L'ENCYCLIQUE DU PAPE FRANCOIS : ENTENDRE LES CRIS DE LA TERRE - LLEWELLYN VAUGHAN-LEE

L’ENCYCLIQUE DU PAPE FRANÇOIS :
ENTENDRE LES CRIS DE LA TERRE
LLEWELLYN VAUGHAN-LEE
Le Dr Llewellyn Vaughan-Lee est un maître soufi qui est l’auteur de plusieurs livres
dont ‘’Spiritual Ecology : The Cry of the Earth.’’ Durant ces dernières années, son
écriture et son enseignement se sont focalisés sur la responsabilité spirituelle à notre
époque actuelle de transition, l’émergence de la conscience globale de l’unité et

l’écologie spirituelle. Son dernier livre s’intitule ‘’Darkening of the Light : Witnessing
the End of an Era’’.
La Terre ‘’proteste maintenant à notre égard en raison du mal que nous lui avons
infligé’’, lance le Pape François dans sa percutante encyclique sur l’écologie,
longuement attendue. ‘’La Terre elle-même, accablée et dévastée, fait partie de nos
pauvres les plus abandonnés et les plus maltraités.’’
Le Pape François a choisi son nom à la suite d’un saint pour qui l’amour de toute la
création de Dieu était le cœur de sa vie, et toutes les créatures étaient ses frères et
sœurs. S’exprimant au nom de ce saint ‘’qui aimait et qui protégeait la création’’, il
sollicite une réponse morale pour empêcher une ‘’destruction sans précédent de
l’écosystème’’ – dont nous devons reconnaître les conséquences dans l’urgence ainsi
que les changements qui sont nécessaires dans notre mode de vie. Il songe à nos abus
et à la violence qui provoque les ‘’symptômes de maladie que nous voyons dans la
terre, l’eau, l’air et les choses vivantes’’. Et décrivant comment le changement
climatique affecte très négativement les pauvres, il conjugue justice écologique et
justice sociale pour que nous ‘’entendions les cris de la Terre et les cris des pauvres’’.
L’état de la Terre est notre préoccupation la plus urgente. La crise écologique actuelle
est le plus grand désastre causé par l’homme que cette planète ait jamais dû endurer :
les signes du déséquilibre global, du changement climatique et de la diminution des
espèces sont présents partout autour de nous. Le monstre du matérialisme ravage la
Terre, sa rapacité détruit l’écosystème, le tissu fragile de la vie qui soutient et qui
nourrit les myriades de créatures vivantes. Nous faisons partie d’un monde
merveilleux et magnifique que nous sacrifions systématiquement sur l’autel de nos
désirs qui augmentent sans cesse. Nous devons nous souvenir de ce singulier miracle
du monde naturel qui nous entoure et que St François a célébré dans son beau
cantique du Frère Soleil :
Loué sois-Tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère terre,
Laquelle nous sustente et gouverne
Et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe.

