Intégrale de Gauss : Définition, Existence et Méthodes de Calcul

Telechargé par idoumou Malick
L’intégrale de Gauss
1) Définition et existence.
La fonction x7ex2est continue sur [0, +[et négligeable devant 1
x2en +. On en déduit que la fonction x7ex2
est intégrable sur [0, +[. Donc
l’intégrale Z+
0
ex2dx existe et s’appelle l’intégrale de Gauss.
2) Calcul de Z+
0
ex2dx.
a) Premier calcul. Puisque la fonction x7ex2est intégrable sur [0, +[,Z+
0
ex2dx =lim
R+ZR
0
ex2dx.
Pour Rréel strictement positif donné, on pose I(R) = ZR
0
ex2dx. On a
(I(R))2= ZR
0
ex2dx!2
= ZR
0
ex2dx! ZR
0
ey2dy!=RR
(x;y)[0,R]2
e−(x2+y2)dxdy (intégrales indépendantes).
Le terme x2+y2invite à passer en polaires mais le domaine d’intégration n’est pas parfaitement adapté à ce changement
de variables.
RR2
R
R2
La fonction à intégrer est positive et, dans le but d ?encadrer I(R), on encadre le domaine d’intégration entre les deux
quarts de disque noté D(R)et D(R2)D(R) = {(x, y)R2/ 0 x, 0 y, x2+y2R2}.
On a bien D(R)[0, R]2D(R2)car
(x, y)D(R)0x, 0 y, x2+y2R20xRet 0yR,
et de même
(x, y)[0, R]20xRet 0yR0x, 0 yet x2+y2R2+R2=2R2.
Par positivité de l’intégrale et additivité par rapport au domaine d’intégration, on obtient
RR
D(R)
e−(x2+y2)dxdy RR
[0,R]2
e−(x2+y2)dxdy RR
D(R2)
e−(x2+y2)dxdy.
Pour R > 0, posons alors J(R) = RR
D(R)
e−(x2+y2)dxdy. En passant en polaires, on obtient
J(R) = ZZ
D(R)
e−(x2+y2)dxdy =ZZ
r[0,R][0, π
2]
er2rdrdθ = Zπ/2
0
! ZR
0
r dr!(intégrales indépendantes)
=π
2×1
2er2R
0
=π
4(1eR2).
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Puis en remplaçant Rpar R2, on obtient J(R2) = π
4(1e2R2). L’encadrement obtenu plus haut s’écrit alors π
4(1
eR2)(I(R))2π
4(1e2R2)ou encore, puisque I(R)est positif,
R > 0, π
2p1eR2ZR
0
ex2dx π
2p1e2R2.
Quand Rtend vers +, on obtient en particulier la valeur de l’intégrale de Gauss
Z+
0
ex2dx =π
2et par parité Z+
ex2dx =π.
Remarque. On peut directement passer en polaires dans (I(R))2pour obtenir
(I(R))2=ZZ
[0,R]2
e−(x2+y2)dxdy =2ZZ
0xyR
e−(x2+y2)dxdy =2Zπ/4
0 ZR/ cos θ
0
er2r dr!
=2Zπ/4
01
2er20
R/ cos θdθ =Zπ/4
01eR2/cos2θ=π
4Zπ/4
0
eR2/cos2θdθ.
Donc
R > 0, ZR
0
ex2dx =sπ
4Zπ/4
0
eR2/cos2θ.
On peut alors analyser directement lim
R+sπ
4Zπ/4
0
eR2/cos2θ.
b) Deuxième calcul.
i) Définition de deux fonctions. Pour xréel, posons f(x) = Zx
0
et2dt2
puis g(x) = Z1
0
ex2(1+t2)
1+t2dt.
ii) Dérivée de f.La fonction t7et2est continue sur Ret donc la fonction x7Zx
0
et2dt est définie et de
classe C1sur R.fest donc de classe C1sur Ret de plus pour xréel
f(x) = 2ex2Zx
0
et2dt.
iii) Dérivée de g.
Posons Ψ: [0, 1]×RR
(t, x)7ex2(1+t2)
1+t2
.
• Pour tout réel x, la fonction t7ex2(1+t2)
1+t2est continue et donc intégrable sur le segment [0, 1].
Ψadmet sur [0, 1]×Rune dérivée partielle par rapport à xet pour (x, t)[0, 1]×R,∂Ψ
∂x (x, t) = −2xex2(1+t2).
De plus, pour chaque xR, la fonction t72xex2(1+t2)est continue sur [0, 1]et pour chaque t[0, 1], la fonction
x72xex2(1+t2)est continue sur R. Enfin, sir Aest un réel positif donné,
∂Ψ
∂x (x, t)2A ×1=2A =ϕ(t),
ϕest une fonction continue et donc intégrable sur le segment [0, 1].
