Chapitre 26
Variables aléatoires sur un univers fini
Sommaire
I Notion de variable aléatoire ......................................253
1) Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253
2) Loi d’une VA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
3) Image d’une VA par une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
II Lois usuelles ...............................................255
1) Variables certaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
2) Loi uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
3) Loi de Bernoulli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
4) Loi binomiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
III Espérance et variance d’une variable aléatoire ...........................256
1) Espérance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256
2) Variance et écart-type . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258
3) Cas des lois usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259
IV Couples de variables aléatoires ....................................259
1) Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259
2) Indépendance de variables aléatoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261
3) Applications de l’indépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262
4) Covariance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263
V Solution des exercices .........................................264
Souvent, lors d’une expérience aléatoire, on ne s’intéresse pas vraiment à l’ensemble des résultats possibles,
mais un aspect particulier du résultat, par exemple : la somme obtenue lors d’un lancer de deux dés, le
temps d’attente du premier pile dans un lancer de pièce etc.
I NOTION DE VARIABLE ALÉATOIRE
1) Définition
Soit
un univers fini. Toute application
X: E
est appelée
variable aléatoire
, lorsque
E=R
, on dit
que
X
est une
variable aléatoire réelle
(notée VAR). Lorsque
X
est constante, on parle de VA constante
ou de variable aléatoire certaine.
Définition 26.1
Remarque 26.1 –
Notons qu’une variable aléatoire n’est une pas une variable en réalité, mais une application, et n’a rien
d’aléatoire!
L’ensemble des images X()est un ensemble fini qu’on note parfois X()={x1,...,xn}.
ZExemples :
Expérience : on lance deux dés, on note X la somme des chiffres obtenus.
Univers : =J1;6K, X()=J2;12K.
MPSI3 (2018-19) LYCÉE MONTAIGNE – 253 – ©Fradin Patrick –
Notion de variable aléatoire Chapitre 26 : Variables aléatoires sur un univers fini
Expérience : on lance nfois une pièce, on note X le numéro du lancer où apparaît un pîle la première
fois.
Univers : ={P,F}n, X()=J0;nK.
Soit
A
un événement, l’application
1A:R
définie par
1A
(
ω
)
=(1si ωA
0sinon
est la
variable indica-
trice de A.
Définition 26.2 (variable indicatrice d’un événement)
Remarque 26.2 –
L’ensemble des VAR sur
est
F
(
,R
)qui a une structure de
R
-espace vectoriel et d’anneau pour les lois
usuelles.
Si
X: E
est une VA et
u: E F
est une application, alors
uX
est une VA sur
, elle est généralement
notée u(X).
Événements liés à une VA
Si
X: E
est une VA, si
A
est une partie de
E
alors
X1
(
A
) est un événement, on le note généralement
(X A), on a donc (X A) ={ω/ X(ω)A}.
Plus généralement, si
P
(
x
) désigne une propriété définie sur
E
, l’événement
{ω/ P(X(ω))}
est noté
(X vérifie P).
Dans le cas particulier d’une VAR, on écrit pour tout
xR
: (
X6x
)
={ω/ X(ω)6x}
; (
X>x
)
=
{ω/ X(ω)>x}; etc. En particulier (X 6x)=(X <x)(X =x).
2) Loi d’une VA
Si
X
est une VA sur (
,P
), l’application
PX:P
(
X
(
))
[0;1] définie par
PX
(
A
)
=P
(
XA
)pour toute
partie Ade X(), est une probabilité sur X(), on l’appelle loi de X.
Théorème 26.1
Preuve
: On a
PX
(
X
(
))
=P
(
XX
(
))
=P
(
)
=
1. Soient
A
et
B
deux parties disjointes de
X
(
) alors
X1
(
A
) et
X1
(
B
) sont
deux événements incompatibles de
, donc
PX
(
AB
)
=P
(
X1
(
AB
))
=P
(
X1
(
A
)
X1
(
B
))
=P
(
X1
(
A
))
+P
(
X1
(
B
))
=
PX(A) +PX(B).
Remarque 26.3 – Si Aest une partie de X()alors P(X A) =PX(A) =P
xAPX({x})=P
xAP(X =x).
Déterminer la loi de
X
, c’est déterminer
X
(
) et pour tout
xX
(
), la probabilité
P
(
X=x
). On
remarquera que si
X
est une VA sur l’univers fini
, alors la famille d’événements ((
X=x
))
xX()
est
un système complet d’événements.
À retenir
Il est clair que ces événements sont incompatibles deux à deux et que :
X
x()
P(X =x)=P([
xX()
(X =x)) =P()=1
Remarque 26.4 –
Parfois on ne connaît pas exactement
X
(
)mais un ensemble
E
contenant
X
(
), dans ce cas,
pour x X()on trouve P(X =x)=0.
FExercice 26.1 On lance un dé deux fois, on note Xla somme obtenue. Déterminer la loi de X.
