Économie: Ménages, Consommation, Utilité Cardinale et Ordinale

Telechargé par dobellmekoudja
1
CHAPITRE 1 :
Les ménages et la consommation
Introduction
Les ménages constituent un secteur institutionnel important de l’activité
économique. Ils exercent plusieurs fonctions telles que la consommation des biens et
services, l’épargne des revenus et même la production (domestique et/ou non
domestique). Ce chapitre s’intéresse essentiellement à la première fonction, celle de
la consommation.
L’objectif de ce chapitre est d’analyser le comportement des consommateurs
(ménages). Nous poursuivrons par la compréhension de la fonction de consommation.
Mais avant, définissons la notion de consommation des agents économiques.
Section 1 : Notion de consommation
La consommation est un phénomène dont les dimensions sont à la fois
économiques et sociales. La notion de consommation s’analyse sous deux angles : la
consommation finale des ménages d’une part, et la consommation élargie de la
population d’autre part.
1.1. La consommation finale des ménages
La consommation finale des ménages est une opération économique
qui consiste en l’acquisition des biens et services destinés à la satisfaction
directe de leurs besoins. En d’autres termes, la consommation finale des ménages
représente la valeur des biens et services utilisés pour la satisfaction de leurs besoins.
La consommation finale des ménages porte sur un nombre très important de
biens et services destinés à satisfaire une grande variété de besoins (besoins
élémentaires ou physiologiques, besoins matériels ou d’équipement, besoins culturels
ou de loisir). Dans la plupart des cas, ces biens et services sont marchands c’est-
à-dire ont une valeur pécuniaire (sont acquis par le ménage en contrepartie
d’un paiement ou toute transaction financière).
2
1.2. La consommation élargie de la population
Les biens et services consommés par les ménages ne sont pas essentiellement
marchands. D’autres biens non marchands produits en général par les administrations
publiques dans les domaines de l’éducation, la santé, la sécurité sociale, les loisirs
culturels ou sportifs, etc. sont également consommés par les ménages. Lorsque ces
biens et services sont totalement gratuits (exemples : la vaccination infantile, les parcs
publics, les forages publics, etc.), ils ne sont pas comptabilisés dans la consommation
finale des ménages. Pourtant, ils contribuent à accroître le bien-être et le niveau de
vie de la population au même titre que les biens et services marchands.
Cette distinction donne lieu au concept de consommation élargie de la
population. Tous les biens et services dont les ménages (population)
bénéficient à titre gratuit s’ajoutent à la consommation finale pour former
la consommation élargie de la population.
Section 2 : Le consommateur et son comportement
L’analyse du comportement du consommateur est indispensable pour
comprendre l’activité des ménages au sein de l’économie. Pour ce faire, il est important
d procéder en trois étapes : d’abord l’identification des déterminants extra-
économiques de la consommation, ensuite la mise en évidence de la rationalité du
consommateur, et enfin l’élaboration du programme du consommateur et l’obtention
de l’équilibre.
2.1. Les déterminants extra-économiques de la consommation
Dans le comportement du consommateur, interviennent des déterminants
extra-économiques. La pertinence de ces déterminants se justifie par le fait que la
plupart des biens et services de consommation ont un caractère dual, c’est-à-dire
présentent une double fonction : une fonction d’usage et une fonction
symbolique. Par exemple, la fonction d’usage d’une voiture est celle d’effectuer le
transport des biens et des personnes, alors que sa fonction symbolique est de faire
rêver son propriétaire ou lui permettre de se situer par rapport aux autres dans la
société. Il existe alors plusieurs déterminants extra-économiques justifiant la
consommation des ménages.
a. Les déterminants psychologiques
L’achat ou l’acquisition des biens et services ne se justifie pas seulement par
des motifs conscients, mais aussi des motifs inconscients tels que les processus
d’identification, de projection, de transfert et de rationalisation au sein de l’économie.
Par exemple, la consommation actuelle d’un jeune peut être influencée par des
éléments psychologiques liés à ses habitudes de consommation durant son enfance.
3
b. Les déterminants sociologiques
La consommation peut également se justifier par les phénomènes sociaux
comme le sentiment d’appartenance à un groupe et l’effet d’imitation entre les groupes
sociaux.
c. L’action des entreprises
Par un positionnement stratégique notamment dans le domaine de la
communication (publicité, promotion, prospection, etc.), les entreprises sont
susceptibles d’influencer la consommation des ménages.
2.2. La rationalité du consommateur
Les ménages acquièrent ou achètent des biens et services parce qu’ils leur
procurent une certaine satisfaction. Les économistes appellent cette satisfaction
« utilité ». Cette formalisation a été proposée en premier lieu par les néo-classiques
pour rendre compte du calcul rationnel du consommateur. Deux approches sont à ce
titre retenues : le calcul du consommateur en termes d’utilité cardinale d’une part et
l’approche en termes d’utilité ordinale d’autre part.
a. L’approche de l’utilité cardinale
L’approche de l’utilité cardinale a été proposée par les économistes
marginalistes tels que Stanley Jevons, Léon Walras et Karl Menger. Selon cette
approche, l’utilité ou la satisfaction tirée par la consommation des biens et
services est quantifiable ou mesurable. On distingue l’utilité totale de l’utilité
marginale.
L’utilité totale () est la satisfaction totale tirée de la consommation
d’un bien sur une période donnée. Par exemple, si l’individu boit 02 tasses de
café par jour, son utilité totale correspondra à la satisfaction mesurée ou quantifiée de
cette consommation journalière de tasses de café.
L’utilité marginale () est la satisfaction additionnelle provenant de
la consommation d’une unité supplémentaire d’un bien sur une période
donnée. En d’autres termes, c’est l’utilité de la dernière unité de bien consommée.
Par exemple, lorsque l’individu augmente sa consommation de tasses de café de 02
à 04 par jour, l’utilité marginale correspond à l’accroissement de satisfaction qui est
issu de cette augmentation.
L’utilité marginale diminue lorsque la quantité consommée du bien augmente :
c’est le principe de décroissance de l’utilité marginale. Par exemple, la deuxième
tasse de café de la matinée procure à l’individu moins de plaisir (satisfaction ou
utilité) que la première ; la troisième tasse procure moins de plaisir que la deuxième,
4
ainsi de suite. Au final, l’utilité marginale deviendra nulle au point de satiété
(l’utilité totale atteint son maximum), ou même négative en cas de désutilité
(l’utilité totale décroît au fur et à mesure que les quantités consommées augmentent).
Formules mathématiques de calcul de l’utilité marginale
Calcul de l’utilité marginale de manière discrète
L’utilité marginale est donnée par la relation suivante : 