D’après le théorème de dérivation sous le signe somme, gest de classe C1sur tout segment de Ret donc sur Ret pour
tout réel x
g(x) = Z1
0
∂x ex2(1+t2)
1+t2!dt = −2x Z1
0
ex2(1+t2)dt.
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iv) La fonction f+gest constante sur R.Soit xun réel non nul. En posant u=xt, on obtient
g(x) = −2x Z1
0
ex2(1+t2)dt = −2ex2Z1
0
e−(xt)2d(xt) = −2ex2Zx
0
eu2du = −f(x).
Donc, pour x6=0,(f+g)(x) = 0. Cette dernière égalité reste vraie pour x=0par continuité de fet gen 0.
Ainsi (f+g)=0et on en déduit que la fonction f+gest constante sur R. Mais alors, pour tout réel x,
(f+g)(x) = (f+g)(0) = 0+Z1
0
1
1+t2dt =π
4.
On a montré que
xR,Zx
0
et2dt2
=π
4Z1
0
ex2(1+t2)
1+t2dt.
v) Limite de gquand xtend vers +.Soit xun réel positif. Pour tout réel t[0, 1], on a 0ex2(1+t2)
1+t2ex2.
Par croissance de l’intégrale, on obtient pour x0
0g(x)ex2.
Puisque lim
x+
ex2=0, le théorème des gendarmes montre alors que lim
x+
g(x) = 0.
vi) Valeur de l’intégrale de Gauss.Pour x > 0,Zx
0
et2dt =rπ
4g(x)et puisque lim
x+
g(x) = 0, on a
redémontré que
lim
x+Zx
0
et2dt =π
2.
c) Troisième calcul.
On va obtenir l’intégrale de Gauss comme limite d’une suite d’intégrales .
i) Définition d’une suite de fonctions convergeant vers la fonction x7ex2.Pour xréel positif et nentier
naturel non nul, on pose fn(x) =
1x
nnsi 0xn
0si x > n
et f(x) = ex.
On pose aussi gn(x) = fn(x2)et g(x) = f(x2).
12345
1
y=f1(x)
y=f2(x)
y=ex
• Vérifions que la suite de fonctions (gn)nNconverge simplement vers la fonction gsur [0, +[.
Soit x[0, +[. Pour n > x2, on a gn(x) = 1x2
nn
=enln(1x2
n)et donc
gn(x) =
n+
en(− x2
n+o(1
n)) =ex2+o(1),
ce qui montre que lim
n+
gn(x) = ex2=g(x).
• Il est clair que pour nN,gnest intégrable sur [0, +[car gnest continue sur le segment [0, n]et nulle
sur l’intervalle [n, +[.
• Montrons que pour tout entier naturel net tout réel positif x, on a 0gn(x)g(x).
Soit nN.gnest positive sur [0, +[. D’autre part, l’encadrement précédent est clair pour x[n, +[.
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Maintenant, si x[0, n[, on a x2
n] − 1, 0]. Il est connu que pour u] − 1, +[, on a ln(1+u)u(la fonction
u7ln(1+u)est concave sur ] − 1, +[car y admet une dérivée seconde négative de sorte que son graphe est
au-dessous de sa tangente en (0, 0)sur ] − 1, +[). On en déduit que
gn(x) = enln(1x2
n)en(− x2
n)=ex2=g(x).
Ainsi, nN,|gn|gavec gcontinue et intégrable sur [0, +[.
En résumé
- La suite de fonctions (gn)nNconverge simplement vers la fonction gsur [0, +[et la fonction est continue
sur [0, +[.
- Chaque fonction gnest intégrable sur [0, +[.
- Il existe une fonction ϕcontinue et intégrable sur [0, +[telle que nN,|gn|ϕà savoir ϕ=g.
D’après le théorème de convergence dominée, on a alors
Z+
0
ex2dx =Z+
0
g(x)dx =Z+
0
lim
n+
gn(x)dx =lim
n+Z+
0
gn(x)dx =lim
n+Zn
01x2
nn
dx.
ii)Détermination de lim
n+Zn
01x2
nn
dx.Pour nN, posons In=Zn
01x2
nn
dx.
Le changement de variables x=ncos tet donc dx = −nsin tfournit
In=Zn
01x2
nn
dx =Z0
π/2 1cos2tnnsin t dt =nZπ/2
0
sin2n+1t dt =nW2n+1,
Wnest la n-ème intégrale de Wallis. L’étude de ces intégrales montre que
In
n+
nrπ
2(2n +1)
n+
π
2,
et on retrouve encore Z+
0
ex2dx =π
2.
iii) Bonus. Montrons que la suite de fonctions (fn)nNconverge uniformément vers la fonction fsur [0, +[.
