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THEME 2
LA GUERRE AU XXème SIECLE
« Question » 1
Guerres mondiales et espoirs de paix
INTRODUCTION
Définition du sujet
Le XXème siècle est le siècle des guerres mondiales, coloniales et de
décolonisation. Par ailleurs, l’accélération des progrès techniques rend les
guerres plus menaçantes que jamais pour les sociétés humaines. Mais aussi,
la possibilité de l’anéantissement de l’humanité par la menace nucléaire a
multiplié les efforts de paix.
Le concept de guerre totale est formulé à l’issue de la 1ere guerre mondiale
et théorisé dans l’entre-deux-guerres par Carl Schmitt. Il est cependant utilisé
par certains historiens contemporains pour désigner une réalité plus
ancienne qui renvoie à la mutation de la guerre depuis la Révolution et
l’Empire, les conflits du XXe siècle représentant le paroxysme de cette
évolution.
Ce concept recouvre la mobilisation de toutes les ressources des Etats
durant une longue période et à un degré jamais atteint précédemment, et
l’extension de l’affrontement à toutes les régions du globe (ou du moins à
de très larges portions de celui-ci) dans un but d’anéantissement de
l’adversaire. Il se fonde sur une « dynamique de radicalisation » (David Bell)
qui amène les belligérants à consacrer toujours plus de moyens à
l’accomplissement de cet objectif.
Selon deux modalités qui diffèrent en partie, les deux guerres mondiales
témoignent de l’entrée dans l’ère de la « guerre totale » et aboutissent à la
prise de conscience progressive de la nécessité d’une régulation mondiale
pour préserver la paix.
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Problématique
Comment la Première guerre mondiale témoigne t-elle de l’entrée
dans l’ère de la « guerre totale » ?
Comment la guerre totale transforme t-elle l’expérience combattante ?
CHAPITRE 1
La Première Guerre mondiale :
L’expérience combattante dans une guerre totale.
La Première Guerre mondiale représente une étape essentielle dans la
mutation de la guerre au XXe siècle.
A- Des expériences combattantes traumatisantes
REMARQUE : Insister sur le pluriel car les expériences combattantes sont
multiples.
Sources : Témoignages des soldats dont les dernières recherches historiques
sur la 1ere Guerre mondiale ont révélé la grande richesse et diversité. On
perçoit à travers ces témoignages que peu à peu s’opère une prise de
conscience parmi les soldats qu’une mémoire commune se construit sur le
front et que la démocratie libérale n’est qu’un leurre. Les expériences
traumatisantes de la guerre ainsi que les pratiques de fraternisations sont
aussi l’occasion chez de nombreux soldats d’une remise en question du
nationalisme (appelé alors patriotisme) qui a donné naissance à la guerre.
Ces témoignages nous permettent de percevoir un changement significatif de
degré et de nature dans la violence de la guerre par rapports aux conflits du
XIXème siècle. Cette violence extrême est liée à la durée du conflit, à sa
dimension industrielle et à la mortalité de masse.
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Chronologie : Il est indispensable de maîtriser la chronologie des deux
guerres !!!!! (VOIR PROGRAMME DE 3eme)
a- Des expériences combattantes violentes et traumatisantes
Notions :
Armée de masse, de citoyens
Inégalité des situations
Complexité de la notion de devoir.
Formes de contournement de la violence : camaraderie, fraternisation
mutineries, oppositions à la guerre
Formes de violence, radicalisation, morbidité du champ de bataille.
Violence donnée, subie.
La guerre industrialisée : déshumanisation, armes nouvelles
Documents :
Témoignages de soldats
Maurice Genevoix, « Ceux de 14 »
Photos privées de combattants
Chanson de Craonne
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Analyse de deux documents
Consigne : Après avoir présenté ces deux documents et les avoir replacé dans leur
contexte, montrer comment ils rendent compte à la fois de la violence de guerre pendant
la Première Guerre mondiale et de la naissance d’une conscience de classe pendant le
conflit.
Doc.1 : De Gaulle dans la Première guerre mondiale.