= Utilité marginale, = utilité totale, = quantité consommée du bien, =
opérateur variation ou différence.
Calcul de l’utilité marginale de manière continue
L’utilité totale est exprimée en fonction de la quantité de bien consommée. L’utilité
marginale s’obtient alors à partir d la dérivée de la fonction d’utilité totale par rapport
à la quantité consommée du bien. On a la relation suivante : 
  
Exercices d’application :
Exercice 1 :
Le tableau ci-dessous résume les valeurs de l’utilité totale tirée de la
consommation des quantités données de tasses de café.
Nombre de tasses de café
Utilité totale ()
Utilité marginale ()
0
0
1
7
2
11
3
13
4
14
5
14
6
12
1. Compléter le tableau en calculant l’utilité marginale du consommateur.
2. Tracer sur un même graphique les courbes d’utilité totale et d’utilité marginale.
3. Commenter les allures des courbes d’utilité totale et d’utilité marginale.
Exercice 2 :
Reprendre le travail à faire de l’exercice 1 sur la base du tableau ci-dessous.
Nombre de paires de chaussure
Utilité totale ()
Utilité marginale ()
0
0
1
4
3
12
7
21
11
44
16
64
5
Exercice 3 :
Calculer et étudier les propriétés de l’utilité marginale dans chacun des cas
suivants :
(i)  
(ii)  
(iii) 
b. L’approche de l’utilité ordinale
Même si on admet, en accord avec l’approche de l’utilité cardinale, que l’utilité
du consommateur est mesurable, il n’en demeure pas moins vrai que cette mesure est
forcément subjective. En effet, il n’existe pas d’étalon ou d’unité de mesure pour
chiffrer l’utilité d’un individu et pour comparer l’utilité entre les individus. Par
conséquent, l’approche de l’utilité cardinale soulève une difficulté majeure : comment
mesurer, quantifier ou chiffrer l’utilité d’un consommateur ?
Pour surmonter cette difficulté, une approche alternative a été proposée par
Vilfredo Pareto pour rendre compte du calcul du consommateur. L’approche de
l’utilité ordinale renonce à mesurer, chiffrer ou quantifier l’utilité procurée de la
consommation d’un bien. Elle admet simplement que le consommateur peut
ordonner ou classer par ordre de préférence, les différentes combinaisons
possibles de consommation. En d’autres termes, l’approche de l’utilité ordinale
suppose que les consommateurs sont capables de décider s’ils préfèrent un bien ou
une combinaison (panier) de biens à un autre bien ou une autre combinaison de biens.
Par exemple, vous êtes capable de dire s’il préfère une orange à une pomme,
ou s’il en est indifférent. De même si on vous donne le choix entre un panier contenant
4 oranges et 3 pommes, et un autre panier contenant 2 oranges et 5 pommes, vous
êtes capables de dire quel panier vous préférez ou si vous êtes indifférent. Pour vous
prononcer ici, il n’est pas nécessaire que vous quantifiiez ou mesuriez l’utilité procurée
par la consommation des deux paniers de fruits.
L’approche de l’utilité ordinale ou analyse d’indifférence est essentiellement
graphique et s’appuie sur la notion de courbes d’indifférence. Une courbe
d’indifférence est la représentation graphique indiquant toutes les
combinaisons de deux biens procurant le même niveau de satisfaction ou
d’utilité au consommateur. En d’autres termes, la courbe d’indifférence représente
toutes les combinaisons entre deux biens, qui offrent une satisfaction ou une utilité
identique à un consommateur. Le consommateur est donc indifférent à toutes ces
combinaisons des deux biens.
1 / 14 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans l'interface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer l'interface utilisateur de StudyLib ? N'hésitez pas à envoyer vos suggestions. C'est très important pour nous!