FExercice 26.2
Soit
X
un VAR à valeurs entières, montrer que
P
(
X=k
)
=P
(
X6k
)
P
(
X6k
1)
=P
(
X>k
))
P
(
X>k+
1).
3) Image d’une VA par une fonction
MPSI3 (2018-19) LYCÉE MONTAIGNE – 254 – ©Fradin Patrick –
Lois usuelles Chapitre 26 : Variables aléatoires sur un univers fini
Soit
X
une VA sur (
,P
)et
u
une fonction définie sur
X
(
), notons
Y=uX
et
X
(
)
={x1,...,xn}
,
alors :
yY(),P(Y =y)=X
xu1({y})
P(X =x)
Théorème 26.2
Preuve : En effet, (Y =y)=©ω/uX(ω)=yª=(X u1(©yª)).
FExercice 26.3
On lance un dé successivement deux fois, on note
X
le premier résultat moins le deuxième, déterminer la
loi de X, de |X|et de X2.
Comme on le voit dans l’exemple ci-dessus, deux VA peuvent avoir la même loi sans être égales pour autant!
Attention!
Remarque 26.5 – Si Xet Ysont deux VA sur (,P)alors on peut définir les lois de X+Yet de XY :
P(X +Y=z)=X
(x,y)Iz
P((X =x)(Y =y)) Iz=©(x,y)X()×Y() / x+y=zª
P(XY =z)=X
(x,y)Iz
P((X =x)(Y =y)) Iz=©(x,y)X()×Y() / xy =zª
II LOIS USUELLES
1) Variables certaines
Une VA est dire certaine lorsqu’elle est constante, auquel cas on a X()={x1}et donc P(X =x1)=1.
Définition 26.3
2) Loi uniforme
On dit que la VA
X
suit une loi uniforme sur
X
(
)
={x1,...,xn}
lorsque
kJ
1;
nK,P
(
X=xk
)
=1
n
. Ce
que l’on note X,U(X()).
Définition 26.4
ZExemple : On lance un dé parfait, on note X le chiffre obtenu alors X ,U(J1;6K).
3) Loi de Bernoulli
Soit
p
[0;1] et
q=
1
p
. On dit que la VA
X
suit une loi de Bernoulli de paramètre
p
, lorsque sur
X()={0,1},P(X =1) =pet P(X =0) =q. Ce que l’on note X,B(p).
Définition 26.5
Remarque 26.6 –
Cette loi est utile pour les expériences aléatoires ayant deux issues possibles : succès avec
probabilité p ou bien échec avec une probabilité de 1p, ce que l’on appelle des épreuves de Bernoulli.
ZExemple : La variable indicatrice d’un événement A suit une loi de Bernoulli de paramètre p=P(A).
Remarque 26.7 – Si Xet Ysont deux VA qui suivent une loi de Bernoulli, alors XY également.
4) Loi binomiale
Soient
nN
,
p
[0;1] et
q=
1
p
. On dit que la VA
X
suit une loi binomiale de paramètres
n
et
p
,
lorsque sur X()=J0;nK, et kJ0;nK,P(X =k)=¡n
k¢pk(1p)nk. Ce que l’on note X,B(n,p).
Définition 26.6
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Espérance et variance d’une variable aléatoire Chapitre 26 : Variables aléatoires sur un univers fini
On vérifie qu’il s’agit bien d’une loi de probabilité sur J0;nK.
La loi binomiale apparaît quand on considère le nombre
X
de succès dans une suite de
n
épreuves de
Bernoulli mutuellement indépendantes et dans lesquelles la probabilité du succès est p[0;1].
À retenir
En effet, on a
X
(
)
=J
0;
nK
et l’événement (
X=k
) est l’ensemble des
n
-uplets de 1 ou 0 contenant
k
fois
le nombre 1, il y en a
¡n
k¢
, la probabilité de chacun d’eux est
pk
(1
p
)
nk
car les épreuves sont mutuellement
indépendantes, d’où P(X =k)=¡n
k¢pk(1p)nk.
ZExemples :
On effectue
n
tirages successifs avec remise dans une urne contenant des boules blanches et noires
dans des proportions de
p
et
q=
1
p
. On note
X
le nombre de boules blanches obtenues, alors
X,B(n,p).
Une pièce donne face avec une probabilité
p
et pile avec une probabilité
q=
1
p
. On effectue
n
lancers
dans les mêmes conditions à chaque fois, on note X le nombre de faces obtenus, alors X ,B(n,p).
III ESPÉRANCE ET VARIANCE D’UNE VARIABLE ALÉATOIRE
1) Espérance
L’espérance d’une variable aléatoire Xest le réel noté E(X) et défini par :
E(X) =P
xX()xP(X =x).
Lorsque son espérance est nulle, on dit que la variable aléatoire Xest centrée.
