reflet de celle qui se produit également dans l'esprit de chaque individu. Nous
commençons tous par être matérialistes, en considérant comme acquis que le monde
phénoménal qui s'offre à nous est la seule réalité. L'idée d'un Dieu transcendant, ou
d'un Principe unificateur inhérent au monde, ne semble être qu'une notion lointaine
et vague. Puis, au fur et à mesure que notre sentiment religieux s'éveille, peut-être à
la suite d'un rappel choquant de la mortalité, ou d'une clarté d'esprit subite en
contemplant le ciel étoilé ou une partie tranquille du littoral, nous commençons à
réfléchir. Et une certaine logique intérieure semble requérir un Créateur pour un
univers aussi vaste et aussi mystérieux. Nous commençons à sentir une Intelligence
qui nous dépasse, une Intelligence avec laquelle nous pouvons communiquer et dont
nous sommes de plus en plus conscients dans toutes nos pensées et nos actions.
La deuxième étape de notre développement religieux a lieu quand, après mûre
réflexion et introspection, nous arrivons à la conclusion qu'il y a en nous quelque
chose, un esprit moral, une lumière qui nous guide, qui est elle-même divine et qui
participe de Dieu Lui-même. Nous l'appelons notre « âme » et nous ressentons le
désir ardent de cette âme de retrouver la beauté et la bonté divines dont elle émane,
telle une étincelle d'un feu ardent.
Enfin, nous vivons la troisième étape de notre parcours, lorsque, dans un moment
d'aspiration et la contemplation de notre Source Divine, nous connaissons « la paix
qui dépasse toute compréhension ». Inopinément, dans un moment de clarté
intellectuelle sans précédent, nous connaissons cette Divinité unique face à face.
Nanti de cette connaissance éclairée, nous réalisons que le chercheur et le but, celui
qui connaît et ce qu'il cherchait à connaître, ne font qu'un. Comme le roi d'un grand
royaume qui se réveille d'un rêve dans lequel il est pauvre et perdu, nous nous
réveillons à la réalisation que nous n'avons jamais été séparés de l'Unique, mais que
nous avons seulement imaginé une séparation qui n'existait pas. Alors nous
connaissons Celui que nous avons toujours été : l'Être omniprésent qui, tout en
transcendant ce monde de lumière et d'ombre, est Lui-même le substrat et l'essence
de tout être.
C'est dans les Upanishads que nous entendons pour la première fois ces voyants
parfaitement éclairés qui ont atteint le stade ultime de la connaissance concernant
Dieu et le Soi, et nous déclarent que le Soi et Dieu ne font qu'un :
Même par l'esprit, cette vérité doit être apprise :
La multiplicité n'existe pas, il n'y a que l'Unité.
Nous pouvons facilement comprendre intellectuellement l'idée d'une Unité sous-
jacente, mais cela reste une connaissance imparfaite et finalement insatisfaisante,
aussi longtemps que nous ne faisons pas directement l'expérience de cette Unité en
tant que Soi. Notre propre savoir même fait obstacle à l'expérience de la Vérité, en
maintenant la conscience limitée « je sais ». L'intellect même qui sait établit une
séparation entre ce qui connaît et ce qui est connu. Écoutez ce que les voyants des
Upanishads disent là-dessus :