dialogue en sanscrit avec Arjuna proliféra en une Gita dévotionnelle élargie
en dialecte marathe. Plus tard, elle circula à l’étranger. En 1785, la
Bhagavad Gita devint la première œuvre sanscrite traduite en anglais et elle
généra beaucoup d’excitation chez les Orientalistes anglais, les Romantiques
allemands et les Transcendantalistes américains. Henry David Thoreau
emprunta un exemplaire à Ralph Waldo Emerson pour lire à Walden Pond.
Dans l’Inde coloniale de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle, des
écrivains nationalistes et des personnalités politiques revisitèrent la Gita et
la poussèrent en tant qu’œuvre majeure de l’âme nationale indienne
émergente. Le nouveau champ de bataille était l’empire britannique et ils
trouvèrent en elle un plaidoyer puissant pour une action sociale et politique
engagée, du type karma yoga. Néanmoins, la forme que cette action devrait
prendre demeurait un sujet de tension brûlante. Et c’est là que Mohandas
Gandhi entre en scène
Parmi tous les leaders du mouvement pour
l’indépendance de l’Inde, personne n’était plus
dévoué à la Bhagavad Gita que ne l’était Gandhi.
Il appelait celle-ci son ‘’dictionnaire de référence
journalier’’ et sa ‘’Mère’’. Il parla d’elle et il écrivit
profusément à son sujet tout au long de sa
carrière. Mais lui aussi avait un problème
d’interprétation. Dans la Gita, Krishna persuade
le guerrier réticent, Arjuna, de prendre part à une
bataille aux proportions cataclysmiques. Il prône
une guerre violente, comme instrument de la
Volonté divine. Beaucoup de nationalistes indiens
acceptèrent l’appel de la Gita à un combat juste,
même si cela pouvait nécessiter de la violence.
Parmi les fidèles de cette Gita, il y avait K.S.
Hedgewar, le fondateur de l’organisation
nationaliste hindoue, Rashtriya Svayamsevak
Sangh (RSS), qui voyait l’œuvre comme une base
pour créer une communauté hindoue plus disciplinée, plus masculine et
plus agressive.
Au contraire, Gandhi ne considérait aucun engagement plus important que
son principe de non-violence. Gandhi soutenait qu’il fallait considérer le
champ de bataille comme notre champ de bataille intérieur où les forces du
bien et du mal sont toujours aux prises en des luttes interminables. Lorsque
Krishna dit à Arjuna de combattre, Il lui dit de surmonter toutes ses
inclinations personnelles et d’accomplir son propre devoir légitime. Gandhi
fondait sa propre autorité en tant qu’interprète de la Gita sur son effort à lui
d’appliquer son sens dans sa propre conduite durant une période
ininterrompue de quarante ans. Gandhi soutenait encore que la Gita n’était
Le lecteur curieux pourra découvrir la version moderne en prose de l’Américain Jack Hawley, consultant en
environnement de travail efficace et en redynamisation structurelle, intitulée ‘’La Bhagavad Gita revisitée
pour les Occidentaux’’ qu’il pourra visionner et télécharger gratuitement sur Scribd, NDT.