Hier, en me rendant dans mon petit potager pour y cueillir quelques courgettes pour
le souper, je fus à nouveau stupéfié par la générosité de la terre, par la manière dont
une plante pouvait produire autant de légumes. Il me fallut regarder attentivement
sous les feuilles qui s’étendaient pour y trouver une courgette qui devenait presque
trop grosse. Telle est la vie sacrée qui nous soutient et nous sustente, cette partie de la
création que nous avons désespérément besoin ‘’d’aimer et de protéger’’, tout comme
elle nous aime et nous protège.
Un aspect capital, mais rarement abordé de cette crise, est notre oubli de la nature
sacrée de la création et comment ceci affecte notre relation à l’environnement. Le
Pape François évoque le besoin urgent d’articuler une réponse spirituelle à cette crise
écologique et à ‘’nous sentir intimement unis à tout ce qui existe’’. Le monde actuel
est dominé par les dissensions qui encouragent l’exploitation et l’avidité et nous
devons retrouver le sens de l’ensemble qui reflète l’unité vivante de toute la création
et ses myriades d’habitants.
La Terre a besoin de notre attention et de notre conscience physique et spirituelle, de
nos actes et de nos prières, de nos mains et de nos cœurs. La vie est un ensemble
organique qui s’auto-soutient, dont nous faisons partie intégrante, et une fois que
nous nous serons reconnectés à cet ensemble, nous pourrons découvrir une manière
de vivre différente qui ne se fonde pas sur un besoin de distraction perpétuel ni sur
les illusions d’un accomplissement matériel, mais qui soutient plutôt l’ensemble.
Chacun à sa façon peut se détourner des schémas, dispositions, modèles et circuits
qui pompent notre argent et notre énergie vitale. Nous pouvons aspirer à mener une
vie plus simple, à apprendre à vivre d’une manière plus durable sans être englouti par
un matérialisme superflu – à remplir notre vie d’amour plutôt que de brol. Un repas
simple constitué de légumes et de céréales et mitonné avec amour peut nourrir notre
corps et notre âme.
Mais pour parler plus avec la voix de St. François, la Terre a aussi besoin de nos
prières et de notre attention spirituelle. Beaucoup d’entre nous connaissent
l’efficacité des prières pour autrui et savent que la guérison et l’aide peuvent être
accordées – même de la manière la plus inattendue. Il peut d’abord s’avérer utile de

reconnaître que la Terre n’est pas ‘’de la matière insensible’’, mais un être vivant qui
nous a donné la vie. Alors, nous pourrons ‘’entendre ses cris’’ et ressentir sa
souffrance : la souffrance physique que nous pouvons observer chez les espèces qui se
meurent et dans les eaux polluées – et la souffrance plus profonde de notre
indifférence collective à l’égard de la nature sacrée.
Le Pape François conclut son encyclique par deux prières pour la Terre. Il y a aussi
cette prière simple de placer le monde en tant qu’être vivant dans nos cœurs en nous
offrant intérieurement au Divin. Par cette prière, nous nous souvenons de la peine et
de la souffrance de la Terre dans nos cœurs et nous demandons à Dieu de se souvenir
du monde et que l’amour et la miséricorde divine s’écoulent là où c’est nécessaire et
que même si nous continuons à traiter si mal le monde, la grâce divine nous aide et
aide le monde, qu’elle aide à rééquilibrer la Terre. Nous devons nous rappeler que le
pouvoir du divin dépasse celui de toutes les multinationales qui continuent de
transformer le monde en un champ de ruines et même celui de toutes les forces
conjuguées du consumérisme qui sucent les forces vives de la planète. Nous prions
pour que le Divin dont nous faisons tous intégralement partie puisse sauver et guérir
ce merveilleux monde qui souffre.
Il est parfois plus simple de prier quand nous sentons la terre entre nos mains, quand
nous nous activons au jardin en prenant soin de nos fleurs ou de nos légumes. Ou
bien quand nous faisons la cuisine, quand nous préparons les légumes que la terre
nous a donnés, en mélangeant les herbes et les épices qui nous donnent du plaisir. Il y
a beaucoup de manières de prier et nous découvrirons tous nos propres moyens pour
veiller sur la Terre dans nos cœurs. Tout comme le chant de St. François qui nous
invite à louer le Terre et à louer Dieu dans toutes ses créatures.
Comme le message du Pape François nous le rappelle, chacun de nous doit être la
personne qui ‘’aime et qui protège la création’’, qui se souvient de sa nature sacrée.
Nous devons faire entrer dans nos cœurs et dans nos mains ce chant d’amour. Par
notre amour de la Terre, nous pouvons honorer l’appel à l’action climatique qui fuse
de toutes les fois et de la voix unique au cœur de toute l’humanité. Nous faisons tous
partie d’un être vivant que nous appelons la Terre et qui a désespérément besoin de
notre amour et de notre attention.

Source : spiritualecology.org