Définition 26.7
Remarque 26.8 –
Il s’agit de la moyenne pondérée des valeurs prises par
X
, car la somme des probabilités vaut
1.
ZExemples :
On lance un dé équilibré, X est le numéro de la face supérieure, E(X) =
6
P
i=1
i
6=21
6=7
2.
Si A est un événement, l’espérance de l’indicatrice de A est E(1A)=P(A).
L’espérance d’une variable certaine est la constante.
Si Xest une variable aléatoire sur (,P)alors E(X) =P
ω
X(ω)P({ω}).
Théorème 26.3
Preuve
: Soit
X
(
)
=©x1,...,xpª
, soit
Ak=X1
(
©xkª
), alors (
A1,...,Ap
) est un système complet d’événements et
P
(
Ak
)
=
P
ωAk
P({ω}). On a donc :
X
ω
X(ω)P({ω})=
p
X
k=1ÃX
ωAk
X(ω)P({ω})!
=
p
X
k=1ÃX
ωAk
xkP({ω})!
=
p
X
k=1
xkÃX
ωAk
P({ω})!
=
p
X
k=1
xkP(Ak)=
p
X
k=1
xkP(X =xk)=E(X).
MPSI3 (2018-19) LYCÉE MONTAIGNE – 256 – ©Fradin Patrick –
Espérance et variance d’une variable aléatoire Chapitre 26 : Variables aléatoires sur un univers fini
Si Xet Ysont deux variables aléatoires sur (,P)alors pour tout réel λ:
E(λX+Y) =λE(X) +E(Y).
Théorème 26.4 (linéarité de l’espérance)
Preuve : En utilisant le résultat du théorème précédent, on a :
E(λX+Y) =X
ω
[λX(ω)+Y(ω)]P({ω})=λX
ω
X(ω)P({ω})+X
ω
Y(ω)P({ω})=λE(X)+E(Y).
Si
X
est une variable aléatoire alors
XE
(
X
) est une variable aléatoire
centrée
. C’est la variable aléatoire
centrée associée à X.
À retenir
FExercice 26.4
Une urne contient
n
boules numérotées de 1à
n
, on les tire successivement et sans remise, on dit qu’il y a
rencontre au tirage i lorsque la boule tirée est la boule numéro i. Déterminer le nombre moyen de rencontres.
Si Xest une variable aléatoire positive ou nulle sur (,P)alors :
E(X) >0(positivité).
E(X) =0P(X =0) =1, on dit que la variable Xest presque sûrement nulle.
Théorème 26.5 (positivité de l’espérance)
Preuve
: Le premier point découle de la définition d’espérance
E
(
X
)
=
n
P
k=1xkP
(
X=xk
), car chaque valeur
xk
de
X
est
positive ou nulle et les probabilités aussi. Si cette somme est nulle, alors tous les termes doivent être nuls,
X
prend donc
nécessairement la valeur 0 (sinon
E
(
X
)
>
0 car les probabilités ne peuvent pas être toutes nulles) et pour
xk6=
0 on a
forcément
P
(
X=xk
)
=
0), ce qui entraîne que
P
(
X=
0)
=
1 puisque la somme des probabilités doit faire 1. La réciproque
est immédiate.
Si Xet Ysont deux variables aléatoires réelles définies sur (,P)telles que X6Y, alors E(X) 6E(Y).
Théorème 26.6 (croissance de l’espérance)
Preuve
: La variable
Z=YX
est positive, donc
E
(
Z
)
>
0, la linéarité permet alors d’écrire
E
(
Y
)
E
(
X
)
>
0 ce qui donne
le résultat.
Pour tout variable aléatoire positive Xon a :
a>0,P({X>a})6E(X)
a.
Théorème 26.7 (inégalité de Markov)
Preuve : Notons A ={xX() / x>a}, A X() donc :
E(X) =P
xX()xP(X =x)>P
xAxP(X =x)>aP
xAP(X =x)=aP(A), d’où P(A) 6E(X)
a.
Remarque 26.9 –
On peut aussi montrer l’inégalité de Markov en remarquant que
1X>a6X
a
et utiliser la
croissance de l’espérance.
Si Xest une variable aléatoire sur (,P)et si uest une application de X()vers R, alors :
E(u(X)) =P
xX()u(x)P(X =x).
Théorème 26.8 (de transfert)
Preuve
: Posons
X
(
)
={x1,...,xn}
et
Ak=X1
(
©xkª
), alors (
A1,...,An
) est un système complet d’événements de
, et
on a :
E(u(X)) =X
ω
u(X(ω))P({ω})
=
n
X
k=1ÃX
ωAk
u(X(ω))P({ω})!=
n
X
k=1
u(xk)ÃX
ωAk
P({ω})!
=
n
X
k=1
u(xk)P(Ak)=
n
X
k=1
u(xk)P(X =xk)
=X
xX()
u(x)P(X =x)
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