Conflits de Loyauté : Notes du Colloque Enfance et Psy (2012)

CONFLITS DE LOYAUTE
Notes du colloque enfance et psy du vendredi 7 décembre 2012.
Etymologiquement, loyauté : conforme à la loi, légal. Actuellement : plus de référence à la
loi. On parle de conflits de loyauté : l’enfant entre ses deux parents.
Voir : Winnicott : l’ambivalence des conflits de loyauté.
Jean-Louis Le Run : psychiatre médecin chef du premier SPU de Paris, rédacteur en
chef d’enfance et psy. Fait référence aux conflits de loyauté dans l’histoire .ex : le chevalier
et son suzerain, un certain devoir ....
Pierre Michard : , à travers l’œuvre de Boszormenyi-Nagy :
On pense souvent que l’enfant pris dans ces conflits de loyauté souffre plus que ses parents,
pas sûre....Lorsque l’enfant va mieux, souvent l’adulte s’en prend au thérapeute.
Nagy : l’éthique dans la famille :
On ne peut pas donner, recevoir et rendre dans la famille.
Qui fait quoi pour qui ? Sur qui chacun compte pour recevoir et pour donner ? Ne pas exclure
l’enfant dans le recevoir et le donner.
L’enfant, capable de soin et de recevoir. La capacité ce l’enfant d’aider les parents, droit de
donner. L’option thérapeutique : aider l’enfant à donner aux parents. Soutenir les parents pour
qu’ils puissent recevoir. L’éducateur qui veut éviter à l’enfant de donner, sans prendre en
compte la vulnérabilité des parents ne sert à rien.
L’enfant parentifié nous oblige à un respect par rapport à l’engagement vis à vis de ses
parents.
Le parent : on fait tout pour lui, on ne demande rien. Pas la possibilité de recevoir. Plus la
famille donne, plus l’enfant est parentifié ; l’enfant exclu du don a l’impression d’usurper une
place, il ne peut pas donner. Il ya une énergie du prendre à trop donner.
Comment est-il possible de donner, vous qui n’avez rien reçu ?
Donner, recevoir, rendre : nous sommes ballotés entre ces conflits de loyauté, plongés dans
des dilemmes. Ex : être loyal au passé ou au moment présent (les traditions, la réalité du
moment).
La loyauté invisible : ex : les enfants adoptés qui ne peuvent exprimer leur loyauté à leur
famille d’origine risquent de ne pas pouvoir l’exercer vis à vis de la famille actuelle.
L’enfant parentifié : si l’adulte pense que l’enfant est fait pour recevoir et pas pour donner...
Voir : Winnicott « De la pédiatrie à psychanalyse »

Jean-Louis Le RUN :
La loyauté repose sur le lien affectif.
Entre le loyal et le légal : la Loi.
L’histoire de Tristan et Yseult, sans le filtre magique Tristan n’aurait pas trahit son maître.
Roméo et Juliette. Le conflit cornélien.
Au cours de l’histoire : la loyauté passe dans le domaine affectif et non plus de la Loi.
Ex : Jean Valjean qui sort de son conflit de loyauté par son action.
Voir : le film : »Le choix de Sophie ».Ou encore le roman de Henri James « Ce que savait
Maisy ».
Comment l’enfant vit-il ces loyautés ? Loyauté : attachement ?
Si on doit chercher l’origine de la loyauté : cela part de l’attachement + nous choisissons notre
groupe. Winnicott : stade de la sollicitude .La mère objet et la mère environnement : ces deux
fonctions vont se réunir au fur et à mesure du temps. W. situe le premier don à ce moment ou
la mère « survit » à l’omnipotence de l’enfant et peut recevoir.
Situations d’adoption :
L’adoption est une greffe qui s’opère autour de l’enfant.
La réussite : le tissage des liens –le couple parental et l’histoire de ses nouveaux parents.
Ces parents adoptant sauront-ils recevoir de l’enfant adopté ?
La dette de vie ? A quel âge ? Obligatoire ?
Nombre d’enfants adoptés rejetant leurs parents d’origine.
Les parents adoptant se sentent « débiteurs » vis à vis des parents biologiques et ont tendance
à donner trop d’éléments de leurs parents biologiques aux enfants et idéalisent ceux-ci.
Séparations conflictuelles :
Il est souvent difficile pour les parents de ne pas mêler l’enfant à ces conflits.
Lorsqu’un parent est déloyal par rapport à l’autre, ex : un parent qui enlève son enfant,
critique l’autre parent. Cela entraine la culpabilité chez l’enfant qui est perturbé dans ses
conflits d’ambivalence. La fonction potentielle : réunir les deux parents.
Entre les parents en conflit :
Créer un espace pour que celui des parents ne deviennent pas celui de l’enfant- internalisation
du conflit .Redonner une vraie place à l’enfant, essayer de redonner une vision positive de
l’enfant aux parents.
Le syndrome de l’aliénation parentale :
L’un des parents entraine l’enfant dans son conflit et l’enfant adhère à la vision de ce parent.
L’action du parent qui enferme l’enfant dans ce conflit. Le conflit de loyauté, c’est différent.
2° table ronde :
Danièle Ganancia, juge aux affaires familiales au TGI de Paris :
Voir article : « le juge écartelé ».
Les batailles autour de l’enfant. Lors de ces séparations : l’enfant instrumentalisé devient une
arme.
En moyenne : 1 an après la séparation, l’enfant ne voit plus son père.