Soit nN. On a vu précédemment que x[0, +[,f(x) − fn(x)0.
Posons hn=ffnet étudions la fonction hn. Il est déjà clair que hnest continue, positive sur [0, +[et décroissante
sur [n, [.
hnest dérivable sur [0, n[et pour x[0, n[,
h
n(x) = −ex+1x
nn1.
Par croissance de la fonction exponentielle sur R, on a pour x[0, n[
sgn(h
n(x)) = sgn e(n1)ln(1x
n)ex=sgn((n1)ln(1x
n) − (−x)) = sgn((n1)ln(1x
n) + x).
Pour x[0, n[, posons kn(x) = (n1)ln(1x
n) + x.knest dérivable sur [0, n[et pour x[0, n[,
k
n(x) = (n1)
1
n
1x
n
+1= n1
nx+1=1x
nx.
knest donc strictement croissante sur [0, 1]et strictement décroissante sur [1, n[. Comme kn(0) = 0, on a kn(1)> 0
et comme lim
xn
kn(x) = −, on en déduit qu’il existe αn]1, n[tel que kn(αn) = 0ou encore h
n(αn) = 0. De plus,
knest positive sur [0, αn]et négative sur [αn, n[et il en est de même de h
n.
Mais alors, hnest croissante sur [0, αn]et décroissante sur [αn, n[. Comme de plus hnest continue sur [0, +[
et décroissante sur [n, [,hnest décroissante sur [αn,+[. En résumé, hnest positive sur [0, +[, croissante
sur [0, αn]et décroissante sur [αn,+[.
x[0, +[, 0 hn(x)hn(αn).
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Maintenant, l’égalité h
n(αn) = 0fournit eαn=1αn
nn1et donc
hn(αn) = eαn1αn
nn=eαn1αn
nn11αn
n=eαn1αn
neαn=αneαn
n.
Enfin, la fonction u:x7xexest dérivable sur [0, +[de dérivée u:x7(1x)ex. La fonction uadmet donc
un maximum en 1égal à 1×e1=1
e. On en déduit que hn(αn) = u(αn)
n1
ne . On a mont que
x[0, +[, 0 f(x) − fn(x)1
ne .
Mais alors sup{|f(x) − fn(x)|, x [0, +[}1
ne et puisque lim
n+
1
ne =0, on a montré que
la suite de fonctions (fn)nNconverge uniformément vers la fonction fsur [0, +[.
3) Calcul de Γ1
2=Z+
0
ex
xdx.
a) Existence de l’intégrale. La fonction x7ex
xest continue sur ]0, +[et donc localement intégrable sur ]0, +[,
positive et équivalente en 0à1
xet donc intégrable sur un voisinage de 0, négligeable devant 1
x2en +et donc intégrable
sur un voisinage de +. Finalement, la fonction x7ex
xest intégrable sur ]0, +[.
b) Calcul de l ?intégrale. En posant x=u2et donc dx =2udu, on obtient
Z+
0
ex
xdx =Z+
0
eu2
u2u du =2Z+
0
eu2du =π.
Γ1
2=Z+
0
ex
xdx =π.
4) Calcul de In=Z+
0
xnex2dx.
a) Existence. Soit nun entier naturel. La fonction x7xnex2est continue sur [0, +[et négligeable devant 1
x2
en +. Donc la fonction x7xnex2est intégrable sur [0, +[et l ?intégrale proposée existe.
b) Calcul.
i) Relation de récurrence. Pour nentier naturel donné, posons In=Z+
0
xnex2dx.
Soit Aun réel positif. Une intégration par parties fournit
ZA
0
xn+2ex2dx =ZA
0
xn+1×xex2dx =1
2ex2xn+1A
0
+n+1
2ZA
0
xnex2dx
= An+1eA2
2+n+1
2ZA
0
xnex2dx.
Quand Atend vers +, on obtient Z+
0
xn+2ex2dx =n+1
2Z+
0
xnex2dx. D’où la relation de récurrence
nN, In+2=n+1
2In.
ii) Calcul de I2n et I2n+1.D’après 2), on a déjà I0=π
2. D’autre part, I1=Z+
0
xex2dx =1
2ex2+
0
=1
2.
Soit alors nun entier naturel non nul.
I2n =(2n 1)
2
2n 3
2... 1
2I0=(2n)(2n 1)(2n 2)...2
2n(2n)(2n 2)...2
π
2=(2n)!
22nn!2
π
2,
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