie dans une pratique spirituelle qui
m'apportait des amis, une direction et un but. J'avais même un rôle phare, puisque je
m'occupais de l'édition des livres du guide. Mais quand le déclic de la non-dualité s'est
produit, j'ai dû faire table rase de tout cela.
J : Lorsque toutes les structures de croyance sont remises en cause, nous pouvons ne plus
avoir le même intérêt pour certaines choses qu'auparavant, et il peut y avoir une certaine
réorganisation.
Q : Il semble donc que cette platitude se manifeste . Je le mentionne, car j'ai été quelque
peu déconcertée de lire dans Shining In Plain View
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que la joie est un signe de cette
Conscience. Il n'y a que très peu de joie en ce moment, juste cette platitude. Je me
demandais si vous pouviez m'éclairer par rapport à cette expérience ?
J : La Conscience semble pratiquement dénuée de qualité du point de vue du mental. On
pourrait dire qu'elle ressemble à un néant. Objectivement, c'est un néant. Cependant, elle
est en elle-même (vous-même) lumineuse, ouverte, limpide, d'une richesse et d’une
profondeur immenses. Demeurez simplement dans la reconnaissance d'être cette Présence
consciente permanente qui éclaire tout, même l'apparence de platitude mentale. Avec ce
regard, vous verrez sa profondeur. Comme l'a dit un jour Nisargadatta Maharaj : « Mon
silence chante ; mon vide est plein ».
Q : Mais n'est-elle pas aussi cette platitude ?
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Le deuxième livre de John Wheeler, dont voici une traduction que j’ai réalisée, il y a quelques années :
De toute évidence – John Wheeler
https://studylibfr.com/doc/10185180/de-toute-%C3%A9vidence---john-wheeler, NDT.
J : J'ai un point de vue différent. Je dirais que la platitude apparaît en elle. Ne perdez pas
de vue ce qui est lumineux, clair et plein de vie en vous. La Conscience n'est pas limitée par
une expérience qui se produit, fût-ce un sentiment de platitude.
Q : Mais je dois dire que cela ressemble pratiquement à une période transitoire. C'est
pratiquement comme si je portais le deuil de ma quête de l'Illumination, celle-ci s’étant
poursuivie pendant tant d'années. Et alors que j'écris, je vois que je ne peux même plus me
réfugier là-dedans. Qui est là pour porter le deuil ?
J : On finit par voir que cette quête de l’Illumination n'était rien d'autre qu'une pure
souffrance. Elle vous détournait d'une réponse qui était toujours présente, de votre état
naturel. Il est tellement évident et clair qu'il ne réclame aucune réalisation du tout. Et
c'est ce que les enseignants authentiques ont toujours souligné. Cependant, il peut y avoir
un léger réajustement par rapport à cette nouvelle vision, tout s’équilibrant
naturellement.
Q : Je pense que je dois aussi dire qu'en plus de cette platitude, je ressens parfois une
certaine panique ! Au moment même où j'écrivais cette dernière phrase, j'ai réalisé qu'il n'y
avait vraiment aucun refuge. Il n'y a que la Conscience. Il n'y a personne à blâmer, nulle
part où se cacher. Il n'y a que cela, et je trouve cela assez effrayant. D'autres personnes
expérimentent-elles cela ?
J : Ce n'est qu'une réaction résiduelle due à une habitude. Cela s'apaisera, lorsque vous
réaliserez que la Conscience en vous, qui est ce que vous êtes, reste stable et claire à tout
moment. La peur et la panique résultent du fait de ne pas le reconnaître. De vieilles
habitudes, de vieux concepts peuvent remonter à la surface. Voyez les simplement pour ce
qu'ils sont — des notions résiduelles acquises au cours d'années d'ignorance. Rien ne peut
vous arracher à votre nature claire et présente. La reconnaissance de cela inaugure une vie
de clarté et de joie. Vous le constaterez dans votre expérience, en laissant tout cela
résonner et s'installer.
Q : Comme à l’accoutumée, je suis reconnaissante pour toute réponse que vous pouvez
apporter. Je ne veux pas être trop bavarde à ce propos, mais en vous lisant hier, j'ai
ressenti cette expansion apparente. Oui, je sais ! Il s'agit d'une expérience ! Mais il y a
quelque chose derrière les mots qui se transmet ou résonne profondément. Pour faire court,
je vous suis profondément reconnaissante. Merci beaucoup pour toute votre aide et pour
les livres. Ils sont tout simplement géniaux.
J : Restez en contact. Je suis heureux d'apprendre que cela résonne en vous. C'est votre
connaissance innée qui résonne avec cela. Tous les mots ne sont que des indications pour
vous réorienter vers ce que vous êtes. Suivez ces indications et revenez à la reconnaissance
de ce qui est clair et présent en vous. Vous n'aurez alors plus besoin d'indications. Vous
n'avez besoin d'aucune indication ni d'aucun enseignement pour être ce que vous êtes.
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