L’enfant qui dit : « Si j’étais mort, mes parents n’auraient plus de problème. »
Le juge : considéré comme le super parent, mais il n’est pas le parent. Il doit prendre des
décisions et en même temps leur redonner leur rôle de parent, les responsabiliser ; une logique
d’autonomie pour que ce soit eux qui aient conscience d’élever leur enfant.
Généralement l’enfant choisit de vivre chez son parent le plus faible de façon à le protéger,
c’est l’aliénation parentale.
Ex : Médée qui se venge de Jason en tuant ses enfants.
L’audition de l’enfant par le juge : l’enfant est placé dans le rôle de décideur mais en même
temps cette audition peut faire émerger les besoins de l’enfant.
Le juge peut enjoindre les parents à tenter une médiation familiale. A entendre les souffrances
de l’autre, la haine tombe. Chacun vide son sac, traite le conflit à la racine.
Le juge : son rôle ne consiste pas seulement à énoncer la Loi.mais mener un travail avec les
parents, une écoute active. L’audience peut être une audience participative.
Voir la difficulté de réaliser cela avec 1 audience quart d’heure par quart d’heure.
Elodie Mulon, avocate, barreau de Paris.
Comment un avocat qui est porteur de l’un des parents peut prendre en compte les paroles de
l’enfant ? Le danger que l’avocat se « déclare » psychologue alors qu’il n’en a pas la
formation et plaide avec ce rôle là.
L’avocat qui ne doit devenir « le bras armé » du parent mais protéger l’enfant. On ne donne
pas à la Justice les moyens pour mener à bien les jugements (pas de temps, etc.)
Les procédures : encore plus difficiles lorsque les parents ne sont pas mariés car le conflit
s’exerce sur l’enfant sinon ce sont plutôt des conflits avec l’argent, la pension, etc.
La résidence alternée (Mars2002) : pour les enfants c’est important car il sait que les deux
parents veulent le recevoir. Le terme garde alternée n’existe plus.
Beaucoup de mère refuse cette « résidence alternée », refus de partager. La mésentente pour la
« garde alternée », un outil pour que l’autre n’ait pas de droit.
La résidence alternée : pas pour les tout petits. Les avocats de la famille : l’importance de la
formation, des expertises médico-sociales, travail en collaboration.
Pour l’avocat : toujours penser qu’il y a 2 parents.
L’enfant qui distribue les cartes : « bons points », « coups », il deviendra bourreau et
deviendra victime.
Roland-Ramzi Geadah, psychologue et historien, professeur de philosophie morale et de
droit médico-social, directeur du CICERF.
L’honneur en psychologie. L’idée de l’honneur avec la loyauté.
Le crime d’honneur : pas seulement la société musulmane mais tout le bassin méditerranéen,
Pakistan......La loyauté qui vient de l’époque féodale.
Pourquoi le criminel est-il dans une loyauté ? Il a intériorisé l’idéal du groupe. Cela se
perpétue dans une société guerrière. Vis à vis de sa famille, ex : Horace de Corneille.

Olivier Douville, psychanalyste, anthropologue, laboratoire CRPMS de l’université
Denis Diderot (Paris 7) :
L’enfant est-il la propriété de la famille ou de l’école ? Il est le médiateur entre les deux.
Pas de vie sans conflits, ce qui est intéressant c’est la conflictuation. Comment fabriquer des
espaces de conflictuation ?
4 types d’autorité : chef, maître, juge, pouvoir. Le chef de famille sur qui reposerait ce
typed’autorité.
Descartes : « La raison est l’essence de l’homme », pas le privilège de certains.
En 1794 : premier cours de philo : né après la révolution. Psycho ensuite.
L’érudition et la culture :1) des connaissances, des lettres ,2) la transmission.
L’enfant est un collectionneur : il amoncelle mais c’est l’adolescent qui s’ouvre au savoir. le
savoir a des trous qui se relance de lui-même.
Anne-Sylvie Pelloux, psychiatre premier SPU Paris, rédacteur adjoint d’enfance et psy :
Qui donne et qui reçoit à la naissance ?
Il y a un endettement bilatéral à l’origine. Ex : le bébé considéré avec l’histoire de sa maman.
Jeanine Oxley, psychologue, ex-responsable du PFT. Le relais Alésia, Paris, rattachée
CFPE et AFIREM :
Placement familial thérapeutique : Les professionnels accompagnent les conflits, les pleurs,
les émotions entre la famille et la famille d’accueil. que ce ne soit pas une déchirure mais une
séparation. Myriam David : « Les professionnels confondent les pleurs d’une séparation et
ceux d’une détresse. » Le besoin d’une alliance thérapeutique, sinon on reproduit le conflit
dans la famille et l’enfant risque de ne pas faire l’alliance et être pris comme un objet.
Une recherche sur 3o ans : pas de maltraitance de ces enfants placés sur leurs propres
enfants. L’accompagnement de ces enfants est positif. Les mères qui disent : Moi « j’écoute »
ce que vous faites et non ce que vous dites.
On perd le sens du soin lorsque l’on a peur (maltraitance) pour l’enfant. D’où l’importance de
créer le lien avec la mère afin que celle-ci soit dans la coopération quelque soit la mesure
prise.
Il ya aussi les extrêmes où l’on ne se précipite pas sur les mesures à prendre et l’enfant
reste dans la famille. Peut-on attendre ou ne pas attendre ? Etre suffisamment vigilant.
Le bébé entre 2 et 4 mois construit des interactions avec l’adulte et est capable de répéter
celles-ci avec un autre adulte. Ex : le bébé avec une mère déprimée , avec une assistante
maternelle qui devient elle-même déprimée.