« Le premier choc est une surprise [..]. Tout à coup, le feu de l’ennemi devient ajusté,
concentré. De seconde en seconde, se renforcent la grêle des balles et le tonnerre des
obus. Ceux qui survivent se couchent, atterrés, pêle-mêle avec les blessés hurlants et les
simples cadavres. Calme affecté d’officier qui se font tuer debout, baïonnettes plantées
aux fusils par quelques sections obstinées, clairons qui sonnent la charge, bonds suprêmes
d’isolés héroïques, rien n’y fait. En un clin d’œil, il apparaît que toute la vertu du monde
ne prévaut point contre le feu. »
Charles de Gaulle, La France et son armée, Paris, Plon, 1938.
Doc. 2 : Un tonnelier dans la guerre
L’auteur, Louis Barthas, âgé de 35 ans en 1914, tonnelier et socialiste, a laissé des carnets
écrits rédigés peu après la fin du conflit à partir de notes prises au jour le jour.
a) A la fin du printemps 1915, Barthas, incorporé au 280e R.I.participe à la l’offensive
en Artois.
« Soudain, une rafale d’obus s’abat sur le bois, c’est fracas épouvantable ; couchés à terre
tremblants de peur, nous croyions que notre dernière heure était venue, d’autant qu’en
avant de nous, des cris, des plaintes des blessés s’élevèrent.
Ce jour, 5 juin, fut un des plus sanglants de cette stérile bataille d’Artois. Nous restâmes
toute cette journée les uns contre les autres hébétés. C’est vraiment un miracle qu’au
milieu de cette avalanche de ferraille aucun de nous n’ait eu une égratignure. »
b) Au milieu de l’année 1916, Louis Barthas se trouve avec son régiment sur le front
de Champagne.
« Deux jours après, notre escouade alla occuper le petit poste No10. C’était tout
simplement un barrage dans un ancien boyau reliant les lignes allemandes […]. A six
mètres de notre barrage, les Allemands étaient établis. Quelques fils de fer épineux jetés
entre nous et qu’on aurait pu franchir en quatre enjambées séparaient deux peuples,
deux race qui s’exterminaient.
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Il y avait même une sape recouverte qui aboutissait à un mètre des sacs à terre allemands,
on aurait pu en allongeant le bras, se serrer la main.
Quel n’aurait pas été leur étonnement [« à un embusqué ou un bon bourgeois »], et
même leur stupéfaction de voir le calme et la tranquillité qui régnaient dans ce coin. L’un
fumait, l’autre lisait. Leur stupéfaction se fut changée en ahurissement s’ils eussent vu des
sentinelles françaises et allemandes assises tranquillement sur le parapet entrain de
fumer la pipe et échanger de temps en temps un bout de conversation comme de bons
voisins prenant le frais sur le pas de leur porte […]. Il ne tombait jamais une grenade sur ce
point privilégié. […]
Les uns jugeront cela sublime et les autres criminels suivant qu’on place l’idéal de
l’humanité au-dessus ou au-dessous de l’idéal de Patrie »
UN CONFLIT PARTICULIEREMENT MEURTRIER.
Avant la Première Guerre mondiale, aucun conflit n’avait tué autant. La
guerre a tué chaque jour en moyenne 900 Français, 1300 Allemands et 1450
Russes. 20.000 soldats britanniques sont morts le premier jour de la bataille
de la Somme en 1916.
Le nombre de blessés est aussi immense : 8 millions d’invalides, dont les
gazés, les mutilés et les blessés du visage (« Gueules cassées »).
Plus que dans tous les conflits précédents, les corps des soldats souffrent
dans cette guerre, notamment à cause des armes nouvelles utilisées :
Les bombardements d’artillerie occasionnent 75% des pertes directes
A Verdun sous le feu de l’artillerie (1916)
« Quand nous entendions le sifflement de loin, tout notre corps se
contractait pour supporter les vibrations excessivement puissantes de
l’explosion et à chaque fois, c’était une nouvelle attaque, une nouvelle
souffrance. A ce régime, les nerfs les plus solides ne résistent pas. Mourir
d’une balle n’est presque rien : notre être reste intact. Mais être démembré,
mis en morceaux, réduit à de la bouillie, c’est une crainte que la chair ne
peut supporter.
Sergent Paul Dubrulle (prêtre au 8e régiment du fort de Douaumont
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