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domicile était devenu de plus en plus difficile en raison d’une perte d’autonomie
importante associée à de nombreuses chutes. Elle ne souffre pas de troubles cognitifs.
L’infirmière qui m’encadre ce jour la me fait savoir que ce sera moi qui m’occuperait
de réaliser l’entrée de cette nouvelle résidente en autonomie, car elle estime que je
connais désormais parfaitement le fonctionnement d’un EHPAD et que j’ai
suffisamment pu assister aux entretiens d’entrée.
Il est environ 15h30 lorsque l’infirmière reçoit un appel d’une aide-soignante qui lui
signale que Mme V est arrivée, et que cette dernière est déjà installée en chambre
accompagnée de son fils ainsi que de son petit-fils.
Je prends tout ce dont j’ai besoin pour finaliser l’entrée de la résidente et me rend vers
sa chambre. Dans le couloir, je croise le fils de Mme qui me fait savoir que sa mère est
stressée, qu’elle ne parle pas beaucoup et qu’il est difficile pour elle d’accepter la
situation.
Je frappe à la porte et entre aussitôt avec mon ordinateur et mon tensiomètre.
Je m’aperçois directement que Mme à les yeux larmoyants, je me présente et lui
demande si tout va bien, si elle est bien installée.
Elle me demande alors : « ça y est c’est définitif ? »
Je ne saisis pas bien le sens de la question et lui demande de répéter.
Mme V réplique : « c’est dans cette chambre que je vais vivre le restant de mes jours ?
Vous savez, ces trois dernières semaines, j’ai vécu les plus longues journées de ma
vie, entre la visite aux urgences, dire au revoir à ma maison et à mes voisins, et l’entrée
dans un EHPAD temporaire comme vous dites… et maintenant me voilà ici. Quand j’ai
visité l’établissement, je ne réalisais pas vraiment. Mon fils et ma belle-fille me disent
toujours la même chose : que je vais me plaire ici, que je vais rencontrer des gens,
qu’on s’occupera de moi… Mais j’aimerai bien les voir ici eux, entourés de ces
personnes qui crient et déambulent toute la journée. De toute manière, je n’ai plus
vraiment le choix et je suis obligée d’accepter la situation ».
J’ai déjà vécu cette situation donc je comprends ce que Mme ressent à ce moment-là.
Je lui explique qu’il y a ici différents professionnels qui seront présents pour
l’accompagner et répondre à ses besoins.
J’ajoute : « Et puis, vous avez bien vu, il y a un restaurant, un pôle d’activités, un beau
salon, et puis les visites sont autorisées tous les jours. »