Histoire des classifications (pour l’enseignant)
Les premières classifications animales font leur apparition au 18ème. Celle de Linné, nommée science divine,
se devait de refléter un ordre divin au sommet duquel se trouvait l’Homme, créature parfaite. On classait
les autres êtres vivant en comparaison à l’Homme en mettant en évidence ce qui leur manquait par rapport à
l’être humain (ainsi les invertébrés sont ceux qui n’ont pas de vertèbres…).
C’était une vision fixiste car les espèces avaient été créées une fois pour toute par Dieu et n’évoluaient pas.
On aboutissait à une représentation du type échelle avec l’Homme au sommet et les barreaux inférieurs
occupés par les espèces par ordre du mépris qu’elles inspiraient.
Cet avatar d’une vision anthropocentriste et fixiste a traversé les temps et résisté aux réfutations
scientifiques. Profondément ancrée dans notre éducation, notre héritage religieux elle est parvenue jusqu’à
nous aujourd’hui bien qu’elle ait été depuis longtemps abandonnée par les scientifiques.
Au 19ème, des éleveurs et horticulteurs réalisant des croisements de races, commencent à penser que les
espèces pourraient très bien s’être modifiées dans la nature. Des scientifiques comme Lamarck ou
Darwin étudient l’évolution du vivant au cours du temps. La théorie de l’évolution que Darwin exposa en
1859 dans son ouvrage « de l’origine des espèces » sert encore aujourd’hui de cadre théorique pour la
biologie.
Au cours du temps, les espèces se transforment et transmettent leurs caractères héréditaires à leurs
descendants. En simplifiant, on peut dire que deux types de caractères sont transmis au cours de la
généalogie des êtres vivants :
- des caractères « anciens » = non modifiés
- des caractères « nouveaux » = qui se sont transformés Cette transformation est à l’origine de l’évolution
des espèces.
Un caractère que l’on trouve aujourd’hui à l’état identique chez plusieurs espèces a probablement été légué
par un ancêtre commun à ces espèces. Il s’agit là d’une hypothèse sur laquelle se basent les scientifiques
pour réaliser l’arbre « généalogique » du vivant. Mais le scientifique ne peut pas remonter le temps, et il ne
possède pas de registre d’état civil des espèces vivantes. Il ne pourra donc pas classer en termes de relation
parents/enfants mais en termes de « cousinage ». Il saura déterminer qui est plus proche de qui. Cette
généalogie est en fait une phylogénie. (phulon (grec) = espèce)
On va se baser sur l’observation des caractères communs aux espèces (homologie) pour déterminer leur
degré de « parenté » :
- l’anatomie comparée établit des correspondances entre les êtres vivants. Elle recherche des structures
qui se correspondent dans un plan d’organisation commun. Si on observe le squelette d’un membre
antérieur de chauve-souris, de dauphin et d’homme on repère un même plan d’organisation. Tous ont
des phalanges, un radius un cubitus… ces structures sont les mêmes. Cela ne veut pas dire qu’elles sont
identiques, ni même qu’elles servent à faire la même chose, mais elles se correspondent dans un plan
global d’organisation du squelette. Cela signe une parenté entre ces trois espèces. Elles ont eu un ancêtre
commun qui leur a légué ce caractère.
- L’étude du développement embryonnaire (embryogenèse) permet également de d’imaginer que si
deux structures ont une origine embryologique commune elles doivent, a priori, avoir une origine
génétique commune.
- Et, plus récemment, l’étude génétique des chromosomes et de leur ADN a pu rendre les découvertes
phylogénétiques plus légitimes, plus fiables et plus pointues.
On aboutit alors à une classification arborescente du vivant qui reflète l’apparentement, les liens de parenté
qui unissent tous les êtres vivants, racontant un peu de l’histoire de cette famille nombreuse et éparpillée. A
chaque nœud on trouve un ancêtre exclusif, il a légué à sa descendance une ou plusieurs innovations
évolutives indiquées avant le nœud. Cet ancêtre est à l’origine d’un groupe, dont le nom est indiqué en gras.
Ce groupe comprenant un ancêtre et la totalité de ses descendants est le seul type de groupe valide dans une
vraie classification phylogénétique.