La notion d’après laquelle la spiritualité implique un Eveil suivi d’une période
d’intégration qui résulte dans une Libération finale est complètement fallacieuse.
Beaucoup de chercheurs en manque de discernement sont induits en erreur par de tels
concepts manifestement dualistes et erronés. Ces notions sont séduisantes,
principalement parce qu’elles coïncident avec les propres convictions non examinées du
chercheur, à savoir qu’il/elle est une personne séparée et que la Liberté se situe dans le
futur au terme d’un processus. C’est la voie du devenir, plutôt que l’Etre, la voie de la
dualité plutôt que la non-dualité.
Beaucoup de ceux qui s’attachent à ce cadre conceptuel sont convaincus qu’ils se sont
‘’éveillés’’ et qu’ils ont compris les points essentiels de la non-dualité, mais un simple
examen de conscience prouve que la recherche, les doutes, la souffrance et
l’asservissement au mental conceptuel opèrent souvent encore pleinement. L’intérêt
persistant pour des maîtres soi-disant illuminés, pour les modes spirituelles, pour les
livres, pour les séminaires, pour les satsangs, pour les retraites, pour les techniques
d’amélioration de soi, etc. est un signe évident que la question centrale n’est pas réglée et
que le message essentiel de la non-dualité n’est pas clair.
Beaucoup de ceux qui fonctionnent
dans ce cadre croient que la liberté
durable apparaîtra au bout d’une
certaine période de temps, comme
cinq ou dix ans. Ils ne parviennent
pas à voir que la Liberté n’est pas
le résultat du temps, qui n’est
qu’un concept imaginaire. La
Liberté est la condition naturelle
qui est toujours présente et qui
n’est qu’en apparence obscurcie
par des croyances et par des
concepts limitateurs qui sont crus
actuellement. Le modèle dualiste
élève et glorifie le maître illuminé
spécial qui est supposé avoir atteint le but et qui attire ceux qui se considèrent comme des
chercheurs et qui sont également sur la piste intérieure de leur propre ‘’Libération’’ finale.
Encore une fois, ce modèle est populaire, non pas parce qu’il est vrai, mais parce qu’il
correspond aux propres croyances dualistes du chercheur. L’affaire est souvent obscurcie
par un intérêt résiduel pour la célébrité, la richesse, la popularité, un statut spécial, etc.,
mais en fin de compte ― par le biais de l’expérience, du discernement et d’une
autoévaluation honnête ― la lumière se fait jour et on commence à remettre en cause les